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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon

vendredi 7 septembre 2012, par Robert Paris

Les Bulletins La Voix des Travailleurs


Bulletin La Voix des Travailleurs

de l’Hôpital Tenon

Hôpital ou déménageur ?

A Tenon, c’est la grande valse des déménagements, souvent dans un joyeux bordel pas évident pour les équipes ni les malades.
Vient alors le jeu des chaises musicales pour déplacer tel service ici, et puis finalement là… ou ailleurs… dans les locaux restés libres. Au point que, même d’un mois à l’autre, on ne sait pas où on va atterrir !

Mais, ne nous leurrons pas, c’est toujours au final pour grapiller des postes à droite et à gauche que l’on nous promène ainsi… De toutes manières, tout, depuis les considérations de santé, de locaux, de personnel, de finances, de consignes, est fait pour réduire du personnel ! Curieusement, toutes nos difficultés, stress, fatigue, charge de travail, repos qui ne peuvent être pris, et emplois du temps, se ramènent finalement au manque de personnel. On a vraiment des préoccupations diamétralement opposées à celles de la direction !

L’été de tous les dangers

Cet été comme toujours, au mois d’août surtout, la moitié des services étaient fermés. Il ne fait pas bon alors avoir besoin des services hospitaliers dans un moment pareil… Encore heureux qu’il n’y ait eu que quatre jours de canicule dont deux très durs sur Paris. Sinon, c’était à nouveau l’hécatombe !

Les autorités ne se sont pas ménagées pour envoyer des messages canicule, mais ils n’ont prévu aucun personnel supplémentaire. Pas de rappel de médecins au cas où… Pas d’appel de personnel infirmier non plus. Et les ventilos toujours insuffisants et en panne. Les messages de consignes et de conseils, ce n’est pas rafraichissant !

La note qui sonne mal

Le 6 août, une note émanent du siège est apparue pour signaler que seuls dix jours par an pourront être mis sur le CET, tous les autres jours non pris seraient perdus.

Les comptes épargne temps explosent et pourraient permettre d’embaucher 6000 personnes à temps plein par an ! Au lieu de cela, c’est la menace.

Solder nos jours, nous on est pour. Encore faudrait-il de l’embauche pour que nos cadres nous laissent prendre nos jours.

Et, pour finir, c’est justement la direction qui refuse d’embaucher ou même de maintenir le niveau des emplois ce qui rend totalement impossible de prendre nos repos ! Dans ces conditions, que le directeur des ressources humaines de l’APHP se permette d’écrire : « A défaut de validation effective, les jours non pris en fin d’année ne pourront faire l’objet d’aucun traitement » signifie que la direction s’autorise le non paiement d’un nombre massif d’heures pourtant effectuées depuis longtemps et qu’elle reconnait que nous avons effectuées. Cela s’appelle tout simplement du vol !

La note du directeur nous le confirme : nous devons exiger nos RT tout le long de l’année !

Le palmarès du mensonge

La presse a recommencé à diffuser des palmarès des hôpitaux. C’est la direction des hôpitaux elle-même qui avait lancé ce type de compétitions fallacieuses. Celles-ci visent à faire croire que ce qui va mal proviendrait du manque d’efforts des personnels. Pour nous, il est évident que ce qui va mal provient de la politique générale de la Santé et des directions locales qui ne nous donnent pas les moyens de travailler correctement. Et ce n’est pas avec la politique d’austérité actuelle que l’on va sortir de ce cycle infernal.

En tout cas, nous ne pensons nullement que cette manière de désigner du doigt des services qui dysfonctionneraient mène à leur amélioration en leur donnant plus de moyens matériels et en personnel. Nous pensons plutôt que cela pourrait servir à les attaquer, à exercer des pressions supplémentaires sur des personnels déjà exténués et stressés et même finalement à les déménager, à les regrouper et à les fermer. La dénonciation, par exemple, d’un service de cantine peut servir à le vendre au privé. Ce n’est pas une comparaison entre hôpitaux ou service qu’il nous faut mais une comparaison avec les moyens dont on disposait il y a cinq ou dix ans pour effectuer le même travail. Et cette comparaison là donne un autre palmarès : celui de la direction et il n’est pas brillant !

L’honneur est d’autant plus grand

Annie Thébaud-Mony a refusé la légion d’honneur que la ministre Cécile Duflot voulait lui offrir. Cette chercheuse en santé publique n’a pas cessé de défendre la santé des travailleurs et s’est battue pendant trente ans contre tous les gouvernements successifs pour faire reconnaitre les risques d’exposition à l’amiante et autres substances dangereuses comme le nucléaire. Elle trouve que l’Etat, qui a tout fait pour empêcher la prise en compte de ces risques, la complimente ensuite de ses travaux tout en n’ayant tenu quasiment aucun compte des conséquences qu’elle dévoilait comme récemment pour les salariés de la centrale nucléaire de Tricastin. Elle a estimé faire davantage œuvre utile en refusant sa distinction qu’en l’acceptant, afin de mieux souligner que l’Etat se moque ainsi des citoyens…

Les labos pharmaceutiques licencient

Après avoir fait des profits fabuleux et tout en en faisant encore, les labos pharmaceutiques comme Sanofi licencient tous massivement comme Merck, Novartis, Roche, Ipsen ou Expanscience. Ce sont des milliers d’emplois qui vont être victimes de ces désinvestissements massifs qui ne peuvent nullement être justifiés par une baisse des ventes. Mais, c’est exactement pareil pour les banques qui n’ont pas perdu des clients et licencient massivement. Ou encore les métallurgistes comme ArcelorMittal qui désinvestissent aussi. Le capitalisme n’a plus que le chômage et la misère massifs à nous offrir et nous n’avons plus qu’à prendre conscience qu’il n’est plus acceptable que les capitaux privés s’autorisent à supprimer notre droit à la vie en même temps que nos emplois au nom du profit privé. C’est aux travailleurs eux-mêmes et pas aux gouvernants de supprimer ce droit car aucun gouvernement bourgeois, de gauche ou de droite, ne le fera jamais !

Les banquiers lavent plus blanc

Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde est un reportage sur Arte. Cette banque qui a 700 milliards d’euros d’actifs (deux fois le budget de la France) est l’une des origines de la crise de 2007-2008 et a subi pour cela une enquête d’Etat américaine mais cette enquête vient d’être interrompue sans avoir donné des conclusions ! Cette banque a une influence considérable sur les politiques des Etats puisqu’elle place ses hommes à tous les postes clefs : Obama aux USA après avoir nommé le secrétaire du Trésor américain Paulson du président Bush, ou Mario Draghi à la tête de l’Italie…

Eh bien, il convient de rapporter une histoire incroyable aux USA, pays des banquiers rois comme on vient de le montrer !

Un salarié d’une banque vient d’être licencié cinquante ans après les faits qui lui étaient reprochés par la banque américaine qui l’employait. Richard Eggers, 69 ans, habitant l’Etat de lowa, était employé par la Wells Fargo jusqu’à ce qu’elle le licencie au début de cet été. On se demandera s’il n’avait pas détourné des millions, falsifié des bilans ou dupé la direction ? Eh bien non ! Il a commis un crime il y a cinquante neuf ans : avoir remplacé une pièce de dix centimes, qu’il fallait introduire et qu’il n’avait pas, par un morceau de carton dans une laverie automatique. Au nom de la loi qui interdit aux banques d’avoir un personnel qui a été poursuivi par la justice, la direction de la banque vient de le licencier. Dites, après cela, que les banquiers ne s’attaquent pas aux lampistes pour se blanchir…


Le gouvernement prend l’impopularité sur lui pour mieux protéger les classes dirigeantes

François Hollande a invité à déjeuner, en grande pompe, une douzaine des plus grands patrons français et, vu leur tête en sortant, il ne leur a pas annoncé la défense des intérêts des salariés par le gouvernement. Jean-Marc Ayrault, sera à l’ouverture de l’université d’été du Medef et va prononcer un discours d’ouverture, et « ce sera un moment important, devant plus de 3000 patrons » s’est félicitée Laurence Parisot, la présidente du Medef.

Toute l’actualité démontre que la gauche n’est pas moins pro-patronale que la droite.

Les prix de l’essence augmentent considérablement, ponctionnant durement les ménages populaires et les petits artisans ou commerçants. Ne pourrait-on pas exiger des trusts qu’ils diminuent leurs marges. Non, l’Etat se contente d’une toute petite diminution des taxes alors que l’augmentation des prix entraîne une très grosse augmentation des mêmes taxes !

Les banques font des profits fabuleux en prêtant à intérêts l’argent qui leur est prêté gratuitement par les institutions centrales et il prête au taux fort aux Etats alors que ceux-ci n’ont pas le droit de se faire prêter directement de l’argent par ces institutions. Ne peut-on pas refuser ce diktat ? La social-démocratie au pouvoir n’en veut pas !

Les patrons des trusts, y compris ceux qui annoncent des bénéfices insolents et ceux qui ont été aidés massivement sur fonds publics, licencient massivement. Ne peut-on pas le leur interdire ? Non, dit le gouvernement, qui envisage seulement de rendre la chose indolore socialement… pour les patrons en détournant les mouvements grâce à de « bonnes négociations » avec les syndicats et les patrons en discutant des suppressions d’emplois plus arrangées, moins sèches…

Le gouvernement mise, prétend-il, sur les négociations paritaires à l’automne pour sécuriser l’emploi à long terme et réduire les charges des entreprises. Mais pourquoi des négociations pourraient convaincre des patrons décidés à licencier ? Or, la vague de suppressions d’emplois continue dans le privé comme dans le public : Sharp 8000, Siemens 10.000, Motorola 4000, HP 27.000, PSA 8000 (internes) +4000 (externes), Alcatel 5000, etc, etc.... C’est l’ensemble du patronat qui licencie et que doivent faire les salariés : compter sur un "bon gouvernement de gauche" pour les sauver ? Certainement pas !

"L’Etat ne laissera pas faire"avait dit Hollande-Ayrault-Montebourg sur les licenciements massifs de PSA, mais c’est une manière de dire qu’il aidera le patron de Peugeot à changer la forme du plan sans changer le fond... et aidera surtout financièrement les patrons de l’Automobile.

Hollande tient le propos selon lequel il découvre maintenant l’ampleur de la crise et ne peut pas ne pas en avertir les Français. C’est absolument faux. D’une part, il ne découvre rien, d’autre part, il n’informe nullement la population de ampleur réelle de la situation. Il ne dit rien sur les causes réelles de l’effondrement du système démarrée brutalement et de manière catastrophique en 2007-2008 et qui perdure en s’aggravant lentement malgré les interventions financières massives de tous les Etats du monde.

Pour cacher l’ampleur et la signification de la crise actuelle, le gouvernement de gauche comme celui de droite qui l’a précédé, prétend que la France et l’Europe seraient désavantagés économiquement et que les emplois subiraient ce facteur défavorable à l’économie française et européenne. C’est complètement faux et cela vise d’abord à blanchir les classes dirigeantes puisqu’elles apparaissent dans ce discours, celui du gouvernement, des média, de la droite, et des syndicats, comme victimes, de même que les travailleurs, de la concurrence des autres pays.

Non, Hollande pas plus que les autres gouvernants du monde capitaliste, ne peut dire la vérité à la population : le capitalisme est un système qui ne va aller que de mal en pis car il ne peut pas aller contre sa tendance à courir vers le profit et que cette tendance le mène aujourd’hui à détruire l’industrie et le commerce qu’il avait hier développée, à refuser d’investir dans des productions et des commercialisations où il gagnait hier.

En prétendant que le gouvernement est un instrument neutre en vue de la concertation patronat/salariés, la gauche, les syndicats et le gouvernement engluent les travailleurs dans un processus qui non seulement les mène à l’échec mais les discrédite auprès de l’opinion. Laisser croire que le gouvernement est en train d’aider la classe ouvrière alors que lui-même supprime quantité d’emplois publics et entraîne les syndicats dans une collaboration fallacieuse est nuisible au plan politique et social autant qu’au plan économique.

Travailleurs, ne comptons que sur nous-mêmes !

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