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Guerre aux licencieurs !

jeudi 5 juillet 2012, par Robert Paris

Guerre aux licencieurs !

La vague de suppressions de postes est générale : fonctionnaires, ouvriers, techniciens, administratifs, CDI et CDD, privé et public, tous secteurs, toutes régions, toutes professions, toutes catégories confondus. Mais aucune riposte d’ensemble ne se profile, rien que des actions localisées, entreprise par entreprise, site par site...

Les raffineries de Petroplus (550 salariés) et de LyondellBasell (370 salariés) sont en sursis. Côté tourisme, la direction de TUI France (2 700 salariés, dont 1 500 chez Nouvelles Frontières) prévoit de supprimer 484 postes. Dans la distribution, des syndicats de Carrefour (115 000 salariés) évoquent au moins 3 000 suppressions de postes. Le groupe pharmaceutique Sanofi va annoncer jeudi de 1.000 à 2.000 suppressions d’emploi en France lors d’un comité de groupe. SFR et Bouygues ont tous les deux annoncé le 3 juillet un plan de départ volontaire, lors de leurs comités centraux d’entreprise respectifs. Les cheminots protestent contre le plan ’’Vision 2015’’, élaboré par la SNCF, qui vise à supprimer 750 postes dans toute la France d’ici 3 ans, ce qui représente 1/6e des vendeurs. Air France annonce 5.000 suppressions d’emplois sur deux ans d’ici à fin 2013. PSA pourrait supprimer jusqu’à 10.000 emplois en France. Sanofi, Hewlett-Packard, Nokia suppriment des centaines d’emplois, etc, etc... Les facultés vont supprimer des cours. Les administrations vont supprimer des fonctionnaires : moins d’infirmières, de postiers, de cheminots, etc... Des pages entières ne suffiraient pas à les citer tous.

Mais de lutte d’ensemble, on n’en voit nullement se profiler à l’horizon. Chacun est appelé à prendre le tsunami qui arrive comme s’il s’agissait d’une goutte d’eau individuelle et locale !!!! Au contraire, la seule réaction, efficace y compris localement, serait qu’une lutte locale débouche sur une réaction générale... Les salariés de PSA Aulnay, par exemple, pourraient se lier aux sous-traitants automobile, aux salariés de Renault menacés eux aussi et se lier également aux autres secteurs visés par des suppressions d’emplois pour prendre la tête d’une action générale. Mais qui croira que les centrales syndicales vont mener une telle politique. Ce serait criminel de le faire croire !

Par contre, lutter secteur par secteur, site par site, catégorie par catégorie, c’est aller droit dans le mur...

Comment défendre nos emplois se demandent bien des travailleurs au moment où s’allonge la liste des plans dits "sociaux" qui sont des plans de suppressions d’emplois. Certains se disaient : le gouvernement de gauche va défendre nos emplois, les centrales syndicales vont défendre nos emplois, une loi va défendre nos emplois, les élections vont servir à choisir un camp qui va défendre nos emplois, l’Europe va défendre nos emplois, la France va défendre nos emplois, etc, etc… Et nous, là-dedans, nous travailleurs, en tant que force sociale capable de faire face aux classes dirigeantes, sommes-nous juste les seuls qui ne saurions pas les défendre et qui n’aurions que nos yeux pour pleurer et nos mains pour supplier ? Est-ce qu’on a fini par nous convaincre que les travailleurs ne seraient que des bulletins de vote ? Devons-nous nous accrocher à la confiance dans notre entreprise, dans notre patron, dans notre pays, dans le système économique, comme à une bouée de sauvetage alors que ce sont seulement des Titanic ? Sommes-nous complètement désarmés si des patrons des trusts, des banques, de la finance ou du gouvernement nous disent qu’ils n’ont plus besoin de nous ? Devons-nous fatalement nous taire ou nous aligner sur la politique des centrales syndicales, tout attendre du gouvernement ou désespérer de l’avenir ?

Ceux qui avaient des espoirs fondés sur le nouveau pouvoir "socialiste" vont vite déchanter. Même dans l’Education nationale qu’Hollande avait prétendu défendre contre Sarkozy. Hollande prétend qu’il vient d’y créer six mille emplois. Des 14.000 suppressions d’emplois que Sarkozy y planifiait, il en a supprimé 8.000. C’est ce qu’il appelle des créations de postes ! Et il programme la suppression des emplois des fonctionnaires partant en retraite. Quant à empêcher les trusts de licencier, on vient de voir à propos de PSA Aulnay qu’il est tout juste capable de demander au patron de PSA « de préciser ses intentions » !

Hollande prétend résoudre la crise en faisant de nouveaux types d’emprunts, pour injecter cet argent dans l’économie, c’est-à-dire aider à nouveau les banques, les bourses et les trusts. C’est s’endetter encore plus pour donner aux ceux-là même qui ont spéculé, qui ont causé la crise, qui nuisent à l’économie, aux monnaies, au crédit des Etats ! Voilà toutes les prétendues solutions d’un Hollande : relancer l’économie capitaliste par de nouveaux types d’emprunts, de nouvelles dettes d’Etat sans que les capitalistes ne mettent leurs capitaux privés dans l’économie ! L’Etat, qui n’a pas d’argent pour des emplois d’infirmières, d’aides-soignantes, de postiers, de cheminots et d’enseignants, en a suffisamment pour des guerres en Libye, en Côte d’Ivoire ou en Afghanistan, assez pour aider toutes les banques du monde, toutes les bourses, tous les financiers et trusts !

Ceux qui prétendent qu’il faut compter sur les gouvernants, sur les patrons, sur les centrales syndicales, sur quiconque sauf sur nous-mêmes, pour défendre nos emplois mentent ou se trompent. Bien entendu, ils appuient leur pessimisme sur le fait que tous les Continental, tous les New Fabris, ont été battus en luttant séparément pour leurs emplois. Et ceux-là souhaitent que d’autres, comme les ouvriers de PSA Aulnay, se retrouvent seuls aussi pour se défendre !

Aujourd’hui, ce n’est plus telle ou telle entreprise, tel ou tel secteur, tel ou tel pays qui prend l’eau : c’est toute la société, c’est toute l’économie mondiale. Le système capitaliste n’ira pas plus loin, il a atteint son bout de course et toutes les mesures invraisemblables des gouvernements pour le soutenir ne feront qu’aggraver la situation.

Alors les licenciements, la misère, la chute seraient une fatalité ? Non ! Cessons de croire à tous ceux qui nous proposent de négocier, de réformer, de moraliser, de réguler, d’encadrer, de mener des pourparlers entre syndicats, Etat et classes dirigeantes. Nous ne sommes faibles que de notre refus de nous attaquer au système. Dès lors que nous admettons que le système tout entier est devenu notre ennemi mortel, nous redevenons une force considérable : le prolétariat révolutionnaire.

Le Parisien titrait « peut-on empêcher les plans sociaux ? » comme s’il écrivait peut-on empêcher les tremblements de terre ou les inondations. Mais le capitalisme, ce n’est pas la nature, ce n’est pas non plus la société humaine, ce n’est que l’un des systèmes sociaux possibles ! S’il n’est pas capable de donner emplois et salaires, qu’il dégage…

Guerre aux licencieurs, guerre aux affameurs du peuple travailleur, devrait être le cri des opprimés.

Loin des promenades syndicales, des journées d’action sans lendemain, des luttes isolées, entreprise par entreprise, secteur par secteur, unissons public et privé, travailleurs et chômeurs, avec ou sans papiers, CDI et précaires, menons la lutte des classes. Et frappons : œil pour œil, dent pour dent.

Déclarons la guerre à ceux qui nous déclarent la guerre !

Les banques nous menacent ? Retirons notre argent des banques et menaçons de les couler !

Les trusts nous menacent ? Cessons de défendre l’entreprise ! Bloquons les toutes et menaçons leurs rentrées d’argent ! Occupons les entreprises et contestons au patron sa propriété privée

Messages

  • La CGT de l’usine toulousaine Freescale appelle à une manifestation aujourd’hui jeudi, de 13 heures à 15 heures devant le site, à Basso-Cambo. Le syndicat s’oppose à la fermeture de l’usine prévue par la direction le 10 août après plusieurs reports. Il dénonce cette décision alors que l’activité fonctionne à plein. 572 licenciements seraient prévus d’après le syndicat à la date du 10 août.

    La CGT de PSA Aulnay appelle à manifester de son côté contre la fermeture.

    etc, etc...

    Chacun de son côté bien sûr...

    Et Bernard Thibaut n’appelle à rien d’autre qu’à faire confiance en la conférence sociale des 9 et 10 juillet... Bla-bla en perspectives !!!

  • Le gouvernement dément avoir reçu une demande de soutien de la part du constructeur pour entrer à son capital. PSA a également démenti l’information de La Tribune. Le titre est toujours sanctionné en Bourse.

    Et si l’État entrait au capital de Peugeot ? C’est ce qu’il s’apprête à faire, selon La Tribune, pour venir en aide au constructeur, en grande difficulté sur le sol européen. En échange, le gouvernement exigerait de Peugeot des engagements en matière de production dans l’Hexagone. L’information a été rapidement démentie par PSA ce matin. Bercy a attendu le début d’après-midi pour réagir à son tour en affirmant que « Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances et Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, démentent les rumeurs selon lesquelles PSA Peugeot Citroën aurait sollicité le gouvernement en vue d’obtenir de l’Etat un prêt ou une prise de participation ».

    Tout ce que saurait faire l’Etat bourgeois : faire cadeau de milliards aux licencieurs pour retarder mais pas pour supprimer les licenciements !

  • « Ils veulent notre peau ? On va la vendre très cher. On va leur faire passer l’envie de fermer une usine », prévient Jean-Pierre Mercier, le délégué CGT.

    Il est déjà en train de la vendre la peau, ce soi disant militant d’extrême gauche de LO, au lieu de s’adresser à l’ensemble de la classe ouvrière pour qu’on ne nous fasse pas la peau !!!

    "On est en droit de demander au gouvernement d’intervenir", il est "passif", a-t-il jugé. M. Mercier accuse la direction de "sacrifier Aulnay" pour "plus de rentabilité et plus de bénéfices à la famille Peugeot".

    Le gouvernement, il est contre les salariés, il est pas passif. Ilcherche les moyens de juguler la lutte qui menace.

    C’est pas la même chose.

    PSA ne sacrifie pas Aulnay, il licencie aussi à Rennes, à Poissy, et ailleurs... Pourquoi isoler le cas d’Aulnay au lieu d’en faire le point central d’une lutte d’ensemble ?!!

  • PSA ne sacrifie pas Aulnay, il licencie aussi à Rennes, à Poissy, et ailleurs... Pourquoi isoler le cas d’Aulnay au lieu d’en faire le point central d’une lutte d’ensemble ?!!

  • Heureusement, il n’y a pas que Mercier à Lutte ouvrière, il y a aussi ceux qui, non content de proposer une perspective pour plusieurs usines d’un même groupe rappellent avec raison, que la Classe ouvrière est internationale... pour ne pas lui proposer quoi que ce soit comme perspective autre que de faire un bunker à Aulnay !

    « vendredi 13 juillet 2012
    Grève dans l’automobile en Corée du Sud

    Les ouvriers de Hyundai et Kia, deux grands constructeurs coréens d’automobiles, feront une demi-journée de grève nationale ce vendredi après-midi à l’échelle de tout leur pays, ainsi que des dizaines de milliers d’autres travailleurs de la métallurgie. Ils réclament des hausses de salaires équivalant à 107 euros mensuels et une diminution du temps de travail, et ont d’ores et déjà prévu une autre journée de grève le 20 juillet, au cas où le patronat ne reculerait pas.

    Les organisations patronales coréennes agitent le prétexte de la crise européenne pour essayer de faire croire que le moment est bien mal choisi pour une grève. Les patrons ont le même discours partout, et les travailleurs les mêmes armes : la lutte collective, la grève.

    La classe ouvrière est une classe internationale, et ses combats le sont. En dépit des propos de ceux qui essayent de dresser les salariés les uns contre les autres. »

    http://www.lutte-ouvriere.org/notre-actualite/breves-43/article/greve-dans-l-automobile-en-coree

    Ce discours de LO est un peu étonnant, puisqu’ils n’aident pas du tout à proposer une véritable alternative pour contrer ceux qui« essayent de dresser les salariés les uns contre les autres »

    Espérons que les révolutionnaires en Corée comptent eux sur la force d’une classe ouvrière organisée au moins nationalement. Car LO ne nous dit pas si ses militants ont déjà pris contact en Corée pour coordonner des soviets par delà les frontières.

    D’ailleurs, s’ils tentaient de le faire, ça serait pour une prochaine échéance de la bourgeoisie, comme en 2007 le comité de grève à PSA a été dirigé... pour voter pour Royal après Laguiller.

    Oui, la force des travailleurs, c’est la grève, mais avec de véritables comités de grèves, coordonnés au minimum par branche, par secteur, et nationalement lorsqu’une première branche ou secteur arrive à entrainer d’autres branches et secteurs.

    Oui, la classe ouvrière est internationale, donc, en ce sens, elle doit s’organiser en comités de grèves dans chaque entreprise avant même que la grève se déclenche, mais elle ne doit pas se limiter à cela, elle doit se coordonner par delà les secteurs, par delà les branches et par delà les frontières.

    Il ne faut pas compter sur LO pour appeler à ce type d’organisation, puisque leur politique passée, en 2007, a été de prendre la tête des comités de grèves dans un but électoraliste.

    Les révolutionnaires doivent proposer une perspective d’organisation en comités de grève et de coordination de ces comités de grèves nationalement et internationalement.

    Et cela ne serait encore qu’un début, car le contenu politique à y défendre resterait à formuler. Car les syndicats et les idées réformistes fuseraient bien entendu dans les comités et les coordinations.

  • "Il ne faut pas compter sur LO pour appeler à ce type d’organisation, puisque leur politique passée, en 2007, a été de prendre la tête des comités de grèves dans un but électoraliste."

    Non , LO n’a pas pris , il était déjà à la tête depuis le début, mais d’une perspective syndicaliste, de construction de la CGT localement, sur l’usine, la ville, le département.

    Alors il est vrai que ces positions syndicales servent à se faire élire sur des listes aux élections, mais ce "but" ne peut pas être attribué directement à la direction d’une grève.

    D’ailleurs ce n’est pas un but chez les militants de LO, mais une tactique qui consomme énormément d’énergie militante, et amène à plusieurs type de déformations dont l’opportunisme.

    Car il y a plus facile pour se faire élire , conseillé, député, etc..que de militer dans une usine automobile....

  • Des risques révolutionnaires, n’est-ce pas prendre nos désirs pour des réalités ?

    Sur CNBC, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) a appelé les dirigeants européens à investir dans leurs économies et de faire la création d’emplois leur priorité. Son rapport montre que 3,5 millions d’emplois ont été détruit depuis 2008 et que 4,5 millions sont menacés. En résumé, l’OIT presse les chefs d’Etat d’arrêter de chauffer leur chaise durant les sommets européens et de prendre des décisions courageuses.
    Le rapport alerte du niveau élevé de chômage en zone euro (11%), soit 17,4 millions de personnes sans emploi.
    D’autres part, l’OIT prévient que la politique actuelle doit changer rapidement, car ce chiffre pourrait augmenter fortement.
    Ce qui aura pour effet, je cite :

    "d’alimenter l’agitation sociale et l’érosion de la confiance des citoyens envers les gouvernements nationaux, le système financier et les institutions européennes".

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