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Une Tunisienne violée par des policiers est menacée de poursuites

lundi 1er octobre 2012, par Robert Paris

Une Tunisienne violée par des policiers est menacée de poursuites

Le sort d’une jeune femme violée par des policiers tunisiens puis poursuivie pour « obscénité » met la Tunisie face à ses contradictions post-révolutionnaires et fait bondir la société civile.

Entre 200 à 300 personnes, en majorité des femmes, ont manifesté samedi dans le centre de Tunis pour protester contre cette affaire lourde en symboles, et même la ministre des Femmes du gouvernement islamiste a apporté son soutien à la victime.
Les slogans étaient sans ambiguïté : « Ni voile, ni viol » ; « Ils violent nos corps et nos cœurs » ; « Dans mon pays, la police me viole et la justice m’accuse »...

Les faits sont connus : dans la nuit du 3 au 4 septembre, dans la localité d’Ain Zaghouan, tout près de Tunis, les policiers interpellent un couple en train de flirter dans la rue. La jeune femme est violée par deux policiers, avec la complicité d’un troisième.

La victime a porté plainte contre les policiers -qui ont été arrêtés-, mais à la surprise générale, le porte-parole du ministère de l’Intérieur a déclaré que la jeune femme avait été trouvée dans une situation « indécente »...

Depuis, le procureur de la République a déposé une plainte contre elle et son ami pour « obscénité ostentatoire préméditée ». Convoquée mercredi devant un juge d’instruction de Tunis, en présence des avocats des deux parties, elle a été confrontée à ses agresseurs. Une nouvelle audience est prévue mardi, où la jeune femme est convoquée en position d’« accusée ».

Cette affaire fait ressortir les contradictions de la période actuelle en Tunisie, entre les comportements et mentalités hérités du passé et les hésitations d’une période dominée par le courant conservateur islamiste.

A Tunis, avant même cette affaire, de nombreux Tunisiens critiquaient l’absence de changement de personnel et de mentalité au sein du ministère de l’Intérieur, les cadres de l’ère Ben Ali (un ancien ministre de l’Intérieur lui-même) s’étant promptement reconvertis au service du nouveau pouvoir.
Des policiers au comportement indigne aussitôt couverts par leur hiérarchie : voilà qui ne change pas beaucoup du passé.

Ce qui change cependant, c’est qu’au sein même du gouvernement, des voix dissonantes apparaissent, et que, comme le souligne Sihem Badi, ministre des Affaires de la femme et de la famille, dans une interview accordée à nos amis du site indépendant tunisien Nawaat, la victime a osé porter plainte contre des policiers, ce qui était impensable sous Ben Ali.

Dans cet entretien fort intéressant, la ministre prend ouvertement parti pour la jeune femme violée, et critique même la prise de position du porte-parole du ministère de l’Intérieur. Elle ajoute, suprême audace :

« Si, aujourd’hui, on n’est pas ferme, surtout devant la violence faite aux femmes, c’est que je pense que nous avons besoin d’une autre révolution qui devra changer les mentalités, et devra atteindre l’objectif clé de cette révolution : préserver la dignité de tout citoyen. »

Messages

  • Les flics du monde entier tuent, violent, laissent mourir, torturent, passent à tabac, les femmes, mais aussi les prolétaires, comme à Sidi Bouzid, en Afrique du sud ou à Clichy sou bois qui ont fait levé la classe ouvrière et la jeunesse contre les dictatures.

    Mais tant que cette police, n’est pas brisée par une révolution et détruite complètement de haut en bas ( du commissaire à l’agent de police), c’est à dire qu’ils sont désarmés, dépossédés de leur uniforme, sous les verrous pour les délinquants officiels qui ont commis des crimes ou participer sans rien faire,

    alors rien ne changera vraiment, si les armes restent dans les mains des bourreaux !

  • « ...tant que cette police, n’est pas brisée par une révolution et détruite complètement de haut en bas ( du commissaire à l’agent de police), c’est à dire qu’ils sont désarmés, dépossédés de leur uniforme, sous les verrous pour les délinquants officiels qui ont commis des crimes ou participer sans rien faire,

    alors rien ne changera vraiment, si les armes restent dans les mains des bourreaux ! »

  • Environ 200 personnes se sont rassemblées devant le palais de justice de Tunis où doit être entendue mardi la jeune femme violée par des policiers aujourd’hui poursuivie pour atteinte aux bonnes moeurs et à la pudeur.

    L’affaire de la jeune femme poursuivie pour atteinte à la pudeur après avoir été violée par des policiers continue de secouer la Tunisie. Ce mardi, alors qu’elle doit être entendue par un juge, près de 200 personnes ont apporté leur soutien à l’accusée devant le palais de justice de la capitale.

    Les manifestants, qui s’étaient donnés rendez-vous via les réseaux sociaux, ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Révolution volée, femme voilée, petite fille violée" ou encore "Violée ou voilée, faut il choisir". La foule scandait des slogans comme "Dégagez bande de pourris !" ou encore "Le peuple veut une justice indépendante !".

    A l’issue de la confrontation entre les policiers et le couple, la semaine dernière, le procureur de la République a demandé d’engager des poursuites contre le couple pour "atteinte aux bonnes mœurs et à la pudeur". Les agents de police ont en effet accusé la jeune femme d’avoir été dans une "position immorale" au moment de son interpellation. Cette décision a provoqué un tollé dans le pays. Selon les médias locaux, ces poursuites qui transforment la "victime en accusée" illustrent la politique à l’égard des femmes menée par les islamistes qui dominent le gouvernement.

    Devant le scandale, le gouvernement fait mine de reculer.

    Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali a condamné mardi le viol d’une femme par des policiers et promis que ces derniers seraient jugés sévèrement, alors que la victime était entendue par la justice à Tunis pour "atteinte à la pudeur". "Ce geste des policiers est impardonnable, il n’y a aucune justification à cet acte barbare qui va à l’encontre de toutes nos valeurs morales", a estimé M. Jebali dans un entretien au quotidien belge "Le Soir" en marge d’une visite à Bruxelles.

    Rien n’est encore garanti et le juge peut encore la condamner et les policiers être relaxés !

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