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6 avril 1994 - 6 avril 2012 : Rwanda, un massacre et un avertissement aux travailleurs et aux peuples du monde entier

vendredi 6 avril 2012, par Robert Paris

Troupes françaises au service du génocide

6 avril 1994 - 6 avril 2012 : Rwanda, un massacre et un avertissement aux travailleurs et aux peuples du monde entier

Le 6 avril 1994, avec la destruction de l’avion portant le président rwandais, a commencé le génocide des Tutsis, l’élimination systématique d’un groupe sur des bases raciales, l’un des plus grands massacres de l’Histoire. Celui-ci n’a aucun fondement traditionnel ni ethnique contrairement à ce qui a été prétendu : c’est la mise en place d’un pouvoir fasciste au Rwanda et il n’a pas été voulu par la population mais par les classes dirigeantes rwandaises et réalisé sous l’égide directe de la France de Mitterrand et Léotard.

Beaucoup de Français ne parviennent pas à admettre que la France ait pu jouer le rôle de pourvoyeur du fascisme puisqu’en France même les classes dirigeantes et les hommes politiques de droite et de gauche alors au pouvoir n’ont pas eu une politique fasciste ! Vision à courte vue : toutes les classes dirigeantes du monde ont accueilli avec soulagement l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne en janvier 1933 alors qu’elles n’en étaient pas encore à la souhaiter pour la plupart dans leur propre pays. Elles ont estimé que le risque qu’Hitler lance la guerre mondiale était moins important que le risque que représentait le prolétariat allemand, risque de début d’une révolution communiste mondiale menant à la fin de l’isolement de la révolution russe.

Bien sûr, il n’y a pas qu’un aveuglement provenant de l’ignorance communément partagée de ce qu’est la réalité du fascisme. Admettre le rôle de la France au Rwanda, c’est détruire toutes les croyances sur l’Etat français et la « démocratie » française qui fondent l’image que les gens ont de « leur pays ».

Pourtant l’incroyable est vrai.
Il n’y a là aucune exagération : l’Etat français a bel et bien organisé, planifié, armé, financé les génocidaires fascistes depuis l’Elysée, avec la caution de la gauche et de la droite. Et cette action a toujours la caution de la gauche et de la droite puisqu’on trouve au bas du rapport Quilès qui blanchit la France au Rwanda les signatures du PS mais aussi de Buffet pour le PCF aussi bien que de Voynet pour les Verts ou de la droite.

Mais le grand organisateur demeure Mitterrand qui, président de la République, chef des armées, décideur de la diplomatie française, commandant aux ambassadeurs, a planifié l’action depuis la « cellule spéciale de l’Elysée pour le Rwanda ».

Là encore, on trouve la plus grande incrédulité des gens : pourquoi aurait-il fait cela, il n’y a pas de pétrole au Rwanda !
Comme on l’a dit au début, le phénomène « fascisme » est largement inconnu du grand public même si chacun a entendu parler d’Hitler, de Mussolini et de Franco ou encore de Pinochet. Pour la plupart, c’est idéologique, on est pour la démocratie ou pour le fascisme. Ils n’imaginent nullement que cela ait un quelconque rapport avec la lutte des classes, avec la menace que représenterait le prolétariat révolutionnaire puisque les prolétaires eux-mêmes ne se voient pas comme une telle force de transformation de la société. Ils croient que les démocraties se sont opposées au fascisme et que c’est même la cause de la dernière guerre mondiale. En réalité, quand Hitler a pris le pouvoir, il l’a fait avec leur aval. Si une seule puissance impérialiste l’avait voulu, elle l’aurait immédiatement renversé car l’Allemagne nazie à sa naissance ne disposait d’aucune armée sérieuse, les accords de l’après première guerre mondiale ayant réduit celle-ci à la portion congrue.
Le fascisme est bel et bien une transformation interne du mode de domination bourgeoise qui passe à un nouveau degré d’oppression et d’exploitation et ce n’est pas un nouvel Etat. L’Etat allemand n’a pas changé sous Hitler et n’a pas tellement eu à changer les lois du pays, seulement à les appliquer ! La collaboration avec les partis et syndicats ouvriers réformistes s’est transformée en leur destruction systématique et toute forme d’organisation des travailleurs a été abolie. La destruction des Juifs elle-même reposait sur la question de la révolution prolétarienne en Europe. La population juive de l’Europe de l’Est et de Russie subissait une oppression particulière qui l’avait rendue sensible à la vague révolutionnaire qui avait parcouru l’Europe après la première guerre mondiale. Les classes dirigeantes du monde s’étaient fait la remarque que ces Juifs de Pologne ou de Hongrie étaient une gêne considérable avec la nouvelle déstabilisation à prévoir avec la crise de 1929. Hitler était loin d’être le seul à penser qu’il valait mieux se débarrasser des Juifs. Les bourgeoisies occidentales pensaient la même chose et Staline aussi ! Quant au mythe de la démocratie contre le fascisme, c’est l’inverse qui est vrai : c’est la démocratie bourgeoise qui s’est partout livrée au fascisme, en Italie comme en Allemagne, en France ou en Espagne, sans parler du Chili.

Mais revenons au fascisme tel qu’il s’est développé au Rwanda. Où voyez-vous la menace révolutionnaire, dirons certains ?

Cette question prouve à quel point l’histoire de ces pays d’Afrique a été occultée. Personne ne se souvient plus de la vague de révolutions qui a parcouru l’Afrique de 1988 à 1991. En 1988, c’est la révolte en Algérie qui amènera le pouvoir à faire massacrer sa jeune en octobre 1988 par l’armée et les forces spéciales avant de développer l’islamisme comme dérivatif et de lancer la guerre civile… contre les civils et non contre l’islamisme radical. Le fascisme « vert » a servi de prétexte au fascisme d’Etat se couvrant de bandes armées de soi-disant « autodéfense » qui ont tué autant que les armées dites islamistes, dont des groupes créés par le pouvoir lui-même. Donc l’Algérie a montré comment le fascisme était la réponse en 1991 à une situation, celle de la montée de la révolte ouvrière et de celle de la jeunesse, menaçant de se transformer en révolution. Le camp « démocratique », PAGS et UGTA puis FFS notamment, a réussi à détourner la révolution et le pouvoir a lancé ensuite la vague fasciste contre le peuple travailleur.

Le reste de l’Afrique, de la Côte d’Ivoire au Gabon et du Mali au Niger, a connu aussi des mouvements révolutionnaires. Le cas le plus connu est la révolution qui a mené à la chute du dictateur malien Moussa Traore en 1991. Mais ce que la mémoire collective a retenu, c’est la mise en place du pouvoir d’un chef militaire, ATT, ou Toumani Touré, celui-là même qui vient d’être renversé.

Eh bien, le Rwanda a lui aussi connu sa révolution, un an avant, en 1990. Ce n’avait rien d’une révolte des Hutus contre les Tutsis, ni des Tutsis contre les Hutus. Non, Hutus et Tutsis étaient ensemble dans les rues de la capitale Kigali pour hurler leur haine du pouvoir dictatorial et corrompu de Habyarymana et de sa clique. La dictature avait longtemps été crainte car elle ne craignait pas d’éliminer ses opposants, d’arrêter et de torturer. Mais, pendant un an et demi, le peuple travailleur est descendu dans la rue et la dictature est devenue très craintive face à la moitié de la population du pays déferlant dans la capitale, conspuant les militaires et le pouvoir. La réponse, comme en Algérie et dans toute l’Afrique, celle conseillée par Mitterrand en chef de la françafrique : faire le dos rond, autoriser le mutipartisme, faire appel aux opposants au pouvoir, prétendre mettre en place la démocratie, puis, dès que les illusions ont ramené un peu de calme, préparer des bains de sang préventifs pour éviter que, la deuxième fois, la révolution soit radicale et prenne le pouvoir.
Et c’est l’Etat français qui a aidé à la formation militaire des milices fascistes rwandaise dans les camps militaires français au Rwanda. C’est elle qui les a financé et armé. C’est elle qui imprimé les passeports où, pour la première fois dans ce pays, étaient inscrits les mentions ethniques : hutu et tutsi, indispensables puisqu’il ne s’agit justement pas d’ethnies et qu’il y a des couples mixtes et, du coup, on ne reconnait pas un hutu d’un tutsi.

C’est la France de Mitterrand qui a acheté massivement les machettes du génocide. C’est la France qui a mis en place, dans son ambassade à Kigali, le gouvernement génocidaire. C’est elle qui l’a défendu au plan international. C’est qui, après la défaite de ce régime, a protégé ses assassins, leur a permis de se réfugier en république du Congo. Et c’est encore elle qui, là-bas, les a armés et financés pour y défendre ses intérêts, ce qui était l’un des objectifs de la France en s’implantant politiquement au Rwanda, cette porte du riche Congo, pays de toutes les ressources minières.

La « démocratie » française a bel et bien aidé les classes dirigeantes rwandaises à se débarrasser des réformistes qu’elle avait amené au pouvoir depuis les manifestations massives de 1990, dont la premier ministre elle-même.

La leçon du Rwanda, il n’y a pas que les peuples d’Afrique qui ne l’aient pas tiré. Ce sont les peuples du monde qui en ont besoin et l’ignorent : les classes dirigeantes qui présentent la face riante d’une relative démocratie peuvent, du jour au lendemain à la faveur d’une crise sociale et politique, se transformer en chiens sanglants du fascisme.
L’immense majorité des français ne croit pas son Etat capable de tels crimes et elle se trompe lourdement. Et il est indispensable, face à la crise actuelle qui frappe mondialement l’ensemble du système, de le savoir : les classes dirigeantes voient à nouveau dans le prolétariat une menace mortelle. Elles savent qu’elles vont faire chuter massivement le niveau de vie des peuples, casser le consensus qu’elles avaient elles-mêmes établi, détruire leur belle entente avec les syndicats, dégrader massivement le mode de vie de toute la population. Du coup, il leur est nécessaire de lever de nouvelles troupes fascistes et de susciter, pour cela, de nouvelles haines entre les parties du peuple travailleur.

En France, il est clair que cela prendra la forme d’une charge contre les Musulmans accusés, par des mensonges grossiers, d’être des suppôts de la dictature (la charia) et du terrorisme (voir Toulouse !).

Il devrait être évident que tous les partis de gauche et tous les syndicats devraient être vent debout contre cette opération de fascisation de la société française visant à monter les uns contre les autres deux parties du peuple travailleur, deux fractions des exploités.

Or il n’en est rien !

On a même du mal à voir une petite partie de l’extrême gauche se démarquer doucement de cette opération criminelle qu’elle voit seulement comme une opération politicienne en vue des élections et non d’une menace liée aux intérêts des classes dirigeantes face à la crise du système.

Deux nouveaux ouvrages

Rwanda, 6 avril 1994. Un attentat français ?

Bruno Boudiguet, journaliste et éditeur, est avant tout spécialiste du génocide des Tutsi rwandais. Il collabore régulièrement à la revue La Nuit rwandaise. Depuis dix ans, il milite pour la fin du système “françafrique”.

Françafrique 2012, la bombe à retardement

Michel Sitbon est avant tout connu pour être éditeur à L’Esprit frappeur depuis une quinzaine d’années, avec plus d’une centaine d’ouvrages sur des sujets sensibles et très divers. Il a dirigé la rédaction d’un journal d’informations générales, Maintenant, en 1995-96, dont l’objet principal était de dénoncer le scandale français au Rwanda. Il est l’auteur de Plaidoyer pour les sans-papiers et Un génocide sur la conscience en 1998, et de Mitterrand le cagoulard et 2 bis rue de Tourville en 2011.

D’autres lectures sur le Rwanda

Messages

  • Quinze missiles Mistral, alors interdits à la vente, figuraient au sein de l’arsenal de l’armée rwandaise, à la veille du génocide, indique un document de l’ONU, versé jeudi 31 mai au dossier d’instruction sur l’attentat contre le président Habyarimana, affirme "Libération".

    La liste révélant la présence de ces missiles sol-air de fabrication française - découverte par une journaliste britannique dans les archives de l’ONU - a été remise jeudi aux juges Marc Trévidic et Nathalie Poux par les avocats des personnalités rwandaises mises en examen dans cette affaire par le juge Bruguière en 2006, précise le quotidien dans son édition à paraître vendredi.

  • http://www.matierevolution.org/spip.php?article2313#forum2539

    http://www.matierevolution.org/spip.php?article2323#forum2540

    le PS aura-t-il besoin du FN pour mener une politique fasciste ? ou bien l’expérience du Rwanda suffira-t-elle au PS pour faire le sale travail tout seul ?

  • L’accusation a requis la perpétuité mercredi contre Pascal Simbikangwa, premier Rwandais jugé en France en lien avec le génocide, vingt ans après le drame. L’avocat général Bruno Sturlese a demandé au jury de déclarer le capitaine Simbikangwa, qui nie les faits, coupable de "génocide" et non pour la seule complicité pour laquelle il était renvoyé devant la cour.

    Au cours de son long réquisitoire, l’avocat général a fustigé un "épurateur d’avant l’heure" à "l’engagement radical, extrémiste", un "homme capable du pire" servant dans "la police politique, un service tout puissant qui fiche, qui rafle, qui torture", doublé d’un propagandiste de la frange dure du régime hutu faisant monter la haine anti-Tutsi avant même le génocide.

    Il avait aussi rappelé la dimension "historique à plus d’un titre de ce procès", le premier pour génocide en France et le premier lié au drame rwandais, dont le verdict tombera à quelques semaines des commémorations des 20 ans du génocide, alors même que Kigali a souvent reproché à la France d’avoir soutenu le régime génocidaire hutu et protégé ses responsables. Les avocats de la défense plaideront jeudi 13 mars et le verdict est attendu vendredi 14, après les dernières déclarations de l’accusé.

  • L’ancien Premier ministre Edouard Balladur (1993-95), qui était à Matignon au moment du génocide au Rwanda a qualifié de « mensonge intéressé » les accusations de Paul Kagame impliquant Paris dans cette tragédie. Sur Europe 1, il a regretté qu’il ait été envisagé d’envoyer un ministre à Kigali pour les commémorations du massacre, car « les incidents qui se produisent étaient prévisibles compte tenu de ce qu’est M. Kagame et sa pratique constante ». « Il cherche sans cesse à mettre en cause la France alors que lui-même n’a pas réussi, au bout de vingt ans, à rassembler le peuple rwandais », a poursuivi le responsable UMP.

    Selon lui, « la France n’est en rien complice du génocide, au contraire elle est de tous les pays du monde le seul qui ait pris l’initiative d’organiser une opération humanitaire pour éviter un massacre généralisé ». « Le gouvernement que je dirigeais a, dès qu’il a été installé, mis fin à toute livraison d’armes au Rwanda et retiré les troupes françaises », a-t-il poursuivi. « Il fallait surtout que la France ne soit pas prise en tenaille dans une guerre civile qui se développait et qu’on ne pouvait pas arrêter », a-t-il encore fait valoir.

    Guillaume Ancel a donné, lui, un autre son de cloche. Cet ancien officier français engagé en 1994 au Rwanda a contesté lundi le caractère officiellement « humanitaire », au moins à ses débuts, de l’opération Turquoise lancée cette année-là par la France sous mandat de l’ONU pour tenter de mettre fin aux massacres dans le pays. « Je suis parti avec l’ordre d’opération de préparer un raid sur Kigali. Quand on fait un raid sur Kigali, c’est pour remettre au pouvoir le gouvernement qu’on soutient, pas pour aller créer une radio libre », a affirmé Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée de Terre, sur France Culture.

    « L’ordre que j’ai reçu pour partir au Rwanda était extrêmement offensif », dit-il. L’ex-militaire affirme avoir ensuite reçu, entre le 29 juin et le 1er juillet, un autre ordre, qui « était d’arrêter par la force l’avancée des soldats du FPR » : « On n’est toujours pas dans une mission humanitaire ». Alors qu’il était dans l’hélicoptère qui décollait « pour aller déclencher les frappes aériennes sur le FPR » - le Front patriotique rwandais, rébellion tutsie de l’époque -, les militaires français auraient reçu l’ordre de stopper leurs préparations de combat. « On nous a annoncé qu’en fait on avait trouvé un accord avec le FPR et que nous allions protéger une zone humanitaire », affirme Guillaume Ancel.

    Selon lui, la France aurait ensuite continué à soutenir le gouvernement génocidaire rwandais et son armée en rendant, vers la mi-juillet, « à ce qui restait des forces armées rwandaises, les dizaines de milliers d’armes » que les militaires français avaient confisquées dans la zone humanitaire. « On a clairement été à l’origine d’une continuation des combats qui a duré pendant des années, qui a fait de nouveau des centaines de milliers de morts », affirme-t-il.

  • Le 6 avril 1994, Jean-Hervé Bradol est en France lorsque l’avion du président rwandais hutu Juvénal Habyarimana est abattu dans la soirée au-dessus de Kigali. « Là, on a su que les massacres allaient démarrer », confie vingt ans plus tard celui qui était alors responsable des programmes de Médecins sans frontières (MSF) dans la région des Grands Lacs. Sillonnant depuis juillet 1993 la région, de camps de réfugiés en dispensaires, le médecin a vu s’amplifier les violences entre Rwandais, à mesure que s’amenuisaient les espoirs d’une cessation des hostilités opposant depuis 1990 le régime hutu en place et la rébellion à majorité tutsi du Front patriotique rwandais (FPR).

    « Le MNDR [le parti du président Habyarimana] dérivait vers les appels au meurtre et le personnel tutsi de MSF claquait des dents. Certains jours, dès la fin 1993, les miliciens Interahamwe [affiliés au MNDR] déclaraient des journées “ville morte”, mettaient sur pied des barrières et commettaient des exactions. En toute impunité. Ni l’armée ni la gendarmerie ni les casques bleus ne faisaient rien », se souvient Jean-Hervé Bradol.

    Face à la multiplication de ces journées « ville morte », les organisations humanitaires se préparent au pire dès février-mars 1994. « Il y avait déjà des pogroms de Tutsi et on savait que ça allait s’amplifier. A chaque journée ville morte, il y avait des blessés et des morts par dizaines », raconte-t-il. « On savait que les milices s’armaient. On savait que les opposants seraient les premières victimes. On savait que les FPR massacraient aussi. On voyait que ça allait de plus en plus mal, mais jamais on aurait imaginé ce qui allait se passer dès avril : que le pouvoir se mettrait en tête de tuer tous les Tutsi dans le pays, et qu’il y arriverait presque. »

    L’étincelle allumée le 6 avril au soir va définitivement enterrer les négociations de paix d’Arusha entre le pouvoir et la rébellion. Dans les préfectures de Kibungo, à l’est, et de Bugesera, au sud-est, les massacres se généralisent en quelques jours. Des membres du personnel rwandais de MSF sont tués. Les équipes expatriées ne peuvent plus rester.

    Jean-Hervé Bradol revient à Kigali le 13 avril, à la tête d’une mission chirurgicale qui doit prendre ses quartiers au centre hospitalier de Kigali (CHK). Cela leur sera impossible. « Le CHK était devenu comme un abattoir. Des piles de corps s’entassaient à la morgue. Les miliciens venaient la nuit, parfois la journée, chercher les survivants tutsi pour les exécuter. Avec le coordinateur médical du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), on a décidé qu’il était impossible de travailler et on a ouvert un hôpital de campagne », raconte Jean-Hervé Bradol. Installé au sein de la délégation du CICR, avec l’accord du gouvernement intérimaire, l’hôpital devient le seul endroit de la ville où les miliciens n’entrent pas. « Mais ils pourchassaient les gens jusqu’à nos portes. »

    M. Bradol accompagne chaque jour l’équipe effectuant le ramassage des blessés en ville. Le médecin trentenaire « fait le tri » parmi les blessés dont le pronostic vital est engagé et qu’il faut emmener. « Seulement les femmes et les enfants. Des hommes, on n’en prenait pas. » Le transport est à hauts risques. Le 14 avril, deux ambulances de la Croix-Rouge rwandaise ont été arrêtées par des miliciens, qui ont sorti et exécuté les blessés sur le bord de la route. « On partait tôt le matin, quand la plupart des miliciens dormaient. Il fallait négocier notre passage aux barrages installés dans toute la ville. L’autorisation du chef d’état-major de l’armée rwandaise, collée sur notre pare-brise, ne suffisait plus. Ils disaient vouloir “tous les tuer” et nous menaçaient aussi. » Chaque passage est l’objet d’une âpre négociation. L’homme s’appuie sur les plus dociles, qu’il a repérés parmi les jeunes miliciens et à qui il va volontairement acheter bière et cigarettes.

    Les blessés laissés derrière ne sont pas plus en sécurité. « A la Sainte-Famille, où nous passions régulièrement, les miliciens venaient exécuter les Tutsi blessés. Un jour, un vieux monsieur blessé au thorax, dont je faisais le pansement, m’a demandé à quoi bon le soigner, puisqu’ils viendraient la nuit pour le tuer », se remémore-t-il. Le personnel rwandais de MSF est lui aussi la cible des milices. De cent à deux cents employés locaux ont péri durant le génocide. « Les miliciens demandaient à nos collègues hutu de dénoncer leurs collègues tutsi. Dans certains camps, les miliciens ont demandé aux Hutu de massacrer leurs collègues tutsi. Pendant les temps morts, on quadrillait l’hôpital pour s’assurer que rien ne se passait », se souvient le médecin.

    « Il m’a fallu plusieurs jours pour me convaincre qu’il s’agissait d’un véritable plan systématique et organisé d’extermination », avoue Jean-Hervé Bradol. « Au début, par inconscience, on laissait même partir les malades guéris (...). Puis j’ai vu qu’ils tuaient tout le monde, jusqu’aux femmes enceintes et aux enfants. J’ai vu les miliciens fouiller une à une les maisons pour tuer les gens. »

    La responsable de MSF chargée des réfugiés rwandais à Goma, en République démocratique du Congo, est la première à parler de « génocide » dans un rapport, le 13 avril. « Moi, j’avais un obstacle cognitif à reconnaître qu’ils faisaient ce que les nazis ont fait aux juifs en Europe. Formuler cela, c’était trop pour mon petit cerveau et ma petite personne », admet Jean-Hervé Bradol. « Mais quand les massacres se sont généralisés à Butare le 22 avril, que plus de 150 personnes ont été massacrées dont une partie de notre personnel, on a compris. »

    Les Nations unies et les ambassades étrangères se refusent elles aussi à employer le terme qui, conformément à la Convention sur le génocide de 1948, sous-tend une obligation légale à intervenir contre les génocidaires. Quand il rentre en France, fin avril, Jean-Hervé Bradol multiplie les plateaux télévisés pour appeler à une intervention internationale. « Les Nations unies étaient complètement dépassées. Elles n’avaient ni la volonté ni les moyens. Les casques bleus avaient été réduits à 270 hommes. On ressentait une sorte d’abandon », s’explique Jean-Hervé Bradol.

    A la télévision, comme plus tard devant la mission d’enquêtre parlementaire, M. Bradol dénonce « les responsabilités écrasantes de la France », alliée du pouvoir hutu, qui « finance, entraîne et arme » l’armée rwandaise. « On était très surpris en juillet 1993 de voir les militaires français participer aux points de contrôle routiers sur les grandes routes qui sortaient au nord de Kigali. Quand les casques bleus sont arrivés en novembre, les militaires français contrôlaient l’aéroport », raconte-t-il. Lorsqu’il rencontre en mai des responsables français de l’Elysée, M. Bradol supporte mal leur « déni » et leur « satisfecit » de ce qu’ils présentent comme la « mission pacificatrice et démocratique » de la France, principal artisan des accords d’Arusha. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, sera le premier à employer publiquement, le 15 mai, le terme « génocide ».

  • Au Rwanda comme ailleurs en Afrique, c’est l’explosion économique puis sociale et politique. En 1980, les cours des matières premières s’effondrent, l’étain d’abord puis le café et le thé. Les prêts consentis par les organismes mondiaux de la finance amènent le FMI à imposer un plan d’ajustement structurel draconien. C’est la spirale de l’endettement pour rembourser la dette. De 1976 à 1994, la dette extérieure est multipliée par 20. D’autant qu’une catastrophe n’arrivant jamais seule, le franc rwandais dévalué de 67 %, les prix des biens importés explosent ( + 79 % pour l’essence). Le FMI impose donc le gel des salaires, les licenciements dans la fonction publique et bloque le prix du café à l’export. Dans le même esprit, les sociétés étrangères connaissent une baisse des plus sensibles des impôts alors même que les taxes sur la consommation sont augmentées. Toutes les couches de la population sont touchées, en particulier les jeunes qui n’ont rien à perdre et vont constituer un réservoir de recrues pour les milices hutu et l’armée. Le mécontentement est profond et les frustrations nombreuses ; en effet, le régime a été incapable de développer une industrie nationale et des services publics, son caractère ruralisant et catholique l’a amené à refuser d’introduire un contrôle des naissances, l’explosion démographique se traduit par conséquent, par un manque de terres et l’apparition massive d’un sous prolétariat désoeuvré. L’épidémie du SIDA qui sévit rend fou et sans espoir les démunis. Les riches face à la masse appauvrie sont par ailleurs de plus en plus riches et plus rapaces : en 1982, 10 % des plus riches prélevaient 20 % du revenu rural ; en 1994, c’est 51 % du revenu rural qui est accaparé par cette couche des 10 % les plus riches, sans compter la corruption et les revenus " compradore " qu’elle empoche.

    Le pouvoir ne reste pas indifférent, pour autant, vis-à-vis de cette montée des périls, face à la rage sociale qui monte, le seul frein étant la vindicte raciste, l’enrôlement dans l’armée est plus efficace. Les dépenses militaires triplent de 1990 à 1992.

    Pour calmer ses sueurs froides, le régime étend sa répression à tout le pays, 8 000 suspects sont jetés en prison.

    Face au soulèvement social, le régime dictatorial fait semblant de jeter du lest : la liberté de la presse est rétablie, le pluripartisme autorisé, les partis d’opposition accèdent au gouvernement. Ce n’est qu’une façade, un intermède en attendant de préparer la riposte.

    Les Forces Armées Rwandaises passent en 4 ans de 5 000 à 50 000 hommes. Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée de 1991 à 1995, justifie cette politique d’armement massif, d’encadrement et de formation des FAR par la " nécessité de sécuriser les Etats alliés ", d’ailleurs, Raison d’Etat oblige " en politique on fait avec ce que l’on a ". Plus grave, de 1991 à 1994, des machettes, des pics, des haches, des faux, des serpes sont achetées en masse. Beaucoup plus tard, la commission sénatoriale belge révélera que 3 365 568 kg de ces matériels ont été acquis pour 4 671 583 dollars.

    En 1992, sont créées les milices hutu interahamwe (ceux qui agissent ensemble… et tueront ensemble) puis les Comités de Défense de la République (les CDR) et à l’intérieur de ceux-ci émerge le Hutu Power. Les 10 commandements du Hutu, un véritable évangile de haine contre " les cafards, les cancrelats et leurs complices " sont largement diffusés. Mais l’écrit n’est guère satisfaisant pour toucher, mobiliser les masses en particulier les jeunes. Le clan élyséen et l’Akazu ont une idée géniale. A côté de Radio Rwanda trop officielle, il suffit de créer une radio indépendante (!), de copier la formule NRJ, la musique, les chansons populaires seront ponctuées d’appels aux meurtres. Radio des Mille collines naît en 1993, elle touchera des milliers d’auditeurs et effectivement elle sera terriblement efficace. A chaque fois que les négociations se traduisent par une ouverture politique vers la paix, des tueries et des pogroms la compromettent. Ainsi, en octobre 1993, la Croix Rouge dénombrera plus de 100 000 victimes.

    Le 6 avril toujours, dans la soirée, le génocide a commencé. Des groupes de militaires et de miliciens, munis de listes, entament méthodiquement le massacre des Tutsi et des " Hutu complices ". Simultanément des tueries débutent dans différentes préfectures frontalières, les machettes sortent des caches pour être distribuées. Radio Mille Collines prêche la " nécessité de faire le travail " au nom de " l’autodéfense civile ". " Ce sont des antéchrist, c’est une race de gens très mauvais. Je ne sais comment Dieu va nous aider à les exterminer… Mais continuons à les exterminer… Venez chers amis, félicitons-nous ! Dieu est juste !… (chants)… Il faut éradiquer les cafards, les rats, les serpents, procéder au balayage des feuilles sèches de bananiers avant de les brûler … (chants) ". Les autorités locales réticentes sont éliminées, les écoles deviennent des abattoirs, des lieux d’aménagement de charniers. Les gens armés rabattent le gibier humain débusqué, les miliciens armés de machettes " font le travail ", les diplomates chargés de justifier les tueries les présentent, dans les enceintes de l’ONU, comme des mouvements populaires spontanés. Si l’hystérie est sans conteste collective, l’ethnicide a été une affaire de cadres avant d’être un vécu rural.

    Bilan, après quelques mois, 1 million de morts dont la moitié de Tutsi représentant les ¾ de ceux qui résidaient encore au Rwanda ou qui y étaient revenus dans l’espoir du retour à la paix.

  • Pour la première fois depuis 1994, l’opération Turquoise au Rwanda s’éclaire d’un jour nouveau grâce au témoignage d’un officier français de l’armée de terre. Selon lui, l’objectif "humanitaire" officiellement affiché par Paris se confond avec un autre, beaucoup moins avouable : celui de freiner ou de stopper l’avancée militaire du Front patriotique rwandais (FPR), tout en ménageant les forces gouvernementales génocidaires.

    Lancée le 22 juin 1994, l’opération française Turquoise aurait eu pour objectif initial de faire le coup de feu contre le Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion – essentiellement tutsie – qui se battait contre les forces gouvernementales hutues à l’origine du génocide. Ce n’est pas le président Paul Kagamé qui le dit, mais un ancien officier français, chevalier de la Légion d’honneur et décoré à titre militaire en opérations. Dans un long entretien accordé à “Jeune Afrique”, Guillaume Ancel, 48 ans, à l’époque capitaine au 68e régiment de l’artillerie d’Afrique, évoque sans détour le décalage entre la version officielle française et ce qu’il a vécu il y a vingt ans sur les collines du Rwanda. Si lui et ses compagnons d’arme ont effectivement mené, à partir du début juillet 1994, des missions de protection et d’extraction au bénéfice de rescapés tutsis, ils avaient auparavant, selon lui, reçu l’ordre de stopper l’avancée du FPR au moment où la victoire militaire de celui-ci devenait inexorable.

  • Quelle est la raison du génocide ? De la part des classes dirigeantes rwandaises ? De la part de l’impérialisme français ? La cause du génocide n’est pas de type ethnique et n’est pas non plus militaire. L’attaque militaire du FPR n’est pas la cause du génocide. Le génocide ethnique est le moyen mais pas le but. Ce n’est pas une action spontanée mais organisée au plus haut sommet de l’Etat, des classes dirigeantes rwandaises comme françaises. La cause est à chercher dans la révolte sociale et civile du peuple rwandais de 1990-1992 (des manifestations massives à Kigali contre le régime et pas sur des bases ethniques ni pour soutenir la guerre du FPR) qui ont fait peur aux classes dirigeantes, qu’elles soient rwandaises ou françaises. Le fascisme du Hutu Power a des racines sociales, celles d’une contre-révolution. A la même époque, toute l’Afrique est menacée par des révoltes politiques et sociales, par exemple l’Algérie en 1988, la Côte d’Ivoire en 1990 et le Mali en 1991. L’impérialisme français était effrayé par cette révolution…

  • What is the reason of the genocide ? What is the purpose of the Rwandan ruling classes ? And of French imperialism ? The root of this ethnical genocide is not of ethnic type and there is no military purpose in the genocide. Moderate Hutu personalities were killed first. The military attack by the RPF is not the cause of genocide. Ethnic genocide was the means but not the goal. This is not a spontaneous action but organized at the highest level of the State, the Rwandan ruling classes as French ruling class. The Rwandan Genocide was a genocidal mass slaughter of Tutsi and moderate Hutu in Rwanda by members of the Hutu Power. During the approximate 100-day period from April 7, 1994 to mid-July, an estimated 1,000,000 Rwandans were killed, constituting as much as 30% of the country’s total population and 80% of the Tutsi then living in Rwanda. The genocide was planned by members of the core political elite known as the akazu, many of whom occupied positions at top levels of the national government. Perpetrators came from the ranks of the Rwandan army, the National Police (gendarmerie), government-backed militias including the Interahamwe and Impuzamugambi, and the Hutu civilian population. The cause is to be sought in the social and civil revolt of 1990-1992 people of Rwanda (Kigali massive demonstrations against the regime and not on ethnic grounds or to support the RPF war) who scares the ruling class, that ’they are Rwandan and French. Fascism Hutu Power has social roots, those of a revolution against. At the same time, all of Africa is threatened by political and social unrest, for example in 1988 in Algeria, Côte d’Ivoire in 1990 and Mali in 1991. French imperialism was frightened by this revolution ...

  • List of concerned french personalities accused by the rwandan commission of inquiry for their supposed political and military responsability in the rwandan genocide -

    Liste des personnes françaises concernées dans l’acte d’accusation rwandais pour responsabilité politique et militaire supposée dans le génocide rwandais :

    François Mitterrand

    Head of French State (1982-1995) - Chef de l’Etat français

    Édouard Balladur

    French Prime Minister - Premier ministre français

    Alain Juppé

    Minister of Foreign Affairs (1993-1995) - Ministre des affaires étrangères

    François Léotard

    Minister of Defence (1993-1995) - Ministre de la défense

    Dominique de Villepin

    Office of Foreign Affairs - Ministère des affaires étrangères

    Hubert Védrine

    Secretary-General to the Presidency - Secrétaire général de la présidence

    Bruno Delaye

    Head of African Affairs at the Presidency
    (successor Jean-Christophe Mitterrand since 1992) - Chef des Affaires Africaines de la présidence (successeur de Jean-Christophe Mitterrand depuis 1992)

    Marcel Debarge

    Minister of Cooperation and Development (1992, 1993) - Ministre de la coopération et du développement

    Jean-Christophe Mitterrand

    Head of Africa Cell (1986-1992) - Chef de la cellule spéciale africaine de l’Elysée pour le Rwanda

    Paul Dijoud

    Director of African and Malagasy Affairs, Ministry of Foreign Affairs - Directeur des affaires africaines et malgaches, ministre des affaires étrangères

    Georges Martres

    Ambassador of France to Rwanda (1989-1993) - Ambassadeur de France au Rwanda

    Jean-Michel Marlaud

    Ambassador of France to Rwanda (1993-1994) - Ambassadeur de France au Rwanda

    Jean-Bernard Mérimée

    French Permanent Representative to the UN Militaries - Représentant français auprès des forces armées des Nations Unies

    Lanxade

    Admiral and French Chief of Staff - Amiral et Chef d’Etat-Major des armées

    Christian Quesnot

    General and Chief of Staff to the President of the Republic - Général et Représentant des armées auprès de la présidence de la république

    Jean-Pierre Huchon

    General and Head of military cooperation at the Ministry of Cooperation - Général et Chef de la coopération auprès du ministère de la coopération

    Germanos

    General and Vice-head of Military Missions May 1994 - Sept. 1995 - Général et commandant en second des missions militaires

    Maurin

    Lieutenant-Colonel and Chief Defence Operations 1992 – 1994 - Lieutenant-colonel et chef des opérations militaires

    Chollet

    Colonel and Chef DAMI March 1991 – Feb. 1992 - Colonel et Chef du DAMI

    Tauzin / Thibault

    Colonel and Military Advisor to the French government - Colonel et conseiller militaire du gouvernement français

    Canovas

    Colonel and Advisor of Military - Colonel et conseiller militaire

    Bernard Cussac

    Colonel and French military attaché and head of the French military assistance mission to Rwanda - Chief Military Cooperation July 1991 – April 1994 - Colonel et attaché militaire français au Rwanda - Chef de la coopération militaire

    Galinié

    Colonel and French military attaché and head of the French military assistance mission to Rwanda - Chief Military Cooperation August 1988 – July 1991

    Jacques Rosier

    Colonel and Chief COS during Turquoise - Colonel et chef du COS durant l’opération Turquoise

    de Saint Quentin

    Commander and Technical Advisor Military - Commandant et conseiller technique militaire

    Robardey

    Major and Technical Advisor Gendarmery - Major et conseiller technique de la gendarmerie

    Roux

    Major and Technical Advisor Presidential Guard - Major et conseiller technique de la garde présidentielle

    Joubert

    Capitain and Chief DAMI December 1992 – May 1993 - Capitaine et chef du DAMI

    Sartre

    Colonel and Chief group North Turquoise - Colonel et chef de l’opération Nord de Turquoise

    Marin Gillier

    Captain and Responsible detachment Turquoise Gishyita - Capitaine et responsable du détachement Turquoise à Gishyita

    de Stabenrath

    Lieutenant-Col. and Commander Turquoise at Gikongoro - Lieutenant-colonel et commandant de l’opération Turquoise à Gikongoro

    Hogard

    Colonel and Chief group Turquoise - colonel et chef de groupe de l’opération Turquoise

    Jean-Claude Lafourcade

    General and Commander Operation Turquoise - Général et commandant de l’opération Turquoise

  • Jacques Morel écrit notamment dans son ouvrage "La France au cœur du génocide des Tutsi" :

    « L’ex-capitaine Barril a organisé la formation au camp de Bigogwe d’une unité d’élite CRAP1 pour attaquer l’arrière des lignes du FPR pendant le génocide. La Mission d’information parlementaire s’abstient de l’évoquer. Mais dans les annexes de son rapport, une lettre atteste que Barril a obtenu un contrat avec le ministère de la Défense du Gouvernement intérimaire rwandais. 2 Ce contrat a été rendu public. Barril était envoyé probablement par le ministère de la Coopération. L’envoi dans le cadre de la coopération d’un contingent d’instructeurs pour les actions de coups de main et pour saboter les arrières de l’ennemi a été évoqué lors des entretiens que le général Huchon a eus du 9 au 13 mai avec le colonel Rwabalinda. Chef de la Mission militaire de Coopération, le général Huchon agissait sans doute sur l’ordre du général Quesnot qui, avec le feu vert de Mitterrand, a mis en oeuvre une stratégie indirecte de soutien aux Forces armées rwandaises. Ces faits démontrent la complicité active de la France avec les organisateurs du génocide. »

  • Années 90 : révolte sociale contre la misère et politique contre la dictature, avec des manifestations monstres à Kigali (100.000 le 8 janvier 90, puis le 15 janvier). Novembre 1991 : manifestation massive, à Kigali, contre la dictature en place, le dimanche 24 novembre. Le président est obligé de céder le multipartisme. Le 1er novembre 1990, retrait des troupes belges, remplacées par les troupes françaises. Le 8 janvier 1992, des manifestations d’une ampleur inconnue au Rwanda secouèrent les principales villes du pays, notamment Butare, Gitarama et surtout Kigali, où 50 000 personnes défilèrent pour manifester contre le nouveau Gouvernement. Une nouvelle journée de manifestation est convoquée pour le 15 janvier, mais le pouvoir l’interdit et les manifestants qui passent outre sont arrêtés. Mars 1992 : massacres organisés par le pouvoir dans le sud-est du pays, répétition de ce que sera la génocide. Dans la région de Bugesera, 13.000 habitants ont du fuir face aux massacres de Tutsis par des Hutus, massacre organisé quasi ouvertement par le pouvoir. Maisons brûlées, personnes violées et gravement blessées sont aussi des moyens utilisées d’une terreur de masse qui reste pour le moment localisée. Le mouvement fasciste hutu tente ainsi d’offrir un dérivatif au mécontentement populaire.

  • Dans son rapport, la mission parlementaire française écrit :

    « Cette volonté d’éradiquer les Tutsis imprègne tout particulièrement l’armée composée uniquement de Hutus. Le Général Jean Varret, ancien chef de la Mission militaire de coopération d’octobre 1990 à avril 1993 a indiqué devant la Mission comment, lors de son arrivée au Rwanda, le Colonel Rwagafilita, lui avait expliqué la question tutsie : « ils sont très peu nombreux, nous allons les liquider »…

    Le colonel Rwagafilita était alors le chef d’état-major de la gendarmerie rwandaise, directement sous l’autorité de Juvénal Habyarimana, le président de la République.

    Selon Jean Birara, gouverneur honoraire de la Banque nationale du Rwanda (BNR), l’attentat contre le président Habyarimana est un coup d’État organisé par des officiers mis à la retraite contre leur gré par le président Habyarimana et par la belle famille de celui-ci. Il cite le colonel Laurent Serubuga, ancien chef d’état-major adjoint de l’armée rwandaise, le colonel Bonaventure Buregeya, ancien secrétaire général à la Présidence et le colonel Pierre-Célestin Rwagafilita, ancien chef d’état Major adjoint de la Gendarmerie. C’est Bagosora qui aurait pris selon lui la décision d’abattre l’avion.

    Opération qui aurait été réalisée avec le « soutien technique » des troupes spéciales françaises

  • au profit... signifie pour les profiteurs... français et rwandais...
    le rwanda ne roulant pas moins que la france pour le fric

  • Dans une tribune au « Monde », Hubert Védrine, l’ancien conseiller de Mitterrand pour le Rwanda, l’ancien ministre des affaires étrangères (1997-2002) explique qu’il faut instaurer des quotas d’immigration légale par pays. Toujours aussi pourri !

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