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Impérialisme français, hors du Tchad !

mercredi 29 août 2012, par Robert Paris

Pour mesurer l’importance de l’intervention militaire française au Tchad où la France n’a pas cessé un seul jour de faire la guerre et d’y entraîner son armée, il y a eu 88 soldats français tués en Afghanistan contre 158 soldats français tués au Tchad !!! Bien entendu, on serait bien en peine de comparer le nombre de civils afghans tués au nombre de civils tchadiens tués car la France ne communique pas ces chiffres !

Impérialisme français, hors du Tchad !

Le Tchad où les légionnaires du dispositif « épervier » assurent la protection des intérêts français tout en apportant un soutien logistique conséquent à l’armée tchadienne et au régime de dictature depuis 1986. Au total, 950 hommes y sont déployés sur trois postes opérationnels : la base aérienne 172 « Kosseï », à N’Djamena, le camp Croci à Abéché, et à Faya-Largeau. L’armée de Terre y dispose d’une compagnie motorisée, d’une unité Pro terre et d’un escadron blindé. L’armée de l’Air dispose en permanence au Tchad de trois avions Mirage 2000C RDI, de quatre hélicoptères Puma, deux avions Transall, un Casa CN-235, et un avion de ravitaillement en vol C-135.

Au Tchad où, depuis quatre ans, trois brutales interventions des troupes françaises ont permis de sauver le dictateur Deby de la furia de la Résistance. La dernière en date ayant été celle de février 2008 quand les forces coalisées de la Résistance nationale avaient réussi le morceau de bravoure d’encercler le palais présidentiel de N’djamena après avoir taillé la milice du dictateur en pièces. Le jour où Nicolas Sarkozy épousait Carla Bruni, il a suffi que, sous le staccato des mitrailleuses, Deby appelle Sarko au secours au téléphone. Ce dernier, ne pensant plus à la rupture tant claironnée pendant la campagne présidentielle, donna l’ordre au terrible « Commando des opérations Spéciales » - ne dépendant strictement que de la Présidence de la République – de se déporter toutes voiles dehors à N’djamena.

Les forces militaires françaises prépositionnées au Tchad, comptent environ 1.100 hommes.

Déployé au Tchad depuis 1986, ce dispositif, baptisé Epervier, constitue, avec le 6e bataillon d’infanterie de marine (BIMa, 800 hommes) basé à Libreville, le pivot de la présence militaire française en Afrique centrale, après la fermeture des bases de Centrafrique.

Une compagnie de Libreville, constituée de 126 hommes, a été envoyée en février 2008 en renfort à N’Djamena.

Ces forces sont réparties entre N’Djamena, qui accueille l’essentiel du dispositif avec quelque 950 hommes, Abéché (est) avec 150 hommes et un petit détachement d’une dizaine de militaires à Faya-Largeau, dans le nord du pays.

Les soldats français sont dotés d’un appui aérien composé de six chasseurs Mirage F1, trois avions de transport tactique Transall C-160, un avion ravitailleur C-135, un avion de patrouille maritime Atlantique et trois hélicoptères Puma.

Les Eléments français du Tchad (EFT), qui ont notamment pour mission d’assurer la sécurité des ressortissants français, ont participé à plusieurs opérations d’évacuation d’étrangers en Afrique centrale.

En vertu des accords de coopération qui lient les deux pays, ils assurent une mission de "soutien au renseignement" du gouvernement tchadien, ainsi qu’une assistance logistique et éventuellement médicale à l’Armée nationale tchadienne (ANT).

La France est présente au Tchad de manière quasi-permanente depuis l’indépendance en 1960.

Le dispositif français avait été déployé en février 1986 pour mettre un terme aux offensives libyennes contre le régime de l’ancien président tchadien Hissène Habré (1982-90). Ses effectifs, variables selon les périodes, se sont élevés dans les années 1980, au plus fort des tensions, à quelque 3.000 hommes.

Outre les 1.100 hommes d’Epervier, la France va contribuer, avec 2.100 éléments, à la force européenne dans l’est du Tchad et le nord-est de la Centrafrique (Eufor) qui va se déployer d’ici fin mai pour protéger les réfugiés soudanais et les déplacés internes de ces deux pays.

Sur ces 2.100 hommes, environ 1.900 seront au Tchad (les autres en Centrafrique), ce qui portera à terme à 4.000 hommes la présence militaire française dans ce pays.

Les interventions militaires françaises au Tchad ne se comptent plus. Elles sont ignorées des média et de la population.

Devenue république autonome en 1958, le Tchad accéda à l’indépendance le 11 août 1960 sous la présidence de François Tombalbaye. Celui-ci dut bientôt faire face à la révolte des populations du Nord, ce qui l’amena à solliciter l’aide des troupes françaises en 1968. En 1968-1972, se sont les opérations militaires française dites « Limousin » et « Bison » contre la rébellion du Tibesti au Tchad. Après l’assassinat de Tombalbaye en 1975, le pouvoir échut au général Félix Malloum. En 1978, les troupes françaises interviennent à nouveau pour soutenir le général Félix Malloum. Celui-ci confie la direction du gouvernement à Hissène Habré, qui dut céder la place en 1979 au nordiste Goukouni Oueddei, à la suite de la première bataille de Ndjamena. La France avait bombardé et brûlé les villages du Nord du Tchad pour sauver le régime du président Tombalbaye en 1969 et a fait pareille en 1979 pour sauver le régime du président Malloum. En 1978-1980, c’est l’opération militaire française dite « Tacaud » au Tchad pour contrer l’avancée du Frolinat (Front national de libération du Tchad) de Goukouni Oueddei (Weddeye). En 1980, la seconde bataille de Ndjamena permit à Goukouni Oueddei d’évincer son rival, Hissène Habré, avec l’aide décisive des troupes de la Jamahiriya arabe libyenne de Mouammar Kadhafi. Les troupes libyennes se retirèrent dans le cadre d’un accord conclu avec le gouvernement français. En 1982, Goukouni Oueddei fut renversé à son tour par Hissène Habré, qui dut faire appel l’année suivante aux troupes françaises pour contenir une nouvelle invasion libyenne. En 1982, le gouvernement français apportât donc son aide logistique au président Hissein Habré pour lui permettre de prendre le pouvoir. En 1983, les partisans de Goukouni Oueddei s’emparent de Faya-Largeau avec l’aide des troupes libyennes, tandis que les troupes françaises se déploient dans le centre et le sud du pays (Opération Manta). En 1986, Les forces libyennes ayant repris l’offensive, la France fait bombarder l’aéroport libyen de Ouadi-Doum et déploie de nouvelles troupes à Ndjamena. En 1987, une contre-offensive des forces tchadiennes contraignit finalement les troupes libyennes à évacuer le pays, à l’exception de la bande d’Aozou, qui ne fut restituée au Tchad qu’en 1994. De 1990 à 1991, les 2e, 3e, 4e compagnies, et les CRAP du 2e REP, sont dirigés sur Ndjamena afin de protéger l’aérodrome et les installations militaires.

On a vu au débit de ce texte la dernière intervention directe en 1986 pour sauver en trois fois le régime de dictature de Déby ! La France a encore aidé Deby à s’installer au pouvoir en 1990. le régime de Déby ne survit que grâce au soutien militaire de la France. À plusieurs reprises, notamment en 2006, les troupes et les avions français lui ont déjà sauvé la mise face aux avances des armées rebelles. Cette fois encore, même si les 1 500 parachutistes et les avions du dispositif français Épervier, déployés au Tchad depuis 1986, n’ont pas officiellement participé aux combats, les forces françaises ont empêché les rebelles de s’emparer de l’aéroport de N’Djamena, à partir duquel les avions et les hélicoptères de combat gouvernementaux ont pu bombarder les colonnes rebelles. Elle l’a encore sauvé par trois fois en 2008 comme on l’a rapporté plus haut. Le maintien de la dictature doit énormément au rôle de la France dans les affrontements récents contre les rebelles. Selon les déclarations officielles, l’armée française ne serait pas intervenue directement dans les combats. Mais un journal comme La Croix affirme l’inverse : des troupes spéciales françaises auraient pris part aux combats et des officiers auraient coordonné une attaque de l’armée tchadienne. Et il est évident que, de toute façon, le soutien logistique de l’armée française a été déterminant. Ainsi, en « sécurisant » l’aéroport de N’Djaména, sous prétexte de permettre l’évacuation des ressortissants étrangers, les troupes françaises ont permis à l’aviation d’Idriss Déby de disposer d’une base majeure pour ses hélicoptères de combat, qui semblent avoir été décisifs dans les affrontements. Sans compter le ravitaillement en munitions, etc.

Malgré une sanglante répression visant à étouffer toute forme d’opposition, le régime mafieux et corrompu de Déby montre de plus en plus des signes d’usure. Au pouvoir depuis 1990, après avoir renversé son prédécesseur Hissène Habré avec l’aide de la France, Déby doit aujourd’hui faire face à l’hostilité d’une part croissance de la population. Certains notables, des officiers et même des membres de son propre clan ont fini par rejoindre les rangs de la rébellion. Quant aux dernières élections présidentielles, elles ont été boycottées par les principaux partis d’opposition afin de dénoncer la parodie de démocratie et les fraudes massives.

La récente mise en valeur de gisements pétroliers dans le sud n’a en rien contribué à améliorer la situation du pays, qui reste l’un des plus pauvres du monde. Én revanche, elle a accentué les rivalités au sein des couches dirigeantes, qui supportent difficilement de ne pas être associées par Déby au partage de la manne pétrolière.

Déby peut à bon droit se féliciter que « la France n’a pas failli à ses engagements » et « a tenu ses engagements fortement par rapport à l’agression ». Et rappelons que le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a cru bon de se rendre au Tchad le 6 février, pour bien incarner l’alliance française. Et depuis, c’est tous les jours que l’armée française est déployée pour le défendre et surveiller toute attaque militaire possible... Rien de changé avec Hollande !

Le Tchad, dont 80% des 10 millions d’habitants vivent avec moins d’un dollar par jour, est un pays producteur de pétrole, sans que cela change quoi que ce soit pour la majorité de la population, sinon en pire. Trois cents forages dans le sud du pays sont exploités par un consortium regroupant deux sociétés américaines, ExxonMobil et Chevron, ainsi que la compagnie malaisienne Petronas. Depuis juillet 2003, un oléoduc de 1000 kilomètres achemine ce pétrole jusqu’au port de Kribi au Cameroun. Il a été financé par un prêt de la Banque Mondiale.

Comment s’étonner si les désirs du nouveau président Hollande en Afrique consistent à intervenir en faveur des intérêts des trusts en Afrique comme il vient de le faire pour Areva au Niger. Et aussi en intervenant auprès des capitales africaines de l’ancien empire "français" pour que leurs armées agissent au Mali puisqu’il est impossible à l’armée française d’y intervenir directement.

L’une des idées de Hollande est d’y faire intervenir l’armée tchadienne qui est, comme on l’a vu, une annexe de l’armée française !!! Ce ne sera évidemment pas pour défendre les civils maliens attaqués par l’armée d’Al Qaïda...

Voici comment le ministère de la Défense justifie toujours son intervention impérialiste sous la gauche comme sous la droite

suite à venir...

Messages

  • Au Tchad, une deuxième semaine de grève s’achève ce vendredi 3 août. Les travailleurs du secteur public et le gouvernement ne s’entendent pas sur l’application d’un accord portant sur l’augmentation générale des salaires qui avait été signé en novembre 2011. Jeudi, le Mouvement patriotique du salut (MPS), le parti au pouvoir, a tenté une médiation entre le gouvernement et les syndicats. En vain.

    La rencontre a duré trois heures. La délégation du MPS conduite par son secrétaire général, également président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, a expliqué aux syndicalistes qu’elle cherche à rapprocher les positions entre les deux parties pour que l’administration publique, bloquée dans tout le pays depuis deux semaines, puisse reprendre le travail.

    Les travailleurs affichent leurs objectifs : « Il faut que le paiement du salaire du mois de juillet, suspendu à cause de la grève, reprenne. Ensuite, on pourra discuter de l’application de l’accord. Mais sachez que nous, nous ne reviendrons pas sur les augmentations consenties par le gouvernement », ont prévenu les travailleurs.

    La délégation a promis de repartir vers le gouvernement avant de revenir avec des nouvelles propositions. Il n’est pas sûr qu’elle apporte une réponse ce vendredi. Samedi, au cours de leur assemblée générale, les travailleurs devraient très probablement reconduire la grève pour une troisième semaine d’affilée.

  • Depuis son indépendance en 1960, le peuple tchadien est au prise avec l’impérialisme français : les troupes françaises occupent le pays depuis 1965 intervenant systématiquement (1978, 1983 avec l’opération Manta, 1986 avec l’opération Epervier, 2006 et 2008, etc.) dans la politique intérieure du pays pour faire ou défaire les despotes corrompus. Il y a actuellement 1400 militaires français au Tchad. L’histoire contemporaine du Tchad est aussi celle des conflits régionaux avec la Libye et maintenant avec le Soudan et des guerres civiles opposant dictateurs en place contre des chefs de guerre qui rêvent de les remplacer. Quoi qu’il en soit, c’est le peuple tchadien qui subit toujours, qui vit dans l’extrême misère et qui crève sous les balles des militaires tchadiens, des troupes impérialistes françaises et des rebelles…

  • Les agents de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale(CNPS) sont mécontents et n’entendent plus se laisser faire. La tension était vive le week-end dernier lors de leur Assemblée Générale. Ils ont ainsi lancé un préavis de grève d’une semaine allant du lundi 22 au samedi 27 juillet. Ce temps permet à la direction de mettre en application leurs revendications, sans quoi ils entreront en grève sur l’ensemble du territoire national. « Nous n’allons plus continuer à souffrir ainsi. Si la direction refuse de nous écouter, nous irons en grève sans hésitation, car trop c’est trop », a lancé un agent dans la foule lors de l’AG.

  • La guerre de la France au Sahel est loin d’être terminée...

    La France va augmenter « légèrement » ses effectifs militaires au Sahel, a déclaré le ministre de la défense français Jean-Yves Le Drian « pour nous donner des moyens de soutien et d’accompagnement sur les tensions qui se produisent autour du lac Tchad ».

    La guerre en Afrique est maintenant une activité permanente de l’Etat français !!!

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