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Où va le Mali ? Cinquième partie

jeudi 19 juillet 2012, par Robert Paris

Où va le Mali ? Cinquième partie

Pour lire les parties précédentes :

Dialogue sur la situation au mali

Où va le Mali – Première partie

Où va le Mali – Deuxième partie

Où va le Mali – Troisième partie

Où va le Mali – Quatrième partie

Nous exposons ici le point de vue d’un militant malien, Oumar Mariko, qui fait partie de la gauche malienne et est considéré comme d’extrême gauche par certains groupes comme le NPA en France.

Si Mariko dénonce vertement le régime d’ATT, ses relations avec l’impérialisme français et sa responsabilité dans la catastrophe militaire actuelle, il n’a aucune sorte de position de principe vis-à-vis du nationalisme, de l’Etat bourgeois en général, de l’armée en particulier, des classes sociales en liaison avec la question de l’Etat. En cela, il rejoint bien sûr les illusions de nombre de travailleurs et de militants et pas qu’au Mali bien entendu. Cela n’en fait pas d’avantage un militant qui éclaire le chemin de ces travailleurs et de ces militants. Le radicalisme politique, sans claire vision du rôle des classes sociales dans l’Etat et dans les choix politiques, n’est qu’un faux radicalisme.

Comme on pourra le constater, l’un des objectifs que Mariko estime fondamental est le redressement de l’armée malienne se fondant sur le retour de son moral et de sa combattivité en vue d’écraser les forces d’occupation du territoire. Isoler cette question de celle de la classe qui dirige le pays au sud, de celle de l’exploitation des travailleurs, de la question du maintien ou non d’une hiérarchie militaire aux mains des classes dirigeantes, est une erreur politique grave pour le moins. Les soldats révoltés, s’ils ne veulent pas que leur mouvement n’ait servi à rien, doivent absolument se lier avec la classe ouvrière, avec les chômeurs, avec les jeunes pauvres, avec les femmes, avec toutes les forces populaires. Il convient pour cela qu’ils n’acceptent pas la remise en selle d’un Etat-major de profiteurs lié aux grands exploiteurs. Pour cela, il ne suffit pas de dénoncer l’impérialisme notamment français, il faut aussi démasquer les classes dirigeantes et pas seulement individuellement la classe politique, comme le fait Mariko.

Mariko a certainement subi, et peut-être cultivé, la haine de nombreux membres des classes dirigeantes pour ses dénonciations radicales des corrompus et dictateurs et ses prises de position en faveur des exploités, notamment ceux des campagnes. Il est certain qu’un grand nombre d’entre eux ne font pas semblant de souhaiter l’éliminer. Cependant, cela ne suffit pas à en faire une boussole pour les exploités.

En effet, il n’a de position claire ni sur la nature de classe de l’Etat bourgeois, ni sur la nation et le nationalisme, ni sur l’armée, ni sur la participation à l’Etat bourgeois (il a proposé la sienne à la junte qui l’a refusée), ni sur la nécessité de l’Etat ouvrier.

Loin de proposer aux petits soldats de se mutiner pour s’unir au peuple travailleur, il leur propose de retrouver confiance dans leur armée pour aller faire la guerre au nord en défendant le pouvoir du sud qui reste un pouvoir aux mains des classes dirigeantes puisqu’il n’est toujours pas aux mains des exploités des villes et des campagnes. Car telle est la seule alternative et les petits soldats n’ont pas d’autre choix que de prendre parti pour la révolution sociale ou faire revenir d’une manière ou d’une autre un pouvoir comme celui d’ATT ou même pire que celui-là, un pouvoir islamiste intégriste !
Mariko n’a pas la capacité ni d’expliquer d’où vient la montée islamiste ni de montrer quelle force pourrait la contrer.

L’islamisme vient de la démoralisation liée à la crise sociale et sa seule issue positive est la révolution sociale…

Car le danger islamiste ne provient pas seulement de l’attaque militaire au nord, mais aussi de la déstabilisation du pouvoir bourgeois au sud. Et, à Bamako, au lieu de proposer de profiter de cette déstabilisation de l’Etat-nation comme le dit Oumar, ce dernier propose de la reconstituer, ne voyant dans cette déstabilisation que la main de l’impérialisme français…

Certes la recolonisation impérialiste est un des dangers de la situation, mais qui va la combattre ? Seulement l’armée nationale ? Ou le peuple travailleur en armes ? Alors pourquoi ne pas appeler se peuple travailleur à s’organiser en comités et à contester le pouvoir en séparant les soldats qui sont pour le peuple de la hiérarchie militaire qui est contre ?

Certes la petite bourgeoisie radicale croit honnêtement qu’elle est porteuse d’un idéal et elle peut être une alliée du prolétariat révolutionnaire, mais elle se raccroche à des idéologies du passé comme l’Etat-nation de la bourgeoisie nationale et elle ne remplace pas les travailleurs révolutionnaires….

On le constatera une fois de plus en lisant cette interview de Oumar Mariko par « Mali Demain » :

Après une tournée que le Secrétaire General de la SADI, Dr Oumar Mariko a effectué dans les zones militaires de Sévaré et de Kona pour s’enquérir du moral des troupes de l’armée maliennes et des mouvements d’auto défense qui sont à pied d’œuvre pour la récupération des zones tombées dans les mains du MNLA et des autres mouvements islamistes. Pour ce faire, l’homme politique l’un des rares à être à l’écoute du peuple, a accepté de répondre à certaines de nos questions. Membre influent du MP22, Dr Mariko tape du point en fustigeant la gestion du pouvoir pendant ces 20 dernières années. Partant de l’indiscutable question de partition du pays, le SG de SADI lance un message clair au peuple malien, aux dirigeants de la CEDEAO et autres acteurs de la scène politique en ces terme résumé : « un dialogue inclusif avec tous les maliens ».

Mr Oumar Mariko (SADI)

« Il ne faut pas désespérer de l’armée malienne »

Mali Demain : Vous venez d’effectuer une tournée dans la zone de Sévaré ou vous avez pu rencontrer les forces armées, qu’est ce qui a motivé à aller à leur rencontre ?

Dr Oumar Mariko : Je rentre effectivement d’un voyage sur Sévaré et Kona qui sont maintenant les postes, les plus avancés de l’armée malienne. C’était pour m’enquérir de la réalité du terrain du morale des hommes afin de me faire une idée de ce que nous apprenons de loin. De toute façon, ce voyage consiste à aller à la source pour pouvoir prendre position ou les renforcer ou abandonner d’autres. Il s’agit aussi de savoir l’état de préparation de l’armée malienne, l’état du moral des troupes. Après la rencontre avec l’armée, je suis allé rencontrer les milices(le Front de Libération du Nord, Ganda koye et Ganda Izo). Tous ces mouvements m’ont accueilli avec beaucoup de chaleur et de joie.

Avec l’armée malienne, j’ai pu rencontrer le Colonel Major Didier Dackouo, un brillant officier qui m’a impressionné. J’ai vu au passage le Colonel Niaré ainsi que d’autres officiers et hommes de rang.

Il ne faut pas désespérer de l’armée malienne….

Cette rencontre m’a permis d’avantage d’avoir raison ; l’avantage de cette raison, c’est qu’il ne faut pas désespérer de l’armée malienne.

L’armée malienne est une armée forte, mais elle se trouve dans les ferrailles d’un commandement militaire pourri et dans la vision politique étriquée et corrompue. Une vision politique qui a été incarnée par les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, qui ont saboté le commandement militaire au cours de la période démocratique.

En fait, la dégénérescence de l’armée a commencé depuis Moussa Traoré où les maliens se sont rendus compte de ce qui était véritablement leur armée en 1985, et surtout lors de la guerre des pauvres entre notre pays et le Burkina Faso. Depuis ce jour là, il était clair que l’armée n’était pas celle incarnée par Diby silas Diarra, ni de Kissima Dounkara. Heureusement que des officiers de grands renoms sont entrain de relever cette armée là. A partir de ce j’ai vu à Sévaré, je peux dire que l’armée est debout sur ces deux pieds. Ce qui est indispensable pour une armée, c’est le moral. Il est clair aujourd’hui que l’armée a le moral.

La défaite qu’elle a connue, n’est pas sa défaite. Elle en est meurtrie par ce qu’on la rend responsable de cette défaite qui est celle des hommes politiques au pouvoir. Il s’agit de la défaite de l’Adema et de sa bande. Pour être complet, c’est la défaite d’Amadou Toumani Touré et d’Alpha O Konaré. C’est une défaite qu’il faut aider l’armée à l’enterrer pour qu’émerge la vraie armée populaire et démocratique dont les prémices ont été données le 22 Mars.

Mali Demain : Est-ce que vous vous êtes fait une idée de l’assaut final ?

Dr Oumar Mariko : L’assaut final c’est quand on engage le combat. Lorsque le combat est engagé, on peut parler d’assaut final. Ce qui n’est pas le cas. Même si je sais qu’il y a des petites avancées, des avancées qui ne sont pas mis au grand jour. Mais avant de monter sur un terrain de match, il faut se réchauffer et avant de marquer le but avant la fin du match. Je pense qu’il n’y a pas de précipitations, par ce que cette fois ci, il s’agit de gagner une guerre et de la gagner définitivement pour le bonheur de tout le peuple malien.

Mali Demain : Comment est ce que l’armée régulière et le commandement Unifié des mouvements ont vécu la débâcle de Gao ?

Dr Oumar Mariko : Cette approche, je l’ai beaucoup plus eu avec Ganda koye, qui est un mouvement qui m’a le plus édifié là-dessus. Pour ce qui est de l’armée, surtout chez nos soldats, ils se demandaient pour qui, ils se battaient ? Et pourquoi ils se battaient ? Lorsque dans une activité on arrive à ce questionnement là, c’est l’échec. Pourquoi dans l’armée s’est posée cette question ?

Par exemple, prenons le cas de Tessalit, le commandement était à Gao et l’organisation était faite de telle sorte qu’elle devait aller à un échec. Pourquoi ? La méthode de résolution de conflit que le Mali connait et dont le champ de bataille est la zone nord, a été scindée en deux manières par AOK et ATT.

La première manière était la corruption des dirigeants touareg ou les dirigeants de la rébellion ; la deuxième, était de créer un conflit intercommunautaire qui a vu des milices voir le jour. Ce qui a mis l’armée malienne au second plan venant s’offrir en sacrifice à l’ennemi. Dans ces conditions là, si l’armée perd un homme, c’est comme rien de n’était. Pire, quand les hommes sont blessés, ils doivent se prendre en charge eux même. C’est comme cela que les militaires voyaient leurs PGA (Prime Globale Alimentaire Ndr) détournés et leurs salaires au bas. Ils étaient complètement abandonnés pour tout dire. Cela a sapé le moral et a fait que les interrogations ont pris le dessus à l’essentiel qui de défendre l’intégrité du territoire national.
Parallèlement à cela, les deux milices crée au sein de l’armée nationale dont celle de Ould Meyddou et de Gamou et qui sont toujours fonctionnelles, créent un malaise au sein de la troupe puisque les conditions ne sont les mêmes. Pourtant, ces Officiers ont d’autres qui ont de la valeur tels que Colonel-Major Didier ou le Commandant Goïta. Sous ATT, les Officiers qui ont des milices étaient présentés comme plus aguerris. Non ! Ce n’est pas vrai.

Ces deux milices Arabes et Touaregs étaient puissamment armées au moment où l’armée régulière manquait de munitions, d’armes et d’argent. Ces deux milices étaient puissamment soutenues par le haut Commandement incarné par ATT. Alors à Tessalit jusqu’au mois de mars dernier face à la désertion de certains hommes, le commandement en vain, n’a pas envoyé de renforts.

Pire, nos militaires seront coupés de vivres au moment où le régime paradait ici pour faire des quêtes. Donc la faim a fini par pousser les militaires à baisser les bras et à sortir des camps. En fait, ce n’est pas une défaite de l’armée, cela doit être suffisamment dit pour que les maliens le comprennent par ce que nos compatriotes ont été tellement intoxiqué par une presse aux ordres jusqu’à arrivée à désespérer des hommes qui ont risqué leur vie et qui sont malgré cette mésaventure voulue par le Commandement, prêts toujours à le faire pour la nation malienne.

Cette visite de terrain m’a permis de comprendre qu’il y a eu beaucoup de complicités au son sein de la population de Gao. Pour les responsables du « Ganda-Koye », les mouvements rebelles sont venus discrètement logés et entretenus par des populations civiles de Gao. Ils ont réussi à cacher leurs armes. Le jour de l’attaque, le premier coup de fusil est parti du centre ville et le service de renseignement a manqué aux militaires qui étaient au poste victimes de tirs venants des familles qui hébergeaient les bandits armés. C’était une coalition contre l’armée où nos hommes ont vu des populations de Gao les montrer aux rebelles qui les tuaient contre de l’argent. Donc dans ces conditions, quelle est l’armée qui peut résister à une telle situation. A titre de rappel en Libye, l’armée de l’OTAN est rentrée et est sortie rapidement à cause de l’implication de la population auprès de snippers de Kadhafi. Comment une armée comme celle du Mali peut résister à une situation de cette nature ? Et qui en est responsable ? Quand des éléments du Ganda Koye m’ont fait cette révélation avec beaucoup d’amertume, je dis bien que le pont de jonction, nous devons le trouver entre nous maliens. Le pont de jonction c’est quoi, ce sont ceux qui se sont donné à de tels actes croyant combattre le système d’AOK et d’ATT, aussi, les partis politiques qui sont dans le FDR. Ce sont des gens qui comptaient se venger contre la gestion de la cité des Askia.

Tout le monde connait le maire de Gao avant le coup d’état. Certains de ses conseillers étaient venus chez lui pour se plaindre de son comportement. Mais le comportement des gouverneurs successifs de Gao, le comportement du PC opérationnel, version généraux était connu. Donc le peuple voyait de hauts responsables de l’état, responsable de leur misère et l’armée a été mise dans ce lot. C’est ce qui explique le courroux de la population contre elle et non croire à des chimères qui ont été dites par des rebelles. Je crois que chacun est entrain de faire ses leçons et de tirer ses conclusions. C’est pour cette raison que j’ai dit le pont de jonction va se trouver entre les maliens. En réalité, la chute de Gao qui a été facilité grâce à la complicité des populations qui en avaient marre de la gestion des affaires de leur cité, a été extraordinaire et fantastatique pour moi. Ce comportement des populations, a provoqué des blessures trop profondes. Néanmoins, un travail est en cours puisque des familles sont de nos jours éclatées. Sans compter que des pères et des mères de familles, ne savent pas où donner la tête du fait de la disparition de leurs enfants. Donc la question est de faire comment il faut mettre tout cela ensemble ?

C’est fort de tout cela que nous ne devons pas parler d’assaut final. Parlons plutôt de réchauffement, de ressoudage et dire que les troupes sont ressoudées et le moral est bon. Maintenant ce sont les autres étapes qui vont venir certainement.

Mali Demain : Le MNLA vient d’être renvoyé de la ville de Gao par des islamistes. Faut-il en ce moment changer de fusil d’épaule ?

Dr Oumar Mariko : La question est de savoir le fusil était sur quelle épaule pour vouloir le changer ? Le problème fondamentalement ne change pas pour moi, par ce que ce qui fait crier les occidentaux, ce sont les questions d’islamisme, de terrorisme et de narcotrafiquants. Mais tout cela est incarné par le régime lui-même. C’est-à-dire ce que la communauté internationale et la CEDEAO veulent mettre au pouvoir qui sont allés à Ouagadougou. Ce sont les mêmes qui sont l’incarnation de tout cela parce que j’ai compris et appris AQMI n’est qu’une franchise, une franchise de qui, de ceux qui étaient au pouvoir et leurs alliés de l’extérieur.

Ça ne change pas grand-chose, par ce qu’un mouvement comme le MNLA qui se veut un mouvement politique, ne doit pas avoir les mêmes méthodes que les mouvements terroristes. Mais hélas, on a du mal à les distinguer des autres forces politiques, sauf du fait que la France est entrain de lui donner une dimension de le préparer et d’en faire une véritable force politique et crédible. Et c’est là que la France perd toute sa crédibilité . Au fond, les français nous font croire qu’ils sont contre les terrorismes et les prises d’otages, ils doivent se poser la question, parce qu’ils sont complices des régimes d’ATT et d’Alpha. Si on laissait la démocratie se jouer, le Mali serait à l’abri de telle pratique, parce que ce ne sont pas des valeurs qui sont appréciées par le malien, ce sont les valeurs contre lesquelles les maliens se battent : le narcotrafic, les prises d’otages dont les rançons sont partagés par entre les gens du pouvoir, peut être qui sait si c’est pour le blanchiment d’argent pour certains milieux politiques français ? Sur ce point de vue, la question ne change pas fondamentalement, par ce que chaque fois quand ils veulent faire des opérations contre l’armée malienne, AQMI, MNLA, MUJAO tous se sont retrouvés ensemble. Mais ce sont les mêmes qui ont constitué un gouvernement et après chacun a attendu les propos des gens du MNLA. Ils ont dit qu’ils ont accepté le pouvoir religieux, parce qu’ils ont dit qu’ils vont installer l’islam humain dans les zones nord. La chose n’a pas éclaté à cause des positions de principes mais parce que le Mnla croyait se servir d’ançardine et autres mouvements et ces derniers ne sont pas dupes. Ils ont fait savoir qu’ils n’étaient pas pour la partition du Mali, avec l’autonomie. A SADI, nous sommes pour un nouveau type d’état au Mali. Mais pour autant je ne suis pas porté vers les revendications du MNLA. Je suis profondément pour la laïcité mais autant je ne suis pas porté par les revendications des islamistes. Donc pour moi, la question qui reste fondamentalement posées, est la démocratie et de la République : la démocratie , la république dans la paix. Cela est possible par ce que les maliens commencent à prendre conscience et ne veulent plus continuer à supporter l’ordre ancien, malgré les diktats de la CEDEAO. Dire que le MNLA est chassé de Gao, c’est une partie de la situation. Pour nous le fusil reste à la même épaule.

Mali Demain : Qu’est ce qui explique votre absence à Ouagadougou ?

Dr Oumar Mariko : la Communauté Internationale incarnée par les gens de la CEDEAO, il y a quelqu’un qui me disait l’autre jour par euphémisme que n’est pas la cedeao (communauté des états des états de l’Afrique) mais CDAO (Compaoré Dramane Ouattra). Si on observe la cedeao par son comportement, elle suit une très mauvaise piste. Par ce qu’elle veut mettre au pouvoir des hommes politiques qui se réclament d’Alassane Dramane Ouattara et de Blaise Compaoré et du président nigérien. En fait, nous nous connaissons entre nous : Bazoum, Alpha Condé et l’actuel Président du Niger ne sont autres que des amis de Dioncounda Traoré, de Soumeylou Boubèye Maiga. Tous ces amis se tiennent. Ils sont ensemble. Ces gens-là ont perdu le pouvoir et leurs amis veulent les faire revenir, voir les maintenir.

ADO doit beaucoup à Soumaila Cissé à cause du fait que ce dernier l’ait aidé à battre Gbagbo en asphyxiant économiquement la Côte d’Ivoire. C’est ce jeu qui se passe aujourd’hui. Sinon, les actes posés la CEDEAO, n’ont rien à voir avec les intérêts des peuples de la sous région, ni le souci quelconque de la cedeao de se battre contre le terrorisme. Tous ceux-ci s’agitent pour leur intérêt propre, pas pour l’intérêt de leur peuple, encore moins pour l’intérêt du Mali.

Sinon c’est tellement facile de comprendre. Ils disent que le Mali est le départ du terrorisme international, comment est ce qu’un pays complètement enclavé, peut être le point de départ du terrorisme international étant donné que ces terroristes n’ont pris d’avions pour rentrer avec des armes et des bagages en République du Mali. Ils sont rentrés avec la complicité de ces différents états (Niger, Mauritanie, Algérie, Burkina Faso). On sait que le régime d’ATT a péché. Il est responsable de cette situation. Donc les gens du FDR sont principalement les responsables de la guerre au Mali.

Au lieu de s’adjoindre au peuple malien, on veut nous emmener à Ouagadougou pour simplement cautionner leur agenda. J’ai tout l’impression qu’on ne nous écoute pas. Nous venons pour parler et après, on sort des conclusions qui n’ont rien à voir avec ce qu’on a décidé ensemble ; eux ils auraient déjà décidé et ils souhaitent nous faire valoir. Si c’est pour nous faire valoir, ce n’est pas la peine. Ils n’ont qu’à régler leurs affaires et nous envoyer leur résolution et on verra. Est-ce qu’on peut raser la tête de quelqu’un en son absence ? C’est ridicule tout cela. Lorsque nous sommes partis pour la première fois à Ouagadougou avec la pression de la CEDEAO, les militaires ont reculés surtout à cause de l’embargo qu’Alassane Dramane Ouattara a décrété contre le Mali. L’embargo n’existe dans aucune sanction de la Cedeao.

A Ouagadougou, nous étions très contents et fiers, par ce qu’on a compris qu’enfin les émissaires de la CEDEAO, le médiateur a compris la situation. Je sais qu’il en savait beaucoup. Et surtout quand, il nous a écouté, lorsqu’une déclaration a été faite, nous etions très heureux. Nous pensons que nous allons enfin bien travailler avec nos frères du Burkina Faso et de la Cote d’Ivoire pour que le Mali puisse avancer. Mais c’était vraiment sans compter avec un autre esprit que j’ai du mal aujourd’hui à lire. Dès que nous sommes revenus, ils ont pris la déclaration qu’on a faite et l’on mise de côté. On nous a servi d’abord le 30 avril dernier, un coup d’état avec des mercenaires venus de la cote d’ivoire du Burkina Faso, du Nigeria et du Sénégal. Ce coup d’état a avorté après Ouagadougou, parce qu’ils n’avaient pas la bonne information que notre armée n’existait pas. C’est-à-dire ils ont pris leur propre mensonge comme de la vérité. Donc ils ont eu la débâcle honteuse à telle enseigne que la CEDEAO n’a pas pu sortir des résolutions pour condamner cette situation. Ce qui explique en fait son implication dans ce coup. Donc au lieu d’appliquer la déclaration, on nous envoie un coup d’état. Après cette déculottée, ils nous demandent d’attendre que Dioncounda fasse son bilan des 40 jours passés au pouvoir pour dire au peuple malien conformément à la Constitution que les élections n’étaient pas possibles. Alors qu’ils doivent nous faire le point, voilà que les gars nous sorte un président hors normes.

Nous avons fait une convention nationale qu’on manipule qui a été ignorée par la CEDEAO mais a crée les conditions pour qu’il y ait une confrontation avec le Pr Dioncounda Traoré dans le seul but de nous empêcher de travailler.

La CEDEAO aurait du nous inviter à des échanges ou venir ici pour faire le point. Mieux, c’est par la voix de RFI que nous sommes invités. Et avant de recevoir des coups de fil de part et d’autres pour dire venez à Ouagadougou sans termes de références, ni sans ordre de jour élaboré, pour nous dire qu’il s’agit de mettre en place un gouvernement d’union nationale. . Alors qu’on arrête de se moquer de nous. Nous sommes une grande nation, un grand peuple et nous avons une foi. Nous ne sommes pas un pays reconstitué dans les années 40, nous sommes de hautes traditions, qui ont perdu une grande partie de sa superficie pour d’autres pays africains. Si c’est pour nous faire revenir au pouvoir ce qui sont responsables de notre misère, la CEDEAO va faire la même défaite que ces gens qui ont perdu le pouvoir.

Mali Demain : Est-ce que vous partagez les résolutions du sommet de Ouagadougou ?

Dr Oumar Mariko : Ces résolutions n’engagent que ceux qui l’ont signée. Nous, nous sommes conscients d’une chose, il faut mettre des organes de transition et notre convention dans ce sens, il y aura une assise les 14 et 15 juillet prochain dans ce sens. Nous, nous serons esclaves de ces assises là. Ce sont ces assises qui nous engagerons. Nous, nous ne sommes pas contre les discussions avec la CEDEAO, loin de s’en faut. Nous sommes prêts pour une résolution de la situation au Mali. Mais si c’est sur leurs agendas, , nous ne serons pas ensemble.

Mali Demain : Votre dernier mot

Dr Oumar Mariko : Il faut qu’on arrête de parler de la guerre au nord. Il s’agit de la guerre au Mali. Le champ de bataille se trouve au nord du pays. Il y a la guerre au Mali et cette guerre oppose deux forces armées : une réclame une République islamique incarnée par tous ces mouvements ançardines, MUJAO et une force politique qui réclame la partition du pays, l’indépendance d’un secteur donné, à défaut d’une indépendance, ils veulent l’autonomie pour se préparer à l’indépendance. Donc c’est un mouvement sans fin.

Pour la petite histoire, je vous raconte que les autorités françaises m’ont dit depuis le mois de janvier que la revendication du MNLA n’était pas l’indépendance, que cela était la revendication maximale , mais que c’est pour aboutir à l’autonomie et au fédéralisme. Ce qui prouve que les Français en savent beaucoup. Cette guerre, elle est nationale et internationale. Sur le plan international, c’est la volonté de l’Europe, la France en tête de pouvoir liquider tous les états nations et d’avoir à leur tête des représentants directs pour mieux exploiter ces pays africains. Tout le monde sait que la France se trouve dans une situation financière difficile, dont elle veut résoudre à travers ses anciennes colonies et tout le monde sait que le désir de la France est de se battre pour ses otages. Les questions des otages et de terrorisme se sont déroulées sous les yeux de l’Europe. Et si vous partez dans les ambassades, il n’était pas rare d’entendre accuser ATT et beaucoup d’autres responsables politiques. Ce qui me fait dire que la question des otages est leur dernier souci dernier. En réalité, la communauté internationale veut installer les mêmes qui ont tenu les reines du pouvoir sous ATT. Il faut chercher la cause de l’implication de la France et de l’Europe ailleurs que dans l’histoire des otages. Sinon, elle serait pas là entrain pour se battre afin de résurgenter l’ancien ordre, par ce qu’ils savent que nous nous sommes toujours battus contre les narcotrafiquants, contre le terrorisme et la mauvaise gouvernance. Mais pourquoi diable, quand le peuple commence à nous donner sa confiance, ces Occidentaux se mettent à nous combattre ?

Il ya un groupe de députés maliens qui se disent du nord. Pourtant, ils veulent ester le Mali en justice pour sa non-assistance à personne en danger. Je trouve ce comportement ridicule et indécent. Ce sont des députés du parti majoritaire qui a dirigé le Mali vingt ans durant avec à la clé de fortes responsabilités confiées en eux. Permettez moi de citer certains dont Younoussi Touré qui est aujourd’hui premier vice président de l’assemblée nationale, ex Premier Ministre d’AOK peut faire le bilan de son passage à la primature et surtout de ce qu’il a fait de l’équipement de l’armée ; Mohamed ag Ahmani , il est du nord du Mali et fut Premier ministre sous ATT , après avoir occupé de hautes fonctions ; ( je dois faire la nuance Mohamed ag Hamann n’est pas dans la même logique que ceux qui s’agitent aujourd’hui. Cet homme est réaliste. Je le sort du lot.) AG Erlaf qui roule sur des milliards qu’il doit donner aux différentes communes ; Soumaila Cissé, ex Ministre des finances pendant longtemps, Commissaire de l’UEMOA grâce à ATT et qui se d’avoir 6 milliards pour sa campagne. Sait-il que c’est la faim qui a chassé de Tessalit ? Est-ce qu’il sait que l’armée a manqué de munitions ? Et Khaidama, Premier Ministre et ressortissante du nord ; Soumeylou Boubèye Maïga, ancien Ministre de la Défense et des forces armées, Ministre des Affaires Etrangères et fut Directeur de la Sécurité d’Etat pendant les 20 ans d’AOK et d’ATT. Quelle armée ont-ils donnée à la République du Mali ? Je dois dire que tous ceux-ci sont de l’Adema parce que l’Urd est une récente création. Et ensuite tous ces partis se retrouvent dans la même vision pour soutenir le pouvoir depuis 1992 et ils sont au pouvoir en tant que décideurs.

Que dire de la coloration politique de Iyad Ag Aghaly ? Il est de l’ADEMA comme Ag BIBI et Ibrahim Ag Bahanga, ex conseiller municipal de l’Adema pasj. Avez-vous entendu ce parti organiser un congrès extraordinaire pour prendre des sanctions disciplinaires contre ces gens là pour s’être mis dans la rébellion. Et pourtant le même Adema menaçait le professeur Aly Nouhoum Diallo, le professeur Diop (qu’il dorme en paix !) Chérif Haîdara. Le professeur Aly Nouhoum était menacé d’exclusion pour avoir dit de ne pas voter cette constitution parce qu’elle n’est pas bonne. L’Adema les a mis sur les bancs de touche et par contre ceux qui ont pris les armes contre leur peuple, n’ont pas été inquiétés. Nous à SADI, nous avions chassé deux conseillers municipaux pour des comportements contraires aux textes.

Lorsque les ATT et Iyad se partageaient les butins de prises d’otages où était la communauté internationale ? Il y a tellement de contradictions dans leurs jeux. En tout cas ce qu’on peut tirer comme conclusion, c’est que ce n’est pas pour la paix que ces gens là se battent et ni pour le Mali. C’est la chose qu’il faut dire et les maliens ne doivent pas tomber sous les sirènes de ces prétendus cadres du nord qui ont été des cadres destructeurs de toute la république du Mali. Leur gestion est connue. Ils n’ont aucune considération pour les siens et le pays. Je souhaite que les Maliens se débarrassent de cette idée. Il n’y a que la communauté internationale et la CEDEAO qui écoutent ces fossoyeurs. Le peuple malien ne les écoutera plus parce que tout le monde sait ce qu’ils ont volé comme argent dans notre pays. De grâce que la Cedeao arrête d’écouter ces gens, qu’elle suive la dynamique qui est amorcée aujourd’hui au Mali. Les Maliens doivent comprendre que la force de la CEDEAO ne viendra pas au Mali si ce n’est qu’une force d’interposition.

Nous avions des militaires qui sont en bon état d’esprit, soutenons-les ! Aux gens du FDR qu’ils arrêtent de faire la pression qui empêche l’armée malienne d’avoir l’armement nécessaire pour aller monter au front. C’est vrai, nos militaires ont le moral, ils n’attendant que le matériel. Si la CEDEAO veut nous aider, c’est de nous aider à renforcer notre capacité pour que nous fassions cette guerre. La guerre qui s’annonce est évitable ou cette guerre peut se faire à minima. Si nous engageons des concertations avec ceux qui ont pris les armes, certainement certains ont pris les armes par mépris au régime D’ATT : c’est le cas d’Iyad et du MNLA. Quand on écoute leur discours, on sait que c’est par dépit au régime défunt. Si le dialogue peut nous éviter cela, allons-y dans ce sens !
En ce moment, nous avions des forces pour le développement pour transformer, industrialiser le pays et avoir une agriculture performante.

Propos recueillis par Benjamin SANGALA

Messages

  • Ouattara : « Il faut débarrasser le Mali de ces groupes terroristes »

    Lui il sait comment débarrasser le pays de tout, de toute richesse et de tout bonheur en le transformant en véritable bain de sang général puis en désespoir général...

    Il l’a fait en Côte d’Ivoire...

  • Le Mali est en passe de devenir l’Afghanistan de l’Afrique.

    La réalité tragique est que le Mali – un pays très vaste mais peu peuplé, avec environ 15,5 millions d’habitants – était jusqu’à il y a quelques mois présenté comme un modèle de stabilité et de démocratie naissante en Afrique de l’Ouest.

    Qu’est-il arrivé pour qu’il se transforme en un foyer de terrorisme, de nettoyage ethnique et d’une guerre civile qui pourrait déstabiliser toute la région ?

    Le 22 mars dernier, le capitaine de l’armée Amadou Sanogo, formé aux États-Unis, a mené un coup d’État contre le président Amadou Toumani Touré, maintenant en exil, l’accusant de ne pas faire assez pour s’opposer aux menaces séparatistes dans le nord du pays.

    Il y eut une condamnation générale du coup d’État de Sanogo, bien que les États-Unis aient été plus indulgents que les médias africains, dont la plupart ont vu ce coup de force comme une fin violente de deux décennies de démocratisation. Les organes de presse à capitaux américains ont prétendu que le coup d’Etat était « une surprise pour Sanogo lui-même » et l’ont même qualifié « d’accidentel », une évaluation inepte dépourvue de la moindre crédibilité.
    Quels que soient les motifs de Sanogo, le coup d’État n’a rien fait pour stopper les séparatistes – bien au contraire. Le Mouvement touareg de libération de l’Azawad (MNLA) a profité du vide politique pour déclarer son indépendance dans le nord à peine deux semaines plus tard.

    La déclaration faisait suite à une rapide succession de victoires militaires qui comprenaient la capture de Gao et d’autres grandes villes.

    Ces développements ont enhardi les islamistes et d’autres groupes militants pour se saisir des villes à travers le pays. Une lutte de pouvoir a bientôt éclaté, dans lequel le mouvement islamiste Ansar Dine (« protecteurs de la foi ») a pris le dessus, évinçant le MNLA d’un certain nombre de zones, dont la ville historique de Tombouctou.

    Ces militants ont ensuite prétendu que l’histoire islamique de la ville n’était pas compatible avec leur interprétation de la religion, et ils se sont aussitôt mis à détruire des bâtiments et à brûler des manuscrits islamiques, toutes choses considérées comme patrimoine de l’Unesco.

    Un autre groupe s’est vite engouffré dans la brèche : Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui avait été utilisé par Washington pour justifier la création de l’United States Africa Command (Africom) en 2008 avec une mission couvrant l’ensemble du continent, à l’exception de l’Égypte.
    Le Département d’Etat américain affirme que les troupes de l’Africom « joueront un rôle de soutien aux Africains pour la mise en place d’institutions démocratiques et l’établissement d’une bonne gouvernance à travers le continent. » Il n’explique pas comment ce processus pourrait être épaulé par le Centre de Commandement des opérations spéciales de l’Africom…

    Des fuites dans les médias et des commentaires d’analystes faisant autorité ont relié l’Africom au chaos régnant au Mali. Le vide sécuritaire dans ce pays situé stratégiquement pourrait être l’exacte opportunité pour les États-Unis qui cherchent à établir une présence militaire durable en Afrique. Ceci, bien sûr, fait partie intégrante de la réévaluation récente des États-Unis de leurs priorités militaires à travers le monde.

    Non seulement l’Africom dispose d’une présence notable au Mali – organisant des formations dont Sanogo lui-même a bénéficié – mais le chef d’état-major, le général Carter Ham, est en train de tenir le genre de propos que nous avons entendu si souvent dans les zones de conflit.

    « Nous – la communauté internationale, le gouvernement malien – avons raté une occasion de traiter l’Aqmi quand celle-ci était faible. Maintenant la situation est beaucoup plus difficile et il faudra plus d’efforts de la communauté internationale et certainement, avec un nouveau gouvernement malien, » a-t-il a déclaré aux journalistes au Sénégal la semaine dernière.

    La nature de ce « grand effort » est inconnue, mais les États-Unis et la France – l’ancienne puissance coloniale qui a encore une grande influence et des intérêts économiques considérables au Mali – étudient plusieurs options militaires.

    Sachant que les interventions occidentales produisent très souvent l’opposé de ce qui est leur but déclaré, certains pays ouest-africains se sont empressées de prévenir ces scénarios potentiellement sinistres.

    Le 5 juillet, le Conseil de sécurité a approuvé les efforts des pays de l’Afrique de l’Ouest pour mettre fin au chaos et ceux-ci – malgré les pression – n’ont pas approuvé le principe d’une intervention militaire.

    L’Union Africaine, qui a eu peu de succès dans les conflits du passé, semble susceptible de céder la direction des opérations sur la question à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Mais ses membres sont fortement dépendants de l’aide étrangère et donc très sensible à la pression extérieure.

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