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Capitalisme : l’effondrement et après...

lundi 17 octobre 2011, par Robert Paris

Le système a retardé la chute. Mais pour préparer quoi ?

Immanuel Wallerstein :

Ce moment du cycle conjoncturel coïncide avec, et par conséquent aggrave, une période de transition entre deux systèmes de longue durée. Je pense en effet que nous sommes entrés depuis trente ans dans la phase terminale du système capitaliste. Ce qui différencie fondamentalement cette phase de la succession ininterrompue des cycles conjoncturels antérieurs, c’est que le capitalisme ne parvient plus à "faire système", au sens où l’entend le physicien et chimiste Ilya Prigogine (1917-2003) : quand un système, biologique, chimique ou social, dévie trop et trop souvent de sa situation de stabilité, il ne parvient plus à retrouver l’équilibre, et l’on assiste alors à une bifurcation.

La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la dominaient jusqu’alors, et l’on voit émerger une lutte, non plus entre les tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour déterminer ce qui va le remplacer. Je réserve l’usage du mot "crise" à ce type de période. Eh bien, nous sommes en crise. Le capitalisme touche à sa fin.

Le capitalisme est omnivore, il capte le profit là où il est le plus important à un moment donné ; il ne se contente pas de petits profits marginaux ; au contraire, il les maximise en constituant des monopoles - il a encore essayé de le faire dernièrement dans les biotechnologies et les technologies de l’information. Mais je pense que les possibilités d’accumulation réelle du système ont atteint leurs limites. Le capitalisme, depuis sa naissance dans la seconde moitié du XVIe siècle, se nourrit du différentiel de richesse entre un centre, où convergent les profits, et des périphéries (pas forcément géographiques) de plus en plus appauvries.

A cet égard, le rattrapage économique de l’Asie de l’Est, de l’Inde, de l’Amérique latine, constitue un défi insurmontable pour "l’économie-monde" créée par l’Occident, qui ne parvient plus à contrôler les coûts de l’accumulation. Les trois courbes mondiales des prix de la main-d’oeuvre, des matières premières et des impôts sont partout en forte hausse depuis des décennies. La courte période néolibérale qui est en train de s’achever n’a inversé que provisoirement la tendance : à la fin des années 1990, ces coûts étaient certes moins élevés qu’en 1970, mais ils étaient bien plus importants qu’en 1945. En fait, la dernière période d’accumulation réelle - les "trente glorieuses" - n’a été possible que parce que les Etats keynésiens ont mis leurs forces au service du capital. Mais, là encore, la limite a été atteinte !

Il y a eu beaucoup de précédents dans l’histoire de l’humanité, contrairement à ce que renvoie la représentation, forgée au milieu du XIXe siècle, d’un progrès continu et inévitable, y compris dans sa version marxiste. Je préfère me cantonner à la thèse de la possibilité du progrès, et non à son inéluctabilité. Certes, le capitalisme est le système qui a su produire, de façon extraordinaire et remarquable, le plus de biens et de richesses. Mais il faut aussi regarder la somme des pertes - pour l’environnement, pour les sociétés - qu’il a engendrées. Le seul bien, c’est celui qui permet d’obtenir pour le plus grand nombre une vie rationnelle et intelligente.

Cela dit, la crise la plus récente similaire à celle d’aujourd’hui est l’effondrement du système féodal en Europe, entre les milieux du XVe et du XVIe siècle, et son remplacement par le système capitaliste. Cette période, qui culmine avec les guerres de religion, voit s’effondrer l’emprise des autorités royales, seigneuriales et religieuses sur les plus riches communautés paysannes et sur les villes. C’est là que se construisent, par tâtonnements successifs et de façon inconsciente, des solutions inattendues dont le succès finira par "faire système" en s’étendant peu à peu, sous la forme du capitalisme.

La crise que nous vivons correspond aussi à la fin d’un cycle politique, celui de l’hégémonie américaine, entamée également dans les années 1970. Les Etats-Unis resteront un acteur important, mais ils ne pourront plus jamais reconquérir leur position dominante face à la multiplication des centres de pouvoir, avec l’Europe occidentale, la Chine, le Brésil, l’Inde. Un nouveau pouvoir hégémonique, si l’on s’en réfère au temps long braudélien, peut mettre encore cinquante ans pour s’imposer. Mais j’ignore lequel.

En attendant, les conséquences politiques de la crise actuelle seront énormes, dans la mesure où les maîtres du système vont tenter de trouver des boucs émissaires à l’effondrement de leur hégémonie. Je pense que la moitié du peuple américain n’acceptera pas ce qui est en train de se passer. Les conflits internes vont donc s’exacerber aux Etats-Unis, qui sont en passe de devenir le pays du monde le plus instable politiquement. Et n’oubliez pas que nous, les Américains, nous sommes tous armés...

Quelles perspectives après l’effondrement du système ?

La bourgeoisie US a son idée sur la question et, d’abord, elle verrait d’un bon oeil la transformation de la situation en guerre civile inter-religieuse, raciale et ethnique contre les Musulmans, pour détourner la colère sociale et politique qui monte contre les classes dirigeantes.

Cela ne suffira pas à résoudre tous les problèmes. De toutes les manières, il lui faudra affronter l’impérialisme montant chinois. Cela ne débutera pas entre la Chine et les USA, mais sans doute d’abord contre le Japon.

Guerre contre le monde musulman

Le président Barack Obama a affirmé jeudi que le complot déjoué aux Etats-Unis pour assassiner l’ambassadeur d’Arabie saoudite était incontestablement le fait d’Iraniens et exigé que de hauts responsables du gouvernement de Téhéran rendent des comptes.

"Ce que nous savons, c’est qu’un individu américain d’origine iranienne était impliqué dans un complot pour assassiner l’ambassadeur saoudien (...) Et nous savons aussi qu’il avait des liens directs, était payé et recevait des ordres d’individus au sein du gouvernement iranien", a déclaré M. Obama lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche.

M. Obama a refusé d’entrer dans les détails du complot et de dire si ses responsables présumés étaient situés au plus haut niveau de l’Etat iranien, disant laisser ce soin au ministre de la Justice Eric Holder, qui a divulgué mardi l’inculpation de deux Iraniens dans cette affaire.

Concernant l’implication de l’Iran, "ces faits sont accessibles à tout le monde, et nous n’avancerions pas de telles hypothèses sans avoir les faits pour prouver ces allégations contenues dans l’acte d’inculpation", a remarqué M. Obama.

Le président américain, qui s’exprimait pour la première fois directement sur cette affaire, a ajouté que son administration était entrée en contact avec ses alliés pour leur soumettre les faits.

"Nous pensons qu’une fois que les gens les auront étudiés, il n’y aura pas de discussion sur le fait que c’est bien ce qui s’est passé", a renchéri M. Obama.

"Ce n’est pas seulement une escalade dangereuse, cela relève d’un ensemble de comportements dangereux et extrêmement risqués de la part du gouvernement iranien", a souligné le président américain, qui s’exprimait aux côtés de son homologue sud-coréen Lee Myung-bak, en visite d’Etat jeudi à Washington.

"L’un des principes du comportement sur la scène internationale est que nos diplomates dans le monde entier sont protégés et ne doivent pas être la cible de menaces ou de violences physiques", a plaidé le président américain.

M. Obama a aussi jugé que "le fait que l’Iran ait été impliqué dans un tel complot montre à quel point il a évolué en dehors des normes acceptables de comportement sur la scène internationale, depuis bien trop longtemps".

Barack Obama a indiqué que même si les plus hauts responsables du régime iranien n’avaient pas eu d’informations précises sur ce complot, les membres du gouvernement qui seraient impliqués devraient "rendre des comptes".

"Pour l’Iran, il est important de répondre à la communauté internationale : pourquoi quiconque dans leur gouvernement est-il engagé dans de telles activité ?", a-t-il ajouté.

Interrogé sur les suites de cette affaire, M. Obama s’est dit déterminé à "continuer à appliquer les sanctions les plus strictes, et poursuivre notre mobilisation de la communauté internationale pour faire en sorte que l’Iran soit de plus en plus isolé et paie le prix d’un tel comportement".

Tout en refusant de "retirer quelque option que ce soit de la table" pour réagir face à l’Iran, avec lequel les Etats-Unis n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis plus de 30 ans, M. Obama a assuré que sa stratégie d’isolement du régime islamique avait commencé à porter ses fruits.

"L’économie iranienne est aujourd’hui dans un état bien plus difficile qu’il y a plusieurs années, en partie parce que nous avons réussi à faire l’unité de la communauté internationale pour dénoncer le comportement néfaste de l’Iran", a-t-il assuré.

L’Iran a rejeté en bloc les accusations américaines, criant à une manipulation destinée à diviser les pays musulmans, a protéger Israël et à accroître la pression sur la République islamique déjà soumise à de sévères sanctions internationales pour son programme nucléaire controversé.

la suite...

Quand l’effondrement du capitalisme ne pourra plus être retardé, l’impérialisme entrera en guerre avec l’Iran et l’impérialisme chinois avec celui du Japon. La guerre mondiale aura commencé…

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