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Editorial 17-09-2010 - Comment défendre les retraites après le 7 septembre ?

vendredi 17 septembre 2010

Le 23 septembre après le 7 : suffit-il de journées d’action pour défendre les retraites ?

Selon les syndicats et partis de gauche, et selon les chiffres, la journée d’action du 7 septembre pourrait sembler un succès... Mais le gouvernement n’a pas reculé d’un seul pouce. Alors où est le succès ? Le gouvernement a maintenu son projet, le parlement l’a voté et le chef du gouvernement s’est même payé le luxe d’affirmer qu’il allait falloir ensuite passer de 62 ou 65 ans ! Cela ne prouve nullement qu’une journée d’action syndicale soit un mode d’intervention efficace. Certains syndicats ne se voient d’ailleurs pas reproposer une seule journée, conscients que cela ne mènerait à rien.

De journée d’action en journée d’action, de négociation en négociation, alors qu’il n’y a rien à négocier, les directions syndicales, loin de construire un rapport de force, loin d’organiser les travailleurs en vue de la riposte, n’ont cessé de nous lanterner, de retarder une vraie lutte, de maintenir la fictions de concertations et mené à des défaites incessantes. Ils ont préparé une situation dans laquelle les travailleurs verront la passivité comme une fatalité.

Les services publics privatisés et attaqués, la sécu et les retraites menacés et réduits, la Santé réduite et privatisée, les emplois publics et privés supprimés massivement, rien de tout cela n’a amené les centrales syndicales à rompre avec leur stratégie qui perd. Face aux entreprises qui licencient, elles ont refusé d’en faire une lutte d’ensemble. Face aux attaques gouvernementales elles ont continué à maintenir la fiction des négociations. Face aux menaces mondiales contre les travailleurs, elles n’ont fait aucun geste pour unir les travailleurs, par exemple avec les travailleurs espagnols ou grecs menacés comme nous. Face aux attaques contre les paysans endettés et ruinés, elles n’ont fait aucun geste pour un combat commun…

Certes, les militants ouvriers peuvent se dire qu’ils se sont mobilisés et qu’ils ont manifesté, que ce n’est pas de la faute de leur centrale si les travailleurs n’ont pas suivi avec suffisamment de force pour faire reculer le pouvoir. Mais c’est faux. Deux millions et demi de salariés dans la rue lors d’une journée d’action n’ont pas fait reculer d’un pas le gouvernement. Même quatre millions n’auraient pas fait plus. On a bien vu en Grèce que des journées d’action massives n’étaient pas craintes par les gouvernants parce qu’elles ne menacent pas les intérêts de classes dirigeantes. On ne peut pas gagner en effet sans s’en prendre à ces intérêts, sans faire peur au grand capital. Les dirigeants des centrales syndicales ne feront jamais cela….

D’ailleurs, même si ces directions étaient autre chose que des organisations de collaboration de classe, elles ne pourraient pas remplacer les salariés organisés collectivement en comités, sur les lieux de travail et d’habitation, pour décider d’une véritable mobilisation. La lutte qui est nécessaire ne consiste pas en des promenades derrière les centrales, lors de journées qui ne menacent nullement les intérêts des classes dirigeantes. Au contraire, les travailleurs ne peuvent faire reculer le pouvoir qu’en se faisant craindre des classes dirigeantes. On ne peut pas gagner en effet sans s’en prendre à ces intérêts, sans faire peur au grand capital. Les dirigeants des centrales syndicales ne feront jamais cela….

Seuls les travailleurs, se réunissant collectivement sur les lieux de travail et d’habitation, peuvent devenir une véritable force sociale irrépressible. Ils peuvent ainsi bloquer toute l’économie, renverser la situation dans laquelle des patrons se permettent de faire chanter les salariés en menaçant leur emploi. Tant que nous ne menacerons pas de blocage complet les intérêts des capitalistes, les attaques succéderont aux attaques, plus anti-sociales les unes que les autres.

Quant à ceux qui croient trouver une solution dans les prochaines élections présidentielles, ils se trompent lourdement. Le parti socialiste qui a fini, après bien des hésitations, par se dire favorable au maintien de la retraite à 60 ans, continue d’affirmer que les travailleurs vont devoir travailler plus pour des raisons démographiques. Ils propose seulement de le faire en augmentant le nombre de trimestres de cotisations sans toucher à la loi. Et ce alors que nombre de travailleurs sont précaires, n’ont pas travaillé de manière continue, ont perdu un emploi, n’en ont pas trouvé ou ont dû s’arrêter de travailler pour s’occuper d’enfants ! Elections et journées d’action ne sont que des dérivatifs offerts aux travailleurs pour détourner la colère populaire. La meilleure garantie que nos retraites ne soient pas mises en cause, comme le sont la Santé, les Transports, l’Education, tous les services publics, c’est que les travailleurs ne soient pas dupes de ces fausses perspectives syndicales et politiques. Démontrons que nous comptons d’abord sur nous-mêmes et les capitalistes commenceront à s’inquiéter et même à reculer en craignant pour leurs intérêts et en poussant le gouvernement à en faire autant ….

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