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1890 : un tract électoral du candidat Tortelier ... anarchiste dénonçant l’électoralisme

mardi 28 février 2012, par Alex

En 1890 les parisiens du quartier Clignancourt pouvaient lire un tract électoral peu banal (cité dans Ravachol et les anarchistes de Jean Maitron). Il monte les llimites des élections : ce n’est pas le parlement qui renversera le capitalisme. Et même un élu révolutionnaire ne peut pas changer le monde, il peut quand même amener les travailleurs dans des impasses, décrites de la façon suivante :

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Citoyens,

Je me porte candidat, non pour satisfaire la mesquine ambition d’être député, mais pour avoir l’occasion de dire des vérités.

Exaspéré des souffrances qu’éprouve le peuple, je ferai tout pour les supprimer.

Si j’étais député que ferai-je ?

Je proposerai qu’on démolisse l’Eglise du Sacré-Cœur qui est une honte. Je supprimerai le budget des Cultes, je ferai rendre tous les biens des curés, qui nous ont été extorqués.

Les Electeurs : Les riches ont intérêt à ce qu’il y ait des curés, pour nous prêcher la soumission et la lâcheté ; ils leur viendront en aide et c’est encore nous, toujours nous, qui indirectement les entretiendront.

Moi : Je mettrai tous les impôts sur les riches.

Les Electeurs : Ils diminueront nos salaires et rien ne sera changé.

Moi : Je ferai une loi les forçant à payer un salaire élevé.

Les Electeurs  : S’ils paient cher les ouvriers, ils vendront cher les produits, et la situation sera la même.

Moi : Je ferai assainir le quartier, percer de nou-velles rues, je m’occuperai du Métropolitain et de tout ce qui peut vous procurer du travail.

Les Electeurs : Oui, nous la connaissons la rengaine du travail- : toujours travailler pour les autres ! Faire de nouvelles rues c’est donner de la valeur à la propriété ce qui, pour nous, se traduit par une augmentation des loyers.

Moi : Je crierai à la Chambre qu’ils volent et trahis¬sent le peuple.

Les Electeurs : Mais nous savons ça ! Il n’y a pal besoin d’aller à la Chambre, le crier à raison de vingt-cinq francs par jour.

Moi : Je serai le plus révolutionnaire, le plus ardent à attaquer les abus.

Les Electeurs : On dit ça avant d’être élu, mais on s’habitue vite au bien-être que procure la fonction et alors on n’a plus à attaquer les abus, puisqu’on en profite.

Moi  : J’appellerai le peuple à la Révolte, je prêcherai la Grève générale, je marcherai à votre tête et nous ferons la Révolution.

Les Electeurs : Ah ! vous voulez être un chef ! Ils nous ont toujours trahis, nous n’en voulons plus. Nous ferons la Grève générale et la Révolution sans les députés, et malgré eux.

Moi : Je vois qu’il est difficile de monter le cou aux travailleurs, aujourd’hui. Mais si vous soupçonnez que je ne peux rien faire pour vous, que pourront faire les autres ?...

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Sur 30 candidats il arriva au 15ème rang avec 4 voix, avec deux autres anarchistes.

Au IIème congrès de l’Internationale Communiste (1920), dans la liste des 21 conditions d’admition d’un parti à cette internationale, la 11ème n’appelle pas à un boycott systématique des élections, comme le font certains courants révolutionnaires (communistes ou anarchistes) mais appelle à mettre en place un contrôle politique impitoyable des groupes parlementaires par le parti :

Les Partis désireux d’appartenir à l’Internationale communiste ont pour devoir de réviser la composition de leurs fractions parlementaires, d’en écarter les éléments douteux, de les soumettre, non en parole mais en fait, au Comité central du parti, d’exiger de tout député communiste la subordination de toute son activité aux intérêts véritables de la propagande révolutionnaire et de l’agitation.

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