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Quelles sont les tâches fondamentales des communistes révolutionnaires ?

jeudi 19 avril 2012, par Robert Paris

Quelles sont les tâches fondamentales des communistes révolutionnaires ?

1°) Leur travail n’est en rien détaché du combat politique et social et de la lutte des classes quotidienne, quelles qu’en soient les limites momentanées. Ils ne sont pas des penseurs en chambre et ne dédaignent pas de participer aux luttes en cours des opprimés, même les plus élémentaires, sous prétexte de tâches plus théoriques ou plus fondamentales. Par contre, ils ne prennent pas prétexte de cette participation, au nom d’un soi-disant réalisme, de l’efficacité ou des circonstances défavorables, du niveau limité de combativité ou du niveau de conscience, pour renoncer même momentanément aux idées fondamentales qu’ils doivent défendre, à contre-courant des travailleurs s’il le faut, à l’encontre éventuellement de l’opinion dominante des opprimés aux côtés desquels ils se battent. Le premier de ces points fondamentaux est que l’intérêt général international et historique des prolétaires doit primer les intérêts particuliers, locaux, professionnels et momentanés.

Au sein des travailleurs, ils sont d’abord les défenseurs de l’idée qu’il faut tirer des leçons des luttes et pas se battre les yeux fermés sans reconnaître les amis des ennemis, et ne jamais cacher, même pour des raisons tactiques, les causes des défaites et les trahisons. Faire connaître les expériences de lutte a pour but de souligner la nécessité pour les travailleurs de s’organiser eux-mêmes sans suivre les centrales syndicales, faux dirigeants de la classe ouvrière même lorsqu’elles parlent d’unité en se cachant derrière des intersyndicales. Le prétexte de ne pas démoraliser les travailleurs et les militants ne doit pas cacher le refus de dénoncer les mensonges, les échecs et les trahisons.

La nécessité de militer aux côtés de travailleurs et de militants qui ne sont pas des communistes révolutionnaires ne doit pas justifier de mettre notre drapeau dans notre poche et de renoncer à nos objectifs principaux. Si nous ne méprisons nullement les militants des autres courants, y compris les réformistes politiques et syndicaux, nous n’avons rien à gagner à faire semblant de les approuver dans leurs errements et leurs illusions. Nous ne devons jamais avoir un double langage, un discours dans les moments où nous collaborons à une lutte avec des réformistes et ceux où nous défendons notre politique révolutionnaire. Tout discours à plusieurs facettes ne peut que retirer la confiance dans les révolutionnaires et y compris la confiance des travailleurs en leurs propres camarades. Seule la vérité est révolutionnaire.

2°) Leur première tâche consiste à faire vivre leur conception marxiste révolutionnaire en la confrontant aux situations nouvelles que le monde leur oppose, en la confrontant sans cesse aux autres courants, sans se protéger derrière des barrières organisationnelles qui repoussent la critique des autres courants. La seule manière de se poser la question de la validité actuelle des conceptions marxistes est la méthode critique de la science fondée sur la confrontation des idées et la confrontation à l’expérience et à la connaissance rationnelle. Nous n’avons pas de croyance irrationnelle et ni de révérence à apporter à de quelconques dirigeants révolutionnaires pensant à notre place et auxquels il s’agirait seulement de faire confiance. La formation de militants révolutionnaires est incompatible avec des comportements bureaucratiques, que ce soit politiques ou organisationnels. On ne se cache pas derrière une organisation pour se grandir. L’engagement personnel est aussi indispensable dans la recherche de la vérité scientifique que dans l’activité militante quotidienne. L’audace politique est aussi indispensable sur le plan théorique que sur celui de l’action.

3°) Faire vivre la pensée marxiste n’est rien d’autre qu’analyser tous les faits nouveaux que nous présente la réalité historique et réévaluer sans cesse nos conceptions sans aucun conservatisme de principe. C’est la seule manière d’interpréter de manière révolutionnaire le monde de notre époque en termes de classes et d’armer les prolétaires d’une compréhension des possibilités et des tâches de l’heure. Cela nécessite une éducation des leçons du passé mais elle ne doit pas se faire dans un cadre étouffant la pensée vivante.

4°) L’étude doit partir de la classe dirigeante, de l’état de son système économique et de ses moyens de domination sur le monde, moyens étatiques, économiques, idéologiques, … Les besoins des opprimés (ou leurs aspirations) ne sont jamais le point de départ du raisonnement des communistes révolutionnaires qui partent toujours de la situation objective, c’est-à-dire de l’état de la société et des besoins (économiques, politiques, idéologiques, …) des classes dirigeantes. La raison en est que nous ne sommes ni des réformistes ni des utopistes, mais que nous nous fondons sur une conception de la nécessité historique et que nous visons à chercher le chemin des nécessités de la situation pour y trouver une politique pour les opprimés. Bien entendu, cela suppose que jamais nos explications ne doivent apparaître comme des solutions pour la société existante, c’est-à-dire en fait pour les classes dirigeantes. Et nous ne cessons jamais, sous aucun prétexte et dans aucune circonstance, de parler en termes de classe.

5°) Dévoiler la politique des classes dirigeantes en dépassant la simple dénonciation morale des exactions, des inégalités, des exagérations, des scandales divers que l’actualité présente aux yeux des opprimés. Ne jamais cacher l’existence des ennemis de classe parmi les dirigeants politiques et syndicaux qui s’adressent à la classe prolétaire. Donner à cette clarification de classe un critère clair : l’attitude vis-à-vis de l’Etat. Tout parti et tout syndicat qui s’accommode de l’existence de l’Etat bourgeois, quelle qu’en soit la forme, même la plus démocratique, est un ennemi de classe. Tout parti révolutionnaire qui n’affirme pas publiquement la nécessité de la destruction complète de l’appareil d’Etat bourgeois, dans tous ses organismes exécutifs, est opportuniste et peut finir dans le camp adverse à la faveur des radicalisations de la situation et de la bipolarisation de classe en temps de crise. Est passé dans le camp de l’adversaire tout parti qui participe ou a participé ou envisagerait de participer aux organes exécutifs de l’Etat qui est le bras armé de la dictature de classe.

6°) Ne jamais faire dépendre les politiques proposées, en réalité ou en termes de propagande (même électorale), de considérations seulement tactiques de groupes politiques ou syndicaux sans les relier à une analyse de la situation des classes et des nécessités fondamentales pour les opprimés. Tout ce qui va à l’encontre de la conscience communiste de classe, même enrobé dans un discours de lutte et de radicalisme verbal, est à proscrire et à combattre publiquement. Il n’y a aucun secret politique pour les opprimés, aucun double ou triple discours sous aucun prétexte, quel que soit le niveau de conscience et de lutte des opprimés. Tout groupe qui mène une politique de type diplomatique qui cache ses buts, cache ses méthodes, cache ses tactiques, est en train de trahir les opprimés ou, au moins, subit la pression des adversaires de classe.

7°) Ne jamais séparer, même dans l’activité syndicale ou associative, les objectifs économiques et sociaux des tâches politiques des opprimés, c’est-à-dire fondamentalement d’aller vers la dictature politique de la classe prolétaire. En particulier, nous ne tombons jamais dans la défense exclusive des prétendus « acquis » des opprimés dans le cadre de la société capitaliste, même si les opprimés eux-mêmes y tiennent dur comme fer.

8°) Ne pas perdre une occasion de dévoiler le caractère de classe de l’Etat et ne jamais le faire en dénonçant la dépendance de l’Etat comme si c’était un défaut, une mauvaise politique, le propre de tel ou tel gouvernement, ou comme s’il fallait obtenir que l’Etat devienne égal pour les différentes classes sociales. Aucun slogan, aucun éditorial, aucun écrit aussi secondaire soit-il, même en termes de propagande électorale ne doit semer la moindre illusion sur le caractère inévitable de la dépendance de l’Etat actuel des intérêts fondamentaux des classes dirigeantes. Traduisez : l’Etat n’est pas là pour protéger notre sécurité mais pour nous assassiner pour toute velléité de remise en question de l’ordre social.

9°) Aucune dénonciation du caractère bourgeois de l’Etat actuel ne va jusqu’au bout sans développer toute une propagande sur la nécessité de formation du prolétariat en classe dirigeante. Cette nécessité ne dépend pas et n’attend pas des situations révolutionnaires. Elle suppose l’effort, non seulement propagandiste mais militant et permanent, de constitution de comités, de conseils, de coordinations, d’élections démocratiques de délégués des opprimés pour se fédérer à tous les niveaux, interprofessionnel, inter-sites, inter-régional, international. Qu’on l’appelle commune, comité d’usine, comité de quartier, soviet ou pouvoir aux travailleurs, c’est le même drapeau politique et social. Il vise un but clair et net : la république des conseils ouvriers comme forme de direction de classe de l’Etat.

10°) Toute revendication qui n’est pas reliée à la nécessité de ces formes d’auto-organisation des travailleurs contient une tromperie. Tout objectif politique ou social qui n’est pas relié à la nécessité de la destruction de l’Etat bourgeois est une tromperie. Toute discussion sur telle ou telle forme de l’Etat de classe sans affirmer qu’aucune forme ne nous défendra jamais et ne devra jamais être défendue en soi est une tromperie.

11°) Quelque soient les tactiques légales du moment qu’utilisent les révolutionnaires, jamais ils ne renoncent ni en acte ni en paroles à leur objectif de la destruction de l’Etat bourgeois et de la domination mondiale du capitalisme et de l’impérialisme. Au contraire, la validité de ces tactiques momentanées et légales est à chercher dans la manière où elles s’intègrent dans l’objectif de sortie du système et de sortie du respect de l’ordre étatique.

Le point fondamental qui distingue les communistes révolutionnaires marxistes n’est pas la radicalité de tel ou tel objectif ou revendication du moment mais dans le fait qu’ils militent sans cesse pour la prise de conscience par tous les prolétaires et dans toutes les circonstances de la nécessité pour les travailleurs de mener leur propre politique au travers d’organes politiques de masse que sont les conseils de travailleurs et de la nécessité de donner à ces conseils l’orientation visant au pouvoir exclusif à l’échelle mondiale des conseils de travailleurs, c’est-à-dire non seulement à la satisfaction de telle ou telle revendication aussi radicale soit elle, mais de la direction de l’ensemble de la société par les prolétaires.

Les conseils ouvriers sont indispensables au prolétariat de l’organisation des grèves à la mise place du nouvel ordre social en passant par la prise révolutionnaire du pouvoir et la destruction de l’Etat bourgeois. Mais le point qui doit absolument être souligné au stade actuel est le caractère indispensable des comités de travailleurs face à l’ordre bourgeois représenté à la fois par les centrales syndicales et les élections de la démocratie bourgeoise. Les conseils ouvriers sont le moyen pour la masse des travailleurs d’accéder à la politique ouvrière dont ils ont besoin, à la conscience politique prolétarienne des tâches de l’heure. Pour cela, les conseils sont les parlements de la classe ouvrière dans laquelle tous les partis, syndicats, groupements divers peuvent défendre leurs programmes et se faire représenter. C’est là et non aux élections organisées par la bourgeoisie que le prolétariat peut se mesurer, définir ses objectifs, discuter de ses moyens d’action, développer ses objectifs en s’adressant aux autres couches non capitalistes de la petite bourgeoisie et à la jeunesse. En effet, c’est dans ces parlements ouvriers que peut se discuter les motions proposées par les organisations qui se revendiquent des travailleurs, se faire élire des délégués, les faire se coordonner avec les autres délégués du pays ou des autres pays. C’est là que peuvent se discuter, se voter les décisions indispensables à la classe ouvrière en période de crise. C’est au sein de ces comités que les travailleurs peuvent se convaincre de la justesse des perspectives des groupes révolutionnaires. Et d’abord, c’est ainsi qu’on peut distinguer les organisations favorables à ces conseils, à leur développement, à leur fédération et leur prise du pouvoir. Aucun syndicat et aucun parti politique ne remplace les soviets ou conseils ouvriers. Cela ne veut pas dire que ces organisations n’ont pas leur rôle et ils ont à intervenir au sein des conseils et doivent développer leur politique publiquement directement envers les travailleurs. Pour les groupes d’extrême gauche, est criminelle toute tentative de cacher ce rôle indispensable des conseils ouvriers, est criminelle toute tentative de prétendre que le parti et les syndicats suffisent à faire face à des situations de crise. Est criminelle de la part de toute organisation se revendiquant des travailleurs toute tentative de combattre l’organisation de masse politique de la classe ouvrière. Bien sûr, l’existence des conseils ouvriers ne suffit pas et tout dépend de la politique qui l’emporte dans les conseils. Dès que ceux-ci existent, existe aussi un combat mortel en leur sein entre révolutionnaires conséquents et réformistes conséquents. Les opportunistes n’ont alors qu’à choisir leur camp. Les réformistes, qui ont choisi de ne pas militer pour les conseils ouvriers quand ils n’existaient pas, peuvent parfaitement y rentrer ensuite mais ils n’y militeront pas pour leur prise de la totalité du pouvoir qu’ils chercheront à conserver à la bourgeoisie. Les communistes révolutionnaires sont les seuls à considérer la classe ouvrière non comme une classe à plaindre mais comme une classe d’avenir pour toute l’humanité.

Le parti révolutionnaire, ou le groupe, qui ne subordonne pas son existence à ces tâches est opportuniste ou traître. Dans tous les cas, il n’est qu’un détournement des aspirations communistes plus ou moins consciente des prolétaires.

Les communistes révolutionnaires n’ont aucun intérêt d’organisation à défendre qui soit différent de l’intérêt général et international du prolétariat.

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