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Analyses sur la situation en Grèce

vendredi 8 juillet 2011, par Robert Paris

Voilà comment comment une partie de l’extrême gauche en Grèce analyse la situation sociale et politique

Entretien avec Panos Petrou

L’entretien que nous publions ici donne des éléments sur l’évolution du mouvement avant les deux jours de grève générale et les manifestations devant le parlement, brutalement réprimées par la police. Nous reviendrons dans un second entretien sur le bilan de ces deux journées de grève et sur les perspectives de la mobilisation sociale et politique, difficile, à l’entrée de cette période estivale.


L’analyse que font les médias de la crise grecque répète ce que nous entendons dans la plupart des pays, à savoir que les travailleurs ont vécu au-delà de leurs moyens et que par conséquent ils doivent maintenant se sacrifier. Est-ce vraiment cela qui est à l’origine de la crise ?

En fait cette thèse est une inversion totale de la réalité. Dans le passé récent, l’économie était bien portante et le PIB augmentait. Mais les travailleurs qui ont créé cette richesse ont vécu dans une situation d’austérité , de fait, constante depuis 1985, avec des gouvernements qui appliquaient un plan d’austérité après l’autre, alors que les capitalistes gardaient pour eux l’entièreté du gâteau.

Dans le cas de la Grèce, la crise économique globale et la profonde récession ont déclenché une sérieuse crise de la dette. Les médias prétendent que le problème vient de ce que le « grand Etat » dépense trop, mais en réalité le problème principal provient d’un effondrement des revenus de l’Etat. Et ce sont les capitalistes qui sont les coupables de cette situation.

D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux d’imposition pour le capital est de 15.8% en Grèce, soit un des plus bas de l’Union européenne.

Les grandes entreprises et les banques jouissent de réductions d’impôt scandaleuses. Beaucoup de capitalistes ne se donnent même pas la peine de payer leur part. Ces dernières années, l’évasion fiscale est devenue la règle pour les riches. Par exemple Coca-Cola Hellenic Bottling Company S.A. a fait un chiffre d’affaires de 6.5 milliards d’euros en 2009, mais n’a versé que 77 millions d’euros d’impôts ! Les travailleurs de la compagnie ont payé davantage. Les très riches propriétaires de bateaux en Grèce – ce pays possède l’une des flottes commerciales les plus importantes du monde – ne paient que 12 millions d’euros d’impôts.

Mais il faut se rappeler que la dette grecque n’est qu’une partie de la crise globale du capitalisme. Les dirigeants mondiaux essaient de rendre responsables les salarié·e·s afin de tenter de dédouaner le système. Ce n’est pas par hasard que l’on peut entendre exactement la même propagande en Grèce, aux Etats-Unis, au Portugal, en Grande-Bretagne et partout ailleurs dans le monde. La classe dominante accuse des travailleurs d’être responsables de leur propre échec, de manière à leur en faire payer les frais.

Quels sont les effets des mesures d’austérité sur les gens ordinaires de la classe laborieuse ?

Il s’agit d’une attaque généralisée contre tous les droits conquis au cours de ces dernières décennies, et d’une redistribution radicale de la richesse, laquelle est transférée des poches des salarié·e·s vers les coffres-forts des banquiers et des industriels. Ce serait trop long d’énumérer toutes les mesures qui ont été prises et celles qui sont envisagées.

Si le nouveau paquet de mesures d’austérité est appliqué, les travailleurs perdront l’équivalent de deux mois de salaire de leur revenu annuel. Et alors même que les salaires vont subir des coupes sombres, le gouvernement est en train d’augmenter la taxe sur les biens de consommation (TVA).

L’accès à des soins de santé est menacé, et les coupes dans les dépenses sociales entraînent la fermeture d’hôpitaux qui admettaient, quotidiennement ,plusieurs milliers de personnes. Il en va de même pour l’éducation publique. Beaucoup d’écoles ont fermé, ce qui pousse les étudiants issus des classes laborieuses hors du système.

La poussée massive à la privatisation – qui transforme des biens publics tels que l’électricité ou l’eau en denrées commerciales détenues par des firmes privées – constitue une menace supplémentaire contre le niveau de vie des classes laborieuses.

Pour une famille de la classe travailleuse, la vie quotidienne est en train de virer à une lutte amère pour joindre les deux bouts. Le fait que les gens aient déjà inventé des termes tels que « la vie à l’époque du Mémorandum » ou « l’ère post-Mémorandum » montre que tout le monde se rend compte de la dimension invisible de l’agression contre nos vies.

Au début, lorsque le sauvetage a passé l’année dernière, il semblait que beaucoup de personnes en Grèce, y compris parmi ceux qui protestaient, pensaient que certaines coupes étaient inévitables. Maintenant domine l’impression que « nous ne devrions pas payer, un point c’est tout ». Cela te semble-t-il correct ?

Il est vrai qu’il y a eu un changement d’humeur. Lorsque le Mémorandum a été signé avec l’Union européenne, avec la Banque centrale européenne et avec le Fonds monétaire international – ce qu’on a appelé la « troïka » – des milliers de personnes ont protesté. Mais la déclaration du gouvernement du PASOK affirmant que des « mesures dures » étaient nécessaires a eu quelques effets.

Ils ont terrorisé les gens en prétendant que si nous n’obtenions pas le renflouement il n’y aurait pas d’argent pour les salaires et les retraites, et qu’il fallait donc faire ce que les créanciers demandaient. Cet état d’esprit s’est reflété dans les revendications des dirigeants syndicaux. Ils ne disaient pas « On ne paiera pas ». Ils parlaient de « coupes équitables ». Ils affirmaient qu’il était juste de faire quelques sacrifices, à condition que les employeurs en fassent de même.

Cette attitude s’est modifiée avec le temps. D’abord, il est devenu évident que les riches n’allaient pas payer un seul centime. Ce sentiment d’injustice a alimenté la colère de classe. Ensuite, on s’est rendus compte que les coupes allaient se poursuivre s’il n’y avait pas une réaction forte. A d’innombrables occasions le Ministre des finances, Georges Papaconstantinou, a rassuré le public en disant qu’il n’y aurait plus de sacrifices. Mais de nouvelles mesures d’austérité continuaient à pleuvoir.

Cependant ces politiques ont échoué, même en termes de stabilisation d’une économie capitaliste. Le pays est plongé dans une récession profonde. Et la crise de la dette ne fait qu’empirer. C’est ainsi que même les personnes qui étaient d’accord de consentir des sacrifices dans le passé ne voient pas de lumière au bout du tunnel.

Tout le monde en est venu à se rendre compte que le paiement de la dette revient à jeter de l’argent dans un tonneau sans fond. L’argent prêté par la « troïka » va, en effet, directement au paiement de la dette – donc aux banques – sans qu’un un sou ne soit affecté au paiement des salaires et des retraites.

C’est ce contexte qui a conduit une large majorité de personnes à comprendre que ce qui en train de prendre place est une guerre de classe unilatérale contre nous, et que la seule solution était de contre-attaquer. Le gouvernement persévère dans son chantage et ses discours alarmistes, mais il a perdu sa crédibilité. Les mots d’ordre des manifestants, les drapeaux des syndicats et les banderoles des occupants de la place Syntagma reflètent ce changement d’humeur.

Une majorité de l’opinion soutient maintenant l’annulation du Mémorandum et une résistance contre les accords sur la dette. Des revendications telles que la nationalisation des banques deviennent de plus en plus répandues. C’est le mot d’ordre : « Nous ne devons rien. Nous ne vendrons rien. Nous ne paierons rien » qui résume le mieux ce changement de l’humeur populaire.

Le « Mouvement des places », inspiré dans sa forme par la Plaza des Sol à Madrid et la Place Tahrir au Caire, a été dépeint par les médias occidentaux comme étant déconnecté du mouvement de résistance de gauche de l’année passée. Qu’en est-il ?

Il est vrai qu’une part important des « aganaktismenoi » [les indignés], engagés dans les protestations dans les places publiques, sont des personnes qui participent pour la première fois de leur vie dans une action de masse. Ils faisaient partie de ceux qui ne pensaient pas que la résistance dans la rue puisse avoir un impact, un effet. On pouvait y retrouver des jeunes dérangés par les politiques de la gauche, mais surtout des chômeurs et de jeunes travailleurs non-syndiqués du secteur privé qui n’avaient pas la possibilité de faire grève. En ce sens, il s’agit bien d’une nouvelle situation par rapport au mouvement de résistance de l’année passée. Toutefois, il faut rappeler que les luttes de l’année passée ont envoyé un signal important en démontrant qu’il était possible de contre-attaquer. Ces luttes ont ainsi nourri l’esprit de résistance qui a culminé dans l’explosion du « mouvement des places » actuel.

En outre, les « aganaktismenoi » luttent contre les mêmes ennemis que le mouvement de l’année passée – le gouvernement, la « troïka » et le Mémorandum – et font donc partie d’un large mouvement de résistance. Beaucoup de manifestants n’étaient pas engagés auparavant dans la politique ou dans des luttes sociales. Par le simple fait d’aller sur la place Syntagma à Athènes (où sur d’autres places) pour manifester contre le gouvernement, ils prennent clairement position sur le plan politique. L’expression de « l’indignation » ressemble au cri « Ya basta » [cela suffit] du mouvement anti-globalisation.

Et l’indignation n’est qu’un premier pas. Dans les places, les gens découvrent la politique. Non pas la politique de type professionnel, parlementaire, mais celle qui importe réellement : « la politique de la rue ».

Parmi les occupants des places, on peut rencontrer des personnes de toutes sortes de tendances : il y a eu des gens d’extrême droite, il y a des conservateurs, des gens qui ont voté PASOK, des gauchistes, des socialistes, des anarchistes, des « apolitiques » et ainsi de suite. Mais ce mélange d’idées est parfaitement normal dans un mouvement de masse si vaste : les manifestants de la place Syntagma sont en effet représentatifs de la société grecque. Le point crucial est que les revendications du mouvement vont clairement dans le sens de la gauche.

Les idées de gauche sont clairement présentes. Bien sûr, la lutte politique entre l’aile droite et l’aile gauche pour l’orientation du mouvement est loin d’être terminée. Il est très important que la gauche politique radicale soit présente sur les places, qu’elle engage des débats avec les manifestants et essaie de gagner la majorité à une lutte plus consciente et engagée contre la classe dominante.

Qu’attendez-vous de la grève générale de 48 heures et des journées d’action prévues le 28 et le 29 juin ?

Il s’agit de la première grève générale de 48 heures depuis des décennies. Ce genre d’action va certainement inspirer les travailleurs à quitter leurs places de travail ; la grève pourrait donc avoir un énorme succès. Cette action puissante, combinée avec le militantisme du « mouvement des places » qui prévoit d’entourer le bâtiment du Parlement, contribuera à ébranler le gouvernement.

Le 15 juin 2001, nous avons eu un aperçu du potentiel qu’aurait le mouvement si les forces syndicales rejoignaient le mouvement des places. Je pense que pendant les deux jours d’actions prévus nous pourrons voir des protestations les plus puissantes depuis de nombreuses années.

Il faudra voir quels seront les pas suivants que prendra le mouvement de résistance, mais les perspectives d’escalade de la lutte sont assez claires. Le fait que l’actuelle direction de la GSEE (secteur privé), une fédération syndicale largement haïe par les travailleurs à cause de son histoire de compromissions, ait dû déclarer une grève de 48 heures donne un indice des énormes pressions qu’elle a subi de la part de base.

En outre, puisque presque toutes les entreprises publiques sont sur le point d’être vendues, les syndicats du secteur public (regroupés dans ADEDY) se rendent compte que c’est maintenant ou jamais. L’exemple des travailleurs de la compagnie d’électricité qui sont engagés dans une grève tournante de 48 heures pourrait bientôt être suivi par d’autres.

Le mouvement des places a prouvé qu’il avait l’endurance nécessaire pour continuer. Et il prévoit déjà des actions pour les jours après la grève de 48 heures, un signal clair indiquant que les aganaktismenoi prévoient de rester dans les places.

L’objectif du mouvement est de renverser le gouvernement de Papandreou, et je pense que cela peut être le prochain pas en avant. Le parti au pouvoir, le PASOK, est ébranlé et a perdu toute légitimité. Il va d’une crise dure à une autre, en espérant à chaque fois survivre et gagner un peu de temps avant son effondrement.

Lorsque le PASOK a survécu à un vote de confiance la semaine passée, un analyste politique a commenté avec soulagement : « Jusqu’à maintenant ça tient ». Je crois que cette déclaration reflète l’ambiance qui règne au sein du gouvernement et de tout l’establishment. La question se pose de savoir si ce gouvernement arrivera à tenir jusqu’à la fin de l’été. L’effondrement du PASOK est une question de temps. Le fait que les gens dans la rue en ont conscience les encourage puissamment à augmenter la pression.

La gauche grecque se trouve donc face à de grands défis. Les potentialités sont grandes, mais les responsabilités qui pèsent sur nous le sont aussi. Une force sociale vigoureuse qui peut renverser l’offensive de la classe dominante est en train d’émerger des places et des lieux de travail. Mais il s’agit d’une lutte à long terme, qui nécessitera de la tactique, des stratégies, des idées, de l’organisation et de l’expression politique.

La gauche peut jouer un rôle crucial, surtout aujourd’hui, au vu de l’ébranlement du système politique et de la crise des grands partis. Le mouvement des places donne l’exemple. Il a montré la force que pouvait avoir une unité d’action et a fourni une plateforme politique radicale.

Sur cette base, le DEA (Gauche ouvrière internationaliste) – qui participe à la coalition appelée SYRIZA – appelle à un front uni politique de la gauche sur la base d’une plateforme radicale, qui pourrait commencer par une action conjointe entre SYRIZA et la coalition, plus restreinte, de l’extrême gauche : ANTARSYA. Cette coordination peut constituer un catalyseur, comme l’indique le fait que le Parti Communiste, traditionnellement ultra-sectaire, a commencé à s’ouvrir un peu à la possibilité d’une action commune.

Un tel front de gauche pourrait constituer une puissante alternative aux partis qui restent fidèles à la classe dominante, contribuerait à déstabiliser encore davantage l’establishment et ouvrirait des possibilités encore plus grandes pour le mouvement de la classe travailleuse. (Traduction A l’Encontre ; entretien réalisé le 27 juin avec Panos)


Comment la classe ouvrière grecque peut-elle aller de l’avant ?
Par Stefan Steinberg
21 juin 2011

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Les principaux syndicats grecs ont appelé aujourd’hui à une grève de 24 heures contre les dernières coupes sociales exigées par le gouvernement social-démocrate PASOK. La grève soulève des questions pressantes sur une perspective politique pour tous les travailleurs ayant une conscience de classe.

Cette grève appelée par les responsables syndicaux, comme toutes celles qui l’ont précédé partout en Europe depuis l’éclatement en 2009 de la crise de la dette européenne, ne fera rien pour enrayer les coupes exigées par les banques. Des couches de plus en plus importantes de la classe ouvrière en Grèce et dans toute l’Europe sont en train de s’en rendre compte, surtout depuis les soulèvements de masse qui ont entraîné l’éviction de Moubarak en Egypte et de Ben Ali en Tunisie.

Les manifestations des « indignés » en Espagne et les protestations des Aganaktismeni en Grèce reflètent le rejet par des sections croissantes de jeunes de l’ensemble de l’establishment politique. Lors d’une manifestation de masse à Athènes, le 5 juin, des manifestants s’étaient retournés contre les représentants des syndicats leur disant qu’ils n’avaient aucun droit d’y participer.

Il y a un sentiment grandissant que les vieilles formes de la vie politique et de la lutte de classe sont dépassées. En Egypte, on prend de plus en plus conscience du fait que la chute de Moubarak n’a pas signifié la fin du régime militaire. Celle-ci n’a pas non plus répondu aux aspirations politiques et sociales qui ont guidé le mouvement de masse. Le sentiment que quelque chose de plus radical et de plus profond est nécessaire se reflète dans le slogan populaire d’une « seconde révolution. »

En Espagne, l’impasse des protestations dépourvues d’une stratégie bien élaborée et d’un programme incarnant les intérêts indépendants de la classe ouvrière peut être observé dans la levée de l’occupation de la Plaza del Sol de Madrid par les indignados.

Dans les deux cas l’évolution indique de diverses manières la nécessité que les luttes de la classe ouvrière soient guidées par une perspective nouvelle et fondamentalement différente.

Il est indispensable d’analyser soigneusement, en Grèce et internationalement, les expériences de l’année passée et d’en tirer les conclusions politiques adéquates.

Il y a un peu plus d’un an, le gouvernement grec avait présenté le prêt de 110 milliards d’euros de l’Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) comme le point de départ d’un retour à une croissance économique. Les prêts avaient toutefois été accordés à des taux d’intérêts élevés et liés à d’énormes coupes dans les dépenses sociales ciblant les emplois, les salaires et les conditions sociales de la classe ouvrière.

Nonobstant les belles promesses de croissance, l’imposition de ces réductions a fait tomber l’économie grecque en chute libre. Le taux de contraction de l’économie est passé de 2,3 pour cent en 2009 à 4,0 pour cent en 2010 – une baisse de près du double. La contraction s’est encore accélérée cette année pour atteindre moins 5,5 pour cent au premier trimestre.

Les économistes grecs estiment que les travailleurs ont subi en moyenne une stupéfiante perte de 30 pour cent de leur revenu.

L’effondrement économique a fait qu’il est devenu impossible à la Grèce de rembourser ses dettes malgré les brutales mesures de réduction des coûts. Vendredi dernier, le gouvernement du premier ministre George Papandreou a annoncé une nouvelle série de coupes sociales et de liquidation de biens publics.

L’expérience de la Grèce, qui se reproduit en Irlande, au Portugal et dans d’autres pays lourdement endettés, souligne cette réalité que la bourgeoisie elle-même ne dispose d’aucune solution viable à la crise et que la récession n’est pas simplement un déclin conjoncturel mais bien plutôt une défaillance systémique du capitalisme mondial.

La subordination de la Grèce à l’élite financière internationale sous la forme de l’UE, de la BCE et du FMI a été un désastre pour la classe ouvrière. Et la soi-disant alternative avancée par les nationalistes en Grèce – la sortie de la monnaie unique européenne pour revenir à la drachme – serait tout aussi catastrophique. Le résultat serait une inflation massive et la ruine de la population – un scénario semblable au chaos hyperinflationnaire qui avait déferlé sur l’Allemagne en 1923.

Le capital financier international est en train d’organiser un transfert historique de la richesse sociale entre les mains d’une infime élite financière. Pour cette strate dirigeante, les formes de protection sociale développées à l’Occident durant la période d’après-guerre – les allocations chômage, les retraites, les soins de santé, l’enseignement gratuit – représentent une ponction intolérable des profits. A présent, tous ces acquis gagnés au cours d’un siècle de luttes acharnées de la classe ouvrière doivent être balayés.

L’impact économique et social des changements que l’élite financière compte appliquer en Grèce et internationalement ressemble à la « thérapie de choc » introduite à la fin des années 1980 en URSS au moment de la restauration du capitalisme en Europe de l’Est.

Ces mesures ont été la culmination de la politique contre-révolutionnaire du régime bureaucratique stalinien qui avait usurpé le pouvoir politique de la classe ouvrière soviétique dans les années 1920 et 1930 et tué des centaines de milliers de travailleurs, d’intellectuels, d’artistes, de scientifiques de gauche ainsi que toute la génération de Bolchéviques, avec Léon Trotsky à leur tête, qui avait dirigé la Révolution russe.

Sous Gorbatchev et Eltsine, la bureaucratie, en collaboration avec l’impérialisme occidental, a démantelé ce qui restait de l’industrie nationalisée mise en place par la révolution de 1917 pour introduire des rapports capitalistes de marché.

Le résultat fut une catastrophe sociale. La vie économique se désagrégea et des pans entiers de la propriété publique furent vendus à des prix sacrifiés entraînant l’émergence d’une oligarchie criminelle russe. Il y eut un effondrement du niveau de vie et des emplois et une montée sans parallèle de l’inégalité sociale. D’ici le milieu des années 1990, le niveau de vie russe avaient chuté au point que l’espérance de vie de la population avait régressé à celle qui existait durant la Deuxième guerre mondiale.

Le dernier acte de la trahison contre-révolutionnaire de la bureaucratie stalinienne a fait partie d’un processus plus général de la dégénérescence et de la trahison de toutes les vieilles bureaucraties ouvrières – dont les partis sociaux-démocrates et communistes et les syndicats.

A présent, avec le commencement de la crise économique en Europe et en Amérique du Nord, les bureaucraties syndicales ont systématiquement œuvré pour contenir, disperser et étouffer la résistance de la classe ouvrière à l’assaut capitaliste, défendant les gouvernements qui mènent ces attaques et cherchant à réduire l’opposition populaire à d’impuissantes protestations. Tout en prétendant exercer une « pression » sur les gouvernements nationaux, elles négocient en fait la politique voulue par les banques.

Elles ont bénéficié de l’assistance cruciale des organisations de la pseudo-gauche petite bourgeoise – telles SYRIZA en Grèce, le Nouveau Parti anticapitaliste en France, la Gauche anticapitaliste en Espagne, etc. – qui consacrent tous leurs efforts à canaliser la résistance de la classe ouvrière derrière les syndicats et les partis bourgeois de « gauche. »

Malgré, leur rhétorique de temps en temps révolutionnaire, ces organisations rejettent la révolution socialiste et l’unification internationale de la classe ouvrière. Elles soutiennent les coupes sociales comme étant un pas nécessaire à la stimulation de la compétitivité nationale face aux concurrents impérialistes de leur bourgeoisie nationale et des économies émergentes en Asie et en Amérique latine.

Il n’y a pas de solution nationale à la crise. La véritable ligne de partage en Europe et internationalement n’est pas celle des nationalités mais celle des classes.

Partout en Europe, les travailleurs doivent rejeter la propagande médiatique qui consiste à calomnier les Grecs comme étant « paresseux » et « vivant au-dessus de leurs moyens. » Alors qu’en Europe et de par le monde les gouvernements insistent pour que des attaques tout aussi dévastatrices contre la classe ouvrière soient menées, la réaction fondamentale doit être le développement d’une lutte politique commune de la classe ouvrière européenne et internationale.

Faire pression sur les gouvernements bourgeois ou transférer le pouvoir d’une faction à une autre de l’élite dirigeante n’offre à la classe ouvrière aucune voie pour aller de l’avant.

L’attaque de la bourgeoisie internationale contre les droits sociaux des travailleurs soulève la question du pouvoir politique. Le seul moyen de repousser l’offensive des banques est la lutte de la classe ouvrière pour la prise du pouvoir et le renversement du capitalisme. Ceci requiert l’unification de la classe ouvrière de par l’Europe et internationalement dans une lutte mondiale pour le socialisme. WSWS

e dictat du Fonds monétaire international exigeant l’imposition de mesures d’austérité encore plus sévères avant le déblocage des 12 milliards d’euros de la dernière tranche du plan de sauvetage de la Grèce marque un virage dans l’évolution de la crise financière européenne. Les tâches et les défis politiques décisifs présentés à la classe ouvrière grecque et européenne sont encore plus significatifs que les conséquences économiques et financières immédiates.
Selon un article du Financial Times, les ministres de la zone euro avaient escompté durant leur rencontre dimanche soir de pouvoir débloquer de l’argent à la condition que de nouvelles mesures d’austérité soient approuvées par le parlement grec. Mais, les responsables du FMI ont insisté en disant « qu’il leur fallait des engagements plus fermes avant tout paiement. »

La nouvelle orientation avait été esquissée la semaine passée lors des remarques faites par Jose Vinals, le directeur du service marchés monétaires et financiers au sein du FMI, lorsqu’il avait introduit le nouveau rapport mettant en garde contre un ralentissement de la croissance mondiale et le risque pressant d’un nouveau resserrement du crédit. « Le message clé, » a-t-il dit, « est que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la crise financière – que j’appellerai la phase politique de la crise – et il est temps maintenant de prendre les décisions politiques nécessaires pour éviter les problèmes à l’avenir. »
La phase précédente a été décrite comme celle de « la désinvolture » ou encore du « rajouter du crédit et prétendre que tout va bien ». Entendons par là, rajouter toujours plus de crédit aux banques et aux institutions financières en prétendant que l’on s’est attelé aux problèmes sous-jacents, jusqu’à ce qu’ils surgissent à nouveau. Mais, la phase du « rajouter du crédit et prétendre que tout va bien » est clairement révolue étant donné que les agences de notation rétrogradent continuellement la dette souveraine, non seulement de la Grèce, mais aussi de l’Irlande, de l’Espagne, du Portugal et tout dernièrement de l’Italie.

Ces abaissements de notation correspondent à des consignes données par le capital financier aux partis de l’Etat capitaliste pour développer de nouveaux mécanismes politiques et des formes de gouvernement afin d’extraire de la classe ouvrière des milliers de milliards de dollars nécessaires pour rétablir les profits et la santé du système financier capitaliste non seulement en Grèce et en Europe mais internationalement. Dans une situation où ceci est de moins en moins possible par le biais du système parlementaire, d’autres mesures doivent être trouvées.

S’exprimant sur la décision de bloquer le paiement de la tranche finale de 12 milliards d’euros du prêt, le directeur par intérim du FMI, John Lipsky, qui a pris le relais après l’éviction forcée de Dominique Strauss-Kahn, a clairement fait comprendre qu’aucune opposition ne sera tolérée. « Les mesures les plus importantes sont celles qui vont être prises par les autorités grecques en adoptant et en appliquant l’ambitieux programme de réformes structurelles indispensables à la guérison de l’économie et à l’ouverture d’une voie pour la reprise de la croissance. »

L’affirmation qu’une « guérison » et qu’une « reprise de la croissance » sont réalisables au moyen d’une nouvelle réduction des salaires, de coupes encore plus profondes dans les dépenses du gouvernement et de la liquidation des biens publics est un mensonge méprisable étant donné l’expérience amère faite par des millions de gens. Les mesures d’austérité de l’année dernière – introduites elles aussi avec la promesse d’une « reprise » – ont conduit à une rapide contraction de l’économie et un chômage grandissant. Mais, au lieu d’abaisser le niveau de l’endettement, le rapport dette publique/produit intérieur brut n’a cessé de croître, approchant les 160 pour cent.
Le principe directeur du FMI n’est pas la relance de la croissance économique en Grèce ou ailleurs mais la protection des intérêts des grandes banques et des institutions financières. Il est significatif de noter qu’en tant que représentant du capital financier américain, Lipsky, a sévèrement fustigé la proposition du gouvernement allemand, avancée pour ses propres motivations nationalistes, d’obliger les banques privées à essuyer certaine pertes de leurs prêts en participant au nouveau plan de sauvetage de la Grèce.
Le calcul de la chancelière Angela Merkel et de son gouvernement a été qu’une telle mesure toucherait plus fortement les banques françaises que les banques allemandes qui ont prêté de l’argent à la Grèce. Le gouvernement du président français, Nicolas Sarkozy, s’y est opposé tout comme la Banque centrale européenne (BCE) – cette dernière par crainte de perdre en cas de restructuration des dizaines de milliards d’euros étant donné qu’elle détient quelque 140 milliards d’euros d’obligations grecques.

Lipsky a critiqué le projet allemand non seulement par souci direct pour les banques françaises ou la BCE, mais parce que toute forme de défaut provoquerait une vague de demandes sur le marché des credit default swaps (couvertures de défaillance, CDS) où les banques et les institutions financières américaines sont fortement engagées. Compte tenu du caractère labyrinthique de ces marchés il est difficile d’obtenir des évaluations précises, mais l’on estime que les banques américaines sont exposées jusqu’à hauteur de quelque 100 milliards de dollars dans la soi-disant « périphérie de l’Europe » et à hauteur de deux mille milliards de dollars sur le marché mondial des credit default swaps.

Ce sont ces intérêts que les représentants du capital financier sont fermement résolus à défendre – par tous les moyens possibles. Et, alors que la bourgeoisie est en train de faire des préparatifs, la classe ouvrière doit agir de manière tout aussi décisive.
La « phase politique de la crise » signifie que la bourgeoisie doit se débarrasser une fois pour toute de l’idée que les protestations actuelles ou même les grèves peuvent exercer une pression quelconque sur la troïka – la Commission de l’Union européenne, la BCE et le FMI – pour qu’elle retire le programme d’austérité ou qu’elle trouve une solution sous la direction des partis politiques existants.
Au contraire, les grèves, les protestations et les manifestations de masse, les occupations d’usine et toutes les autres formes de la lutte de classe développées au cours de ces 150 dernières années, doivent être utilisées pour s’opposer aux coupes sociales et aux mesures d’austérité et être indissolublement liées à la lutte pour un gouvernement ouvrier afin d’arracher le pouvoir des mains de la classe dirigeante défaillante et de ses partis politiques qui ont précipité la population grecque dans une catastrophe.

La lutte pour cette perspective et contre les divers groupes pseudo-gauches qui affirment que la voie pour aller de l’avant passe par la sortie de l’euro, la restauration de la drachme et le retour aux régulations nationales tout en laissant au pouvoir la classe capitaliste et ses représentants politiques corrompus. Poursuivre un tel programme serait aller au désastre. S’il était appliqué, il entraînerait l’effondrement des banques grecques, une hyper inflation, un krach économique et même une hausse du niveau de chômage. Si la classe ouvrière était associée de quelque façon que ce soit à un tel programme et à la misère sociale qui en découlerait, la voie serait ouverte pour que des forces fascistes mobilisent des sections désespérées et dépossédées des classes moyennes et de la petite bourgeoisie et créent une situation où l’armée imposerait son régime.
La classe ouvrière doit mettre en avant son propre programme socialiste indépendant fondé sur la lutte pour le renversement du régime actuel et la prise du pouvoir politique entre ses propres mains.
La première tâche d’un gouvernement ouvrier sera de nationaliser les banques et les principales institutions financières et de répudier l’ensemble des dettes publiques. Parallèlement, il devra lancer un appel à la classe ouvrière de par l’Europe pour qu’elle se rallie à la lutte visant à mettre un terme à la dictature du capital financier en établissant les Etats socialistes unis d’Europe. WSWS

Messages

  • A coté de leur intérêt sur les faits, ces analyses rappellent tout de même celles du NPA-LCR sur l’altermondialisation : elles rajoutent un vernis vaguement marxiste sur ce qu’est la réalité du mouvement pour dire que tout cela va dans le bon sens. Exemple :

    Les manifestations des « indignés » en Espagne et les protestations des Aganaktismeni en Grèce reflètent le rejet par des sections croissantes de jeunes de l’ensemble de l’establishment politique. Lors d’une manifestation de masse à Athènes, le 5 juin, des manifestants s’étaient retournés contre les représentants des syndicats leur disant qu’ils n’avaient aucun droit d’y participer.

    L’establishment politique, c’est quoi ? Il y a à mon avis des partis ouvertement bourgeois, réformistes, anarchistes, communistes-staliniens, communistes trotskystes etc.
    Sur un tract des Indignés à Paris distribué début juillet, on lit : Nous sommes a-partisans : il y a donc un rejet de la « forme Parti » en général, de toutes les formes de partis, y compris donc des partis révolutionnaires. Pour certains dans ce mouvement les communistes-révolutionnaires font autant partie de l’establishment que les autres. Un angle de dsicussion moins stérile que pour/contre les partis, serait peut-être de discuter avec ces jeunes : pour/contre la lutte des classes, le rôle révolutionnaire irremplaçable de la classe ouvrière.

    • Les 9 et 10 juillet 2011, se tenait à Athènes une réunion de coordination des Assemblées populaires de toutes les régions de Grèce. Nous reproduisons ci -dessous la traduction du texte final qui y a été adopté.

      Texte de conclusion des deux jours de réunion des Assemblées Populaires à Syntagma (adopté le 10 juillet 2011)

      Pendant 2 jours, les 9 et 10 Juillet 2011, nous nous sommes réunis en session de bilan des assemblées populaires de toutes les régions, conformément à l’appel de l’Assemblée populaire de la place Syntagma. Ont été exposées les positions, le fonctionnement et les actions de 48 assemblées, 36 le premier jour et 12 le deuxième jour. 24 d’entre elles provenaient des villes de divers districts et 24 de la région de l’Attique. Toutes les grandes villes de Grèce étaient représentées et nous estimons la représentation positive, même si nous savons que de nombreuses autres assemblées populaires fonctionnent ou commencent à fonctionner dans d’autres endroits.

      La discussion a confirmé la volonté de chacun de continuer à communiquer et à coordonner notre action. Elle a montré la richesse des actions menées par les différents secteurs pour notre objectif principal ainsi que pour de nombreuses activités relatives à des problèmes centraux et particuliers.

      Nous sommes sur les places du pays, parce que nous avons décidé de prendre nos vies entre nos mains, parce que nous n’attribuons plus ce droit à quiconque. Ce pari nous l’avons fait et nous le gagnerons. Et nous réussirons, par notre participation, le contrôle direct et notre abnégation.

      Grâce à notre auto-organisation et la démocratie directe des places, nous créons nos propres contre-institutions fondées sur la solidarité sociale, la mise en réseau, la camaraderie, l’esprit combatif.

      Nous nous sommes rencontrés pour échanger des expériences et des idées. Nous nous sommes rencontrés afin de façonner ensemble notre voie contre les politiques antipopulaires du gouvernement, de la Troïka et de leurs courtisans de tout genre. Contre la violence de la pauvreté et du chômage. Contre la violence de l’écrasement de l’état social. Contre la violence de la répression étatique. Contre la violence des impératifs du programme à moyen terme, des mémorandums et toutes leurs mesures.

      Nous sommes d’accord sur la nécessité de l’action commune et de la coordination. Nous sommes d’accord sur la nécessité de concevoir un plan pour la réalisation pratique de la revendication de démocratie directe, d’auto-organisation populaire partout.

      L’exigence d’Assemblées Populaires partout, sur les places, sur les lieux de travail et d’études est à l’avant-garde de notre lutte.

      Syntagma et son Assemblée populaire, est jusqu’à présent le point de référence du mouvement des places. Cependant, il pourrait se développer en un centre principal et un point de rencontre de tous ceux qui luttent socialement et sur les lieux de travail. Nous allons dans cette direction et souhaitons que la même chose se produise sur d’autres places du pays. Dans le cadre de la coordination du mouvement, nous proposons une communication régulière entre les Assemblées Populaires, et même des Assemblées communes dans les endroits où cela est jugé nécessaire… Le site créé sur la place Syntagma et adopté par l’Assemblée populaire de Syntagma, amesi-dimokratia.org, est la référence des Assemblées Populaires à l’échelle nationale. Sur le site, chaque Assemblée populaire a la possibilité de poster des publications et des décisions sous son titre distinctif ; il y a par exemple un emplacement pour l’Assemblée populaire de Corinthe, de Thessalonique et ainsi pour chaque assemblée. C’est l’outil par lequel nous communiquons, échangeons des points de vue et des préoccupations, choisissons des actions.

      Les batailles que nous avons jusqu’à présent livrées et l’attaque que nous avons subie ont renforcé encore plus notre détermination.

      Nous ne nous arrêterons pas là.

      Nous l’avons promis et nous l’avons aussi décidé dans nos Assemblées populaires.

      Nous ne partirons pas s’ils ne partent pas. Et même s’ils partent, nous ne retournerons pas dans nos maisons, car nous allons continuer vigoureusement et de façon déterminée à construire le nouveau modèle social que nous revendiquons.

      Nous continuons notre lutte partout et toujours contre tout ce qui nous condamne à une vie sans avenir. Nous continuons à mobiliser en masse dans les assemblées, et pour les grandes étapes à venir : a) dimanche prochain, 17 / 7, jour où Hillary Clinton se rend en visite en Grèce, b) le dimanche suivant, 24 /7, anniversaire de la chute de la junte, pour dire notre propre NON à l’oligarchie contemporaine.

      Nous travaillons systématiquement dans la période à venir, à l’organisation d’une réunion nationale de toutes les places cette fois-ci le 3 Septembre 2011. Une mobilisation nationale qui établira clairement pour tous que nous nous opposons à cette politique économique et sociale en cours.

      Nous travaillons systématiquement dans la période à venir, à compléter le modèle de démocratie que nous voulons établir.

      Les places ont constitué et constituent pour nous et pour toute l’Europe une réponse sans précédent et une école de Démocratie Directe et Sans Intermédiaire.

      Nous cherchons à rencontrer tous les mouvements des places européens pour aller vers une action paneuropéenne pour l’annulation des dettes. La démocratie directe maintenant !

      Toutes les décisions par les assemblées populaires ! Justice - Egalité - Solidarité.

      10 juillet 2011

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