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Haïti : l’intervention "humanitaire" cache une guerre contre le peuple révolté

Monday 18 January 2010

Haïti : l’intervention "humanitaire" cache une guerre contre le peuple révolté

C’est sans délai que des forces armées considérables (des dizaines de milliers de soldats) venues des USA, de France et du reste du monde ont débarqué en Haïti, suite au tremblement de terre qui a frappé durement la capitale, Port-au-Prince. Et, malgré un discours médiatique voulant faire croire à une aide humanitaire, la tâche essentielle qui leur est assignée est le rétablissement de l’ordre. Elles sont équipées pour la répression et non pour le sauvetage. Des unités US spécialistes anti-émeutes ont été dépêchées. Les équipes de sauveteurs sont bloquées par la priorité donnée à l’envoi des militaires. Un avion-hôpital et des secouristes avec chiens ont été refusés pour faire passer en priorité les troupes de Marines, spécialistes de la répression des révoltes populaires. Certaines équipes de sauveteurs liées à des ONG n’ont toujours pas pu se rendre sur place tandis que les forces armées sur place sont des centaines de fois supérieures en nombre aux équipes de sauveteurs. Des navires de guerre US sont à proximité d’Haïti pour intervenir en cas d’insurrection générale.

Du coup les secours et les secouristes n’arrivent pas. La plupart des gens n’ont reçu ni aide alimentaire, ni sanitaire et certaines villes n’ont encore vu personne. Aucune force gouvernementale, aucune armée n’a participé aux sauvetages de première urgence réalisés à mains nues par la population elle-même. L’inquiétude des grandes puissances, ce sont les réactions populaires et pas les victimes à sauver et les populations survivantes à aider, contrairement ce que l’on cherche à nous faire croire ici. Si les forces armées du monde se sont empressées d’intervenir, c’est pour éviter que le vide du pouvoir, causé par le tremblement de terre qui a mis à bas les édifices publics, les bâtiments de l’Etat et des forces armées d’occupation étrangères, ne se transforme en tremblement de terre... social. Et ces forces cachent leur crainte du peuple d’Haïti derrière de prétendus pillages, mais, quand on crève de faim, se servir dans les magasins, c’est simplement vital, ce n’est pas un crime !

Pour comprendre le rôle des armées étrangères en Haïti, il faut se rappeler que l’intervention militaire américaine, onusienne ou française ne date pas du tremblement de terre. Elle a pour prétexte la défense de la sécurité de la population civile mais, en fait, elle est le produit de la révolte sociale qu’a connu Haïti lorsque, en 1986, le peuple haïtien s’est débarrassé de la dictature des Duvalier que soutenaient les pays occidentaux. Oui, le peuple travailleur d’Haïti a vécu une révolution, en s’attaquant aux barbares « tontons macoutes » et en renversant la dictature de « Bébé doc » Duvalier, soutenue par les USA. Le pouvoir a été durablement ébranlé. Ce n’est que récemment que les grandes puissances occupant Haïti ont pu permettre à l’armée haïtienne de retourner dans ses quartiers généraux. L’échec de cette révolution haïtienne provenait du fait que les partis et organisations sociales, syndicales, religieuses et politiques qui en avaient pris la tête, loin de souhaiter la prise de pouvoir par les opprimés, ne visaient qu’à faire rentrer le peuple dans le rang. Jamais ils n’ont averti le peuple contre l’armée de Duvalier à peine reconvertie. Jamais ils n’ont appelé le peuple à se lier aux petits soldats et ces derniers à ne plus obéir à leur hiérarchie. Au contraire, tous les efforts des dirigeants syndicalistes, religieux, sociaux-démocrates et staliniens ont été de réconcilier le peuple avec l’armée et les classes dirigeantes, avec l’aide d’Aristide, devenu en 1994 la marionnette des USA.

Et les dizaines de milliers de soldats des armées étrangères occupant le pays depuis 2004 ne visent nullement à remettre en cause la dictature et la misère. Ils ont occupé le pays parce que le peuple menaçait le pouvoir et les classes dirigeantes haïtiennes. Cette prétendue « force de paix » n’a fait qu’attaquer violemment la population des quartiers pauvres et des bidonvilles aux côtés des forces armées et des milices locales. Lors des dernières émeutes de la faim en 2008, le petit peuple d’Haïti, entre autres revendications, réclamait le départ des troupes de l’ONU et des troupes étrangères. Toutes ces forces armées n’ont rien fait contre la classe dirigeante, contre la misère et l’exploitation. Rien face aux cyclones. Celui qui a détruit Gonaïves, la ville la plus révolutionnaire du pays, a laissé le peuple détruit, englué dans la boue sans que cette fameuse « communauté internationale » ne bouge le petit doigt. Le tremblement de terre a achevé de détruire la crédibilité du pouvoir, et les grandes puissances craignent que le peuple haïtien se saisisse de l’occasion pour se débarrasser de ses oppresseurs.

Quant aux travailleurs d’ici, loin de marcher dans la propagande humanitaire hypocrite des grandes puissances, ils devraient souhaiter au peuple haïtien ce que ses oppresseurs craignent le plus : que le peuple se libère et que l’île révolutionnaire renaisse de ses cendres.... !

Forum posts

  • Révolte à Petit-Goâve : Lire ici

    Emeute à Port-au Prince : Lire ici

    Emeute à Jérémie : Lire ici

    Emeutes à Fort Liberté : Lire ici

    Emeute à Cap-Haïtien : Lire ici

    Emeutes à Haïti contre l’occupation militaire étrangère : Lire ici

  • Plusieurs centaines de partisans de l’opposition ont défilé à Port-au-Prince pour exprimer leur colère contre le président Michel Martelly et celui qu’il a choisi pour lui succéder. "On veut une réelle évaluation des résultats du premier tour avant la poursuite du processus électoral", explique Frantz Legros, l’un des responsables politiques de l’opposition. Au premier tour du scrutin présidentiel le 25 octobre, Jovenel Moïse, le candidat du pouvoir, avait recueilli 32,76% des voix, contre 25,29% pour Jude Célestin, des chiffres largement contestés par l’opposition qui dénonce un "coup d’Etat électoral" fomenté par le président Michel Martelly. Leurs cartes électorales en main, les manifestants anti-gouvernement ont raillé le président : "Si on ne peut pas voter, alors Martelly doit partir", ont-ils scandé dans les ruelles des quartiers populaires de la capitale. Le Conseil électoral provisoire (CEP) a annulé vendredi "pour des raisons évidentes de sécurité" le second tour de la présidentielle qui devait se dérouler dimanche, plongeant Haïti dans l’incertitude : la date constitutionnelle de passation du pouvoir présidentiel, le 7 février, ne pourra être respectée. La communauté internationale s’inquiète de la dégradation du climat sécuritaire en Haïti. La capitale a été le théâtre d’incidents violents vendredi et samedi.

    Contre les élections bidons mais aussi contre l’occupation étrangère et militaire : affrontements à Pétion-Ville, Port au Prince, Petit Goave

    Lire ici/

  • Konstitisyon se papie

    Baionet se fe

    Déclare un proverbe haïtien

    Ce qui veut dire :

    La constitution est en papier

    Les baïonnettes sont en acier

  • Washington a abrogé lundi le Statut de protection temporaire (TPS) accordé aux Haïtiens arrivés aux Etats-Unis depuis le tremblement de terre dévastateur de 2010, soit 58.557 personnes, estimant que la situation en Haïti ne justifie plus cette protection. Cette mesure ouvre la porte à leur expulsion à partir de juillet 2019.

    Par contre, Trump continue de justifier l’occupation militaire internationale qui a été organisée par les USA sous prétexte de séisme !!!

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