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L’armée d’Egypte, le géant économique de l’ombre Premier anniversaire de la confiscation de la révolution d’Egypte

jeudi 26 janvier 2012, par Robert Paris

L’armée d’Egypte, le géant économique de l’ombre

Premier anniversaire de la confiscation de la révolution d’Egypte

Les islamistes, sauveurs des exploiteurs...

Quelles perspectives pour la révolution en Egypte

Les hauts gradés veulent interdire qu’on touche à leur mainmise sur les richesses les plus lucratives de l’exploitation des opprimés d’Egypte
Moubarak est dégagé mais l’armée est toujours au pouvoir ainsi que les exploiteurs. L’Egypte est à la frontière entre une révolution sociale s’attaquant aux classes dirigeantes et détruisant l’Etat dictatorial de la bourgeoisie et une contre-révolution sanglante de l’armée... On ne peut pas rester longtemps devant un tel abime...

La tentative des classes dirigeantes égyptiennes (dont les chefs de l’armée) soutenues conjointement par l’impérialisme et les islamistes, est de retirer doucement l’armée du devant de la scène politique pour qu’elle ne perde pas tout le pouvoir en cas de révolution prolétarienne. Pour cela, les islamistes sont la planche de salut des classes dirigeantes, de l’armée et de l’impérialisme. Ils peuvent ramener l’ordre et sauver les riches de la révolution populaire. Cela nécessite, en même temps, de casser les reins de la révolution par la répression....

Une rencontre d’un niveau inédit mercredi de la direction du PLJ avec le numéro deux de la diplomatie américaine, William Burns, lui a apporté une reconnaissance internationale appréciable.
Face aux ouvertures des Etats-Unis, "la confrérie a de son côté fait preuve de pragmatisme. Elle a transmis un message de modération et des assurances sur les intentions de l’Egypte dans la région", relève le rédacteur en chef du magazine Al-Ahram Hebdo, Hicham Mourad, dans un éditorial.
Washington avait déjà assuré avoir obtenu de la confrérie des assurances sur le respect du traité de paix conclu en 1979 entre l’Egypte et Israël - un enjeu crucial pour les Etats-Unis.

En attendant, l’armée a toujours tous les pouvoirs. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), formé de vingt très haut gradés, a assuré la transition politique du pays avec un autoritarisme qui n’a rien à envier au régime de Moubarak : plus de 12.000 jugements devant la cour martiale parfois pour de simples délits d’opinion, répression violente de manifestations, pression sur les médias...

Des dizaines de milliers d’Égyptiens sont rassemblés mercredi place Tahrir, au Caire, pour souligner le premier anniversaire du début de la révolte populaire qui a entraîné la démission d’Hosni Moubarak. "L’armée et le peuple ne font qu’une seule main" chantaient l’an dernier les manifestants après l’arrivée des chars à Tahrir, le 28 janvier. Sur la place, on entend plutôt des "Tantaoui dégage" ou "le peuple veut la chute du maréchal" hurlés à pleine voix par des manifestants, jeunes pour la plupart.

Le rassemblement permet de constater le gouffre qui divise les forces politiques du pays : d’un côté de la place Tahrir se trouvent les islamistes, qui célèbrent leur force politique retrouvée, de l’autre, les libéraux, qui jugent la révolution inachevée.

Le Conseil suprême des Forces armées (CSFA), dirigé par le maréchal Hussein Tantaoui, qui assure les fonctions de chef d’État depuis la chute du raïs le 11 février, est surtout chargé de faire en sorte que rien ne change sur le plan social.

A la tête du collectif de gradés qui dirige l’Egypte depuis un an, l’ex-ministre de la Défense d’Hosni Moubarak, le maréchal Hussein Tantaoui. Le 30 juin, le maréchal l’a promis, l’armée passera le témoin à un pouvoir civil élu. Mais Alfred doute. « L’armée ne lâchera pas, confirme un diplomate. Elle va profiter du choc et de la peur inspirée par la victoire des islamistes pour se maintenir, d’une façon ou d’une autre. » Chacun s’attend à un tour de passe-passe, lors de la rédaction de la Constitution, qui lui garantira de garder la main sur toutes les décisions engageant l’avenir de l’Etat, ainsi que l’opacité totale sur ses finances. Des finances qu’on devine immenses : les militaires ont ainsi pu annoncer ex abrupto le mois dernier le prêt d’un milliard de dollars au gouvernement, afin de soutenir la monnaie.

Mais, pour le peuple égyptien, il devient de plus en plus évident que si quelque chose a changé, c’est en pire !

Sur Internet, depuis un mois, des vidéos tournent, appelant le 25 janvier à une seconde révolution. Elles enchaînent les témoignages, et les images fortes de l’année écoulée. « Nous demandions la dignité, l’accès au logement, à l’emploi, à l’éducation. Nous demandions à vivre en hommes. Rien n’a changé. La révolution n’est pas terminée », dit l’une d’elles. Des dizaines de milliers de personnes, déjà, l’ont fait circuler.

Les slogans "à bas les militaires" sont de plus en plus fréquents.

Pour se justifier, l’armée a dénoncé un plan visant à déstabiliser le pays, expliquant être intervenue pour protéger les biens publics contre « des saboteurs ». Des voyous « tout juste bons à être jetés dans les fours de Hitler », a renchéri le général Kato.

Les islamistes, qui sont les grands gagnants des élections tenues au cours des dernières semaines, collaborent avec le CSFA, qui promet de céder le pouvoir d’ici juillet, tandis que les libéraux accusent les militaires d’avoir confisqué la révolution et réclament leur chute.

« Nous sommes la force politique qui a payé le prix le plus élevé », pendant les années Moubarak, souligne Alaa Mohammed, un enseignant qui appuie les Frères musulmans. « Grâce au Conseil suprême, nous avons eu les élections les plus propres de notre histoire, et l’armée a protégé la révolution. »

« Je ne suis pas ici pour célébrer », affirme Attiya Mohammed Attiya, un père de quatre enfants contraint au chômage. « Le Conseil suprême est constitué de débris du régime Moubarak. Nous n’aurons réussi que lorsque nous les aurons chassés du pouvoir. »

En quelques jours, le tour de passe-passe politique, l’escamotage national, le mensonge consistant à mettre tous les péchés du régime sur le compte du raïs Hosni Moubarak, pour le contraindre à la démission, a volé en éclats. Aux commandes de l’Egypte depuis le 11 février, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), présidé par le maréchal Tantaoui et composé de vingt galonnés, gouverne à coups de communiqués et n’apparaît aux Égyptiens que sur les plans fixes de la télévision filmant la table en U où il tient ses réunions. Les voilà aussi haïs que le chef de l’État déchu et traduit en justice. Les jeunes révolutionnaires de la place Tahrir s’étaient laissé berner par la main protectrice de l’armée, qui s’était interposée face aux violences policières des sbires de Moubarak. Neuf mois plus tard, ces dieux sont tombés de leur Olympe. « À bas le régime militaire ! » hurlent en chœur les centaines de milliers d’Égyptiens redescendus dans les rues du Caire, d’Alexandrie, de Suez et d’Assouan. À leurs yeux, le CSFA a trahi la révolution. « Tantaoui, le peuple va t’exécuter ! » menaçaient dimanche 20 novembre les manifestants de la place Tahrir livrés à la brutalité des hommes de la police... militaire, dépêchée par la junte pour prêter main-forte aux unités anti-émeutes débordées.

Dès la chute de Moubarak,l’armée égyptienne a annoncé dans un communiqué avoir commencé à prendre les « mesures » nécessaires « pour protéger la nation » et « pour appuyer » les demandes légitimes du peuple. En s’adressant directement aux anti-Moubarak, place Tahrir, un commandant de l’armée égyptienne, Hassan al-Roweni, lance : « Tout ce que vous voulez sera réalisé ». L’armée égyptienne "attend des ordres qui vont faire plaisir au peuple", a de son côté affirmé jeudi à l’AFP un haut responsable de l’armée, sous couvert de l’anonymat. Mais le pouvoir de l’armée n’est nullement celui de peuple !!! Pourtant, il y a de nombreuses illusions et elles peuvent coûter très cher au mouvement. Place Tahrir, l’ambiance est survoltée. La foule chante à l’unisson : « L’armée et le peuple dans une main ! L’armée et le peuple est uni ». Rien de plus faux ! Les soldats peuvent choisir le peuple mais pas la hiérarchie militaire qui fait partie de la classe exploiteuse. Avant de cautionner le départ de Moubarak, l’armée s’était dite garante des réformes promises par le président Hosni Moubarak, en appelant à un retour à la normale dans le pays et en mettant en garde contre toute atteinte à la sécurité de l’Egypte. Dans "le communiqué numéro deux" du conseil suprême des forces armées, lu à la télévision publique par un présentateur, l’armée a également assuré qu’elle garantirait des "élections libres et transparentes", au lendemain de l’annonce par M. Moubarak, fortement contesté par la rue, qu’il déléguait ses prérogatives à son vice-président.
L’armée n’est garante que des intérêts de la classe exploiteuse et elle a toujours participé à la dictature...
Le conseil, présidé par le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, a annoncé des mesures "sur la base des derniers développements qui déterminent le destin du pays (...) et la décision de déléguer les prérogatives au vice-président". L’armée assure qu’elle garantira la tenue d’"élections présidentielles libres et transparentes à la lumière des amendements constitutionnels décidés" et "met en garde contre toute atteinte à la sécurité de la nation et des citoyens". Le conseil "souligne la nécessité d’un retour au travail dans les établissements de l’Etat et le retour à la vie normale". La vie "normale" c’est quoi ? C’est la misère, c’est le chômage, c’est la honte !!!
D’ailleurs ce n’est ni l’armée ni l’impérialisme qui vont faire chuter Moubarak mais la mobilisation et l’extension des grèves...
Moubarak restait parce que les classes dirigeantes égyptiennes comme celles de la région craignent sa chute. L’Arabie saoudite et les Emirats se sont clairement et publiquement prononcés pour son maintien au pouvoir et ont annoncé aussi qu’elles sont prêtes à le financer si les USA retiraient leur aide financière. Dans cette affaire les USA voient l’intérêt général de la bourgeoisie mondiale et les pouvoirs régionaux voient leurs intérêts immédiats...
Moubarak est finalement parti parce qu’il estimait, lui et les classes dirigeantes, qu’il ne faut pas laisser au mouvement ouvrier révolutionnaire le temps de se développer et de s’organiser. Plus le prolétariat s’organisera de manière indépendante, plus il s’adressera aux soldats pour les gagner et les aider à s’organiser, plus le mouvement le poussera vers la sortie.
Il est tombé parce que les travailleurs menaçaient en développant leurs luttes d’entrainer les soldats et détruire ainsi l’Etat de la bourgeoisie. Mais ce n’est pas fini. Il ne faut pas crier que l’armée est avec nous : il va falloir organiser les soldats en comités révolutionnaires. C’est la tâche de l’heure pour les ouvriers en lutte !
Tantaoui, l’ami intime de Moubarak au pouvoir ou la tentation de la répression anti-ouvrière pour écraser le soulèvement prolétarien...
Le Conseil suprême des forces armées, qui a salué samedi la contribution de Hosni Moubarak à l’histoire du pays, n’a pas souhaité récupérer les milliards qu’il a volés ni supprimer l’état d’urgence, ni en finir avec l’ensemble des détournements de richesses organisés par l’armée et par bien d’autres profiteurs, ni supprimer les traités liant l’Egypte et l’impérialisme, ni programmer la fin de la misère, du manque d’emplois, de logements, de services publics, etc, etc...
Il n’a programmé qu’une seule chose : que rien ne change, ce qu’il appelle l’ordre !!!

Le Conseil suprême des forces armées "appelle les citoyens et les syndicats professionnels et ouvriers à assumer leur rôle de la meilleure manière".
"Nous espérons que tout le monde préparera le climat favorable à la gestion des affaires du pays en cette période délicate jusqu’à ce qu’elles soient remises au pouvoir civil légitime et élu par le peuple", a poursuivi le Conseil dans un communiqué lu par un militaire à la télévision d’Etat.

L’armée explique son appel par la nécessité de "réaliser la sécurité et la stabilité du pays et des citoyens et pour garantir que la production continue dans tous les organismes de l’Etat", dans un communiqué lu par un militaire à la télévision d’Etat.

Les masses égyptiennes ont clairement identifié la junte comme étant le prolongement de l’ancien régime qui prône exactement la même politique que la dictature de Moubarak. Depuis que les généraux de Moubarak ont pris le pouvoir, les dépenses sociales ont été réduites, le régime militaire subsiste et l’Egypte reste un ferme allié des Etats-Unis et d’Israël.
L’appel à une « deuxième révolution » lancé par les travailleurs et les jeunes inquiète de plus en plus l’impérialisme américain et la bourgeoisie égyptienne. Ils ne craignent rien autant qu’un mouvement indépendant de la classe ouvrière qui menacerait le régime capitaliste dans l’ensemble du Moyen-Orient.
L’impérialisme américain et les autres régimes réactionnaires apportent de plus en plus leur soutien aux groupes islamistes. Récemment, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils entameraient un « dialogue ouvert » avec les Frères musulmans. En Egypte, les groupes salafistes sont largement parrainés par l’Arabie saoudite qui était contre le renversement de Moubarak.

Afin de contrôler la situation, les partis « d’opposition » officiels – libéraux, islamistes ou pseudo-gauches – ont formé une alliance pour sauver la junte. Le 27 juillet, plus de 35 groupes et partis politiques ont formé un « Front populaire uni » et ont consenti à stopper toute discussion politique et à laisser de côté toutes les « questions controversées. »

Le rôle le plus cynique pour ouvrir la voie à la contre-révolution est joué par les parti pseudo-gauches du Front socialiste – les Socialistes révolutionnaires (SR), le Parti démocratique des Travailleurs et le parti de l’Alliance socialiste. Ce sont des adversaires déclarés aux appels en faveur d’une « deuxième révolution » et présentent au contraire la junte comme une force progressiste qui accordera des réformes démocratiques et sociales.
Les groupes pseudo-gauches ont conclu un accord avec les Islamistes et rejoint le « Front populaire uni. » Peu de temps après, les Islamistes ont commencé le 29 juillet leur marche, trente trois groupes et partis politiques dont des forces pseudo-gauches s’en sont servi comme prétexte pour se retirer des protestations et mettre un terme au sit-in.
Cette manoeuvre réactionnaire de la part de la bourgeoisie égyptienne et appuyée par la pseudo-gauche a non seulement ouvert la voie à la violence déclenchée récemment par la junte militaire contre la population, mais a aussi préparé le terrain pour une offensive brutale de la junte à l’encontre des luttes de classe en Egypte.

En Egypte, il y a un point commun entre une bouteille d’huile d’olive, un sac de ciment, une paire de chaussures, une machine à laver, un butagaz : c’est qu’il sont fort probablement issus d’entreprises aux mains de chefs de l’armée égyptienne ! Depuis que Moubarak est tombé, la seule chose qui préoccupe ces dirigeants de l’armée, c’est que le peuple entre dans l’arène pour remettre en question cette mainmise sur les principales richesses du pays. ils ont préféré remettre le gouvernement aux islamistes plutôt que de risquer tout perdre. Depuis un demi siècle, ces chefs militaires se sont accaparés aussi bien les institutions politiques, économiques, étatiques et privées : du club de sport à l’usine de poulets, de la sucrerie industrielle aux gouvernorats. C’est à partir de 1979 que cette mainmise s’est instaurée sur le terrain économique de manière durable et massive. Le pouvoir dictatorial militaire lui date de Nasser. En 1979, après la signature des accords de paix avec Israël, les chefs militaires craignant que la paix diminue leurs subsides ont exigé des contre-parties que les USA et Israël n’ont pas rechigné à leur donner et le pouvoir de Sadate non plus : l’Organisation pour les projets nationaux (NSPO) a mis en place une kyrielle d’entreprises commerciales ne payant pas d’impôts, non soumises à la législation sur les entreprises ni au contrôle gouvernemental et mises entre les mains des chefs militaires. Nasser avait déjà propulsé ces chefs miliaires à la tête des entreprises d’Etat mais ils ne les possédaient pas en personne ni en groupe. Avec la vague de privatisations de Sadate, cela change. Les généraux et leur clique se lancent dans la production de biens de consommation variés (machines à laver, vêtements, médicaments, microscopes, appareils de chauffage, portes, etc...) L’essentiel est alors vendu aux soldats car ceux-ci n’ont pas accès aux magasins privés. Au début des années 80, le NSPO se lance dans un réseau de laiteries, d’élevage de poulets, de pisciculture. Les domaines agricoles sont cultivés par de jeunes conscrits misérables qui travaillent gratuitement en lieu et place de leur entraînement militaire. Du gouvernement et de l’Etat, les chefs militaires tirent des contrats juteux qui leur sont réservés sans concurrence privée. Avec une main d’oeuvre en partie gratuite, une absence d’impôts, une absence du moindre droit syndical, les entreprises privées des chefs militaires prospèrent ! L’armée possède alors 18% de la production agricole nationale. Dans les années 90, cette orientation s’accélère du fait que l’embargo sur le pétrole irakien leur enlève le bénéfice de leurs exportations d’armes.
C’est sous la direction de Moubarak que les généraux et les officiers de haut grade vont profiter à fond de la politique des privatisations et de mainmise de l’économie par le haut encadrement militaire. Entre 2004 et 2011, ils obtiennent des postes de direction dans les infrastructures portuaires, les chantiers navals, l’aviation et la construction. En réquisitionnant des terres au nom la défense de la patrie, ils multiplient les projets immobiliers et touristiques. L’armée devient le principal promoteur immobilier d’Egypte !

Il faut souligner en effet le poids économique de l’armée égyptienne, présente dans toutes sortes de secteurs industriels et commerciaux au travers de sociétés et organismes dirigés par des militaires, qui en font "une entreprise quasi commerciale".

L’armée égyptienne a investi dans l’industrie des plastiques, des appareils électriques, des voitures pour 2,7 milliards de livres égyptiennes de 2007 à 2008. Et aussi dans le BTP, les lignes téléphoniques, les infrastructures, la construction et le logement. « Le Monde » du 25-02-2011 écrit : « L’armée n’adopte pas pour autant la cause des »révolutionnaires » de Tahrir. Elle a d’importants intérêts économiques à protéger. Les généraux sont grands propriétaires terriens et immobiliers jouissant de multiples avantages. (…) L’armée incarne une tendance plutôt conservatrice. »

L’armée égyptienne est aussi une véritable entreprise, la première du pays selon plusieurs sources, et qui pèserait jusqu’à 25% du produit intérieur brut.
Et tout d’abord dans la production d’armes et de matériel militaire...
Industrie militaire égyptienne L’Egypte est le plus important fabricant d’armes et de matériel militaire de tous les pays arabe. Les entreprises d’Etat, sous la commande de l’autorité d’armement dirigée par un général important, sont les producteurs principaux des systèmes de défense de l’Egypte. L’autorité d’armement est responsable de choisir, de développer, et d’obtenir les systèmes militaires. Agissant au nom des branches des chefs militaires, l’autorité a assigné la production aux usines domestiques ou s’est mise en contact avec les fournisseurs externes. L’organisation nationale pour la production militaire au sein du ministère de la production militaire dirige un certain nombre d’usines, qui ont été habituellement baptisées du nom de leur endroit. AOI dirige neuf usines militaires qui produisent les marchandises civiles aussi bien que les produits militaires. Au commencement les propriétaires d’AOI étaient l’Egypte, Arabie Saoudite, et les Emirats Arabes Unis, avant les deux pays ont donné de nouveau à l’Egypte leurs parts dedans 1993, évalué à $1.8 milliards. AOI est maintenant entièrement possédé par le gouvernement de l’Egypte. AOI a environ 19.000 employés hors dont sont 1250 ingénieurs. AOI possède entièrement 6 usines et parts dans 3 joint-ventures en participation, près de l’institut arabe pour la technologie de pointe. L’Organisation nationale de produits de service (NSPO) actionne trois compagnies qui fabriquent les produits militaires et civils. NSPO fournissent également des services se contractants.
Aujourd’hui, les usines militaires égyptiennes produisent les produits civils, tels que l’équipement médical et diagnostique ; appareils domestiques ; extincteurs ; munitions en plus de production militaire régulière. Des usines militaires ne sont pas programmées pour la privatisation et sont peu susceptibles d’être vendues. Vingt—six de ces usines produisent les marchandises militaires et civiles, et beaucoup de directeurs de ces usines sont intéressés par des arrangements de autorisation avec les sociétés étrangères pour augmenter leur mélange de production et pour améliorer la qualité.

L’armée a a recyclé ses cadres en devenant l’un des plus gros employeurs du pays dans les secteurs de la construction, des travaux publics, des nouvelles technologies, des télécoms, de l’agroalimentaire, de l’hôtellerie, de la grande distribution…

Elle gère des centaines de sociétés, employant au minimum plus d’un demi-million de personnes. Les forces armées possèdent également des portefeuilles en Bourse et des actions.
On comprend mieux dès lors pourquoi en quelques heures la grande muette a préféré sacrifier un Moubarak au bout du rouleau et qui avait perdu toute légitimité populaire afin d’éviter un crash économique dommageable à ses propres intérêts.

Au pic de la révolte, l’économie égyptienne perdait au moins 300 millions de francs par jour, selon le Crédit Agricole. Et puis, elle n’avait pas confiance en Gamal, le possible successeur de son père.

Là aussi, il faut remonter aux années cinquante pour comprendre cette situation assez originale dans le monde arabe et en Afrique. Soumis à un embargo de l’Occident et confronté à la réticence russe de l’aider à moderniser son armement, Nasser a entrepris de mettre en place une véritable industrie militaire. Armement, munitions, avions et même blindés, l’ambition de ce programme a créé une infrastructure qui perdure à ce jour. Elle fait même de l’Egypte un important exportateur d’armes à destination des pays du Golfe mais aussi de l’Afrique. Ces ventes à l’étranger représentent bon an, mal an près d’un milliard de dollars (environ 738 millions d’euros), de quoi permettre de compenser en partie la réduction, certes modique, du budget militaire égyptien. Avec une vingtaine d’unités industrielles militaires, l’armée représente ainsi 10% de l’emploi en Egypte.
Mais ce n’est pas tout. Comme toute grande entreprise, l’armée a diversifié ses activités et investi un nombre importants de secteurs civils, au point de représenter 20% de l’emploi national. Cette diversification remonte aux années 1970 où, en échange d’une approbation de la politique d’Infitah de Sadate et surtout aux accords de Camp David, l’armée a bénéficié de l’accès à plusieurs secteurs allant de l’électronique à l’agriculture, en passant par le tourisme et divers services. « Les activités économiques de l’armée sont à la fois une réalité et un tabou », explique un analyste du centre de recherche d’Al Ahram. « Personne n’a une idée exacte de tout ce qu’elle contrôle comme business mais c’est énorme ».
Selon l’estimation d’un diplomate américain, le chiffre d’affaires global d’Egyptian Army Inc. atteindrait les 5 milliards de dollars (3,69 milliards d’euros). A cela il faut ajouter l’aide annuelle américaine de 1,2 milliards dollars (886 millions d’euros) entièrement destinée à l’armée (sur une aide totale de 2 milliards de dollars) sous forme d’achat d’armements ou de transferts technologiques. Une aide qui a permis l’armée de monter des projets industriels conjoints avec des entreprises américaines de la Défense, avec notamment une unité de fabrication du fameux char M1A1 Abraham Lincoln.

Cet effort d’armement met d’ailleurs en exergue l’une des contradictions majeures de l’armée. D’un côté, elle reste l’alliée des Etats-Unis et n’a jamais remis en cause ses partenariats avec l’Oncle Sam —malgré la montée en puissance du sentiment anti-américain de la population. Mais de l’autre, elle continue de faire d’Israël la menace première et ce malgré les accords de paix de Camp David. Certes, elle n’a pas exprimé le souhait de rediscuter les clauses de ces accords qui interdisent notamment toute présence militaire dans le Sinaï —elle y est présente via ses investissements dans le tourisme— mais sa doctrine repose avant tout sur la possibilité d’un conflit avec l’Etat hébreu, ainsi que —et c’est moins connu— sur une projection rapide de ses forces au Soudan ou en Ethiopie en cas de litige grave avec ses voisins à propos des eaux du Nil.

Au-delà de ça, le poids économique de l’armée est aussi un facteur important de régulation sociale. Outre le fait que ses activités offrent des débouchés aux jeunes diplômés, cette institution peut mettre à disposition de la population ses boulangeries industrielles ou encore ses laboratoires pour fabriquer un vaccin. Il est évident que cette importance économique attise les convoitises de nombres d’hommes d’affaires qui, sans oser le dire publiquement, rêvent de récupérer ce pactole via des privatisations plus ou moins transparentes.
C’est en cela que résidait la menace d’une arrivée du fils Moubarak au pouvoir. Chef de file du business, rien ne dit qu’il n’aurait pas contribué au démantèlement de l’industrie militaire au profit de ses associés. En 2001, dans un document publié par l’Institut français des relations internationales (IFRI) intitulé Armée et nation en Egypte : pouvoir civil, pouvoir militaire, les chercheurs May Chartouni-Dubarry et Philippe Droz-Vincent, écrivaient ces lignes prémonitoires : « Il existe aujourd’hui une "société militaire" égyptienne —c’est-à-dire une société et un Etat dont les cadres sont largement d’origine militaire— construite autour d’un certain nombre d’intérêts. Cette armée, certes professionnalisée, pèsera lourd en cas de succession "naturelle" ou "accidentelle" (…) du président Moubarak. »

Injonction a également été donnée à l’armée : canaliser et dévoyer le mouvement populaire, en faisant quelques concessions quitte à faire payer la note à quelques membres du clan Moubarak…

Il existe cependant une inconnue. Le peuple égyptien se laissera-t-il démobiliser, pour au final continuer à subir le même régime que sous Hosni Moubarak, sans Hosni Moubarak ? La mobilisation massive, le nombre élevé de martyrs, les espérances de toute une nation… Tout cela a été trop important pour que la population se contente de promesses, sans obtenir de gages sérieux du nouveau pouvoir. D’autant plus qu’un vaste mouvement social s’est déjà greffé au mouvement démocratique.

La marge de manœuvre permettant de calmer le jeu, et qui se limite à quelques miettes (hausses modérées de salaire, lois sociales, etc.), semble bien mince. L’économie égyptienne est par ailleurs victime des prédateurs du clan Moubarak (dont les officiers supérieurs égyptiens ont fait partie), le tout dans un contexte de crise économique mondiale. Or, il semble difficile de satisfaire les revendications de la population sans un changement complet des perspectives politiques et économiques. Un tel changement suppose, plus ou moins, une rupture des alliances actuelles de l’Égypte, et une réorientation totale de sa politique, y compris étrangère.

Voilà donc le grand écart qui est demandé à l’armée égyptienne : maintenir l’alliance avec le bloc américano-sioniste, tout en satisfaisant – en partie – les revendications démocratiques et sociales de la population. Cet équilibre, pour le moins instable, va-t-il tenir longtemps ? Tout dépendra de la pression populaire, et de sa capacité à ne pas se laisser tromper.

Cela dépendra aussi d’une question rarement posée : l’armée égyptienne n’est-elle pas, elle aussi, traversée par les mêmes courants qui agitent sa société ? Si l’armée devait un jour choisir entre le peuple égyptien et l’USraël, que ferait-elle ? Irait-elle jusqu’au bain de sang ?

L’Égypte ne pourra rester éternellement dans la « transition dans l’ordre »...
Contrairement à ce qu’affirme le mythe de la neutralité des forces armées, toutes les crises aiguës de cette dictature militaire à la solde des États-Unis ont vu les troupes mobilisées pour contrôler le mécontentement de la classe ouvrière. Ces occasions comprennent les émeutes de la faim de 1977, déclenchées par l’application des mesures de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international pour augmenter les prix, ainsi qu’une révolte des conscrits servant dans la police du Caire et d’autres villes en 1986.
En août dernier, huit employés de l’usine militaire 99 ont été mis en accusation – devant un tribunal militaire – pour avoir appelé à la grève. Les travailleurs avaient demandé des conditions de travail plus sûres, comme ils en ont formellement le droit d’après la loi égyptienne, après l’explosion d’une chaudière qui avait tué un travailleur civil et blessé six autres. Les grévistes ont été accusés de « révéler des secrets militaires » et d’avoir « illégalement arrêté la production ». En fin de compte, après un procès rapide, trois ont été acquittés et les cinq autres ont reçu des peines avec sursis. Ce verdict a été considéré comme clément, mais il permettait à l’armée d’envoyer un message très clair : « Il n’y a pas de grèves dans une société militaire, » a déclaré le général en retraite Hosam Sowilam au New York Times.

Outre son engagement sans réserve au maintien de l’ordre capitaliste dans son ensemble, le corps des officiers égyptiens dirige son propre empire industriel aux dimensions imposantes, qu’il a développé à partir du coup de 1952. L’usine militaire 99, à Helwan au Sud du Caire, en est un parfait exemple. L’usine produit une grande variété de biens de consommation – des casseroles et des poêles en acier inoxydable, des extincteurs, des échelles, de la coutellerie – en plus de sa première fonction qui est de forger des composants métalliques pour les munitions d’artillerie.

Le maréchal Mohamed Tantawi, qui a servi l’ex-président Moubarak toute sa vie, est toujours ministre de la défense et ministre de la production militaire, postes qu’il détient depuis 1991. Cela fait de lui non seulement le commandant en chef de la junte militaire mais aussi, le directeur général d’une entreprise commerciale géante gérée comme une armée.
Les firmes contrôlée par l’armée sont des acteurs importants dans des secteurs essentiels, y compris la nourriture (huile d’olive, lait, pain et eau) ; le ciment et les carburants ; les vêtements ; l’électroménager ; la production de véhicules (il y a des partenariats avec Jeep pour produire des 4x4 Cherokee et Wrangler) ; les stations de tourisme et l’hôtellerie ; ainsi que le bâtiment, secteur dans lequel l’armée a le droit de faire travailler ses conscrits durant leurs six derniers mois de service.
Parmi la gamme de produits vendus par les compagnies militaires, on trouve des équipements médicaux, des ordinateurs portables, des télévisions, des machines à coudre, des réfrigérateurs, des bouteilles de gaz, et la marque d’eau minérale la plus connue d’Égypte, Safi. Les entreprises militaires ne payent pas de taxes et sont exemptées des règles qui s’appliquent aux autres.

Les généraux contrôlent également de grandes portions des terrains publics, qui sont de plus en plus convertis en communautés gardées et en stations de tourisme au bénéfice du corps des officiers comme du reste de l’élite du monde des affaires égyptien indécemment riche. Parmi ces stations, il y en a une sur la Mer rouge à Sharm el-Sheik, où Moubarak se serait réfugié dans un de ses palais en bord en mer. Les terrains de golf extravagants et bien arrosés sont devenus très célèbres dans ce pays où des millions de gens n’ont pas accès à l’eau courante.

Les estimations de l’étendue de l’empire industriel et commercial de l’armée sont divergentes – en partie parce qu’il est interdit de diffuser des informations sur les activités de l’armée en Égypte. Paul Sullivan, professeur à l’Université de la défense nationale américaine, affirme que les conglomérats militaires représentent probablement entre 10 et 15 pour cent des 210 milliards de dollars (155 milliards d’euros) produits annuellement par l’économie égyptienne.

D’après le professeur Robert Springborg, de l’école doctorale de la Marine américaine, les estimations du contrôle de l’armée sur les affaires égyptiennes varient de 5 à 40 pour cent. Quel que soit le nombre exact, les officiers de l’armée égyptienne empochent selon une récente interview de Springborg, « des milliards et des milliards » de dollars. Il a dit au site Global Research : « C’est un conglomérat commercial, comme General Electric. Il est présent dans pratiquement tous les secteurs de l’économie. »
Le Ministère de la production militaire emploie à lui seul 40 000 civils et réalise environs 345 millions de dollars (254,5 millions d’euros) de bénéfices annuels, d’après son chef, l’ex-général Sayed Meshal. Un journaliste du site Internet Slate, qui l’interviewait l’année dernière, a décrit le « quartier général luxueux » du ministère. Il y a « des rambardes dorées » et « de luxueux comptoirs de bar faits sur mesure. » L’endroit « baigne dans l’argent. »

Au sommet de cette pyramide de richesses, se tenaient Moubarak, lui-même un ex-commandant militaire, et sa famille. Leur fortune s’élève à 70 milliards de dollars (51 milliards d’euros), d’après un reportage de la chaîne américaine ABC. La famille aurait des propriétés à Manhattan, Beverley Hills, en Californie et à Londres, ainsi que des comptes très bien garnis dans des banques anglaises et suisses, elle aurait également beaucoup investi dans les hôtels et le tourisme sur la Mer rouge.

Washington, qui s’en remet maintenant à Tantawi pour restaurer l’ordre, connaissait depuis longtemps les intérêts vénaux des généraux, qui collaborent intimement avec le Pentagone en échange de l’aide militaire et des armes fournies qui représentent en moyenne 2 milliards de dollars depuis 1979. Dans une communication diplomatique datant de 2008 et publiée par WikiLeaks, l’ambassadeur Margaret Scobey relatait que « les analystes perçoivent l’armée comme conservant une forte influence par son rôle dans la garantie de la stabilité du régime et la gestion d’un large réseau d’entreprises commerciales. »

Scobey a dit que ses sources « confirment que le régime donne aux six hommes d’affaires du gouvernement carte blanche pour mener leurs activités commerciales, mais que le ministère de la défense peut interrompre n’importe quel contrat pour "raisons de sécurité". » L’une des sources « a indiqué que les compagnies militaires construisent la route moderne vers la station balnéaire d’Ain Souknah sur la Mer rouge, à 90 minutes du Caire et de la nouvelle annexe de l’Université du Caire. Il remarque le grand nombre de terrains dont l’armée est propriétaire dans le Delta du Nil et sur la côte de la Mer rouge, et suppose que ces propriétés sont une « prime » en échange de la garantie par l’armée de la stabilité du régime et de la gestion d’un large réseau d’entreprises commerciales. »
Scobey a relaté l’existence de « tensions économiques et commerciales entre l’élite dirigeante et l’armée, » mais a conclu que « la relation d’ensemble entre les deux semble toujours être coopérative plutôt qu’adverse. » Sa communication décrivait le malaise de l’armée devant la montée du fils de Moubarak, Gamal, élevé pour succéder à son père au poste de président. Elle a observé que son pouvoir repose sur la couche de super-riches qui ont profité de la privatisation générale des entreprises publiques depuis 2004, plutôt que de l’élite militaire.

Ce que cette communication diplomatique ne mentionne pas cependant, c’est la première inquiétude des chefs militaires : que la disparité évidente des richesses produites par la privatisation risquait de générer des troubles sociaux violents. La vente de plusieurs centaines d’entreprises aux profiteurs liés à Gamal Moubarak a entraîné le licenciement de milliers d’employés. En même temps, toujours pour le compte d’intérêts financiers étrangers, les aides sociales pour les biens de consommation de base ont été réduites voir supprimées, créant une pauvreté dure et un immense mécontentement populaire.

Samer Shehata, universitaire égyptien travaillant à l’Université de Georgetown, a déclaré au Time que l’armée avait mis en garde en 2008 contre les centaines de grèves que les changements économiques d’après 2004 avaient déclenchées. « Ils disaient que cela devenait une question de sécurité nationale. » L’un des groupes qui se sont organisés sur Facebook cette année a pris son nom, le Mouvement du 6 avril, d’une grève des travailleurs du textile dans le Delta du Nil le 6 avril 2008 qui fut écrasée brutalement par le régime.
C’est la montée puissante de la classe ouvrière qui s’est approfondie et élargie depuis 2008, que les commandants militaires sont déterminés à défaire à tout prix. Loin de représenter un instrument démocratique, l’armée est une force consciemment contre-révolutionnaire, déterminée à écraser le soulèvement des travailleurs pour défendre ses propres intérêts très étendus, ainsi que ceux de ses trésoriers aux États-Unis.

Egypte : une révolution qui ne va pas jusqu’au bout dévore ses enfants

Egypte : à bas le pouvoir militaire ! A bas la répression ! Tout le pouvoir au peuple travailleur !

Messages

  • Égypte. Sit-in place Tahrir jusqu’au départ de l’armée

    De jeunes militants égyptiens se sont installés jeudi sur la place Tahrir, au Caire, qu’ils ont promis d’occuper jusqu’à ce que les militaires du Conseil suprême des forces armées (CSFA) remettent le pouvoir à des civils.

    Au lendemain du premier anniversaire du déclenchement de la révolution qui a chassé Hosni Moubarak du pouvoir, des dizaines de jeunes Egyptiens pro-démocrates se trouvaient toujours sur la place, épicentre de la contestation de l’hiver dernier.

    « Le conseil militaire commet les mêmes abus que Moubarak. Je ne ressens aucun changement. Le conseil militaire mène une contre-révolution », dénonce Samer Qabil, un étudiant de 23 ans. Dans un passé récent, plusieurs sit-in ont dégénéré en affrontements violents avec les forces de l’ordre.

    Mercredi, des dizaines de milliers d’Egyptiens ont célébré le premier anniversaire de la révolution, mais les rassemblements ont mis en lumière les divisions et les tensions sur les suites de la transition politique. Les militaires du CSFA ont pris les commandes du pays après le renversement de Moubarak, le 11 février dernier. Ils ont promis de restituer le pouvoir aux civils après l’élection présidentielle, prévue pour le mois de juin.

    Mais de nombreux activistes en pointe lors de la contestation d’il y a un an les soupçonnent de vouloir préserver leur emprise. « Le sit-in se poursuivra jusqu’à leur départ », a promis Alaa Abdel Fattah, blogueur détenu plusieurs jours par l’armée lors de violents incidents qui ont fait 25 morts en octobre dernier

  • Des heurts ont opposé dimanche plusieurs centaines de manifestants à des groupes d’hommes en civil devant le bâtiment des médias d’Etat, dans le centre du Caire, là-même où furent tuées 25 personnes au cours d’une manifestation en octobre dernier.

    "A bas le régime militaire !" scandaient les manifestants, partisans d’un retour immédiat à un pouvoir civil, un an presque jour pour jour après le début des manifestations contre Hosni Moubarak.

    Depuis la chute de l’ancien raïs en février dernier, le pouvoir est assumé à titre temporaire par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), avec à sa tête le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ancien ministre de la Défense de Moubarak.

    "Dites-nous, Conseil, qui vous a désigné ? C’est grâce à la bande de Moubarak que vous êtes là !", a scandé la foule en parlant du CSFA.

    "Nous protestions pacifiquement, ici, quand soudain un groupe d’une cinquantaine de voyous a fait irruption, par les rues adjacentes, encerclant la bâtiment et nous attaquant à coups de pierres et de bouteilles en verre, et nous avons riposté en les caillassant. Ils ont saccagé nos tentes", a témoigné un manifestant.

  • La situation économique et sociale est très dégradée. Les discussions avec le FMI pour l’octroi d’un prêt qui conditionne d’autres aides internationales sont au point mort depuis plusieurs mois. L’organisation demande des réformes structurelles qui imposeraient aux Frères musulmans de se couper de leur base. Le gouvernement a cherché à compenser ses difficultés financières en faisant appel aux fonds en provenance des pays du Golfe. Mais cette aide suscite un début de rejet dans la population, sans parvenir à résoudre les graves difficultés de l’économie égyptienne. La forte inflation rend le cout des denrées de base inaccessibles pour une bonne partie de la population. Faute de ressources, et de capacités de raffinage, l’Egypte ne parvient pas à importer suffisamment de produits raffinés et les conséquences des pénuries de fioul qui se multiplient se font sentir partout : les générateurs qui servent à la climatisation ou au pompage de l’eau pour l’irrigation des champs, par exemple, ne peuvent fonctionner, et ce alors que le pays fait face à une vague de chaleur exceptionnelle. Le chômage est endémique, les investissements étrangers au ralenti, et le tourisme, en panne depuis le début de la révolution, ne parvient pas à redémarrer.

  • Des heurts meurtriers ont émaillé cette semaine les manifestations pro et anti-Morsi en Egypte, à deux jours d’une mobilisation monstre attendue dimancheà l’appel de l’opposition pour réclamer le départ de Mohamed Morsi. En prévision de cette mobilisation, des entreprises ont annoncé qu’elles seraient fermées dimanche, journée qui marque le début de la semaine en Egypte. Au Caire, certains habitants retiraient de l’argent liquide et stockaient de la nourriture, tandis que de longues files d’attente se formaient devant les stations d’essence, où il fallait parfois plusieurs heures avant de pouvoir faire le plein.

    L’institution sunnite Al Azhar, principale autorité religieuse d’Egypte, a évoqué vendredi le risque de "guerre civile". "La vigilance est requise pour nous assurer de ne pas basculer dans la guerre civile", dit pour sa part l’université Al Azhar dans un communiqué repris par les médias qui condamne les "bandes criminelles" ayant attaqué des mosquées. L’armée, en alerte sur les sites stratégiques, a prévenu les deux camps qu’elle interviendrait si la situation devenait chaotique.

  • Le chef d’état-major des armées, le général Abdel Fatah al-Sisi, dans une déclaration lue à la télévision : « Les forces armées égyptiennes renouvellent leur appel pour que les revendications du peuple soient satisfaites. Elles donnent aux différentes parties une dernière chance et un délai de 48 heures afin d’assumer leurs responsabilités face aux circonstances historiques que traverse le pays. Si les revendications populaires ne se sont pas satisfaites, les forces armées seront dans l’obligation de présenter une feuille de route et de prendre des décisions qu’elles mettront en œuvre. »

    Premier pas vers une tentative de prise de tous les pouvoirs par l’armée, un piège évidemment car l’armée est la première cause de la dictature sociale et politique de l’Egypte, bien avant les Frères Musulmans...

  • L’armée égyptienne a donné lundi quarante-huit heures aux partis politiques pour s’entendre, faute de quoi elle présentera son propre plan afin de sortir de la crise.

    Cet ultimatum de l’armée intervient au lendemain de manifestations monstres qui ont rassemblé à travers le pays des millions de personnes pour exiger le départ du président Mohamed Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans et entré en fonction il y a juste un an.

    Il revient en fait à demander au chef de l’Etat, accusé de dérive autoritaire par l’opposition libérale, d’accepter de partager le pouvoir.

  • le peuple s’agite. Une révolution violente, sanglante, implacable éclate. Dépossédés de leurs biens, les riches émigrent ou découvrent la misère. La peur règne partout. Les brigands parcourent la campagne. Les paysans ne cultivent plus. La famine fait des ravages. Les fonctionnaires, débordés, voient leurs bureaux mis à sac. Les artisans abandonnent leurs ateliers. Le palais royal brûle. (...) Même les dieux sont délaissés. (...) Les pauvres possèdent les richesses. (...) Les nobles dames meurent de faim. (...) L’ordre social est bouleversé. L’Ancien Empire devient un souvenir. (...) Le temps est fini où, dans l’ordre et le calme, les paysans obéissaient au scribe surveillant l’engrangement du blé. (...) Pendant plus de deux siècles, Pharaon n’existe plus (...). Les troubles violents qui ont mis fin au vieil empire sont terminés. Ils ont été d’une violence inouïe : une véritable révolution. (...) Vers 2050, Mentouhotep devient le pharaon Mentouhotep 1er. » Elle présente un témoignage écrit : « Je te présente le pays sens dessus dessous. Ce qui se passe ne s’était jamais passé. (...) Quelques hommes sans foi ni loi sont allés jusqu’à déposséder le pays de la royauté, la résidence royale a été ravagée en une heure, celui qui ne pouvait se construire un réduit est propriétaire des murs, celui qui ne pouvait se faire construire une barque est propriétaire des bateaux… » C’est bien une révolution sociale qui a renversé l’ordre.

  • Une vingtaine de personnes ont été tuées en marge des manifestations opposant partisans et détracteurs de l’ancien président dans le pays. Au Caire, des affrontements ont éclaté dans la soirée aux abords de la place Tahrir et fait deux morts. Des tirs étaient entendus et les deux camps se jetaient des pierres sur le pont du 6-Octobre à proximité de la place emblématique de la capitale égyptienne, où s’étaient rassemblés des milliers d’opposants au président islamiste. L’armée égyptienne a envoyé des blindés pour séparer les protestataires.

    A Alexandrie, la deuxième ville du pays, au mois 12 personnes sont mortes et 200 autres blessées. Un responsable de la santé a précisé à l’agence Mena que la plupart des décès étaient dus à des tirs de balles réelles et de chevrotine.

    Des partisans armés de Mohamed Morsi ont également pris d’assaut dans la soirée le siège du gouvernorat du Nord-Sinaï à El-Arich, avant de hisser leur drapeau. Cinq policiers et un soldat avaient été tués la nuit précédente dans la péninsule, dans des attaques de militants islamistes qui n’ont pas été revendiquées.

  • Une nouvelle couverture du pouvoir militaire

    Mohammed El Baradei a été nommé samedi Premier ministre de l’Egypte, trois jours après le coup militaire qui a renversé Mohamed Morsi, a annoncé le mouvement Tamarrod, à l’origine de l’importante mobilisation qui a conduit à l’éviction du président islamiste. Une source militaire a précisé à l’AFP que M. El Baradei, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), allait prêter serment dans la soirée.

    L’agence officielle Mena a de son côté indiqué que M. El Baradei avait rencontré le président intérimaire Adly Mansour. La feuille de route, élaborée par l’armée en coordination avec l’opposition et les principaux dignitaires religieux du pays, prévoit un gouvernement intérimaire « doté de pleins pouvoirs », avant la tenue d’élections présidentielle et législatives à une date non précisée.

  • Deux ans et demi après la révolution, l’économie égyptienne est presque exsangue. Alors que le budget 2012-2013 avait été établi sur une prévision de croissance du PIB d’au moins 4%, il n’était plus question, ces derniers temps, que d’un timide 2% pour cette année. En mai, l’agence de notation financière Standard & Poor’s a fait passer l’Egypte dans la catégorie spéculative, en abaissant sa note souveraine d’un cran de B– à CCC+, invoquant l’échec du gouvernement à faire face aux impératifs budgétaires.

    De 36 milliards de dollars avant janvier 2011 (28 milliards d’euros au cours actuel), les réserves de change sont tombées à 13 milliards à la fin du premier trimestre, puis légèrement remontées, sans repasser pour autant au-dessus de la barre fatidique des trois mois d’importations. Les devises ont cessé de rentrer dans le pays.

    Le tourisme est à l’arrêt, sauf sur la Mer Rouge, où les visiteurs en provenance des pays de l’ex-URSS continuent de venir, mais à des prix bradés. Les recettes du canal de Suez, elles, sont en nette diminution. Quant aux investisseurs directs étrangers, ils ont fui ces deux dernières années devant les grèves à répétition, les manifestations de plus en plus nombreuses et le climat...

  • Des dizaines de milliers d’opposants à Mohamed Morsi étaient rassemblés dimanche en Egypte, notamment sur la place Tahrir au Caire, dans une démonstration de force destinée à prouver que l’ex-président islamiste a été renversé par une révolution populaire et non un coup d’Etat.

    Alors que des avions de chasse rasaient les toits de la capitale, lâchant derrière eux une fumée aux couleurs du drapeau national, la place Tahrir était noire de monde pour une mobilisation se voulant pacifique, après des heurts d’une rare violence vendredi entre pro et anti-Morsi.

    De leur côté, les islamistes continuaient à mobiliser leurs troupes pour maintenir la pression sur l’armée, qui détient Mohamed Morsi depuis sa destitution, et dénoncer l’"Etat policier" qu’elle a instauré, selon eux.

    Les partisans de l’ex-président s’étaient massés par milliers près de l’université du Caire, dans le quartier de Guizeh, devant une mosquée du faubourg de Nasr City, ainsi que devant la Garde républicaine, où quatre des leurs sont morts vendredi lors d’échanges de tirs avec des soldats.

  • Depuis jeudi dernier, à la suite du coup d’Etat perpétré par l’armée et la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, des attaques perpétrées par des groupes islamistes ont fait planer un climat de guerre civile. Des milliers de partisans des Frères musulmans qui n’acceptent pas la destitution de Morsi et d’autres groupes islamistes radicaux, notamment salafistes, se sont mobilisés dans tout le pays. Refusant de suivre les consignes officielles du Parti de la Justice et de la Liberté et de l’ex-président déchu, qui ont appelé à s’opposer de façon pacifique, des groupes islamistes armés du nord du Sinaï ont attaqué dimanche dernier quatre points de contrôle des forces de sécurité à Cheikh Zoueïd, non loin des frontières de la bande de Gaza et d’Israël. L’attaque, qui a remis au centre de l’actualité nationale le "problème bédouin", a eu lieu près de la ville d’El-Arich, où des salafistes ont déjà pris d’assaut, vendredi soir, le siège du gouvernorat du Nord-Sinaï. Rappelons que le Sinaï, où les violences anti-gouvernementales ont été les plus graves, est une région particulièrement sensible, majoritairement peuplée de Bédouins et en conflit permanent avec le pouvoir central. Depuis toujours, cette zone de tension est utilisée par les groupes islamo-terroristes comme une base arrière pour les opérations contre Israël, le gouvernement égyptien ou les Chrétiens, systématiquement pris pour cible et accusés d’être les "agents" des Etats-Unis, d’Israël ou des partis laïques et gouvernements égyptiens. D’où l’assassinat d’un prêtre copte à El Arich ce week-end.

    Ces différentes attaques, survenues dans une zone hautement sismique frontalière de Gaza et d’Israël, ont provoqué la mort de cinq policiers et d’un soldat.

  • La mort de 50 manifestants pro-Morsi lors de tirs lundi au Caire, que les Frères musulmans qualifient de "massacre", préoccupent de nombreux pays. Ces derniers craignent un arrêt du processus démocratique en Egypte. Le président égyptien par intérim Adly Mansour a ordonné l’ouverture d’une enquête sur ces violences qui se sont produites lors d’une manifestation de partisans du président déchu Mohamed Morsi au Caire, alors qu’ils priaient devant le siège de la Garde républicaine. Les Frères musulmans ont appelé "au soulèvement" contre "ceux qui sont en train d’essayer de lui voler sa révolution avec des chars".

  • "Il y a d’abord eu des tirs de grenades lacrymogènes que nous leur avons renvoyées. Puis de la grenaille et des tirs à balle réelle". Ali Hassan, son voisin de chambre, blessé par balle dans le haut de la cuisse, décrit une opération soigneusement planifiée, qui a pris par suprise les manifestants. "On était en train de prier, les enfants dormaient, il n’y avait aucune provocation de notre part, affirme-t-il, à rebours de la version de l’armée qui soutient que des "terrorsites armés" ont tenté de pénétrer de force dans le club de la garde républicaine.

    "Et puis ils se sont mis à attaquer, poursuit Ali Hassan. Ils tiraient, ils avançaient, ils tiraient, ils avançaient." Selon le chef des urgences de l’hôpital, Seifeddin Abdel Shakour, la localisation des impacts de balles, relevés sur les cadavres, ne trahit aucune consigne de tir spécifique. "On a trouvé des impacts sur toutes les parties du corps, pas seulement dans la tête ou le thorax, dit-il. Cela montre qu’il n’y avait pas d’intention de ’tirer pour tuer’. Mais cela témoigne aussi du fait qu’aucun effort n’a été fait pour épargner des vies humaines".

  • L’Egypte, loin de trouver un nouvel équilibre, se retrouve complètement déstabilisée.

    La chute rapide de Mohammed Morsi et du gouvernement des Frères musulmans au Caire a fait voler en éclats un paradigme qui servait de grille de lecture à presque toutes les analyses régionales, chez les partisans comme les adversaires du mouvement : celui selon lequel l’islamisme serait appelé inéluctablement à triompher. Les derniers événements témoignent de la profondeur de la déstabilisation de la société égyptienne et de la confusion dans laquelle les événements d’Égypte ont plongé la région.

    Un monde s’effondre sans que l’alternative apparaisse. Cela ne veut nullement dire que ce n’est pas une révolution sociale, bien au contraire...

  • Au lendemain de la publication d’un calendrier électoral rejeté par les Frères musulmans, l’ancien ministre des Finances Hazem el Beblaoui a été nommé mardi Premier ministre par intérim en Egypte et le libéral Mohamed ElBaradeï vice-président chargé des affaires étrangères.

    La constitution rapide d’un gouvernement de transition est une priorité pour l’armée afin de prévenir de nouvelles violences après la fusillade qui a fait 55 morts lundi à l’aube au Caire devant la caserne de la Garde républicaine où serait détenu le président déchu Mohamed Morsi, déposé mercredi dernier par les militaires à la suite d’imposantes manifestations.

    L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont exprimé mardi leur soutien au pouvoir intérimaire égyptien en promettant huit milliards de dollars d’aide au total.

    Les salafistes d’Al Nour, deuxième parti islamiste d’Egypte après les Frères musulmans, ont annoncé qu’ils ne s’opposaient pas à la nomination de Beblaoui, un économiste libéral, comme chef du gouvernement intérimaire.

    Ils avaient bloqué en fin de semaine dernière la désignation d’ElBaradeï à ce poste.

  • Les Frères musulmans, dont est issu le président égyptien déchu Mohamed Morsi, ne "pactisent pas avec des putschistes" et rejettent l’offre d’entrer au nouveau gouvernement, a indiqué mercredi 10 juillet un porte-parole du mouvement islamiste. "Nous ne pactisons pas avec des putschistes. Nous rejetons tout ce qui émane de ce coup" militaire, a déclaré Tareq al-Morsi, au sujet de l’offre formulée quelques heures plus tôt par le nouveau Premier ministre.

    La principale coalition d’opposition laïque en Egypte a elle rejeté le plan de transition prévoyant des pouvoirs étendus pour le nouveau président par intérim et un calendrier pour de nouvelles élections présidentielles dans six mois, en se plaignant de ne pas avoir été consultée pour son élaboration.

  • Ceux qui soutiennent le coup d’état militaire de l’armée égyptienne auraient tendance à l’oublier : c’est la même armée égyptienne avec les mêmes chefs, avec les mêmes pouvoirs sur toute l’économie, avec les mêmes méthodes violentes qui assassinaient les manifestants sous Moubarak, puis assassinaient les manifestants Coptes désarmés le 9 octobre 2011 (25 morts et 300 blessés), puis viennent encore d’assassiner les partisans de Morsi le 8 juillet, des manifestants désarmés, une fois de plus, faisant 51 morts et 450 blessés, en tirant à balles réelles directement dans la foule…

  • Des cortèges partis de 18 mosquées du Caire à l’appel des Frères musulmans ont convergé dans l’après-midi vers deux sites que les islamistes occupent depuis près de trois semaines : la mosquée Rabaa al-Adawiya à Nasr City un faubourg au nord-est de la capitale, et les abords de l’Université du Caire, dans le quartier de Guizeh, plus proche du centre-ville. A Rabaa al-Adawiya, la foule brandissait de pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Où est passé mon vote ? », en référence au scrutin qui avait porté Mohamed Morsi au pouvoir en juin 2012, première élection présidentielle démocratique en Egypte.

    Cette journée baptisée « briser le coup d’Etat » « restera une date importante dans l’histoire du pays », prédisait Farid Ismaïl, un responsable des Frères musulmans. Une partie des manifestants s’est dirigée vers le ministère de la Défense et le quartier général de la Garde républicaine, situés dans les environs de la mosquée, mais ont été empêchés d’y accéder par des barrages de l’armée. Le 8 juillet une cinquantaine de personnes y avaient été tuées.

    Des avions de chasse et des hélicoptères militaires ont survolé la ville dans l’après-midi. Des manifestations islamistes ont également eu lieu en province, à al-Arich (nord Sinäï), Marsa Matrouh (nord-ouest) Beni Suef et Minya (Moyenne Egypte), selon la télévision publique.

    Des rassemblements des adversaires de sont également annoncés sur la place Tahrir et près du palais présidentiel. La mobilisation des anti-Morsi, dont l’objectif de chasser le président a été atteint, a toutefois été moins forte que celle des islamistes ces derniers jours.

    Le président par intérim Adly Mansour a prévenu jeudi à la télévision qu’il mènerait « la bataille pour la sécurité jusqu’au bout » face à la volonté des islamistes de continuer à mobiliser dans la rue. Mais il a aussi promis « une justice transitoire » sur fond d’appels à juger le président destitué. La volonté de justice et de réconciliation concerne tout le monde », a-t-il dit.

    Alors que Mohamed Morsi est toujours détenu par l’armée et qu’une vague d’arrestations a eu lieu parmi les membres des Frères musulmans, la confrérie a refusé toute négociation avec le pouvoir intérimaire et persiste dans cette voie. La Haut-commissaire de l’ONU chargée des droits de l’homme, Navi Pillay a demandé aux nouvelles autorités la liste des personnes arrêtées et la base légale des arrestations.

  • Des dizaines de partisans du président islamiste égyptien destitué Mohamed Morsi ont été tués samedi matin dans des affrontements avec les forces de sécurité, au lendemain de manifestations massives rivales déjà ensanglantées par des heurts. Le ministère de l’Intérieur impute ce midi la responsabilité des violences aux islamistes et dément l’usage de balles réelles contre les pro-Morsi.

    Selon les témoins interrogés par le correspondant de Libération au Caire, la police aurait commencé à tirer sur la foule de manifestants, à quelques centaines de mètres du campement des partisans du président déchu - des milliers de ses partisans sont installés aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, au nord-est du Caire, depuis le renversement du président Morsi par l’armée, le 3 juillet. Les tireurs étaient postés sur un pont, et des snipers en haut des immeubles. Ce midi, des traces de sang au sol, de nombreux plombs, chevrotines, balles d’armes automatiques viennent contredire la version officielle.

    Même si la foule a déserté l’endroit, les partisans rencontrés sur place sont déterminés et n’ont pas l’intention de partir, même si le ministère de l’Intérieur vient d’annoncer vouloir disperser les sit-in. Deux hommes lancent : « Nous sommes tous des martyrs, on restera jusqu’au bout. »

    Il règnait ce matin un désordre terrible à l’hôpital de campagne des pro-Morsi, installé à l’intérieur de la mosquée Rabaa al-Adawiya. « C’est la bousculade, beaucoup de gens essaient de rentrer, les médecins les en empêchent en bloquant les portes. Les hurlements redoublent pendant l’évacuation des corps. » Selon le Dr Yahia Makeya, on dénombrait alors 37 cadavres et des centaines de blessés. D’autres corps auraient été acheminés vers d’autres établissements. De nombreux blessés étaient en sang, visiblement blessés par balles. Ces nouvelles violences, dont le bilan définitif n’était pas fixé, ont fait potentiellement au moins 66 morts.

    Les heurts, sur la route de l’aéroport du Caire, ont éclaté à l’aube entre manifestants tentant de bloquer un pont routier et policiers, a indiqué l’agence officielle Mena. L’agence a cité un haut responsable de la sécurité assurant que les forces de l’ordre n’avaient utilisé que des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants ajoutant que huit policiers ont été blessés, essuyant des jets de pierres et des tirs de chevrotine.

  • Pas de trêve. De nouveaux affrontements ont éclaté samedi 27 juillet au matin en Egypte entre forces de l’ordre et islamistes, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés près du Caire, potentiellement l’un des pires bilans depuis le renversement de Mohamed Morsi.

    Les affrontements ont repris samedi dès l’aube sur la route de l’aéroport du Caire, lorsque la police est intervenue pour empêcher des manifestants pro-Morsi de bloquer un pont routier, selon les autorités.

    Depuis l’hôpital de campagne mis en place après les heurts, un médecin des Frères musulmans fait état de 75 morts parmi les fidèles du président déchu. L’agence officielle Mena, qui cite des sources au sein du même hôpital, fait elle aussi état de 75 morts et un millier de blessés.

  • Les pro-Morsi ont mis en cause des « policiers en uniforme agissant au côté d’hommes de main », tirant à balles réelles et avec de la chevrotine.

    « Les policiers ne tirent pas pour blesser. Ils tirent pour tuer », a déclaré Gehad al-Haddad, le porte-parole de Frères musulmans.

    Faisant redouter de nouveaux heurts sanglants, le ministre de l’Intérieur Mohamed Ibrahim a annoncé la dispersion très prochaine des deux campements au Caire où se sont installées des milliers de partisans de M. Morsi depuis son renversement.

    Il a promis une intervention « dans le cadre de la loi » et « le moins de pertes possibles »", mais a appelé les protestataires à quitter les lieux d’eux-mêmes « pour éviter que le sang ne coule ».

    Pour le porte-parole de l’Intérieur, la réponse massive à l’appel du chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, à manifester vendredi pour lui donner « mandat d’en finir avec le terrorisme » démontre que le peuple « souhaite la stabilisation du pays sous la protection de l’armée et la police ».

  • L’Egypte s’enfonce un peu plus dans la crise et le chaos. Le bilan des affrontements entre les forces de l’ordre, les partisans et les adversaires du président chassé par l’armée, Mohamed Morsi, ressemble à un massacre : au moins 72 morts au Caire. Le pouvoir indique sa volonté de disperser les sit-in organisés depuis un mois et tient à mettre un terme à la contestation islamiste.

    Donné par le gouvernement, le bilan humain de samedi est le plus lourd depuis la destitution du président Mohamed Morsi. Le nombre de morts a suscité une vague d’avertissements au nouveau pouvoir et au général Sissi, à sa tête, nouvel emblème des anti-Morsi.

    En un mois, il y a eu 300 tués dans les troubles politiques. L’armée et les islamistes s’accusent mutuellement de mener l’Egypte à la guerre civile, suscitant la crainte d’une escalade.

    John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, s’est ainsi dit samedi soir "très inquiet" de cette nouvelle "explosion de violence". Il a rappelé les autorités egyptiennes à leur "obligation morale et légale de respecter le droit de manifester de manière pacifique".

  • Un tribunal du Caire a interdit lundi 28 avril le Mouvement du 6 avril, le principal groupe de la jeunesse qui a mené la révolte ayant conduit à la chute du président Hosni Moubarak en 2011. Le groupe manifeste depuis plusieurs mois contre le régime dirigé par l’armée, une position qui lui a valu d’être condamné pour « diffamation » du pays et « collusion » avec des mouvements étrangers, selon un haut responsable de la justice.

    Le Mouvement du 6 avril tire son nom d’une grande grève d’ouvriers lancée à Mahalla le 6 avril 2008, premier vrai mouvement de contestation contre le régime de Moubarak qui régna sans partage trente années sur l’Egypte. Le groupe, emmené par des jeunes, est devenu le fer de lance de la révolte populaire qui, en dix-huit jours, chassa Moubarak du pouvoir début 2011, dans la lignée des printemps arabes.

  • Alors que le pays commémore le quatrième anniversaire de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir, plus d’une dizaine de personnes ont été tuées dans des affrontements avec la police, dimanche 25 janvier, selon un média d’Etat.

    Douze manifestants ont été tués à travers la capitale égyptienne du Caire, et un treizième a été tué dans la ville d’Alexandrie lors de rassemblements que la police a refusé de voir se dérouler, a indiqué le ministère de la santé. Un policier a aussi été tué et 11 ont été blessés, selon le ministère de l’intérieur. Au total, 150 personnes ont été arrêtées.

    Les mesures de sécurité draconiennes prises au Caire et dans d’autres villes n’ont pas dissuadé les manifestants, notamment les partisans des Frères musulmans et de l’ancien président Mohamed Morsi, de descendre dans les rues. La place Tahrir, où la révolution égyptienne a pris forme, a été fermée à la circulation et reste sous la surveillance étroite des blindés de l’armée. La police a tiré à la chevrotine et fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des centaines de manifestants qui tentaient de la rejoindre dimanche.

  • Karl Marx dans « Contribution à la critique de philosophie du droit de Hegel » : « Ce qui est (…) un rêve utopique, ce n’est pas la révolution radicale, l’émancipation générale et humaine, c’est plutôt la révolution partielle, simplement politique, la révolution qui laisse debout les piliers de la maison. »

  • Le président-dictateur français Macron décore de la légion d’honneur le président-dictateur égyptien Al-Sissi : normal entre semblables !!!

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