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Que brûlent les chateaux ! Que les banques fassent faillite ! Que les bourses s’effondrent ! Que les agences de notation soient au zéro ! Que le capitalisme soit à l’agonie ! MAIS QUE LES PEUPLES VIVENT SANS PORTER SUR LEUR DOS LE POIDS DES DETTES DES BANQUIERS, DES FINANCIERS, DES BOURSIERS, DES ASSURANCES, DU GRAND CAPITAL !

jeudi 18 août 2011, par Robert Paris

Que brûlent les châteaux ! Que les banques fassent faillite ! Que les bourses s’effondrent ! Que les agences de notation soient au zéro ! Que le capitalisme soit à l’agonie ! MAIS QUE LES PEUPLES VIVENT SANS PORTER SUR LEUR DOS LE POIDS DES DETTES DES BANQUIERS, DES FINANCIERS, DES BOURSIERS, DES ASSURANCES, DU GRAND CAPITAL !

En France, ce sont bien sûr les pauvres qui détruisent le système social, qui volent l’Etat. Vous avez entendu parler de Total qui ne paie pas du tout d’impôts, comme bien des trusts du cac 40 !

Vous avez entendu que la banque et la bourse chutent. Mais ceux qui les font chuter sont des capitalistes, des banques, des financiers, des investisseurs....

La banque centrale européenne (BCE) a dû prêter 500 millions de dollars sur sept jours mercredi dernier à une banque européenne (dont le nom n’a pas été communiqué) qui ne parvenait pas à se fournir en liquidités sur le marché interbancaire. Alors même que, de l’autre côté, les banques du système déposaient 90,5 milliards d’euros auprès de la BCE, selon les statistiques hebdomadaires de l’institution.

Des éléments qui alimentent les craintes d’une nouvelle crise de liquidité au sein du milieu bancaire. Car c’est exactement le schéma qui s’est produit après la faillite de Lehman Brothers : les banques n’ont pas suffisamment confiance pour apporter leurs liquidités sur le marché interbancaire, ce qui permet de le prêter à d’autres banques, et préfèrent les mettre à l’abri à la BCE. Conséquence, le système se grippe et les banques ayant besoin de liquidités n’en trouvent pas.

Les prêts de la BCE de ce type sont rares, le dernier datant du mois de mars. Il faut même remonter à mai 2010, aux tous débuts de la crise sur la dette grecque, pour retrouver un prêt de ce montant. Quant aux dépôts des banques auprès de la BCE, ils sont élevés. Mais, heureusement, ils n’ont pas retrouvé le niveau de 2008 : au pic de la crise, ils avaient dépassés les 200 milliards d’euros. Le chiffre reste néanmoins inquiétant, d’autant que les banques françaises sont structurellement parmi les moins riches en liquidités du marché européen. En attendant, tout le monde se demande qui a fait appel à la BCE. Selon Frank Engels, économiste chez Barclays Capital cité par l’AFP : "Il doit s’agir d’une petite banque, peut-être italienne ou espagnole, qui n’avait pas d’accès direct au marché." Ben voyons !

« On ne sait pas exactement ce que vaut une banque. On ne sait pas l’ampleur du taux de défaut qu’elles devront prendre dans leurs comptes selon l’ampleur de la crise, selon l’ampleur des risques sur les pays périphériques », explique Philippe Delienne, le président de Convictions Asset Management.

Parmi les valeurs bancaires, les banques italiennes Unicredit et Intesa Sanpaolo ont chuté vendredi de plus de 5%. Les britanniques Royal Bank of Scotland et Lloyds ont abandonné respectivement 5,38% et 4,78%. A Paris, BNP Paribas s’est replié de 4,27%, Société générale de 3,38% et Crédit agricole de 1,7%. En revanche, Dexia, qui avait chuté de près de 14% la veille, a fini sur une légère hausse de 0,13%.

« Les marchés craignent en effet des problèmes de liquidités », commente Sébastien Barthelemy, analyste crédit chez Louis Capital Market, qui relève « beaucoup d’éléments concomitants qui évoquent le spectre de la crise interbancaire de 2008 ».

« Les fonds monétaires américains étant sous pression dans leurs deux grandes catégories d’actifs, le T-Bill (bon du Trésor américain, NDLR) et les banques de la zone euro, ils ont fait le choix (...) d’alléger leurs positions sur le papier européen et notamment sur les banques françaises", souligne de son côté Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue. Le recours mercredi à la facilité en dollar de la Banque centrale européenne, pour la première fois depuis février, avait aussi contribué jeudi à effrayer le marché, entraînant le plongeon de valeurs bancaires comme BarclaysDexia ou encore Société générale.

Dans une note, Deutsche Bank estime toutefois que les inquiétudes concernant le niveau de liquidité sont exagérées, tout en soulignant que les risques pesant sur les bénéfices des banques avaient augmenté.

Les taux sur le marché interbancaire semblent d’ailleurs suggérer que le système financier ne se grippe pas puisque le principal taux Euribor régissant les prêts entre banques a légèrement baissé vendredi. Le taux Libor en dollar à trois mois, mesure de référence des prêts interbancaires non sécurisés dans la zone euro, est à 0,29%, encore très loin du niveau de 4,8% qu’il avait atteint après la faillite de Lehman Brothers en 2008 quand les banques ne voulaient plus se prêter entre elles.

Et que peut-on lire dans la presse ? Que ce sont les pauvres qui font chuter le système par leurs dépenses exagérées, par leurs détournements !

On lit ainsi : "Arnaques en tout genre aux Assedic, pseudo-RMIstes, fausses ordonnances, arrêts de travail bidon, trafic de cartes Vitale... En ces temps de crise où l’assistanat fonctionne à plein régime, l’imagination des tricheurs ne connaît plus de limites. Contre ces détournements qui commencent à coûter très cher à la collectivité, les organismes publics et la justice ont décidé de réagir. "

L’Angleterre brûle, ses magasins sont dévalisés. Le gouvernement accuse la jeunesse mal éduquée. Il prétend que des gangs ont pris le pays en otage. Mais le coût est cent fois inférieur à ce qu’a coûté la crise actuelle et celle de 2007-2008 qui, là effectivement, était l’œuvre de gangs, ceux du grand capital...

Cameron a été obligé d’écourter ses vacances en Toscane pour superviser le plan d’une importante opération de police dans la capitale. Quelque 16.000 policiers sont restés en service dans la nuit du 9 août - le triple du nombre habituel - avec des renforts venus des quatre coins du pays.

Les mesures avaient été prises en réaction aux émeutes qui s’étaient propagées partout dans Londres ainsi qu’à Bristol, Birmingham, Leeds, Liverpool et Nottingham. Le 9 août au soir, on avait fait état de troubles supplémentaires à Manchester, dans la ville voisine de Salford, à West Bromwich et à Wolverhampton dans les Midlands.

Les émeutes avaient été déclenchées par la mort par balles jeudi soir d’un habitant de Tottenham, âgé de 29 ans, Mark Duggan, tué par un agent du ’Specialist Firearm Command’ (CO19). Une manifestation pacifique organisée samedi soir par la famille de Duggan et des gens les soutenant a violemment été attaquée par la police anti-émeute, déclenchant une vague de troubles.

Lundi soir très tard, la Commission indépendante des plaintes concernant la police (IPCC) a reconnu que Duggan n’avait pas ouvert le feu sur les policiers comme il avait été initialement affirmé. Elle a dit que des examens balistiques n’avaient fourni « aucune preuve » que le pistolet retrouvé sur les lieux où Duggan avait été tué, avait servi à tirer sur les policiers.

L’IPCC a constaté qu’un officier de police du CO19 avait tiré deux balles dont une balle s’était logée dans la radio de la police après avoir traversé le corps de Duggan. Duggan avait également été touché au bras.

Le communiqué confirme les informations selon lesquelles Duggan a été victime de la police qui a agi comme juge, jury et bourreau. Et pourtant, personne n’a été tenu responsable du meurtre. L’officier impliqué a simplement été relevé de ses fonctions. L’enquête sur la mort de Duggan a été suspendue mardi en attendant la fin de l’enquête de l’IPCC qui pourrait durer six mois.

De plus, le mécontentement qui couvait depuis longtemps au sujet de l’aggravation des conditions sociales et de la violence policière est tout à fait ignoré par les partis politiques officiels et les médias. Manifestement, pour eux les meurtres policiers sont acceptables, par contre, toute riposte doit être traitée avec toute la force de l’Etat.

La rhétorique la plus abominable contre les jeunes impliqués dans les troubles a été utilisée par les représentants des principaux partis politiques.

Cameron a annoncé que le gouvernement ferait « tout pour ramener l’ordre dans les rues de Grande-Bretagne. » En décrivant les événements comme étant « de la criminalité pure et simple », il a dit à l’attention de ceux qui ont été interpellés qu’ils « sentir[ont] toute la force de la loi. Si vous êtes assez grands pour commettre ces crimes, vous êtes assez grands pour être punis. »

Compte tenu du fait que l’ensemble de l’establishment politique - y compris Cameron et la Police métropolitaine - est mêlé au scandale criminel des écoutes téléphoniques illégales du News of the World et qui implique l’ultraréactionnaire et multimilliardaire propriétaire de médias, Rupert Murdoch, l’hypocrisie de tels commentaires est à couper le souffle.

Le Parti travailliste, quant à lui, tente de surpasser Cameron dans le sécuritaire. Le dirigeant travailliste, Ed Miliband, a exigé une réponse « robuste » de la part de la police : « il doit y avoir une présence policière partout à Londres. »

Le député travailliste Tom Watson - qui, en tant que membre de la commission d’enquête parlementaire, avait récemment poliment auditionné Murdoch et son fils James, au sujet de leur implication dans des activités illégales, dont la corruption de policiers de la Metropolitan Police - a réclamé le recours à l’armée. Il a exigé sur Twitter, « C’est tout simple : Rappel du parlement. Annulation des congés. Appel au soutien logistique de l’armée pour les services d’urgence. Stopper les réductions des dépenses de la police. »

L’ancien maire travailliste de Londres, Ken Livingstone, tout en reconnaissant que les mesures d’austérité de masse de 80 milliards de livres sterling du gouvernement, créaient des « clivages sociaux » a exigé le recours aux canons à eau. La député parlementaire travailliste de Hackney, Dianne Abbott, a dit qu’il faudrait envisager un couvre-feu.

Le député conservateur, Patrick Mercer, a demandé au gouvernement de déployer dans les rues de Londres le genre de répression brutale que l’impérialisme britannique a utilisé en Irlande du Nord. « Je trouve curieux que nous sommes prêts à utiliser ce genre de mesures contre les Irlandais, » a-t-il dit, « mais quand les Anglais se font remarquer et se comportent d’une manière aussi atroce et répugnante, nous nous contentons de les dorloter gentiment. »

Mercer a dit que les troupes ne devraient pas être utilisées à ce stade : « Ce n’est pas une situation militaire ; en recourant aux troupes on commence à parler d’une révolution - nous sommes encore loin de là. »

Ses commentaires sur le spectre d’une « révolution », reflètent la crainte de l’élite dirigeante des implications d’une génération entière de jeunes, sans avenir sûr, qui exprime son mécontentement social et sa haine à l’égard de l’establishment politique. Les conditions sociales qui sous-tendent les émeutes sont un réquisitoire contre le système capitaliste et l’élite politique britannique qui n’offre aucun avenir à la majorité des gens.

Avant les élections législatives de l’année dernière déjà, le dirigeant des Libéraux Démocrates, actuellement vice-premier ministre, Nick Clegg, avait mis en garde contre « de graves conflits sociaux » du fait de la crise économique mondiale et de l’imposition de réductions brutales dans les dépenses de la part d’un « gouvernement qui n’a aucune légitimité. » A présent, Clegg et les Libéraux Démocrates font partie d’un tel gouvernement qui impose de massives mesures d’austérité et qui exige des mesures autoritaires pour les appliquer.

Au jour d’aujourd’hui, le gouvernement a exclu le recours à l’armée. Toutefois, l’utilisation de matraques en plastique est « sérieusement envisagée » tandis que le recours aux véhicules de police lourdement blindés doit être accru. Le commissaire adjoint de la police métropolitaine, Steve Kavanagh, a dit que ces trois derniers jours des balles en plastique avaient été à la disposition de la police anti-émeute, en ajoutant : « S’il le faut [les utiliser], nous le ferons. »

Les discussions sur l’utilisation de l’armée sont une indication de la réaction impitoyable de l’establishment dirigeant face au mécontentement social qui a explosé à Londres et entre-temps aussi ailleurs.

L’opération de police dans la capitale est la plus vaste de l’histoire britannique. Les congés de tous les fonctionnaires de police de la Metropolitan Police ont été suspendus et la police anti-émeute a été dépêchée dans la capitale en provenance de 30 autres unités venues en renfort de toutes parts du pays, dont Manchester distante de plus de 250 kilomètres. Même des policiers à la retraite ont été sollicités.

Parallèlement, quelque 6.000 personnes ont été interpellées depuis samedi soir lors de raids policiers, la majorité dans la capitale. Les prisons sont à présent pleines et les détenus sont emmenés par cars dans des régions avoisinantes. Quelque 500 enquêteurs sont également occupés à examiner les séquences des vidéos surveillance CCTV et les images des troubles, la plus importante enquête criminelle de l’histoire de la police de Londres.

La centaine de personnes traduites en justice jusque-là, comprend des jeunes, des travailleurs et des diplômés universitaires au chômage - réfutant ainsi les affirmations des médias et de la politique officielle à savoir que les participants ne font pas simplement partie d’une « sous-classe criminelle » déterminée à détruire.

D’autres arrestations comprennent celle d’un garçon de 16 ans de Glasgow, pour avoir soi-disant incité à l’émeute dans la ville au moyen de Facebook, et celle d’un homme interpellé par la police du Grand Manchester « soupçonné » d’avoir recouru aux réseaux sociaux pour fomenter des troubles.

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