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Editorial - Tunisie, Algérie, Jordanie, Mauritanie, Egypte, Yémen, Oman..., tout le Maghreb et le monde arabe veut se débarrasser de ses Ben Ali ! Débarrassons-nous aussi de la domination impérialiste et capitaliste qui les a mis au pouvoir et fait prospérer !

vendredi 28 janvier 2011, par Robert Paris

Tunisie, Algérie, Jordanie, Mauritanie, Egypte, Yémen, Oman..., tout le Maghreb et le monde arabe veut se débarrasser de ses Ben Ali ! Débarrassons-nous aussi de la domination impérialiste et capitaliste qui les a mis au pouvoir et fait prospérer !

L’une des surprises, et non des moindres, des événements que connaissent les pays du Maghreb et du monde arabe, c’est le soutien public (du moins verbal) que lui accordent les chefs des grandes puissances, à commencer par les deux les plus impliquées dans la région : la France et les USA.

Effectivement, que les révoltés issus de la jeunesse et du prolétariat aient trouvé la sympathie et le soutien de leurs frères au delà des mers, quoi d’étonnant ? Mais que les puissances qui ont toujours favorisé les dictatures de ces mêmes pays se découvrent brutalement l’envie de se positionner en faveur des victimes de la répression et de l’oppression, c’est plus confondant... Que Sarkozy éprouve une certaine sympathie pour des jeunes des quartiers pauvres qui se révoltent en jetant des pierres aux forces de l’ordre, en incendiant, en cherchant à renverser l’ordre établi, c’est plutôt surprenant.

Et effectivement Sarkozy comme Obama ont finalement choisi de se parfumer au jasmin car l’odeur de l’impérialisme leur semblait un peu trop forte dans les circonstances...

Certes cela fait mieux vis-à-vis des opinions publiques de se dire en faveur de la démocratie que pour la dictature, mais si c’était le seul motif les grandes puissances occidentales s’en seraient avisé depuis longtemps. Il doit donc y avoir un tout autre motif que de faire plaisir aux naïfs qui voient dans la France un défenseur des droits de l’Homme dans le monde...

Il n’a jamais eu meilleurs amis des Ben Ali ou des Moubarak que les dirigeants français ou américains et les classes dirigeantes que ces gouvernants représentent. Et pour cause : c’est grâce aux Ben Ali et Moubarak que les impérialismes français ou américain réalisent des profits fabuleux dans ces pays. C’est grâce à eux que les populations sont maintenues dans une exploitation forcenée qui profite en premier aux capitalistes français ou américains.

Il est ridicule de s’indigner des propos d’Alliot-Maris proposant les services des forces de l’ordre de France pour aider Ben Ali. Comme si, avec la droite comme avec la gauche, les gouvernants français n’avaient pas fait mille fois pire en formant et armant les milices fascistes Hutus au Rwanda. Et ce n’est qu’un exemple...

Alors, plutôt que de s’étonner naïvement que les soi-disant démocraties occidentales soutiennent les dictatures, il serait plus intéressant de s’interroger : pourquoi ont-elles pris le tournant et sont-elles devenues des fans de la "révolution du jasmin" qui leur cause pourtant du souci puisqu’elle déstabilise en même temps tout le monde arabe et le Maghreb ?

Eh bien, justement, l’impérialisme se positionne ainsi pour se mettre en situation de proposer ses "solutions démocratiques" pour mettre un terme le plus rapidement possible aux développements insurrectionnels possibles. Car ils craignent qu’elle ne se contente pas de changer un chef d’Etat et prenne un tour social irréversible...

Quelles pourraient être en effet ces suites dangereuses dans des pays comme la Tunisie ou l’Egypte, des pays où une classe ouvrière nombreuse a derrière elle des expériences de grèves et ne craint plus la répression de la dictature.

Dores et déjà, les travailleurs s’organisent dans les quartiers et les entreprises de Tunisie, démettent des patrons et des responsables d’entreprises, et les milieux populaires constituent des comités pour prendre en charge la sécurité, le ravitaillement, la solidarité face à une situation catastrophique. Ils profitent également de la situation pour remettre en question la misère et l’exploitation, mènent des grève, revendiquent des logements...

Si le prolétariat qui a joué un rôle important dans le mouvement s’organise et commence à prendre des décisions, se structure à l’échelle nationale en fédérant tous ces comités, alors l’avenir des classes dirigeantes est bel et bien menacé.

Et l’impérialisme est le premier visé. Car nul ne peut dire alors si de telles expériences d’auto-organisation des travailleurs ne peuvent pas s’étendre à toute la région et au delà...

En période de crise mondiale, le développement de luttes prolétariennes peut déstabiliser toute la domination impérialiste sur le monde !

Les gouvernements d’union nationale, les oppositions "démocratiques" bourgeoises, les fausses perspectives d’élections présidentielles soi-disant libres, tout cela peut être mis en place avec l’aide de impérialisme pour canaliser, détourner, satisfaire momentanément quelques aspirations, afin de mieux remettre ensuite la chape de plomb de la misère et de la dictature sociale.

Les pièges ne viennent pas seulement des anciens dictateurs mais aussi des politiciens qui postulent à les remplacer.

Les travailleurs, les jeunes, les milieux populaires qui se sont mobilisés ne peuvent en rester là. Ils ne peuvent se contenter de remplacer un chef de l’Etat par un autre, un ministre par un autre. la dictature qu’il faut déraciner est bien plus profondément ancrée au sein de tout le système social.

Pour donner satisfaction aux aspirations sociales des milieux populaires, il faut s’attaquer aux privilégiés. Il faut que les travailleurs occupent les usines et y donnent la place dirigeante à leurs comités.

Pour satisfaire les aspirations à la démocratie, il faut aller bien plus loin que la démocratie bourgeoise. Il faut en finir avec la domination des généraux sur leurs soldats, des chefs des forces de l’ordre sur les policiers. Il faut que les travailleurs et les jeunes appellent les policiers et les soldats qui choisissent de se mutiner à s’organiser eux aussi dans des comités qui n’obéissent plus à la hiérarchie de la dictature.

Il n’y a pas de demi mesure. Ou la révolution va de l’avant ou elle va vers sa mort...

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