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Pour défendre les retraites et le reste, deux orientations contradictoires : front de classe ou front de collaboration de classes...

vendredi 24 septembre 2010

Pour défendre les retraites... et le reste, deux orientations contradictoires : front de classe ou front de collaboration de classes...

On a pu voir dans la manifestation des retraites des panneaux, des pancartes, des banderoles et des slogans qui témoignent d’orientations parfaitement contradictoires. Et souvent, elles émanaient des mêmes organisations, ce qui tendrait à prouver que les organisateurs cherchent à entretenir la confusion plutôt qu’à agir dans la clarté.

Le plus clair, d’abord, cela semble l’objectif et pourtant... En effet, tout le monde scande la défense de la retraite à soixante ans et c’est effectivement l’objectif des manifestants et des grévistes. Il y a un mais et il y en a même plusieurs.

Mais certains syndicats et certains partis de gauche sont pour l’augmentation du nombre de trimestres travaillés, c’est-à-dire de l’âge réel (au-delà de l’âge légal) de départ en retraite. Partir en retraite, c’est aussi partir avec une retraite pleine. certaines organisations défendent les soixante ans mais justifient l’augmentation de l’âge de retraite à taux plein qui est passée de 65 à 67 ans ! Mais ce n’est que la partie immergée de l’iceberg car tous essaient d’effacer la crise et le fait que l’attaque sur les retraites n’est qu’une partie de l’attaque anti-sociale liée à la crise du capitalisme.

En effet, quelle retraite peuvent espérer les salariés, quel argent y aura-t-il dans les caisses, si la moitié des postes de fonctionnaires sont supprimés et aussi la moitié des emplois dans le privé ? Comment défendre les retraites sans imposer la défense des emplois ? Comment défendre les emplois sans s’attaquer aux patrons et pas seulement à Sarkozy ?

Or, tous, des centrales syndicales à la gauche pour ne pas dire à l’extrême gauche, veulent occulter le fait que la lutte ne s’oppose pas seulement à la droite sarkozyste mais à la bourgeoisie.

Bien sûr, les manifestants arboraient parfois le slogan "JE lutte de classes" mais il était complété par "Expulser Sarkozy seulement" qui l’efface !

C’est là le résumé de la contradiction dans laquelle les organisateurs entendent enfermer le mouvement. D’un côté des grèves et des manifestations de travailleurs qui pourraient faire croire à une volonté de faire reculer les classes dirigeantes par la voie de la lutte des classes, de l’autre des perspectives tout à fait contraires : celle d’une gauche au gouvernement dont le principal parti, le PS, entend augmenter le nombre de trimestres cotisés et l’âge réel de départ. Et aussi faire payer la crise aux travailleurs comme l’ont fait Blair en Angleterre ou Schroeder en Allemagne.

Il ne s’agit pas seulement de discuter des tactiques des organisateurs (journées d’action à répétition ou grève illimitée par exemple), il faut discuter des objectifs sans craindre les arguments de ceux qui prétendent que ce serait diviser le mouvement.

Ce qui affaiblit un mouvement, c’est le manque de clarté des objectifs lié à la clarté des moyens.

Avec la crise, il y a plus que jamais deux classes aux intérêts diamétralement opposées : le prolétariat et la bourgeoisie capitaliste. Le cacher, c’est tromper, c’est diviser, c’est affaiblir les travailleurs.

Comment en effet défendre les retraites sans poser la question des emplois, des salaires, des services publics, de la précarité, des sans-papiers, des chômeurs, des entreprises qui licencient, des capitalistes qui spéculent ? Comment défendre les retraites sans remettre en question le capitalisme et pas seulement la loi Woerth ?

Comment défendre les retraites dans salariés sans se lier aux couches moyennes paupérisées, des paysans ou artisans endettés et ruinés, des marins-pêcheurs, des épargnants menacés, des étudiants chômeurs ou pauvres, etc...

Peut-on croire que la gauche au gouvernement que l’on a connu gérant les affaires dans le sens des intérêts des classes dirigeantes, que ce soit avec Mitterrand ou avec Jospin, va dorénavant défendre les intérêts des travailleurs c’est-à-dire s’attaquer durement aux intérêts du grand capital ? Rien de ce qu’elle dit ou de ce qu’elle fait ne le prouve. L’exemple de l’augmentation du nombre de trimestres de cotisation en est une preuve concrète.

Le parti communiste, le parti de gauche, le NPA ou Lutte Ouvrière peuvent bien tenir un discours légèrement démarqué de ceux du Parti socialiste ou des Verts, ils entretiennent tous la même illusion : il y aurait un front de gauche que le PCF veut appeler "un front populaire" en train de se construire.

C’est vrai : un front populaire est en train de se construire. Mais, comme tous les fronts populaires du passé ceux de 1936 en France et en Espagne notamment ou celui du Chili d’Allende, il est tourné comme une alliance entre des partis ou de syndicats se revendiquant des travailleurs et les intérêts de la bourgeoisie capitaliste.

Oui, il faut unir les travailleurs, les chômeurs, les jeunes, les paysans pauvres, les artisans ruinés, les marins-pêcheurs, les classes moyennes paupérisées dans un front de lutte contre le système et non pas dans un front pour détourner de la lutte vers les élections. Car cela signifierait la mise en place d’un nouveau gouvernement bourgeois servant à défendre, dans une phase de mobilisation sociale, les intérêts de la classe capitaliste.

Le front populaire est une politique des partis qui se revendiquent de la gauche ou des travailleurs, et même de l’extrême gauche, avec la caution de syndicats, en vue de détourner une montée ouvrière en s’alliant en réalité avec la grande bourgeoisie. Sa tenue de camouflage est la nécessité du front des travailleurs face aux attaques anti-sociales et fascistes.

On ne peut pas faire mieux que de se référer à Léon Blum pour nous expliquer que le front populaire, c’est la défense des intérêts de la classe capitaliste en se servant de la gauche ou gouvernement pour casser les luttes. Lire ici

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