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A chaque époque sa philosophie. Quelle est la nôtre ?

mercredi 23 mai 2012, par Robert Paris

A chaque époque sa philosophie. Quelle est la nôtre ?

Les idéologies ont une histoire : c’est celle des classes dominantes.

Certaines époques ont choisi volontairement de s’accrocher à de vieilles idéologies, par conservatisme social et politique. Inversement, certaines périodes correspondent à un besoin de changement et produisent des idéologies nouvelles, révolutionnaires même. Ce n’est pas nécessairement l’idéologie dominante mais c’est un courant social qui porte cet idéal novateur. Dans l’antiquité, on se souvient des philosophies grecques. On se souvient ensuite de l’idéologie de la « paix de dieu » au Moyen-Age, de la Renaissance, de celle de la Réforme, de celle des Lumières, de celle des nations européennes de 1848, de celle de la naissance du développement industriel (le libéralisme), de celle des Grandes Puissances (idéologie de la paix armée). Il faut une conscience (ou une illusion) de marquer l’histoire pour produire de telles idéologies novatrices.

La bourgeoisie occidentale montante a produit l’idéologie du progrès, appelée « évolution », « adaptation », et qui s’est fondée sur l’idée que l’amélioration sociale et politique allait emporter tout le fatras féodal.

On est très loin de ce type d’idéologies optimistes. La société actuelle est plutôt productrice d’idéologies pessimistes du type « décroissance », « réchauffement de la planète », « club de Rome », un peu à la Nostradamus ou prête à redonner actualité aux prédictions sur la fin du monde des Mayas.

Les Indiens avaient connu effectivement lu chute successive de grandes civilisations florissantes et ils savaient que plusieurs de ces mondes ‘étaient succédé avec des ruptures de civilisation produites dans des effondrements impressionnants et difficiles à expliquer.

De nombreux mythes sont nés de cette notion de disparition d’une ancienne civilisation. Le mythe est là pour donner une interprétation à une destruction apparemment inexplicable d’une civilisation. Nous avons cité récemment le mythe « X-Files » sur la disparition des Anasazis du canyon de Chelly.

Les Grecs avaient la théorie des quatre mondes. Le Moyen-Orient avait la théorie de la grande inondation et du monde englouti dans un grand déluge par la volonté de dieu qui avait cependant sauvé quelques exemplaires fondateurs d’un monde nouveau… Les Indiens avaient la théorie des Soleils, chaque soleil représentant une civilisation, une époque.

A certaines époques, ces idéologies nouvelles se sont souvent appelées religions ou idéologies d’Etat comme l’idéologie de l’âme des Pharaons d’Egypte ou du roi de droit divin de l’Occident chrétien. Mais il y avait aussi l’idéologie dominante de la société civile : idéologie de la pensée dans la Grèce antique, idéologie de l’ordre dans l’empire romain, idéologie du serment du Moyen-Age, idéologie de l’homme à la Renaissance, idéologie du droit pour les Lumières, idéologie du progrès pour la bourgeoisie occidentale conquérante, idéologie des sciences ensuite, puis idéologie de la techno-finance sur la fin de la civilisation capitaliste que nous vivons…

Ensuite, elles ont pu s’appeler modes et opinion publique ou sciences ou encore techniques.

Dans l’idéologie dominante actuelle, le monde est fondé non sur des idées mais sur des succès techniques et sur une société fondée sur la réussite personnelle en dehors des cadres collectifs. C’est la philosophie de l’entretien individuel, de la carrière personnelle, des compétences, des investissements, tous ne concernant qu’un seul individu qui ne compte pas sur la collectivité pour développer ses capacités et sa réussite.

Parfois, les itinéraires en question se terminent dans le mur, sur une dalle d’un grand établissement comme le Technocentre Renault de Guyancourt, un individu en plein « parcours personnel innovant et performant » se jetant lui-même dans le vide du fait du stress destructif.

Cette idéologie affirme qu’il n’existe plus de collectivité, plus de perspective sociale de classe, plus d’idée de progrès à part ce culte des efforts personnels pour s’adapter plus vite que les autres au changement technique. Cela suppose de changer de logiciel autant de fois que nécessaire, d’occuper son esprit aux mails, aux programmes, raisonner en termes d’objectifs, d’amélioration des tâches, etc…

Selon cette idéologie, toute philosophie est perte de temps, perte de boussole, perte d’efficacité technique, perte de confiance en soi et de dynamisme pêrsonnel…

L’étude des philosophies n’est pas abandonnée mais elle est relativisée. Il ne faut pas y chercher des valeurs, des vérités, des raisonnements, seulement une série de visions du passé que l’on retarde pour s’en détacher.

L’époque actuelle considère les philosophies comme des opinions et le monde technologico- social comme objectif. Et, pour ce monde, l’opinion dit ce qui est. Si l’opinion affirme que le communisme est mort, dire le contraire serait « collector ».

En réalité, l’opinion publique n’a aucun pouvoir. On lui impose ses prises de position, ses manières de voir.

Comme nous l’avons déjà dit, l’opinion dominante est celle des classes dirigeantes et des classes moyennes.

Les exploités ne produisent pas, en général, des opinions, des idéologies, des philosophies, du moins temps qu’elles ne se sont pas mises massivement en mouvement….

Par contre, dans les époques où les prolétaires frappent à nouveau à la porte du vieux monde, l’idéologie révolutionnaire repart à l’assaut du vieux monde et se moque à nouveau de la prétendue opinion publique.

L’envie, le courage, le goût de comprendre à nouveau le monde redevient une force que l’on ne peut empêcher de se développer, de travailler, de conquérir des cœurs et des esprits.

A chacun de choisir sa place dans ce combat….

Messages

  • Comme nous l’avons déjà dit, l’opinion dominante est celle des classes dirigeantes et des classes moyennes.

    Les exploités ne produisent pas, en général, des opinions, des idéologies, des philosophies, du moins temps qu’elles ne se sont pas mises massivement en mouvement

  • L’envie, le courage, le goût de comprendre à nouveau le monde redevient une force que l’on ne peut empêcher de se développer, de travailler, de conquérir des cœurs et des esprits.

    A chacun de choisir sa place dans ce combat

  • A chaque époque sa philosophie. Quelle est la nôtre ?
    Les idéologies ont une histoire : c’est celle des classes dominantes.

    Certaines époques ont choisi volontairement de s’accrocher à de vieilles idéologies, par conservatisme social et politique. Inversement, certaines périodes correspondent à un besoin de changement et produisent des idéologies nouvelles, révolutionnaires même. Ce n’est pas nécessairement l’idéologie dominante mais c’est un courant social qui porte cet idéal novateur. Dans l’antiquité, on se souvient des philosophies grecques. On se souvient ensuite de l’idéologie de la « paix de dieu » au Moyen-Age, de la Renaissance, de celle de la Réforme, de celle des Lumières, de celle des nations européennes de 1848, de celle de la naissance du développement industriel (le libéralisme), de celle des Grandes Puissances (idéologie de la paix armée). Il faut une conscience (ou une illusion) de marquer l’histoire pour produire de telles idéologies novatrices.

    La bourgeoisie occidentale montante a produit l’idéologie du progrès, appelée « évolution », « adaptation », et qui s’est fondée sur l’idée que l’amélioration sociale et politique allait emporter tout le fatras féodal.

    On est très loin de ce type d’idéologies optimistes. La société actuelle est plutôt productrice d’idéologies pessimistes du type « décroissance », « réchauffement de la planète », « club de Rome », un peu à la Nostradamus ou prête à redonner actualité aux prédictions sur la fin du monde des Mayas.

    Les Indiens avaient connu effectivement lu chute successive de grandes civilisations florissantes et ils savaient que plusieurs de ces mondes ‘étaient succédé avec des ruptures de civilisation produites dans des effondrements impressionnants et difficiles à expliquer.

    De nombreux mythes sont nés de cette notion de disparition d’une ancienne civilisation. Le mythe est là pour donner une interprétation à une destruction apparemment inexplicable d’une civilisation. Nous avons cité récemment le mythe « X-Files » sur la disparition des Anasazis du canyon de Chelly.

    Les Grecs avaient la théorie des quatre mondes. Le Moyen-Orient avait la théorie de la grande inondation et du monde englouti dans un grand déluge par la volonté de dieu qui avait cependant sauvé quelques exemplaires fondateurs d’un monde nouveau… Les Indiens avaient la théorie des Soleils, chaque soleil représentant une civilisation, une époque.

    A certaines époques, ces idéologies nouvelles se sont souvent appelées religions ou idéologies d’Etat comme l’idéologie de l’âme des Pharaons d’Egypte ou du roi de droit divin de l’Occident chrétien. Mais il y avait aussi l’idéologie dominante de la société civile : idéologie de la pensée dans la Grèce antique, idéologie de l’ordre dans l’empire romain, idéologie du serment du Moyen-Age, idéologie de l’homme à la Renaissance, idéologie du droit pour les Lumières, idéologie du progrès pour la bourgeoisie occidentale conquérante, idéologie des sciences ensuite, puis idéologie de la techno-finance sur la fin de la civilisation capitaliste que nous vivons…

    Ensuite, elles ont pu s’appeler modes et opinion publique ou sciences ou encore techniques.

    Dans l’idéologie dominante actuelle, le monde est fondé non sur des idées mais sur des succès techniques et sur une société fondée sur la réussite personnelle en dehors des cadres collectifs. C’est la philosophie de l’entretien individuel, de la carrière personnelle, des compétences, des investissements, tous ne concernant qu’un seul individu qui ne compte pas sur la collectivité pour développer ses capacités et sa réussite.

    Parfois, les itinéraires en question se terminent dans le mur, sur une dalle d’un grand établissement comme le Technocentre Renault de Guyancourt, un individu en plein « parcours personnel innovant et performant » se jetant lui-même dans le vide du fait du stress destructif.

    Cette idéologie affirme qu’il n’existe plus de collectivité, plus de perspective sociale de classe, plus d’idée de progrès à part ce culte des efforts personnels pour s’adapter plus vite que les autres au changement technique. Cela suppose de changer de logiciel autant de fois que nécessaire, d’occuper son esprit aux mails, aux programmes, raisonner en termes d’objectifs, d’amélioration des tâches, etc…

    Selon cette idéologie, toute philosophie est perte de temps, perte de boussole, perte d’efficacité technique, perte de confiance en soi et de dynamisme pêrsonnel…

    L’étude des philosophies n’est pas abandonnée mais elle est relativisée. Il ne faut pas y chercher des valeurs, des vérités, des raisonnements, seulement une série de visions du passé que l’on retarde pour s’en détacher.

    L’époque actuelle considère les philosophies comme des opinions et le monde technologico- social comme objectif. Et, pour ce monde, l’opinion dit ce qui est. Si l’opinion affirme que le communisme est mort, dire le contraire serait « collector ».

    En réalité, l’opinion publique n’a aucun pouvoir. On lui impose ses prises de position, ses manières de voir.

    Comme nous l’avons déjà dit, l’opinion dominante est celle des classes dirigeantes et des classes moyennes.

    Les exploités ne produisent pas, en général, des opinions, des idéologies, des philosophies, du moins temps qu’elles ne se sont pas mises massivement en mouvement….

    Par contre, dans les époques où les prolétaires frappent à nouveau à la porte du vieux monde, l’idéologie révolutionnaire repart à l’assaut du vieux monde et se moque à nouveau de la prétendue opinion publique.

    L’envie, le courage, le goût de comprendre à nouveau le monde redevient une force que l’on ne peut empêcher de se développer, de travailler, de conquérir des cœurs et des esprits.

    A chacun de choisir sa place dans ce combat

  • Et si la « fin des idéologies » était l’une de ces idées fausses dont le sociologue Raymond Boudon a tenté d’expliquer la persistance ? Les idéologies sont bel et bien vivantes car elles constituent des grilles d’interprétation du monde. Des prismes aussi indispensables qu’ils peuvent être déformants.

    La thèse ressurgit régulièrement. Nous vivrions l’ère de la fin des idéologies. Une ère sans doute moins exaltante que la précédente, sans doute plus aride, mais aussi plus apaisée. Douchés de nos passions d’antan, nous pourrions désormais nous retrousser les manches et aborder la tête froide les enjeux de l’époque, mettant à profit ce qui marche, abandonnant sans regret ce qui ne marche pas. La thèse est fréquemment tenue, si ce n’est pour une évidence, en tout cas pour une donnée lourde des sociétés contemporaines. N’est-elle pas corroborée par la convergence des politiques publiques, par-delà les alternances électorales ? La chute du mur de Berlin n’a-t-elle pas jeté la dernière pelletée de terre sur la tombe des idéologies ?

    Née dans l’Amérique consensuelle des années 1950-1960 (où démocrates et républicains poursuivaient indifféremment l’héritage du New Deal), la thèse de la fin des idéologies s’est heurtée depuis lors à des réfutations opiniâtres, venues d’horizons théoriques et philosophiques fort contrastés. Bien peu de choses réunissent en effet un sociologue qui se réclame du libéralisme comme Raymond Boudon, l’anthropologue Clifford Geertz, le philosophe Paul Ricœur ou les auteurs d’inspiration marxienne qui réinvestissent aujourd’hui la réflexion sur l’idéologie. Bien peu de choses si ce n’est la conviction que les sociétés dans lesquelles nous vivons ne peuvent se passer d’idéologie. Qu’ils l’envisagent sous son aspect positif (sans elle on ne peut donner sens à la réalité) ou bien négatif (elle introduit une distorsion dans la perception de la réalité ; elle légitime les pouvoirs en place), l’idéologie est à leurs yeux vivante comme au premier jour.

  • Comme nous l’avons déjà dit, l’opinion dominante est celle des classes dirigeantes et des classes moyennes.

    Les exploités ne produisent pas, en général, des opinions, des idéologies, des philosophies, du moins temps qu’elles ne se sont pas mises massivement en mouvement….

  • Lénine dans « La portée du matérialisme militant » :

    "Nous devons comprendre qu’à défaut d’un solide fondement philosophique, il n’est point de science de la valeur, point de matérialisme qui pussent soutenir la lutte contre les pressions des idées bourgeoises et la restauration de la conception bourgeoise du monde. Pour soutenir cette lutte et la mener à terme avec un entier succès, le spécialiste des sciences de la nature doit être un matérialiste moderne, un partisan conscient du matérialisme tel que l’a présenté Marx, c’est-à-dire que son matérialisme doit être dialectique. (...) Nous pouvons et devons élaborer cette dialectique dans tous ses aspects, publier des extraits des principales œuvres de Hegel, les interpréter dans un esprit matérialiste. (...) Les spécialistes modernes des sciences de la nature trouveront (s’ils cherchent et si nous apprenons à les aider) dans la dialectique de Hegel interprétée de manière matérialiste un bon nombre de réponses aux questions philosophiques que pose la révolution dans la science. Faute de cela, les grands savants seront aussi souvent que par le passé impuissants dans leurs conclusions et généralisations philosophiques. Car les sciences de la nature progressent si vite, traversent une période de bouleversements révolutionnaires dans tous les domaines si profonde, qu’elles ne pourront se passer en aucun cas de conclusions philosophiques."

  • "La science elle-même doit saisir le concept de la science et, ce faisant, le concept premier, - et puisqu’il est premier, il inclut la séparation consistant en ce que le penser est objet pour un sujet."

    "L’erreur fondamentale où tombe tout empirisme philosophique, c’est qu’il emploie les catégories métaphysiques de la matière, de la force, de l’unité, de la pluralité, de l’universel, de l’infini, etc. Il lie entre elles ces catégories, y suppose et y applique les formes du syllogisme, et tout cela sans savoir qu’il admet ainsi lui-même une connaissance métaphysique."

    "Non seulement la philosophie ne peut être qu’en accord avec l’expérience naturelle, mais la naissance et la formation de la science philosophique ont la physique empirique pour présupposition et condition."

    "Philosophie et science sont deux termes inséparables : car le propre de la pensée philosophique est de ne pas considérer les choses par leur côté extérieur et superficiel, mais dans leurs caractères essentiels et nécessaires."

    "Une philosophie qui ne repose pas sur une connaissance systématique ne constitue pas une science, mais bien plutôt une forme, une manière de sentir individuelle et contingente quant au contenu. (...) Ce à quoi je me suis appliqué et m’applique dans mes recherches philosophiques, c’est à arriver à la connaissance scientifique de la vérité. C’est la voie la plus difficile, mais la seule qui possède un intérêt et une valeur pour l’esprit qui, une fois placé sur le terrain de la pensée, ne se laisse pas détourner de son but par de vaines apparences, et qui possède la volonté et le courage que donne l’amour de la vérité. (...) Quant à la science, elle a devant elle ce riche contenu qu’on amené des centaines et des milliers d’années d’activité scientifique (...) La pensée, dans le droit absolu de sa liberté, s’obstine et avec raison à se réconcilier avec le riche contenu qui est devant elle, en apprenant à le revêtir de sa forme essentielle, qui est la forme de la notion, la forme de la nécessité qui lie tout contenu comme toute pensée (...) "

    "La connaissance, c’est l’approche sans fin vers l’objet, par la pensée. Il faut comprendre le "reflet" de la nature dans la pensée humaine non pas d’une façon "morte", "abstraite", non pas sans mouvement, non pas sans contradictions, mais dans un processus sans fin de mouvement, de naissance de contradictions et de leur résolution."

    Hegel

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