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Luttes de classe en Bolivie

samedi 1er janvier 2011

Bolivie : grève contre la hausse des carburants, villes au ralenti

LA PAZ - Les principales villes de Bolivie tournaient au ralenti jeudi, leur circulation quasi-paralysée par une grève des transporteurs et des manifestations contre une brutale hausse de carburants, qui engendre des risque de dérive inflationniste et de tensions sociales.

Plusieurs manifestations, à l’appel de syndicats ou de groupes sociaux, étaient prévues dans la journée, la principale à La Paz, où le transport en commun était quasiment inexistant jeudi matin, empêchant des milliers d’habitants de se rendre au travail, a constaté l’AFP.

Dans l’immense cité-dortoir d’El Alto (800.000 habitants) jouxtant la capitale et site de l’aéroport international, des habitants avaient bloqué des axes dès mercredi soir, enflammant un vieux véhicule sur la principale voie express desservant La Paz.

A Cochabamba, principale ville du centre du pays, des poids-lourds postés à des intersections-clefs paralysaient aussi la circulation matinale, selon des images de télévision.

Des radios locales rapportaient ailleurs des perturbations dans les transports en commun, mais sans forcément paralyser l’activité, comme dans la capitale économique Santa Cruz (est), Oruro (ouest) et Potosi (sud).

Cette journée de mobilisation marque l’apogée de la grogne sociale contre la suppression dimanche par le gouvernement de subventions qui maintenaient artificiellement depuis des années les carburants aux prix les plus bas de la région, nourrissant une forte contrebande vers les pays voisins.

La mesure s’est traduite par des hausses à la pompe de 73 à 83%, suscitant des peurs de répercussion immédiate sur les denrées de base, dans un pays où 60% environ de la population vit dans la pauvreté.

Le président socialiste Evo Morales, accusé de trahison par une partie du camp syndical, a annoncé mercredi une série de mesures pour amortir l’impact, comme une hausse de salaires de 20% dans l’armée, la police, l’éducation, la santé, mais sans désamorcer la mobilisation de jeudi.

La fronde en cours est l’épreuve sociale sans doute la plus délicate pour Morales.

Ces derniers mois, derrière notamment la Cob et les associations de quartiers (dont la Fejuve, regroupant les habitants d’El Alto, l’immense banlieue populaire de La Paz). Depuis octobre, dans la capitale La Paz, conducteurs de bus, enseignants, étudiants, vendeurs des rues, chauffeurs de taxis, artisans, personnels de santé, retraité, etc., ont défilé les uns après les autres. Ainsi les travailleurs de la presse exigeant que l’État prenne le contrôle de la presse pour que celle-ci soit « mise au service des ouvriers, des paysans et des classes moyennes progressistes ». La Fejuve, elle, exigeait le départ de la société Aguas Del Illimani, filiale de Suez, chargée de la gestion de l’eau à El Alto, qui pratique un véritable racket, et demandait la démission du ministre des Eaux accusé de traîner volontairement en longueur.

Dans les campagnes, des paysans pauvres (organisés par la CSTUCB, principal syndicat paysan proche de la Cob) ont entamé des marches qui ont convergé le 28 novembre sur La Paz où se sont retrouvés plusieurs milliers de manifestants accueillis chaleureusement par de nombreux habitants.

Ainsi, les heurts entre partisans des deux camps se sont multipliés : attaques de grévistes de la faim par des militants du Mas, de membres des « comités civiques » contre des boutiques tenues par des commerçants pro-Morales.

Sous la pression montante, Morales a alors multiplié les annonces et les décrets spectaculaires : réforme de la protection des travailleurs agricoles qui renforce les sanctions contre le travail forcé, interdit le paiement à la journée, oblige les patrons à fournir un moyen de transport à tous les salariés habitant à plus de 2 km de leur lieu de travail et à compter le temps de trajet dans le temps de travail ; baisse de l’âge de la retraite des mineurs et des métallos, à 50 ans pour les hommes et 45 pour les femmes ; médecine gratuite ; hausse de 5 % du salaire minimum, qui passe de 500 à 525 bolivianos (50 €), hausse bien modeste en regard du doublement promis lors de son arrivée au pouvoir.

Mais, pour le moment, toutes ces mesures restent à l’état de déclarations. Le Mas peine à faire voter ses projets de loi face aux manœuvres de la droite. Et, une fois votées ou décrétées, les réformes ne sont guère suivies d’effets.

Une part croissante de la population, avide de changements rapides, tend alors de plus en plus à agir d’elle-même : des paysans se saisissent des terres ; à l’appel de la Cob, les salariés de cinq hôpitaux et treize polycliniques ont écarté leurs anciennes directions et en ont mis en place de nouvelles sous le contrôle des élus du personnel, initiative imitée dans des maisons de retraite, avec la participation des retraités ; dans la région de Caranta, plusieurs centaines d’habitants ont occupé les installations pétrolières de la compagnie brésilienne Petrobras et séquestré certains cadres pour exiger que la compagnie finance la réfection des routes de la région ou mette en place un service de distribution de gaz aux habitants.

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