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Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel
dimanche 19 août 2012, par
Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel
La pensée de Hegel s’oppose à celle de la connaissance dite immédiate et sensible ou sens commun qui se caractérise par des maximes du type
– je ne crois que ce que je vois
– la connaissance est fondée sur la certitude
– le rationnel s’oppose à l’irrationnel
– chaque chose est toujours égale à elle-même
– le tout est la somme des parties
– le vrai et le faux sont incompatibles
– il n’y a pas d’effet sans cause et la cause est séparée de l’effet comme deux objets différents, par exemple pas de mouvement et de changement d’un corps au repos sans force externe
– la somme des causes entraîne la somme des effets
– une propriété est vraie si son contraire est fausse
– le complexe est le composé d’éléments simples
– le réel n’est que ce qui a une existence concrète immédiate
– les opposés sont incompatibles ; ou l’un ou l’autre ou les deux s’éliminent
– la science, c’est le prédictible
– hasard et nécessité sont diamétralement opposés
– pensée et choses sont deux domaines complètement séparés
– pensée abstraite et vision concrète sont séparées et opposées
Etc, etc…
A la suite de Kant et Spinoza, le philosophe Hegel étudie les oppositions ou contraires dialectiques : singularité/universalité, substance/forme, ombre/lumière, corpuscule/onde, subjectif/objectif, différentiation/unité, positif/négatif, être/pensée, sensible/raisonné, le général/ le particulier, nature/culture, animal /humain, vivant/inerte, matière/vide, existence/propriété, réel/virtuel, mouvement/changement, ordre/désordre, union/combat, action/activité, soi/ non soi, vrai/faux, être/non être, identité/différence, actuel/potentiel, vice/vertu, activation/inhibition, négation/négation de la négation, simplicité/complexité, prédictible/imprédictible, perception/pensée, attraction/répulsion, quantitatif/qualitatif, amour/haine, espace/temps, nécessaire/contingent, magnétisme/électricité, destruction/construction, distance/vitesse, charge positive/charge négative, insatisfaction/satisfaction, immédiat/médiatisé, fixité/diversité, conservation/transformation, identité/diversité, corps/esprit, intérieur/extérieur, sujet/objet, vie/mort, homme/femme, ensemble/parties, hasard/nécessité, cause/effet, début/fin, sympathie/antipathie, structure/déstructuration, apparition/disparition, déterminisme/chaos, conscience/inconscience, stable/instable, maître/esclave, loi/liberté, entropie/néguentropie, processus/résultat, abstrait/concret, être pour soi/interaction, etc…
Hegel explique que « La réalité, développée, où cette alternance de l’interne et de l’externe vient se réunir en un seul et même terme, où le passage de ces mouvements opposés de l’un et l’autre terme ne fait plus qu’un seul et même moment, cette réalité est la nécessité. La nécessité a été définie, et avec raison, comme l’unité de la possibilité et de la réalité. » (dans Petite Logique). Il remarque ainsi dans le même texte que « la cause et l’effet constituent un seul et même contenu. (…) Tous les deux se présupposent et agissent l’un sur l’autre, tous les deux se précèdent et se posent l’un l’autre. Tous les deux sont le résultat de leur action réciproque. »
Et il constate que ces opposés ne sont pas les contraires diamétraux de la logique formelle, de la métaphysique ou du sens commun, car ils coexistent, se combattent sans se détruire mais transforment la forme de leur combat et s’unissent ou se transforment l’un dans l’autre. Ils apparaissent indispensables l’un à l’autre malgré leur lutte permanente.
Comprendre un élément, c’est concevoir comment s’imbriquent concrètement ces contraires dialectiques qui le composent et comment ils peuvent changer de forme et de structures de leurs interactions.
Ces remarques ont un grand caractère de généralité qui en font non seulement une philosophie mais la philosophie qui découle de l’ensemble des sciences. Par exemple, comprendre la notion de frontière, c’est à la fois concevoir le franchissable et l’infranchissable.
Comprendre le vivant, c’est à la fois concevoir le mécanisme interne qui entraîne spontanément la mort et, en même temps, ce qui inhibe le facteur mortifère. Comprendre l’étoile, c’est trouver à la fois le mécanisme qui entraîne irrémédiablement son expansion et celui qui entraîne irrémédiablement sa contraction.
Le sens commun prétend qu’une propriété est vraie ou bien son inverse est vraie. Il admet que les deux peuvent être fausses, mais pas que les deux peuvent être vraies en même temps pour la même chose. Il admet encore moins que les deux propriétés puissent être indispensables l’une à l’autre.
C’est pour cela que des disciplines comme l’immunologie, la physique quantique, la science du développement, la biologie et autres sortent le plus souvent du sens commun et de toute philosophie de l’identité, du réductionnisme, du tout égal à la somme des parties, de l’impossibilité de coexistence des contraires.
Or la vie est à la fois conservation (réplication à l’identique et dédoublement à l’identique) et diversification. Or la matière est à la fois onde et particule.
Or la géologie et l’évolution sont à la fois fixité et changement brutal (changement ponctuel rare au sein d’une fixité provoquée par la contrainte et le frottement).
Les aspirations humaines sont toutes des composés de contraires et l’aspiration est inséparable de la répression ou de l’inhibition. L’envie est inséparable de l’effort de ne pas y céder. L’attirance est d’autant plus grande que la répression est plus forte. Le rationnel se nourrit directement de l’irrationnel. La pensée réfléchie est la négation de la pensée spontanée. Le cerveau fournit immédiatement des réponses qui sont le plus souvent tout à fait inacceptables si on les compare au pré-accumulé et aux connaissances reconnues. C’est la pensée qui agit négativement en rejetant ces pensées non contrôlées quand on est éveillé et qui les laisse passer quand on dort… La pensée est un composé inséparable de rationnel et d’irrationnel.
On ne peut pas limiter les exemples des sciences qui révèlent le caractère dialectique de tous les domaines. La question économique, politique et sociale n’est pas moins dialectique. C’est l’absence de propriété pour la majorité qui fonde le régime de propriété. Et c’est sous le règne de la propriété privée des moyens de production que l’essentiel des êtres humains ont été le plus empêchés de détenir leurs moyens de production. C’est le désordre social qui fonde et justifie l’ordre d’Etat. C’est l’absence de possession de capital par l’essentiel de la population qui permet à une minorité de vivre en possédant un capital. L’ensemble des organisations et institutions de la société ont un caractère double et contradictoire. Par exemple, les syndicats sont issus de la classe ouvrière et servent la classe bourgeoise. L’Etat bourgeois le plus efficace au service des classes exploiteuses est celui qui parvient le plus à faire croire qu’il n’est pas un Etat au service exclusif de la classe bourgeoise. Le capital privé est porté à aller à l’encontre des intérêts généraux du capital. Le travailleur isolé est porté à aller à l’encontre des intérêts collectifs de sa classe. Le capitalisme parvenu à son plus haut sommet est celui qui est parvenu à ne plus être capable de fonctionner.
Ces remarques ne sont pas des jeux de la pensée, des contradictions pour rire, mais des éléments déterminants pour la compréhension des phénomènes et pour la construction des concepts de la science.
Citations de Hegel
« Dans l’universalité abstraite, on néglige le mouvement spontané de la forme. Il est inexact de croire que la connaissance peut se satisfaire de l’essence, ou substance immédiate, et faire l’économie de la forme. »
Dans Phénoménologie de l’Esprit
« L’Esprit est le négatif. »
Dans Science de la Logique
« Pour le sens commun, l’opposition du vrai et du faux est quelque chose de fixe ; d’habitude il attend que l’on approuve ou bien que l’on rejette en bloc un système philosophique existant ; et dans une explication sur un tel système il n’admet que l’une ou l’autre de ces attitudes. Il ne conçoit pas la différence des systèmes philosophiques comme le développement progressif de la vérité ; pour lui diversité veut dire simplement contradiction. Le bourgeon disparaît dans l’éclosion de la fleur et l’on pourrait dire que celui-là est réfuté par celle-ci ; de même le fruit déclare que la fleur est une fausse existence de la plante, il se substitue à la fleur en tant que vérité de la plante. Non seulement ces formes se distinguent, mais encore elles se supplantent comme incompatibles. Cependant leur nature mouvante fait d’elles des moments de l’unité organique, en qui non seulement elles ne sont pas en conflit, mais où l’un est aussi nécessaire que l’autre ; et cette égale nécessité fait la vie dans l’ensemble. Mais ordinairement, ce n’est pas ainsi qu’on comprend la contradiction entre système philosophiques ; et de plus l’esprit qui saisit la contradiction ne sait pas d’habitude la libérer ou la conserver libre de son unilatéralité, et reconnaître dans la forme de ce qui semble se combattre et se contredire des moments mutuellement nécessaires. »
Dans Phénoménologie de l’Esprit
« Le fond de la chose n’est pas épuisé dans sa fin, mais dans tout son accomplissement. Le « résultat » atteint n’est pas le tout concret ; il ne l’est qu’avec le processus dont il est le terme. La fin prise indépendamment du reste est l’universel mort, tout comme la tendance n’est qu’un simple effort, encore privé de réalisation ; et le résultat nu est le cadavre que la tendance a laissé derrière elle. (…) Le phénomène est un processus d’évènement et de disparition, qui lui-même n’advient ni ne disparaît, mais est en soi et constitue l’actualité et le mouvement de la vérité vivante. »
Dans Phénoménologie de l’Esprit
« La dialectique plus haute du concept consiste à concevoir la détermination non seulement comme limite et contraire, mais aussi à faire sortir d’elle le contenu et le résultat positifs, ce par quoi elle est développement et progression immanente. Dans ce cas, la dialectique n’est pas activité extérieure d’une pensée subjective, mais l’âme propre du contenu qui produit organiquement ses branches et ses fruits. (…) Considérer quelque chose rationnellement veut dire non pas apporter du dehors une raison à l’objet et l’élaborer. L’objet par lui-même est rationnel. »
Dans Philosophie du Droit
« La proposition de Spinoza : « Toute détermination est négation. » est d’une importance infinie. »
Dans Science de la Logique
« La seule chose nécessaire pour obtenir la progression scientifique, et vers la compréhension de laquelle il faut essentiellement s’efforcer, - c’est la connaissance de cette proposition logique : le négatif est également positif, ce qui est contredit ne se résout pas en zéro, en néant abstrait, mais essentiellement en la négation de son contenu particulier (…) Elle est un concept nouveau, mais plus élevé, plus riche que le précédent, car elle s’est enrichie de sa négation, autrement dit de son opposé ; elle le contient donc, mais aussi plus que lui, elle est l’unité d’elle-même et de son opposé. »
Dans Science de la Logique
« Aucune chose composée ne consiste en parties simples ; il n’existe nulle part rien de simple. »
Dans Propédeutique Philosophique
« Chaque production d’un acte présuppose un état qui n’est pas encore actif. »
Dans Propédeutique Philosophique
« L’unité dont les moments, l’être et le néant, sont en tant qu’inséparables, est en même temps différente d’eux ; elle est ainsi vis-à-vis d’eux en troisième terme qui dans sa forme la plus particulière est « le Devenir ». La Transition est la même chose que le Devenir, seulement dans la transition les deux termes qui passent l’un en l’autre sont plutôt représentés comme en repos l’un en dehors de l’autre, et la transition comme passant entre eux. »
Dans Science de la Logique
« Toutes les choses sont en elles-mêmes contradictoires. (…) C’est pourtant un préjugé fondamental de la logique traditionnelle et de la pensée ordinaire que la contradiction ne serait pas une détermination aussi essentielle et aussi immanente que l’identité. (…) C’est seulement en tant qu’une chose a une contradiction en elle-même qu’elle se meut, qu’elle a une impulsion et une activité. Ordinairement, on éloigne la contradiction des choses ; on affirme qu’il n’y a « rien de contradictoire ». (…) En général, la contradiction passe pour quelque chose d’accidentel dans le réel aussi bien que dans la réflexion, comme si elle était une anormalité, un paroxysme morbide et passager. (…) Il faut considérer la contradiction non comme une anomalie qui n’apparaît que ça et là ; la contradiction est le négatif dans sa détermination essentielle, le principe de tout mouvement spontané qui ne fait pas autre chose qu’expliciter la contradiction. Il faut reconnaître avec les dialecticiens de l’antiquité (Parménide, Zénon, Socrate...) les contradictions qu’ils ont montrées dans le mouvement, mais il ne faut pas en conclure que le mouvement n’est pas ; au contraire, on doit en conclure que le mouvement est le contraire de son existence visible. »
Dans Science de la Logique
« L’application d’un instrument à une chose ne la laisse pas comme elle est pour soi, mais introduit en elle une transformation et une altération. Ou bien encore si la connaissance n’est pas l’instrument de notre activité, mais une sorte de milieu passif à travers lequel nous parvient la lumière de la vérité, alors nous ne recevons pas encore cette vérité comme elle est en soi, mais comme elle est à travers et dans ce milieu. Dans les deux cas nous faisons usage d’un moyen qui produit immédiatement le contraire de son but. »
Dans Science de la Logique
« Lorsqu’on rencontre, dans un objet ou dans une notion, la contradiction (et il n’y a pas d’objet où l’on ne puisse trouver une contradiction, c’est-à-dire deux déterminations opposées et nécessaires, un objet sans contradiction n’étant que pure abstraction de l’entendement qui maintient avec une sorte de violence l’une des deux déterminations et s’efforce d’éloigner et de dérober à la conscience la détermination opposée que contient la première), lorsqu’on rencontre, disons-nous, la contradiction, l’on a l’habitude de conclure qu’elle donne pour résultat le néant. (…) Ici, c’est le néant, mais le néant qui contient l’être, et réciproquement, c’est l’être, mais l’être qui contient le néant. »
Dans Science de la Logique
« Nous trouvons dans l’école des éléates (voir notamment Zénon) le commencement de la dialectique, c’est-à-dire précisément de pur mouvement du penser au travers de concepts ; et par là l’opposition entre le penser et le phénomène sensible ; dans l’essence de l’objet nous trouvons la contradiction qu’elle a en elle-même (la dialectique à proprement-parler). »
Dans Science de la Logique
« Dans la conscience de Zénon, la simple pensée immobile disparaît et devient mouvement pensant ; en luttant contre le mouvement sensible il le donne à sa pensée. Que la dialectique ait en premier lieu attaqué le mouvement s’explique précisément par le fait que la dialectique elle-même est ce mouvement, en d’autres termes que le mouvement est lui-même la dialectique de tout l’existant. En tant qu’elle se meut, la chose est à elle-même sa dialectique ; dans le mouvement elle devient son autre, se dépasse. Aristote a écrit que Zénon a nié le mouvement parce qu’il contient une contradiction interne. Il ne faut pas interpréter cela comme la négation de l’existence du mouvement (...) Que le mouvement existe, que ce phénomène soit - cela ne peut être mis en question ; pour la certitude sensible le mouvement existe (...) Zénon n’a jamais eu l’idée de nier le mouvement dans ce sens-là. Ce qu’il s’agit de saisir, c’est sa vérité ; or, pour Zénon,le mouvement est non-vrai, parce qu’il est contradictoire...
Il faut de même comprendre les autres arguments de Zénon, non comme objections contre la réalité du mouvement, comme ils apparaissent à première vue, mais comme mode nécessaire de détermination du mouvement. ...
Telle est donc la dialectique de Zénon. Il a saisi les déterminations contenues dans notre idée du temps et de l’espace ; il les a eues dans sa conscience et il y a montré la contradiction...
La dialectique de Zénon a un sens plus objectif que la dialectique moderne. »
Dans le Cours d’histoire de la philosophie
Messages
1. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 19 août 2012, 14:40, par alain
Peux-tu donner un fonctionnement fondé sur une contradiction dialectique dans un phénomène simple ?
1. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 28 août 2012, 21:30, par Alex
Cher Alain un exemple simple, pur mathématiquement car constituant la plus courte équation non linéaire, est l’exemple de la suite logistique décrite par Gleick dans un chapitre de son livre La théorie du chaos vers une nouvelle science ? Il étudie une population animale travaillée à chaque génération par deux tendances contradictoires :
1) plus la population est grande à une génération plus elle est grande à la suivante, car le nombre de bébés est bien sûr plus grand
2) plus la population est grande à une génération moins elle a tendance à croitre à la suivante, car les ressources sont limitées, la population s’étouffe elle-même.
Ces deux tendances contradictoires mènent au chaos par la voie dite du « dédoublement des périodes ». Or il est plein de systèmes travaillés en permanence par deux tendances contradictoires, ce qui rend universel cette source de chaos.
2. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 19 août 2012, 15:25, par Robert Paris
L’exemple le plus simple qui me vient à l’esprit est celui de la faille qui est le produit contradictoire du mouvement et de la répression du mouvement. Par exemple, une faille de l’écorce terrestre provient du mouvement des plaques contrarié par le frottement. D’où les tremblements de terre au moment brutal où le seuil est franchi. Cela explique la discontinuité de ce mouvement et aussi le caractère chaotique de celui-ci (notamment imprédictible).
3. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 19 août 2012, 15:27, par Robert Paris
Lire aussi sur ce thème Dialogue de la discontinuité, du déterminisme et de la dialectique où tu retrouveras les relations entre ces trois questions clefs.
4. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 28 août 2012, 19:40, par Robert Paris
Le physicien Maurice Jacob dans « Au cœur de la matière ». « L’approche philosophique et culturelle des problèmes de la mécanique quantique devait tout naturellement privilégier les discussions sur le déterminisme… Alors qu’au fil des années 1930, Bohr tend à minimiser de plus en plus le côté contradictoire, paradoxale, de la complémentarité des aspects ondulatoire et corpusculaire, Louis de Broglie, au contraire, le souligne de plus en plus. Il parle de contradiction, d’exclusion, de conflit, mais rarement de complémentarité. Le conflit se généralise peu à peu pour devenir le conflit de la cinématique et de la dynamique. De Broglie l’illustre en réactualisant le paradoxe de Zénon : « Dans le macroscopique, Zénon paraît avoir tort, poussant trop loin les exigences d’une critique trop aiguë, mais dans le microscopique, à l’échelle des atomes, sa perspicacité triomphe et la flèche, si elle est animée d’un mouvement bien défini, ne peut être en aucun point de sa trajectoire. Or, c’est le microscopique qui est la réalité profonde, car il sous-tend le macroscopique. »
5. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 18 septembre 2012, 15:07, par alain
Je n’ai pas compris pourquoi une conception révolutionnaire marxiste reposant sur la lutte de classe nécessite autre chose que l’analyse du capitalisme, en l’occurrence la philosophie dialectique du penseur compliqué et idéaliste Hegel, la dialectique ?
1. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 18 septembre 2012, 15:07, par Robert Paris
Bien sûr, la pensée de Hegel, telle qu’exposée par lui, est assez difficile pour le lecteur actuel mais elle est indispensable pour comprendre Marx.
Si on lit Marx sans dialectique on ne voit que des contradictions :
– Marx parle de déterminisme historique mais il fait appel à l’action des masses, ce qui suppose la liberté historique
– Marx considère que l’échelle des événements historiques est celle des classes sociales et pourtant il estime qu’un petit groupe d’individus bien armés politiquement, le parti révolutionnaire, peut transformer le cours des événements.
– Marx considère que le capitalisme a été un énorme progrès économique et social pour l’humanité et il ne rêve que de crises économiques, les considérant comme un bienfait qui nous rapproche de la révolution et du renversement de ce même capitalisme
– Marx affirme que les travailleurs doivent détruire l’Etat bourgeois et construire un nouvel Etat, de nature prolétarienne, mais en même temps, il affirme que tout Etat sera encore synonyme de barbarie et que le but sera pas d’Etat du tout. Il dit que le but est la classe ouvrière érigée en classe dirigeante et, en même temps, il dit que le but est la suppression des classes.
– Marx entend s’appuyer sur l’état existant de la lutte des classes à chaque moment, accompagne les niveaux syndicaliste, associatif, coopératif, mais il combat politiquement pour détruire le réformisme.
– Etc, etc, que des contraires qui signifient que le système de pensée est absurde à moins que ce soient des pensées contraires dialectiquement…
6. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 18 octobre 2012, 09:58, par abraham
« Le fond de la chose n’est pas épuisé dans sa fin, mais dans tout son accomplissement. Le « résultat » atteint n’est pas le tout concret ; il ne l’est qu’avec le processus dont il est le terme. La fin prise indépendamment du reste est l’universel mort, tout comme la tendance n’est qu’un simple effort, encore privé de réalisation ; et le résultat nu est le cadavre que la tendance a laissé derrière elle. (…) Le phénomène est un processus d’évènement et de disparition, qui lui-même n’advient ni ne disparaît, mais est en soi et constitue l’actualité et le mouvement de la vérité vivante. »
Dans tout cela, la tendance n’est-ce l’essence du processus.
Marx, n’a-t-il pas analyse les tendances du capitalisme, comme lenine en a fait de même, me semble-t-il dans son ouvrage consacre a l’imperialisme.
1. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 18 octobre 2012, 17:04, par Robert Paris
C’est un peu cela et un peu différent. L’essence est dans la dynamique. C’est-à-dire qu’il n’existe pas de structure, matérielle ou non, sans structuration des interactions et sans une dynamique qui maintient grâce à la transformation. On dit l’atome, la molécule, la particule, la table, l’air, la famille, la ville, la société ou l’Etat, mais la structure se maintient grâce aux interactions et grâce au fait que les éléments changent sans cesse pour que la structure globale se maintienne. Elle se maintient comme le vélo tient son équilibre : par le fait qu’il bouge, comme la très très vieille barque conserve sa structure : par le fait que toutes ses planches ont un jour ou l’autre été remplacées mais en conservant l’allure d’ensemble, comme le nuage est globalement conservé : en changeant progressivement toutes ses molécules et en bougeant sans cesse au sein du nuage.
Donc l’essence est cette dynamique.
Or cette dynamique est fondée sur la dialectique des contraires.
Le stable est fondé sur l’instable, l’ordre sur le désordre, l’immobile sur le mobile, etc...
7. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 27 octobre 2012, 03:14
"Je suis ce combat, je ne suis pas un des termes engagés dans le conflit, mais je suis les deux combattants et le combat lui même, je suis le feu et l’eau, qui entrent en contact et le contact est l’unité de ce qui absolument se fuit."
Hegel, Philosophie de la religion.
8. Encore et à nouveau sur la pensée dialectique de Friedrich Hegel, 1er décembre 2012, 09:43, par RP
« Ni la négation nue, ni la négation irréfléchie, ni la négation sceptique, ni l’hésitation, ni le doute ne sont caractéristiques et essentiels dans la dialectique, – qui bien entendu contient en elle l’élément de la négation, et même comme son élément le plus important, – non, mais la négation en tant que moment du lien, moment du développement qui maintient le positif, c’est-à-dire, sans aucune hésitation, sans aucun éclectisme. »
Lénine dans "Cahiers philosophiques"