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La vision de l’Etat que la CGT/LO de PSA Aulnay propose aux travailleurs : l’ Etat "redressé", sauveur suprême

samedi 21 juillet 2012, par Alex

La fermeture annoncée du site de PSA-Aulnay : un épisode important pour la classe ouvrière et les révolutionnaires

L’importance de cet épisode est d’abord bien sûr lié à l’importance du groupe PSA, un des grands groupes du capitalisme français. Et le site de production d’Aulnay regroupe des milliers d’ouvriers, donc mécaniquement l’issue de cet épisode pèsera sur la situation dans les mois à venir, constituera une référence, un symbole fort relativement à ce que peuvent faire, obtenir les travailleurs, ou ce qu’ils ne parviennent pas à faire à l’heure actuelle. C’est aussi a politique de l’extrême gauche qui est à l’épreuve, car le site d’Aulnay est un des navire-amiral de LO.

Le gros syndicat CGT de cette usine est animée par des militants du courant Lutte Ouvrière qui se réclame du communisme, du trotskysme.
Or la politique de ce courant, le peu qu’on peut en savoir au travers des medias (dont les leurs) cherche à véhiculer des illusions au sujet de l’Etat et du gouvernement de gauche, les courants qui se réclament du trotskisme, du marxisme, ne peuvent que critiquer cette politique .

Quelle crise, quel rôle de l’Etat ?

Au moment où en Espagne des manifestations de masse prennent de l’ampleur, au moment où le monde arabe est entré en ébullition depuis des mois il est nécessaire de caractériser la situation internationale, et en quoi ce qui se passe à Aulnay y est lié.

Le contexte général est celui de la crise. Le fond de l’analyse de la crise par LO, dans le dernier numéro de la revue Lutte de Classes (numero 145, article « Crise de la dette  : les problèmes de la bourgeoisie... et ceux des travailleurs » ) tient cette phrase et la référence à Marx
que nous surlignons :

Depuis près de quarante ans, la bourgeoisie accroît ses profits, non en développant radicalement la production, mais en pressurant davantage la société et la classe ouvrière, et ce faisant, elle maintient la société dans cette situation de crise économique permanente. La caractérisation générale des crises du capitalisme par Marx s’applique plus que jamais  : «  La raison dernière de toutes les véritables crises reste toujours la pauvreté et la limite imposée à la consommation des masses, contrairement à la tendance qui pousse, d’autre part, la production capitaliste à développer les forces productives comme si la limite de ces dernières résidait dans le pouvoir absolu de consommation de la société.  »

Cette citation réduit l’explication des crises par Marx à la théorie de la sous-consommation. Une augmentation des salaires serait donc une solution. Il n’est donc plus nécessaire de renverser le capitalisme, l’Etat doit intervenir pour en limiter les contradictions qui causent la crise. C’est ce qu’on lit dans la suite de l’article, où l’Etat est présenté comme le sauveur :

Face aux plans d’austérité qui augmentent le nombre des chômeurs, il faut imposer l’interdiction de tous les licenciements et la répartition du travail entre tous, sans diminution des salaires. Il faut imposer que l’État crée tous les postes nécessaires dans les services publics comme la santé, l’éducation et les transports, et qu’il crée même des services publics nouveaux comme un service public de la construction de logements sociaux ou encore de la petite enfance.

Voici un communiqué de la CGT/LO de PSA-Aulnay qui va dans le même sens :

« L’État a les moyens d’intervenir pour empêcher tous les licenciements dans le groupe PSA et la fermeture de l’usine d’Aulnay »
Communiqué de presse de la CGT PSA Aulnay
15/07/2012

Lors de son intervention télévisée de ce 14 juillet, le Président de la République, François Hollande, a reconnu que les dirigeants de PSA avaient menti. Il reconnaît donc que Peugeot avait décidé de fermer l’usine d’Aulnay depuis des années (février 2010) et que cette décision n’a rien à voir avec la prétendue baisse des ventes de PSA pour le premier semestre 2012.

Il n’y a donc aucune raison de donner encore des nouvelles aides publiques aux patrons de l’automobile. Il est même choquant que des entreprises comme PSA et Renault qui s’apprêtent à licencier puissent être encore aidés.

Les seuls qui ont besoin d’être aidés sont les salariés.

L’Etat a les moyens d’intervenir :

· En interdisant les licenciements. L’Etat en est capable comme il l’a montré depuis le début de l’année en interdisant purement et simplement à PSA de vendre plus de 200 000 véhicules en Iran.

Pour des raisons politiques, l’Etat a su imposer à PSA de se retirer de son premier marché à l’international qu’est l’Iran. Il doit avoir la volonté politique de lui imposer l’interdiction de licencier et de fermer les usines. Ce serait une véritable mesure de salut public.

· En imposant à PSA de respecter les accords signés comme celui sur le chomage partiel (APLD) où l’employeur s’est engagé à maintenir les emplois en contrepartie du bénéfice de subventions publiques.

Aulnay, le 14 juillet 2012
Jean-Pierre Mercier
DS CGT PSA Aulnay
DS Central adjoint CGT du groupe PSA

Bien sûr LO critique l’Etat :
L’État a de plus en plus pour fonction de racketter toute la société au profit du capital financier lit-on dans cette même revue Lutte de Classe 145. Tout l’article « État PS » ? Surtout huissier du grand capital financier est plein de telles citations.

Mais cet espoir en l’Etat, et la critique de l’Etat ne sont pas contradictoires : il y a une conception politique claire : on peut « redresser » l’Etat pour le mettre au service de la "population". C’est en phase avec le « redressement productif » prôné par le nouveau gouvernement de gauche. C’est la "pression" des travailleurs qui va redresser la politique de l’Etat. c’est le vieil objectif de la conquête des pouvoirs publics pronée par Jaurés, mise au gout du jour en "redressement des pouvoirs publics par la pression des travailleurs"

Mais ce type de mensonge a été combattu en long en large et en travers par Lénine dans l’Etat et la Révolution : toute discussion sur l’Etat sans mentionner sa nature de classe est le cheval de Troie du réformisme. Lénine combattait en particulier Bernstein, qui incarnait
ce passage d’une partie de la social-démocratie du marxisme au réformisme.

La citation de Marx mise en avant par LO qui attribue à Marx l’explication des crises par la sous-consommation revient souvent chez les courants qui comme Bernstein incarnent un passage au réformisme.

Précisons qu’on lit cette phrase dans le livre 3, chapitre XXX du Capital, p.509 aux Editions Sociales. Or c’est Engels qui a retranscrit des manuscrits de Marx pour en faire ce livre 3. Extraire une seule phrase de Marx qui résumerait toute sa théorie des crises est une erreur, car dans ce chapitre Marx étudie un certain type de crise, et ses écrits étaient à l’Etat de brouillon. Et Engels écrit lui-même à propos de ces manuscrits, dans sa préface : C’est à partir du chapitre XXX que commencent les difficultés proprement dites La phrase sortie de son contexte est loin d’exprimer ce que LO cherche à faire dire à Marx. Sans entrer dans le détail, mais pour inviter le lecteur à se plonger dans ce chapitre XXX :

1) Bernstein lui-même s’appuya sur cette citation pour faire dire à Marx la même chose que LO, et Lénine dans « Le développement du capitaiisme en Russie » (Chapitre 1 section 6) dénonce ce procédé de Bernstein, le caractère erroné de la théorie de la sous-consommation attribuée à Marx, voir les deux derniers paragraphes à la page http://www.marxists.org/francais/le...

2) Le NPA dans le livre « La grande crise du XXIème siècle : une Analyse marxiste » par Isaac Joshua, utilise ... cette même citation p. 57 pour illustrer sa conclusion de l’incompétence de Marx en économie : La grande crise est de façon évidente non de sous-consommation mais de suraccumulation. Pourtant si nous relisons Marx, c’est indéniablement sur la crise de sous-consommation que l’auteur du Capital insite le plus.

Le fait que l’analyse de la crise faite par LO l’amène à conclure que le capitalisme peut être sauvé est très explicite dans cette LDC 145 :

Face aux menaces d’inflation, et alors que le chômage pèse sur le niveau des salaires, il faut imposer l’augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur les prix.
Ces mesures sont les seules qui peuvent protéger les travailleurs des conséquences de la crise quelle que soit son évolution. Et elles sont également les seules qui peuvent empêcher l’économie de s’effondrer. Car elles reviennent à imposer que les profits des entreprises servent à faire vivre la population décemment, plutôt que d’être utilisés à la spéculation.

La question "quelle classe détient le pouvoir politique, dirige l’Etat : la bourgeoisie ou le prolétariat ?", ne se poserait donc plus ! C’est contre ces idées que Lénine polémiquait dans l’Etat et la Révolution.

L’Etat bourgeois résolvant les contradictions du capitalisme, on est en plein réformisme. Mais LO n’est pas un parti de gouvernement : ces textes ont pour seule fonction d’entériner l’allégeance de LO au réformisme, au PC, à la CGT, pour des alliances locales (conseils municipaux, Union locale CGT etc). LO ne fera pas naitre des noyaux révolutionnaires dans les syndicats, contrairement à ce que prônaient les congrès de l’IC de 1919 à 1924 (condition 9 des 21 conditions)

LO n’est pas porteur d’une politique communiste à la tête de la CGT PSA-Aulnay, c’est un des éléments que les ouvriers conscients d’Aulnay et d’ailleurs devraient méditer !

Messages

  • Arthaud a affirmé sur la chaîne de télévision publique France 2 : « le gouvernement s’est montré ‘complice’ dans l’affaire PSA car il a été ‘passif’. » Elle avait espéré que Hollande déclarerait les suppressions « nulles et non avenues. »

    C’est un rêve chimérique. En fait, le PS collabore étroitement avec les grosses entreprises et les syndicats pour réduire drastiquement les emplois et les dépenses sociales en France et pour renforcer la compétitivité des entreprises françaises.

    Alors même que PSA annonçait des licenciements de masse, Hollande était en train de préparer l’octroi de davantage de fonds publics aux géants de l’automobile. En parlant des licenciements, Hollande a dit : « Le gouvernement a réagi comme il convenait avec la nomination d’un expert, la volonté de revoir ce qui a été présenté et d’avoir un plan pour l’industrie automobile qui sera présenté au mois de juillet. »

  • LO :"Face aux menaces d’inflation, et alors que le chômage pèse sur le niveau des salaires, il faut imposer l’augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur les prix. Ces mesures sont les seules qui peuvent protéger les travailleurs des conséquences de la crise quelle que soit son évolution. Et elles sont également les seules qui peuvent empêcher l’économie de s’effondrer. Car elles reviennent à imposer que les profits des entreprises servent à faire vivre la population décemment, plutôt que d’être utilisés à la spéculation".

    oui, bien d’accord avec ton article Alex, tout cela participe à une entourloupe qui vise à redresser le monde capitaliste, même si des militants ou sympathisants sont convaincus par ailleurs de défendre la prise du pouvoir par le prolétariat à d’autres moments qui commencent à se faire très rares.
    Quand on réserve la propagande du communisme (et tout dépend ce qu’on y met évidemment) pour les jours d’élections , alors les luttes sont elles destinées à un mur réformiste.

  • Le mensuel d’aout du Monde en fait la une : la fermeture de PSA et son stratège CGT avec J.P. Mercier.

    Le magazine Usine nouvelle ne compte plus les interviews de ce dirigeant CGT et Lutte ouvrière :" Philippe Varin et Jean-Pierre Mercier : les deux incontournables du dossier PSA"

    La grande CGT, elle même, multiplie les encarts sur son site et les interviews de militants d’extrème gauche..

    Le front de Gauche, le PC, le POI, NPA sont les grands amis de ce syndicaliste "lutte de classe" formé à bonne école..

    Les seuls ennemis seraient ils Varins et les patrons ?

    non l’ennemi n°1 pour lui, c’est la délocalisation, le capitalisme étranger, les bas salaires en dehors de l’usine Aulnay. Seul soit disant l’usine d’Aulnay aurait une guerre à mener alors que Renault et PSA ferment des usines dans le monde depuis 20ans. Les patrons de l’automobile n’arrêtent pas de virer les intérimaires et prestataires, mais le problème se localiserait soi disant à PSA aulnay ?
    Mensonges, Mercier veut enterrer la lutte et il appelle le cerceuil , une "forteresse".

    Pourquoi ? car ne pas l’enterrer voudrait dire expliquer que la CGT ne veut pas de grève générale contre les licenciements et les fermetures d’usines, de bureaux, de PME etc...surtout pas de mouvement d’ensemble comme aux Antilles par exemple en 2009. Et pour cela pas besoin de lire entre les lignes, il suffit d’avoir 2 oreilles et d’écouter Thibault.

    Mercier veut représenter un courant des travailleurs en France qui est corporatiste, nationaliste et réformiste.

    Mercier prétend déclarer "la guerre" mais qu’en pense les travailleurs ? ou sont leur représentant élu dans un comité ouvrier ?
    Pourquoi LO en parle à mi mot dans son canard mais dans les manifs, les banderolles continuent d’afficher la voix des syndicats ? Ou sont les tracts de ces comités de travailleurs ? Pourquoi ne pas appeler tous les travailleurs à les imiter s’ils ont une recette contre les défaites du type "retraite" en 2010 ?

    Est ce que les ouvriers ne sauraient rien faire, "à part produire des voiture" ?

    Est qu’en "France les ouvriers sont compétitifs "et donc condamner à mourir derrière une chaine ?

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