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Elections ou pas, constitution ou pas, rien de fondamental n’a changé au Maroc

samedi 26 novembre 2011, par Robert Paris

Pourquoi se révolter au Maroc ?

Le scrutin du 25 novembre est le premier depuis l’adoption de la nouvelle Constitution. Mais les pratiques des politiciens n’ont pas changé. Les caciques tiennent toujours le haut du pavé et les jeunes restent à l’écart du jeu politique. Les islamistes du PJD sont les grands vainqueurs de l’élection, mais, mis à part sur un plan purement politicien, cela ne signifie pas que la société change...

Quant à la situation sociale, elle ne dépend nullement des élections. les riches caracolent et les pauvres sont toujours plus pauvres...

30% des jeunes sont chômeurs

22% de la population active est en sous-emploi

40% de l’emploi est informel

Le revenu par habitant n’est que de 1400 dollars, soit quinze fois moins que l’Espagne qui est à quelques kilomètres des côtes marocaines. Cette moyenne cache en fait un écart considérable entre une minorité à la richesse opulente et une large part de la population qui habite le monde rural et les bidonvilles à la périphérie des grandes agglomérations. 40% de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Le taux de chômage ne cesse d’augmenter. Officiellement il n’est que de 11%. En réalité il est nettement plus élevé, puisqu’il ne prend pas en compte plusieurs critères dont celui des petits boulots (cireurs de chaussures, vente de cigarettes à l’unité etc.). 10% seulement des 500 000 jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail chaque année trouvent un emploi.

Le Mouvement de jeunes du 20 février, qui revendique des changements politiques profonds au Maroc, a appelé à manifester dimanche dans plusieurs villes pour protester contre le projet de réforme constitutionnelle annoncé vendredi soir par le roi Mohammed VI et en faveur d’une « constitution véritablement démocratique et une monarchie parlementaire ».

Des raisons de manifester le 4 décembre ?

Une enfance exploitée, violée, perdue, volée, voilà la situation des enfants pauvres au Maroc pendant que les classes dirigeantes caracolent dans le luxe insolent...

Il est vrai que tout est soigneusement caché derrière un voile de parades clinquantes, d’hôtels paradisiaques, de golfs luxuriants, de Riads aux piscines illuminées où s’ébrouent des naïades à faire baver l’Europe. Comment imaginer alors que derrière ce mirage se cache la réalité d’une frustration immense jugulée par la terreur ?

« Le projet tel qu’il a été proposé par le roi hier (vendredi) ne répond pas à nos revendications pour une véritable séparation des pouvoirs. Nous protesterons pacifiquement dimanche contre ce projet », a déclaré Najib Chaouki, l’un des membres de la section de Rabat du Mouvement.

Le roi Mohammed VI du Maroc a présenté vendredi soir un projet de réformes constitutionnelles qui renforceront le role du Premier ministre tout en maintenant le statut religieux du monarque et son rôle de chef de l’Etat.

Ces manifestations pacifiques sont prévues notamment à Rabat, Casablanca, Tanger (nord), Marrakech (sud) et Fès (centre), précise la page Facebook du Mouvement, qui compte plus de 60.000 membres.

Les directives royales ne sont pas toujours suivies d’effet. Dans un discours prononcé le 20 août dernier, Mohammed VI invitait les partis politiques du royaume à "donner leur chance aux jeunes et aux femmes pour favoriser l’émergence d’élites qualifiées à même d’apporter du sang neuf à la vie politique". Sa Majesté risque d’être déçue. "L’establishment n’est pas dans une logique de changement", analyse Fouad Abdelmoumni, l’une des têtes pensantes de la "deuxième gauche" marocaine.

Première consultation depuis l’adoption par référendum, le 1er juillet, de la nouvelle Constitution du royaume, les élections législatives du 25 novembre doivent doter le pays d’un parlement et d’un gouvernement aux pouvoirs élargis, avec un Premier ministre obligatoirement issu du parti arrivé en tête.

Barons locaux et chefs de clans "achètent" les positions éligibles sur les listes

Voulue par le souverain dans le sillage du printemps marocain, cette nouvelle donne n’a pourtant pas modifié d’un iota le comportement de la classe politique. Comme à chaque fois, la Constitution des listes électorales tient du mercato. Barons locaux et chefs de clans "achètent" les positions éligibles sur les listes en échange de la mise à la disposition de leurs moyens et de leurs réseaux. Jusqu’à cette année, il était même fréquent de voir des notables changer d’étiquette en cours de législature. Cette "transhumance" - dont a usé et abusé depuis sa création en 2008 le Parti Authenticité et modernité (PAM) parrainé par l’un des proches du roi, Fouad Ali el-Himma - est désormais interdite.

Dans les partis les plus anciens comme l’Istiqlal (le parti de l’indépendance) ou l’Union socialiste des forces populaires (USFP) qui constituent de vraies familles politiques, les caciques sont plus fidèles. Ces deux formations "historiques" n’en sont pas moins, elles aussi, devenues au fil des ans des partis de notables. "La direction du parti veut des candidats qui aient le maximum de chances de passer : elle optera donc toujours pour un notable bien implanté localement, qui a plus de chance d’être élu, plutôt pour un jeune sans réseau", admet Fatallah Oualalou, maire de Rabat et l’un des dirigeants de l’USFP.

Ismail Balafrej, 36 ans, a fait les frais de cet ostracisme. Ce jeune cadre issu d’une grande famille de la gauche avait décidé de se porter candidat à l’investiture dans une circonscription tenue depuis fort longtemps par Driss Lachgar, un apparatchik de l’USPF largement décrié pour son opportunisme. Sans surprise, le bureau politique a préféré reconduire Lachgar. "Je souhaitais relayer, au sein du parti, la dynamique du Mouvement du 20 février, explique-t-il. Mais face aux éléphants accrochés à leurs sièges, c’est peine perdue."

Certains barons n’ont accepté de ne pas se représenter qu’à la condition que leurs fils soient inscrits sur la liste

Au PAM, Mehdi Bensaid, 27 ans, s’est lui aussi heurté à la résistance des notables. Il est de ceux qui ont cru que l’arrivée de ce parti sur la scène politique allait changer les choses. Président du Cercle des jeunes démocrates, une association proche du PAM, il a d’abord postulé pour la tête de liste à Salé, près de Rabat. A défaut d’obtenir cette place, que le sortant ne voulait pas lâcher, il s’est ensuite porté candidat sur la liste nationale, réservée aux femmes en 2007 et élargie aux jeunes cette année. Mais il a peu de chances d’y figurer en position éligible. "Certains barons, explique-t-il, n’ont accepté de ne pas se représenter qu’à la condition que leurs fils soient inscrits sur cette liste"...

De telles méthodes expliquent pourquoi si peu de formations disposent d’une vraie base politique. Un seul parti situe clairement son combat sur le terrain de l’idéologie et du militantisme : le Parti de la justice et du développement (PJD), d’obédience islamo-conservatrice. "Nous sommes mal vus du Palais, alors nous n’attirons pas les opportunistes...", commente Mounir, un ingénieur de 33 ans qui a choisi, il y a quelques années, d’adhérer à ce courant.

Il n’est guère étonnant, dans ces conditions, que de nombreux jeunes choisissent de rester à l’écart du jeu politique, quand ils ne rejettent pas carrément le système. "Ils veulent du sérieux, de la rigueur, des gens propres et compétents", souligne le publicitaire Nourredine Ayouch, président du Collectif démocratie et modernité, qui s’était beaucoup investi lors du scrutin de 2007 dans la lutte contre l’abstention. Les associations qui tentent de convaincre les jeunes de ne pas bouder les urnes sont d’ailleurs quasiment les seules à organiser des débats d’idées autour des programmes des partis.

Tarek Ibnou Ziad Initiative a été créée, cet été, par des étudiants d’une école d’ingénieurs de Casablanca et l’un de leur professeur, Mohamed Alami Berrada, 33 ans et diplômé de l’Essec. Ils ont décidé de lancer un benchmarking (une batterie de tests comparatifs) afin de "scorer" - les termes sont empruntés au jargon du marketing - les principales formations politiques, un peu comme on le fait avec les lave-linge ou les fours à micro-ondes ! L’idée peut paraître saugrenue mais ses promoteurs sont convaincus que c’est la meilleure façon d’aider les électeurs à choisir. "La gouvernance doit changer, affirme Mohamed Alami Berrada. Il faut bannir les mauvaises pratiques, privilégier les compétences et le sens de l’Etat."
De nombreux jeunes manifestants du printemps marocain ont rejoint le PSU. Il a opté pour le boycott des élections.

De nombreux jeunes manifestants du printemps marocain ont rejoint le PSU. Il a opté pour le boycott des élections.

La plupart des composantes du Mouvement du 20 février, à l’origine du printemps marocain, ont, elles, opté pour le boycott du scrutin. Au risque de laisser les factions les plus radicales et les plus minoritaires, gauchistes ou islamistes, récupérer la vague contestataire. Ce choix de l’abstention, s’il protège l’indépendance du mouvement, traduit aussi l’incapacité de passer de la prise de parole à l’action politique. "La Constitution n’instaure pas une vraie monarchie parlementaire, argumente Hamza Mahfoud, un blogueur qui fût l’un animateurs du mouvement à Casablanca. C’est une démocratie maquillée". "Au lieu de se focaliser sur le Palais et le régime, les contestataires auraient mieux fait de secouer le cocotier dans les partis !" tonne Karim Tazi, un homme d’affaires atypique qui a soutenu le mouvement à ses débuts.

La seule formation qui ait réussi à attirer un nombre significatif de ces jeunes est le Parti socialiste unifié. Né en 2005 d’une fusion entre plusieurs petits partis de gauche et un mouvement de dissidents de l’USFP, il s’était dès les premières manifestations solidarisé avec les protestataires. Plusieurs dizaines d’entre eux ont depuis pris leur carte. "Je souhaitais m’engager dans une formation politique explique Nidal, un lycéen, nouvel adhérent. Je ne suis pas marxiste, ce qui excluait l’extrême gauche. Et l’USFP est vraiment trop loin du peuple."

Sous la pression, sans doute, de ses nouveaux militants, le PSU, qui avait participé aux élections de 2007, a opté cette fois-ci pour le boycott, après un débat interne difficile. C’est pourtant au sein de cette "deuxième gauche" minoritaire et chez les refondateurs de l’USFP que commencent à se dessiner les contours d’une mouvance qui capterait les aspirations exprimées ce printemps. Les initiatives se multiplient : des rencontres, dans le cadre de la Coalition pour une monarchie parlementaire maintenant, que coordonne Fouad Abdelmoumni ; une pétition lancée par Omar Balafrej, le président de la fondation Bouabid, pour le "réveil" de la gauche ; les échanges sur la Toile du mouvement Nouvel Horizon, qui regroupe des jeunes de l’USFP et des partis de la gauche démocratique...

De leur côté les refondateurs de l’USFP mettent tous leurs espoirs dans le prochain congrès du parti, en 2012. "Ce sera le congrès de la dernière chance", affirme Mehdi, l’un de ceux que l’on appelle ici les "févriéristes usfpéistes". L’expression désigne les jeunes militants de l’USFP engagés dans le Mouvement du 20 février. Ils ont réussi à imposer leur propre courant au sein du parti. Le jeune homme, titulaire d’un master de sciences politiques, tente, avec quelques autres, d’assumer une double appartenance à laquelle il tient. Partie prenante de la vague contestataire de ce printemps, il veut continuer à peser, au sein du mouvement, contre les dérives extrémistes. Pourtant, il est convaincu qu’il n’y aura pas de changement véritable sans les partis, à commencer par l’USFP. Lui et ses camarades ne boycotteront pas systématiquement le scrutin du 25 novembre. Mais ils ne voteront pas pour des caciques aux pratiques "non démocratiques".

Le risque que la contestation reparte

Il y a cependant fort à parier que le parlement qui sortira des urnes ressemblera beaucoup au précédent : une assemblée de notables, largement atone. Sans illusions, Khalid el-Hariry, député USFP, est l’un des rares à avoir décidé de jeter l’éponge. "La plupart des élus, dit-il, ont une conception très passive de leur rôle. A cela s’ajoute le manque de moyens. Tous partis confondus, nous n’étions que quelques dizaines à nous activer. Nous n’avons sans doute pas utilisé plus de 20 % des possibilités qui étaient les nôtres avec l’ancienne Constitution. Les nouveaux pouvoirs donnés au parlement par le nouveau texte risquent donc de rester très théoriques si les élus sont les mêmes et s’ils ne font pas preuve de plus de volontarisme."

Le risque serait alors que la contestation reparte, attisée par le mécontentement social lié au chômage, à la pauvreté et à la vie chère. D’autant qu’une partie de l’appareil d’Etat se comporte comme si le nuage de la révolution arabe avait contourné le royaume... Si la monarchie a bien négocié les évolutions nécessaires face à la vague contestataire du printemps, la fracture entre la classe politique et une jeunesse en mal de changement reste porteuse de tensions. Achour, 30 ans, fait partie des jeunes du PJD qui sont descendus dans la rue aux côtés des protestataires du 20 février. Il sait gré à ses derniers d’avoir "relancé le débat politique" et "fait tomber des tabous". "Au Maroc, dit-il, les lois sont souvent bonnes. Certifiées ISO, même. Mais le problème, c’est leur application. Nous avons maintenant besoin de gestes forts. Et d’un Premier ministre qui sache dire non." Pas sûr qu’il soit entendu...

Immédiatement après « l’approbation » de la constitution, le ministère de l’intérieur s’est saisi du dossier des prochaines élections législatives concernant la chambre des députés. Cette démarche s’intègre dans la mise en œuvre de la constitution. Elle se justifie, officiellement, par la priorité donnée à la formation, le plutôt possible, du nouveau gouvernement qui ne dépend pas de la chambre des conseillers dont la date de renouvellement ne doit pas dépasser la fin de l’année 2012 selon les vœux du roi. Les préparatifs portent, comme d’habitude, sur les listes et le découpage électoraux, sur la loi organique de la chambre des députés, sur l’instance habilitée à superviser les élections, la neutralité positive ou négative de l’administration territoriale, le seuil de représentativité. La « mère des ministères » ne semble pas vouloir renoncer à présider aux destinées des élections même si son bilan est plein à craquer de falsifications et de fraudes depuis le commencement du « feuilleton démocratique ». C’est elle qui mène la danse bon gré malgré les objections, les réserves et les propositions de certains partis qui optent pour une institution autonome présidée par des juges.

Le problème des listes électorales bute toujours sur leur révision ou leur renouvellement. Tout le monde sait que ces listes regorgent d’erreurs et de falsifications au point que des morts y sont encore inscrits sans parler des candidats qui inscrivent des personnes extérieures à leur circonscription… Par ailleurs, ces listes ne comprennent pas tous ceux et celles qui sont en âge de voter puisqu’il y a presque sept millions de non inscrits. Pour contourner la question de leur renouvellement, le makhzen se « cache » derrière la contrainte du temps relativement aux échéances électorales et met les forces politiques devant le fait accompli. Il faut dire que l’alternative existe. Elle consiste en l’adoption du vote par la carte d’identité nationale (CIN) au lieu de la carte d’électeur que seuls les inscrits possèdent. Comme c’est l’intérieur qui confectionne les CIN, il est facile de connaitre, avec précision, la masse électorale. Aller dans cette voie ne plait pas au régime. Il est très sensible au taux de participation. Il ne veut pas se mettre dans de beaux draps en s’aventurant dans des chemins non battus. Il préfère s’acheminer dans les pistes qu’il maitrise pour limiter les dégâts. Le monarque, lui-même, en a fait l’expérience en lançant un appel au vote qui n’a été suivi qu’à peine par 20 % de la masse électorale lors des élections législatives de 2007. Ainsi, pour éviter de tels discrédits, il vaut mieux se suffire à ces listes « révisées » maniables à volonté. Le fait nouveau à ce sujet concerne l’octroi de la présidence des commissions de révision de ces listes aux juges.

Le découpage électoral, comme chacun le sait, peut avantager les uns et désavantager les autres. En façonnant des circonscriptions taillées sur mesure pour tel ou tel candidat, ses chances de gagner se voient majorées aux dépens des concurrents. La chose ne se réduit pas à ce modèle. Il englobe tout le territoire marocain divisé en milieu urbain avec de vastes circonscriptions et une population dense et en milieu rural à l’opposé du précédent. Avec un plus grand nombre de circonscriptions, le milieu rural est le lieu privilégié pour les candidatures makhzéniennes et générateur de ses députés majoritaires au parlement. Cette tactique remonte à l’époque oū le régime considérait le milieu rural comme sa chasse gardée et interdisait aux partis de la gauche d’y avoir une quelconque implantation ou activité partisane. Le makhzen continue à en tirer profit pour favoriser ses partis usant de l’argent sale pour s’acheter les voix des électeurs à moindre coût. C’est, ainsi, que se forgent les majorités loyales. Quant au positionnement de l’administration territoriale, il oscille souvent entre le soutien explicite et la neutralité négative vis-à-vis des candidats pro – makhzen. Les walis, les gouverneurs, les pachas, les supercaïds, les caïds et leurs subalternes entrent en action en leur faveur. Pour ce qui est du seuil de représentativité, les petits partis, enclins à le faire baisser au minimum, interprètent toute proposition contraire comme un moyen « légal » de les écarter tout simplement pendant que les « grands » estiment qu’un taux élevé est de nature à contrer la balkanisation de la scène politique en poussant ces petits à fusionner, à procéder à des alliances, …

Voilà comment se posent certains problèmes en instance de résolution dès les premières élections et qui affleurent à chaque consultation. Les informations, filtrant des rencontres du ministre de l’intérieur et des dirigeants des partis, n’augurent pas d’un changement de cap concernant les interventions frauduleuses contractées auparavant. C’est le PJD, s’estimant la cible de ces « complots », qui s’agite le plus. Il reproche au ministère de l’intérieur de ne pas tenir compte de ses propositions et qu’il compte maintenir certains walis et gouverneurs proches du PAM dans leurs postes pour nuire au parti islamiste. Ses dirigeants donnent l’impression que le régime s’est payé leurs têtes et se signale par son ingratitude à leur égard en faisant fi des services rendus fruits de leur opposition au mouvement des jeunes du 20 février et à la campagne référendaire pour le vote par « oui » pour la constitution. Ce qui a fait « enrager » certains de ces dirigeants qui affirment que les législatives seront falsifiées. Face à ses insinuations, le gouvernement a rendu public un communiqué le 29 août 2011 dans lequel il déclare que des parties et personnes « se sont évertuées de manière inacceptable et avec des desseins inavoués à propager des thèses irresponsables mettant en doute l’honnêteté et la crédibilité des prochaines élections… Ce qui ne sert en fait que les ennemis de la patrie, de la démocratie et de l’ouverture ». Cette déclaration s’en prend aux partis qui doutent du déroulement des élections dans une ambiance de transparence. C’est un coup dur pour le PJD qui croit que son heure est venue de présider le gouvernement prochain conformément aux dispositions de la constitution. Son secrétaire général s’est même amusé à « distribuer » les postes ministériels à gauche et à droite. Il parait que ce rêve est renvoyé aux calendes grecques.

De toutes les façons, les principaux rôles vont se jouer, lors des législatives du 25 novembre 2011, entre les « grands » partis sus–cités : PAM, PI, RNI, USFP, PJD, MP, PPS et UC. On assiste, dès à présent, à la formation d’alliances plus ou moins naturelles annonciatrices, en réalité, de la composition du futur gouvernement. Les partis du makhzen (PAM, RNI, MP et UC) ont inauguré ce sentier par la publication d’un communiqué commun demandant d’organiser ces élections avant la fin du mois d’octobre et ont présenté des propositions communes au ministère de l’intérieur. Ce groupe quadripartite s’est élargi pour absorber quatre autres petits partis dont trois de « gauche » et un islamiste. Les trois partis (PI, USFP et PPS) se voient obligés de « ressusciter » la Koutla Dimocratia, transformée en organisme mort – vivant par leurs soins, qu’ils brandissent pour exercer des pressions dans des circonstances particulières et qu’ils rejettent dans l’« hibernation » quand chacun fait cavalier seul et use du « système D » pour son propre compte.

Dans cette course vers les coalitions, le PJD se retrouve seul. Ses alliances probables sont tributaires des feux verts émanant du pouvoir pour tel ou tel parti makhzénien. Pour les autres, la prise en considération de la volonté du régime prime dans toute recherche d’un rapprochement avec le parti islamiste. Pour dire que, en fin de compte, ces partis se doivent d’aligner leurs positions sur celles du makhzen dans ce cas particulier. Ils ne peuvent s’aventurer d’enfreindre ses choix sous peine d’en pâtir en termes d’amoindrissement des sièges parlementaires ou de postes gouvernementaux… À la lumière de ces informations, il ne reste plus qu’à admirer ce plateau servi aux marocain(e)s pour la mise en œuvre de la constitution « avancée » d’après les dires de Mohamed VI. Comme vous le voyez, ces pauvres marocain(e)s n’ont pas l’embarras du choix. Le makhzen leur a facilités la tache. Les concurrents en lice se divisent en partis administratifs et en ceux « programmés » par le roi. Ces « grands » partagent d’autres traits communs. Semblables à des boutiques électorales mordues pour les sièges parlementaires à troquer contre des postes ministériels, un gigantesque fossé les sépare des masses populaires qui boudent les élections. Comme le régime se contente du peu participant à ces opérations de l’ordre de moins de 20 % des inscrits sur les listes électorales en 2007 par exemple, ces partis, en perte de popularité, se tournent vers la masse des trafiquants des élections dont ils puisent ensemble une grande partie de leurs candidats. En se limitant aux seuls suspects d’affaires louches parmi ces trafiquants, certains journaux rapportent que le ministère de l’intérieur a dressé une liste regroupant plus de 160 députés interdits de se représenter aux élections prochaines sur un total de 325 parlementaires de la chambre des députés. L’heure n’est plus aux candidatures des militants amateurs du parti ayant perdu sa base populaire et électorale mais aux professionnels corrompus et corrupteurs qui ne reculent devant rien pour arracher les sièges parlementaires. Qu’ils soient des trafiquants de drogue ou des voleurs des deniers publics…, ils sont accueillis à bras ouverts pourvus qu’ils frappent aux portes de ces partis. Certains achètent leurs cautions. D’autres financent personnellement leurs campagnes électorales. En somme, les partis gagnent en matière d’argent alors que ces candidats escomptent jouïr de l’immunité parlementaire et de la protection pour camoufler leurs basses besognes. En clamant ouvertement que leur victoire, fruit de leurs propres efforts, leur revient de droit et qu’ils ne doivent rien au parti, ils se considèrent libres de changer de camp à tout moment. C’est ainsi que la transhumance commence juste après la proclamation des résultats qui seuls intéressent les partis. Pour l’actuelle chambre des députés, on a dénombré 120 transhumants avec des records de 4 ou 6 transhumances d’un parti à un autre depuis 2007.

En définitive, la chambre des députés regorge de trafiquants des élections teintés de couleurs makhzéniennes et makhzénisées fondamentalement similaires quelque soit leur appartenance partisane soumise, par ailleurs, aux aléas de la transhumance. Il est fort probable qu’on élise les mêmes gueules le 25 novembre 2011 étant donné que certains partis comptent cautionner les candidatures de 80 % des députés sortants. Il va sans dire que la composition de la chambre des députés affectera la structure du gouvernement quant aux partis et, voire, aux personnes en faisant partie. Ce qui démontre, clairement, que le makhzen entend encore faire perdurer la situation antérieure tout en usant d’un discours démagogique et trompeur sur le changement, la nouvelle ère, la nouvelle constitution, la nouvelle ère de la nouvelle ère … En guise de conclusion. Les lois sensées encadrer les élections législatives, aussi cruciales soient-elles pour l’avenir du pays, ne semblent guère intéresser les députés dont l’absentéisme bat tous les records si bien que certaines de ces lois ne sont adoptées que par 46 ou 52 députés sur 325 soit 16 % et moins du total. Alors que l’approbation d’autres lois a nécessité des interventions spéciales telles que la mobilisation des gouverneurs et walis pour contacter les députés locaux en vue de garantir le quorum requis pour la tenue de la séance de vote… D’ailleurs, seules les séances d’ouverture des sessions parlementaires se caractérisent par la présence quasi-unanime des députés et des conseillers en l’absence de ceux poursuivis par la justice pour des motifs divers. Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce qu’elles sont présidées par le roi et qu’ils craignent que sa colère s’abatte sur eux et leur ôte toute chance d’accéder au parlement. Malgré ces misères, le régime s’estime gagnant du fait de l’adoption de ses lois à n’importe quel prix.

Ces lois, conçues par le ministère de l’intérieur et approuvées par une petite minorité de parlementaires, serviront à encadrer les élections dont les protagonistes et les vainqueurs sont connus d’avance. La seule inconnue, probablement, concernera le parti désigné pour « rafler » le plus de sièges dans le contexte politique actuel. Cette donnée dépendant du choix politique du pouvoir en cette période post-constitutionnelle. C’est, en quelque sorte, en une opération de marketing qu’il va procéder pour « légitimer » sa constitution. Ceci mis à part, les scores peuvent, d’ores et déjà, être « décernés » au profit des partis makhzéniens pour couper court à toute tentative de vouloir peser d’un quelconque poids de la part des autres partis quand bien même l’un d’eux obtient la première place car, tout en sachant que c’est le roi qui gouverne, il s’avère nécessaire de montrer que les partis makhzénisés ne jouissent pas d’une majorité leur permettant de sièger seuls au gouvernement. Il faut qu’ils soient conscients qu’ils restent à la merci du régime par l’interposition des partis administratifs. Ainsi, la constitution sera mise en œuvre en érigeant les « institutions démocratiques » formelles par-dessus le marché et le monarque continuera à régner et à gouverner sans rendre de comptes à personne en restreignant au maximum la marge de manœuvre de la chambre des députés et du gouvernement par ailleurs.

Messages

  • Une enfance exploitée, violée, perdue, volée, voilà la situation des enfants pauvres au Maroc pendant que les classes dirigeantes caracolent dans le luxe insolent !

  • un bonsoir à tous les exploités du monde !!!!!!
    oui nous avons vu un moment un soulèvement populaire de la classe dominée marocaine qui s’inspirait sans doute de celui des autres pays arabes à savoir l’algérie,la tunisie ,la libye l’égypte.mais il reste à savoir quelles sont les réelles causses de ces révoltes
     pour des réformes politiques ?
     pour le changement des régimes en place ?
     pour l’instauration de la démocratie dans ces pays respectifs ?
    certainement non !!!mais plutot pour un changement de condition de vie de la masse exploitée et non pour des bla-blas donc vivre le changement à bas les réformes politiques,à bas les nouvelles constitutions !!!!vire la révolution

  • L’impact de la crise en Espagne sur le Maroc, dont il est un des partenaires économiques essentiels dans la région, se fait d’ailleurs déjà sentir d’après Le Figaro. En tout cas, son avis n’est pas partagé par le Centre marocain de conjoncture (CMC), au vu des inquiétudes exprimées par l’un de ses experts interviewé par L’Economiste :

    « Parler de faillite en l’état actuel des choses est un peu prématuré. Mais la situation de nos finances publiques est très préoccupante. Nous pouvons considérer que les conditions sont réunies pour basculer dans une crise économique, financière et sociale », prévient Tarik El Malki, membre du comité scientifique du CMC.

    Il faut dire que tous les indicateurs sont au rouge. Selon les dernières estimations de la loi de Finance, le déficit du Trésor public devrait atteindre 9,2% du PIB, fin 2012, un record en la matière qui risque fortement de dégrader la note du Maroc à l’international.

    « Une véritable fuite en avant que connaissent les déficits des fonds publics depuis plusieurs années : en quatre ans, ces derniers se sont en effet multipliés par quatre, passant de 2,2% du PIB en 2008 à 9,2% en 2012 », fait remarquer Yabiladi, qui parle « d’alerte rouge pour les finances publiques ».

    Face à cette situation extrêmement préoccupante, les pouvoirs publics ont décidé d’augmenter en urgence les recettes de l’Etat. En témoigne la forte hausse (20%) décidée sur les carburants. Une mesure qui pénalise déjà les rouages de l’économie, d’après Afrik.com.

    Cela dit, cette stratégie d’augmentation des recettes a ses limites, tant les ressources à ce niveau sont étriquées. Les recettes fiscales sont en berne, la balance commerciale fortement déséquilibrée, sans parler de la morosité qui frappe les secteurs clés de rentrées de devises, comme le tourisme.

    Reste alors au gouvernement, pourtant élu sur un programme éminemment social, de se décider à une politique de rigueur en réduisant de manière drastique le train de vie de l’Etat. Une situation qui rappelle le long tunnel de la politique d’ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international (FMI), dans les années 80, et qui avait provoqué de sérieux soubresauts sociaux.

    Dans un contexte politique délicat, l’annonce de l’abandon des subventions aux produits de base devenues trop coûteuses pour le budget, asphyxié par des cours du pétrole en forte hausse, est de nouveau source de tensions sociales, surtout que l’Etat n’ose toujours pas s’attaquer aux lourdes dépenses de souveraineté que sont le budget de la Cour royale, celui de l’armée ou encore des chantiers de prestige.

  • De passage au Maroc, le ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a annoncé samedi que Paris décorerait prochainement Abdellatif Hammouchi. Patron du contre-espionnage marocain, celui-ci est pourtant visé en France par une plainte pour "torture"...

    Pas dégouté Cazeneuve !

    Pas la peine de parler de démocratie !!!

    Bernard Cazeneuve a profité d’un point presse conjoint avec son homologue marocain Mohamed Hassad pour rendre hommage au travail du patron de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), dont le "rôle est déterminant dans la coopération contre le terrorisme". "La France avait déjà eu l’occasion de distinguer monsieur Hammouchi en 2011 en lui attribuant le titre de Chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. Elle saura prochainement lui témoigner à nouveau son estime en lui remettant cette fois les insignes d’Officier", a-t-il indiqué.

    Officier spécialisé en torture ?!!!

    M. Lamtalsi affirme avoir été arrêté en octobre 2008 près de Tanger (nord), puis torturé pendant trois jours à Temara, près de Rabat, avant qu’on ne l’oblige selon lui à signer des aveux. Il a nié devant le tribunal marocain les faits qui lui étaient reprochés mais a été condamné selon l’Acat en novembre 2008 à 10 ans de prison pour détention et trafic de cannabis. Il a par la suite été transféré en France pour y purger sa peine. M. Hammouchi est visé dans cette plainte pour complicité de torture.

  • Deux journalistes français ont été arrêtés dimanche soir à Rabat dans les locaux de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), où ils effectuaient une interview, et les autorités étaient sur le point de les expulser.

    Des policiers sont arrivés dans les locaux de l’association, ils « ont arrêté les deux journalistes et saisi leur matériel », a déclaré à l’AFP un responsable de l’AMDH, Youssef Rissouni. Ces policiers n’ont « produit aucune pièce d’identité ou mandat d’arrêt, mais ils nous ont dit que les journalistes n’avaient pas d’autorisation légale pour tourner au Maroc », a-t-il précisé.

    Selon Paul Moreira, les journalistes avaient demandé depuis plusieurs semaines une autorisation à Rabat sans avoir de réponse, ce qui leur avait fait croire qu’ils pouvaient travailler dans la légalité.

    Cazeneuve va-t-il nommer les deux journalistes officiers de la légion d’honneur, au nom de la liberté d’expression et reconsidérer le Maroc qu’il a affirmé être un point d’appui de la lutte pour la liberté d’expression ?!!!

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