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Massacre d’ouvriers par le gouvernement de front populaire en Afrique du Sud

samedi 1er septembre 2012, par Robert Paris

Massacre d’ouvriers par le gouvernement de front populaire en Afrique du Sud

Pour la victoire des mineurs de Marikana !

Grève générale ! Pour l’autodéfense !

En Afrique du Sud, le 16 août 2012, la police du gouvernement de l’Alliance tripartite (ANC-SACP-COSATU)
présidé par Zuma a perpétré un massacre parmi les travailleurs de la mine de platine de Marikana qui étaient en
grève pour une augmentation de salaire depuis le 10 août : 34 travailleurs furent assassinés, dont 4 membres sur les
6 que comportait le comité de grève élu par les mineurs, et au moins 78 blessés, sans sommation.

L’Afrique du Sud est le plus gros producteur de platine du monde. La mine de Marikana appartient au groupe
Lonmin, le troisième producteur de platine du monde, coté à la Bourse de Londres. Dans tout le pays, les salaires
des mineurs sont aussi bas et leurs conditions de travail aussi déplorables que du temps de l’apartheid. La plupart
des mineurs de Marikana logent dans un bidonville. Ils travaillent 8 à 9 h sous terre à 40 °C pour 4 000 ou 5 000
rands (environ 400 euros ou 500 dollars) et demandent la revalorisation de leurs salaires à 15 000 rands. La grève
avait été soutenue au départ par le syndicat AMCU. Pourtant, le 15 août, le secrétaire général de l’AMCU Joseph
Mathunjwa et celui de la NUM Senzeni Zokwana s’étaient rendus ensemble sur place pour faire reprendre le travail.
L’assemblée générale avait expulsé Zokwana et avait décidé la poursuite de la grève.

La NUM, affiliée à la confédération syndicale COSATU, était le syndicat traditionnel des mineurs, mais il
commence à être concurrencé par l’AMCU à cause de sa collaboration ouverte avec le patronat. Il faut dire que
l’ancien président du NUM, Cyril Ramaphosa, est aujourd’hui administrateur de Lonmin, donc un exploiteur direct
des mineurs de Marikana. Son beau-frère est ministre de la justice. La COSATU fait partie de « l’Alliance
tripartite » qui subordonne les organisations ouvrières de masse (la COSATU et le parti « communiste » SACP) au
parti nationaliste bourgeois ANC.

Le SACP, qui est présent au gouvernement, avait préparé la répression policière.

On ne peut tolérer aujourd’hui que des gens recourent à la violence pour forcer les mineurs à rejoindre un
syndicat particulier… Le Parti communiste sud-africain appelle la police à agir pour que les voyous qui ont
remplacé la raison et le dialogue par des balles rendent des comptes. (SACP, Communiqué, 14 août)

Le lendemain du massacre, le 17 août, le président Zuma a décidé de mettre en place une « commission
d’enquête », la diversion classique de tous les gouvernements bourgeois. Riah Phiyega, la chef de la police
nationale, a déclaré le même jour que les policiers n’avaient fait que leur devoir et « ne devaient pas se repentir » de
la mort des mineurs. Le 20 août, le procès « pour meurtre » de 250 mineurs arrêtés le 16 août a commencé alors que
certains des travailleurs accusés se trouvent toujours à l’hôpital.
Pendant trois jours, le SACP a gardé le silence. Il n’en est sorti que pour blâmer le syndicat rival du NUM et
soutenir le gouvernement, la police.

“Tous nos souhaits de rétablissement à ceux qui ont été blessés, ouvriers et policiers. Le CC accueille
favorablement l’annonce par le Président Zuma d’une commission d’enquête… La commission présidentielle
devra enquêter sur le comportement violent du faux syndicat AMCU…”

(SACP, Déclaration du Comité central,
19 août)

Toutes les bureaucraties syndicales et tous les partis réformistes sont des agences de la bourgeoisie au sein de la
classe ouvrière. Les travailleurs ne doivent pas croire les « communistes » et les centristes qui essaient de les
persuader, malgré l’expérience de la révolution espagnole de 1934-1937, de la révolution allemande de 1953, de la
révolution hongroise de 1956 ou de la révolution chilienne de 1970-1973, que les partis qui viennent du stalinisme
sont bien plus progressistes que ceux qui viennent du travaillisme ou de la sociale-démocratie. La socialedémocratie
a trahi depuis 1914 et le stalinisme depuis 1933. Depuis, les uns comme les autres défendent la patrie,
tous renforcent l’armée et la police et même l’utilisent contre les travailleurs quand ils sont au pouvoir. En Grèce, le
KKE est chauvin, a soutenu la répression de la jeunesse et divise délibérément les rangs ouvriers. En France, le PCF
a participé de 1997 à 2002 au gouvernement qui a le plus privatisé. En Italie, le PRC et le PCdI ont soutenu le
gouvernement Prodi qui a réduit les retraites. Aux États-Unis, le CPUSA appelle pour la deuxième fois à voter
Obama. À Cuba, le parti unique PCC a licencié 500 000 travailleurs d’un coup et rétablit le capitalisme. En Chine, le
parti unique PCC a restauré le capitalisme, interdit le syndicalisme indépendant, réprime les grèves et opprime les
minorités nationales. En Russie, le KPRF est chauvin et xénophobe. En Afrique du Sud, le SACP participe au
gouvernement bourgeois dirigé par l’ANC qui a assassiné les 34 mineurs. Et il y reste.

Le parti ANC est né comme un mouvement nationaliste bourgeois, qui exprimait les aspirations de la petite
bourgeoisie et de la bourgeoisie noires, indiennes et métisses à partager le pouvoir et le capital avec la bourgeoisie
blanche. En 1950, le parti stalinien SACP est devenu une composante de l’ANC, s’acharnant à soumettre les jeunes
et les travailleurs à la direction bourgeoise du parti nationaliste.
En dépit de l’ANC, en 1976, la jeunesse de la banlieue noire de Soweto se souleva et puis les grèves se multiplièrent
de la part des salariés noirs et métis. L’ANC, parvint, avec l’aide de l’appareil stalinien du SACP, de la bureaucratie
syndicale du COSATU, à prendre le contrôle des syndicats ouvriers « non enregistrés » qui naissaient des luttes et à
les subordonner au « front uni anti-impérialiste » et à la « révolution par étapes » (d’abord la fin de l’apartheid,
dans un avenir très lointain le socialisme).

Pourtant, la lutte des classes s’intensifia et, en 1990, l’impérialisme américain dut négocier avec la bureaucratie
russe la transition en Afrique du Sud. Le gouvernement NP raciste, confronté à une situation révolutionnaire, libéra
Mandela, accepta de légaliser l’ANC, le SACP et le PAC (un autre mouvement nationaliste) en 1990 et d’abolir
l’apartheid en 1991. L’égalité raciale et les libertés démocratiques ont été un sous-produit de la lutte des classes et
de la crainte de la part de la bourgeoise locale et mondiale de la révolution prolétarienne.

Mais les masses noires et la classe ouvrière ont été frustrées de leur victoire par Mandela et l’Alliance tripartite,
appuyés par toutes les Églises chrétiennes, qui ont préservé le capitalisme sud-africain et l’État bourgeois qui
garantit l’exploitation. Certes, le drapeau a changé ; une petite minorité de Noirs, membres de l’ANC, du SACP et de
la COSATU sont rentrés dans les sommets de l’État ou sont devenus des actionnaires et des patrons. Mais
l’exploitation, la pauvreté et l’oppression sont restées le lot de la majorité ; les bourreaux du régime raciste sont
restés impunis et la réforme agraire n’a pas été menée ; le gouvernement ANC-SACP a entrepris de privatiser les
entreprises publiques ; la police et l’armée continuent de persécuter les immigrés (les noirs, pas les blancs), de
réprimer les émeutes des townships et de briser les grèves.
Pour en finir, il faut un autre appareil syndical que la bureaucratie corrompue de la COSATU, une direction lutte de
classe. Il faut un autre parti que le SACP réformiste vendu à la bourgeoise sud-africaine, un vrai parti communiste,
révolutionnaire et internationaliste. Il faut une autre économie que celle qui est basée sur la propriété privée, le
salariat et la recherche du profit qui maintient les mineurs dans la misère, il faut le contrôle des producteurs et des
consommateurs sur la production et la distribution. Il faut supprimer l’État bourgeois et son appareil répressif, le
remplacer par les conseils des travailleurs et l’armement du peuple. Si les travailleurs de tout le pays encerclaient
les commissariats, ils pourraient désarmer une fois pour tous les tueurs d’ouvriers. Ce serait le début de la
révolution socialiste et de l’émancipation du continent.

Libération de tous les mineurs emprisonnés, cessation de toute poursuite judicaire à l’égard des travailleurs de Marikana !

Solidarité internationale de toutes les organisations ouvrières avec les travailleurs de Marikana !

Grève générale et milices ouvrières de tout le pays pour aider les mineurs et pour la satisfaction
des revendications !

Expropriation sans indemnité ni rachat de Lonmin !

Armement général de la population et désarmement des mercenaires de la police permanente !

Gouvernement ouvrier et paysan !

États-Unis socialistes d’Afrique !

23 août 2012

Collectif Révolution Permanente / Autriche, France, Pérou
Comité communiste internationaliste (trotskyste) / France

Messages

  • Prise de position du NPA sur la grève des mineurs d’Afrique du Sud et l’ANC :

    Article du NPA :

    La tuerie de la mine de platine de Marikana restera dans l’histoire comme l’un des épisodes les plus sanglants de la guerre de classes.
    Le 16 août dernier, le massacre de la mine de platine de Marikana a fait 34 morts et des dizaines de blessés, de mineurs incarcérés. Comble de l’abjection : à l’issue du massacre, 270 grévistes ont été inculpés pour le meurtre de leurs collègues, en vertu d’une loi datant du régime de l’Apartheid. Face aux innombrables réactions, cette inculpation a été levée le 2 septembre. En revanche, aucun policier ne semble avoir été inquiété jusqu’ici...

    Jusqu’en 2011, le groupe britannique Lonmin, propriétaire de la mine de Marikana a engrangé des profits records, à la suite du boom des matières premières consécutif au krach de 2008... Cela ne l’empêche pas d’employer ses personnels dans des conditions invraisemblables. Un rapport rendu public récemment révèle que la direction de la mine était alertée depuis 2006 sur les conditions de vie et d’emploi « abjectes » des mineurs. Elle n’en a évidemment tenu aucun compte.
    Les mineurs employés par Lonmin sont payés une misère – environ 400 euros –, et voient leur pouvoir d’achat grignoté par l’inflation. Ils passent pourtant 8 à 9 heures par jour sous terre, six jours sur sept... Ces conditions de vie et de travail sont de l’esclavage moderne. Ils sont logés dans des bidonvilles sans électricité, où 30 foyers se partagent un seul point d’eau et un seul sanitaire... Les maladies professionnelles sont légion, notamment la tuberculose...
    La grève a donc démarré le 10 août parmi les 3 000 mineurs, pour des augmentations de salaire. Puis le mouvement a été rejoint par le reste des 28 000 ouvriers de la mine. Mais Lonmin a refusé net de faire la moindre concession significative.
    La fédération syndicale minière, la NUM (membre de la COSATU) organisait traditionnellement la masse des mineurs sud-africains. Mais elle paie au prix fort son soutien au gouvernement et sa collusion avec les patrons, et est actuellement en plein recul.
    Un autre syndicat, l’ACMU, réputé plus combatif, se développe actuellement. Il accuse d’ailleurs la NUM de « partager le même lit que la direction ». À Marikana, les deux organisations se sont opposées. La NUM a estimé le mouvement « irréaliste » alors que l’ACMU en était partie prenante. Il semble bien qu’en accord avec la direction, la bureaucratie de la NUM ait tenté de liquider la grève par la force. Avant le 16 août, il y avait déjà eu déjà une dizaine de morts selon la presse.
    Après le massacre, beaucoup a été dit pour masquer la responsabilité de la police du gouvernement ANC-SACP-COSATU dans cette boucherie. Mais les faits sont désormais avérés. Dans l’après-midi, la police est intervenue pour tenter de déloger les grévistes d’une colline où 3 000 d’entre eux étaient rassemblés, ce qui revenait à briser la grève. Après un simulacre de négociations, il y eut un début d’affrontements entre grévistes et police. Celle-ci a répliqué par des tirs à balle réelle.
    La police a tenté de faire croire qu’elle avait agi en état de légitime défense. Des vidéos montrent pourtant que les policiers ont tiré de sang-froid. On n’a d’ailleurs retrouvé que six revolvers parmi les 259 mineurs interpellés.
    La tuerie n’a pas fait fléchir le groupe Lonmin, qui s’est contenté de s’engager dans un simulacre de négociations avec ses partenaires de la NUM...
    Quant au président, il s’est borné à visiter la mine quelques jours plus tard, pour annoncer la constitution d’une commission d’enquête dont personne n’attend rien.

    Le bilan du gouvernement ANC-SACP-syndicats
    Le massacre s’est déroulé dans un pays où le gouvernement est dit « de gauche ». Une coalition composée du parti nationaliste ANC, du PC local (SACP) et, directement, de la confédération syndicale COSATU, soutient le gouvernement actuel de Jacob Zuma.
    Du point de vue des travailleurs, le bilan de Zuma et de son prédécesseur de l’ANC (M’beki) est accablant : même l’évêque Desmond Tutu constate l’échec de l’ANC à réduire un tant soit peu les énormes inégalités sociales qui existent dans le pays. Une frêle bourgeoisie noire a bien profité de la transition, s’installant dans les quartiers hier réservés aux blancs du temps de l’Apartheid, sous l’égide du « Black economic empowerement ». Mais pour la masse de la population noire, bien peu de choses ont changé.
    Signe de ces contradictions, le principal dirigeant de l’organisation de jeunesse de l’ANC, Julius Malema, s’est récemment élevé contre la politique gouvernementale, ce qui a abouti à son exclusion. Malema se fait l’écho des aspirations de la population pauvre mais en la mêlant au soutien aux politiques les plus douteuses (telles celles de Mugabe, le dictateur du Zimbabwe). En tout cas, son incontestable popularité dans les bidonvilles est révélatrice des frustrations de la population laborieuse.

    Un syndicaliste au conseil d’administration de la mine...
    La responsabilité de la direction de la COSATU (étroitement soumise à l’ANC) est tout aussi écrasante. Concernant la fédération minière de la COSATU, la NUM, le Monde écrivait ainsi récemment que celle-ci a « délaissé ses membres les plus vulnérables en acceptant de signer des accords d’augmentation de salaire minimale, alimentant ainsi les soupçons de proximité grandissante avec le patronat. Le fossé entre ses représentants, de plus en plus souvent des cadres moyens, et ses représentés, qui passent plus de huit heures sous terre à près de 40°C, s’est aussi considérablement élargi. »
    Symbole de cette « proximité grandissante » avec le patronat : la présence de Cyril Ramaphosa, l’homme fort de la NUM... au conseil d’administration de la mine Marikana !

    Un mouvement de fond
    On aurait pu croire que la saignée de Marikana permettrait au gouvernement de Zuma de calmer le jeu dans les mines. Bien au contraire auquel. Le 31 août, les 12 000 employés de la mine d’or KDC se sont aussi mis en grève.
    Visiblement un affrontement de grande ampleur se noue en Afrique du Sud entre les masses et le gouvernement.
    Les récents massacres mettent à l’ordre du jour la constitution d’une commission d’enquête indépendante permettant de faire toute la vérité sur ce qui s’est passé à Marikana, sur les liens qui unissent le gouvernement Zuma et les compagnies minières, la COSATU. Au-delà, ce qui est en jeu, c’est évidemment la capacité qu’auront ou pas les travailleurs sud-africains de se doter de syndicats indépendants, régénérés car débarrassés des agents patronaux, et d’un réel parti qui les représente.
    À suivre...
    Pascal Morsu

  • Critique de cette position du NPA :

    Le NPA nous dit : Le gouvernement de gauche, PC +ANC +COSATU (syndicat) a laissé faire le massacre, laissé la misère se développer etc...
    Donc rien sur le rôle de l’Etat et de la bourgeoisie blanche qui a sortit Mandela de prison pour sauver la classe dirigeante raciste et exploiteuse, les multinationales et les impérialismes américains/européens, et les partis fascistes d’une révolution à la fin de l’apartheid.

    Ainsi l’ANC a profité de la situation pour enrichir une couche de dirigeant....et c’est tout ?Rien sur les luttes du peuple après la fin de l’apartheid contre le nouveau régime.

    Pour le NPA, Il suffit d’un nouveau parti (réformiste ?, révolutionnaire ? ou nationaliste ?) et de syndicat indépendant ("débarassé des agents patronaux").

    Ici le NPA montre les limites de son anti capitalisme qui dénonce les "Hommes" mauvais mais absolument pas les enjeux pour les classes dirigeantes et les travailleurs.

    Pire en disant "Visiblement un affrontement de grande ampleur se noue en Afrique du Sud entre les masses et le gouvernement", le NPA ancien trotskystes de la 4ème internationale, sait que l’Etat sud Africain est menacé gravement dans ses fondements.

    Dans un contexte de crise internationale du capitalisme, l’alternative pour l’Etat Sud Africain et les multinationales n’existent que dans le rythme de la répression de cette grève qui s’étend de jour en jour et menace maintenant d’agréger les petits soldats, le prolétariat des Towns Ship.

    Les perspectives politiques de défense économique (syndicale) sans perspective d’auto organisation, ni renversement de l’Etat bourgeois en Afrique du Sud, sonne comme une défaite annoncée pour la classe ouvrière.

    Pour terminer, l’indépendance politique de la classe ouvrière est différente de celle des syndicats qui veulent rester des interlocuteurs pour l’Etat et le patronnat. Ou alors ces syndicats deviennent les outils d’une révolution prolétarienne, ce qui est très différent d’une simple "demande de commission d’enquête" ....

    Mais aucun syndicat et aucun parti politique ne remplace les soviets ou conseils ouvriers. Cela ne veut pas dire que ces organisations n’ont pas leur rôle et ils ont à intervenir au sein des conseils et doivent développer leur politique publiquement directement envers les travailleurs. Pour les groupes d’extrême gauche, est criminelle toute tentative de cacher ce rôle indispensable des conseils ouvriers, est criminelle toute tentative de prétendre que le parti et les syndicats suffisent à faire face à des situations de crise.

  • Rien n’est fini en Afrique du Sud : l’ANC de Mandela à la tête de l’Etat avec le patronat continuent d’assassiner et de licencier les travailleurs révoltés et en grève.

    La presse bourgeoise parle de grève illégale car pour l’exploitation et la répression le sont !

    Le numéro un mondial du platine Amplats a annoncé vendredi le licenciement de 12.000 de ses 28.000 mineurs en grève sauvage du site de Rustenburg dans le nord de l’Afrique du Sud, au lendemain de la mort d’un gréviste tué par la police. | article du Parisien :

    Amplats avait convoqué cette semaine tous les grévistes en conseil de discipline, et menacé de licencier ceux qui refuseraient de comparaître.
    "Environ 12. 000 employés ont décidé de ne pas se présenter (...) et ont donc été licenciés en leur absence", a annoncé Amplats, filiale d’Anglo American, dans un communiqué.
    Un mineur de 21 ans, qui refuse de donner son nom, a montré à l’AFP le sms reçu sur son téléphone portable : "En conséquence de votre absence à l’audience où vous deviez expliquer votre participation à une action de grève illégale, la société a pris la décision de vous licencier en votre absence. Vous avez trois jours pour faire appel".
    L’entreprise, dont tous les puits du bassin de Rustenburg sont bloqués depuis le 12 septembre, avait déjà lancé plusieurs ultimatums à ses employés, les sommant de reprendre le travail sous peine de licenciement. Les ultimatums avaient jusqu’à présent été repoussés à chaque fois.
    "Je ne ferai pas appel", a réagi le jeune mineur, en affirmant qu’il n’était pas en grève, mais qu’il avait peur des représailles s’il reprenait le travail : "Ces gens sont en colère, et si je vais au travail, ils savent qui je suis dans le shack (bidonville) et ils vont me tuer, c’est sûr à 100%".
    Les grévistes, dont le mouvement ne respecte pas les procédures du droit du travail sud-africain, réclament de substantielles augmentations de salaire.
    Jeudi soir, un mineur a de nouveau été tué dans des affrontements entre employés d’Amplats et policiers à Rustenburg.
    "Nous ne pensions pas que les choses en arriveraient là", a déploré un représentant des grévistes, Gaddhafi Mdoda, "ils ne nous laissent pas le choix. Notre grève a été pacifique mais ils commencent à tuer des innocents".
    La grève à Amplats avait tout de même fait cinq morts en début de semaine, dans des circonstances qui restent à élucider.
    "On ne reculera pas, peu importe ce qu’ils disent ou ce qu’ils font, on se battra jusqu’à la dernière goutte de sang", a renchéri l’un des animateurs du mouvement, Mametlwe Sebei.
    Depuis une semaine, les mineurs d’Amplats, relativement pacifiques jusque là, semblent s’engager dans un bras de fer sans merci.
    Les menaces à peine voilées proférées vendredi aux non-grévistes n’augurent rien de bon. "Ceux qui vont au travail sont responsables de la mort des autres", a lancé l’un des leaders du mouvement, promettant que "personne ne dormirait la nuit prochaine car nous devons contrôler les gens qui vont au travail".
    Il a ensuite donné rendez-vous à tous samedi à 07H00 (05h00 GMT) pour un nouveau meeting suivi d’une marche jusqu’au lieu du décès de la victime de jeudi pour y prier.
    Tandis que l’impasse semble totale chez Amplats, une lueur d’espoir est apparue cette semaine pour les mines d’or où le mouvement a fait tâche d’huile.
    La Chambre des mines a accepté, sous la pression, de tenter de débloquer la situation et de proposer sans tarder des hausses de salaires.
    La crise sociale a été exacerbée par la fusillade de Marikana, où la police a abattu 34 mineurs en grève le 16 août sur un site de platine exploité par Lonmin.
    Depuis deux semaines, les transporteurs routiers ont également cessé le travail pour réclamer de meilleurs salaires, ce qui porte à environ 100.000 le nombre de salariés en grève dans le pays, selon un décompte de l’AFP.
    Le constructeur automobile General Motors et le pétrolier Royal Dutch Shell ont prévenu vendredi que la grève des routiers commençait à avoir un impact sur leurs activités dans le pays, le premier annonçant un ralentissement de la production et le second des difficultés de livraisons.

  • Massacre d’ouvriers par le gouvernement de front populaire en Afrique du Sud Pour la victoire des mineurs de Marikana ! Grève générale ! Pour l’autodéfense ! En Afrique du Sud, le 16 août 2012, la police du gouvernement de l’Alliance tripartite (ANC-SACP-COSATU) présidé par Zuma a perpétré un massacre parmi les travailleurs de la mine de platine de Marikana qui étaient en grève pour une augmentation de salaire depuis le 10 août : 34 travailleurs furent assassinés, dont 4 membres sur les 6 que (...) je suis terrifié par ce massacre qui montre une foi de plus que la classe dirigeante n’a aucune considération pour les prolétaires et utilisera tous les moyens pour nous faire taire dans notre quotidien pénible.

  • Ramaphosa est avant tout considéré comme président en raison de son rôle de boucher de Marikana.

    Aucun événement ne démontre aussi brutalement la transformation de la bureaucratie syndicale en une force de police au détriment de la classe ouvrière au nom du capital, que le massacre de 34 mineurs en août 2012 à la mine de platine de Lonmin.

    Les mineurs, en grève pour obtenir un salaire qui leur permettrait de vivre, étaient en rébellion ouverte contre le NUM. La société de Ramaphosa était le partenaire BEE de Lonmin, détenant une participation de 9 %. À ce titre, le 12 août, il a contacté le ministre de la Police, Nathi Mthethwa, pour lui demander d’envoyer plus d’agents à Marikana. Le 15 août, Ramaphosa a écrit au ministre des ressources minérales que les mineurs de Marikana n’étaient pas engagés dans un conflit social, mais dans un acte « criminel ignoble ».

    Sous l’impulsion de Ramaphosa, l’ANC a envoyé la police pour tirer, tuer et mutiler des travailleurs et arrêter 270 personnes accusées de meurtre et de tentative de meurtre dans le cadre des lois de « l’objectif commun » de l’ère de l’apartheid.

    Moins de six mois plus tard, Ramaphosa a été choisi comme chef adjoint de l’ANC, aux côtés de Zuma, signalant la loyauté du gouvernement envers les grandes entreprises. Comme le disait le militant de Marikana Napoleon Webster l’an dernier : « Nous savons que le monde des affaires aime Cyril […] Cyril est toujours le même monstre qui a causé le massacre de Lonmin. »

    S’exprimant devant le parlement mercredi, Ramaphosa a déclaré à propos du limogeage de Zuma : « Ce n’est pas encore uhuru [liberté] […] Nous allons chercher à améliorer la vie de notre peuple sur une base continue, et depuis 1994, c’est bien cela que nous faisons. » Rien ne pourrait être plus loin de la vérité. L’ANC est arrivé au pouvoir en avril-mai 1994 à la tête d’un mouvement révolutionnaire de masse de la classe ouvrière – non seulement contre le régime de l’apartheid, mais aussi contre les privations immenses infligées à des millions de personnes.

    Cependant, la Charte de la liberté de l’ANC était fondée sur la perspective stalinienne d’une « révolution par étapes ». L’établissement de la démocratie devait être le but principal auquel les aspirations socialistes de la classe ouvrière devaient être subordonnées par l’appareil syndical du COSATU jusqu’à une date future non spécifiée.

    Au pouvoir depuis, le gouvernement de l’Alliance tripartite a impitoyablement imposé les diktats du capital mondial et de la bourgeoisie sud-africaine – enrichissant ainsi une fine couche d’hommes d’affaires, de politiciens et de cadres noirs, sans jamais prendre une seule mesure en faveur des travailleurs.

    La réalité amère est que la position sociale de la classe ouvrière est pire que sous l’apartheid. L’inégalité des revenus est extraordinairement élevée – environ 60 % de la population gagne moins de 7 000 dollars par an, tandis que 2,2 % de la population gagne plus de 50 000 dollars. La richesse est encore plus polarisée : 10 % de la population possèdent au moins 90-95 % de tous les actifs.

    Plus de la moitié de la population vit officiellement dans la pauvreté, gagnant moins de 43 dollars par mois, tandis que 13,8 millions vivent dans la pauvreté extrême. Le taux de chômage officiel se situe à 28 % mais officieusement il est à 36 %, et à un taux vertigineux de 68 % chez les jeunes.

    Aucun des besoins démocratiques et sociaux essentiels de la classe ouvrière et des masses opprimées ne peut être satisfait sous la domination de la bourgeoisie nationale, qui est organiquement liée à l’impérialisme et dont les propres privilèges dépendent de l’exploitation brutale des travailleurs et des paysans pauvres.

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