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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon

mardi 9 octobre 2012, par Robert Paris

Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon


C’est notre travail qu’ils stérilisent !

Il y a de plus en plus de problèmes de stérilisation. Depuis que la société a déménagé à BUCA, le matériel n’est pas disponible. Il faut dire que les procédures se sont complexifiées, que le personnel a diminué. Dans ces conditions, plus on prétend améliorer, moderniser, plus on dégrade les conditions de travail du personnel…

Quand on est malade, mieux vaut…
avoir la forme !

Avant une hospitalisation, les malades doivent se déplacer sans arrête d’un bâtiment à l’autre. Les admissions et les frais de séjour ayant été déplacés à BUCA, il faut sans cesse chercher et se déplacer d’un bout à l’autre de Tenon avant d’atterrir finalement dans le service d’hospitalisation.

Il en va de même en cas de consultation, ces dernières étant sans cesse changées d’un bâtiment à l’autre.

Au lieu de présenter Tenon comme un exemple de modernisation d’un vieil hôpital, ils devraient dire que c’est celui où on fait le plus marcher les patients et le personnel. Un hôpital de sport en somme… Plutôt qu’une modernisation qui marche, on peut dire que l’on nous fait marcher…

C’est tellement mieux ailleurs ?

Le ras le bol des personnels de santé n’est plus à décrire à l’hôpital public et le seul dérivatif trouvé par la direction, c’est de bouger. Vous n’avez qu’à demander une mutation, nous disent les cadres quand cela n’est plus tenable ! Les personnels excédés partent effectivement de plus en plus vite, pour voir si ailleurs, l’herbe ne serait pas plus verte ! La direction profite de ces départs, de ces mutations, pour faire passer des politiques qu’on n’acceptait pas, pour mettre en place des méthodes de travail, des flexibilités que les personnels précédents avaient refusées. Elle profite même pour diminuer les effectifs en ne remplaçant pas les partants…

A la fuite individuelle, opposons-leur des revendications collectives. Prenons l’habitude de nous réunir entre nous à chaque fois que l’un d’entre nous est attaqué et globalisons la réaction. Les attaques sont toujours présentées comme individuelles, mais, quand on laisse les cadres faire pression sur l’un d’entre nous, n’oublions jamais que cela finira aussi par nous tomber dessus. Cessons de réagir individuellement et mettons en avant des méthodes collectives. C’est indispensable pour mettre un coup d’arrêt à la dégradation insupportable des conditions de travail.

C’est nous que l’on va bientôt
mettre dans un brancard !

Les transferts d’un bâtiment à l’autre sont de plus en plus inévitables, de plus en plus longs et difficiles. Les dernières modifications de Tenon, en termes de disposition des services, n’ont fait qu’aggraver une situation déjà critique. Du coup, il faut sans arrêt transférer des patients d’un bout à l’autre de l’hôpital et donc brancarder sans cesse. Loin d’augmenter les effectifs des brancardiers, la direction n’a fait que les diminuer ! Dans ces conditions, on ne peut plus y arriver. On est tellement crevés qu’on va bientôt s’y mettre nous-mêmes, dans le brancard !

Effets d’annonce

L’Hôpital Tenon s’y connait en termes de publicité. On l’a vu avec les annonces de nouveau bâtiment ultra moderne BUCA, ses blocs rénovés, ses équipements de pointe, avec son développement de l’ambulatoire, avec l’IVG puis avec la cellule de prise en charge du harcèlement sexuel. Ce dernier service permettra certes une écoute mais pas la possibilité d’action en justice car cette dernière reste un parcours du combattant pour les femmes victimes qui seront écoutées à l’hôpital mais pas au commissariat ni au tribunal… A chaque fois, il y a le lancement, les annonces puis on retombe dans la réalité des manques d’effectifs et de moyens… Sur le papier, Tenon est au top dans de multiples domaines, si on écoute la direction. Malheureusement les personnels et les malades ne peuvent pas s’en tenir à la pub. Ils vivent la réalité !

La cuisine, un fromage pour le privé

La privatisation ronge progressivement l’hôpital public, déjà transformé en entreprise du bâtiment du fait des investissements massifs dans la construction aux dépens des services dont les fonds ont été ponctionnés pour ces travaux. Cette fois-ci, c’est une partie des cuisines qui est privatisée avec licenciement des CDD. La moindre des choses aurait été que la nouvelle société s’engage au contraire à reprendre tout le personnel afin d’assurer un service au moins équivalent. Mais telle n’est pas l’idée de la direction qui voit dans la privatisation un moyen de faire des économies. Et si on se plaint des résultats, elle dira qu’elle n’y est pour rien : on n’aura qu’à se plaindre à la société privée !

La santé régresse massivement

L’effondrement économique a des effets évidents sur la santé. C’est 22% des personnes qui ont reconnu avoir renoncé aux soins faute d’argent. Le recul social est évident en France aussi où le nombre de gens qui ne peuvent plus se soigner est sans cesse en augmentation. Et cela continue avec la gauche au gouvernement qui ne parle que de réduction des dépenses et de restrictions dans tous les domaines.

La santé à deux vitesses programmée

Après la levée de boucliers contre la mise en place d’un service spécial de santé pour étrangers fortunés, soi-disant pour renflouer les comptes de l’APHP, le journal bourgeois Le Figaro organise la défense du projet en nous apprenant ce qu’on savait déjà : que ce système à deux vitesses existe déjà.
« Dans la pratique, on fait passer les VIP dans un circuit parallèle, on appelle un confrère radiologue de ville pour débloquer un examen en urgence et, souvent, on glisse une enveloppe au petit personnel pour le remercier de sa compréhension et de sa célérité. Rien d’illégal. De l’huile dans les rouages d’un système sclérosé. »
Le fameux système sclérosé restera pour l’ensemble de la population et sera même aggravé par la priorité aux VIP nationaux comme étrangers ! Belle réforme en perspective et à laquelle le gouvernement de gauche se garde d’opposer un NON clair et net !

Des augmentations mais pas pour le personnel !

Quel médecin de l’APHP exige quels dépassements d’honoraires ? Impossible de le savoir, ou presque, en ce qui concerne l’activité libérale des praticiens du plus gros hôpital de France : l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. La commission centrale de l’activité libérale des hôpitaux de Paris, dans un rapport dévoilé par Le Parisien, déclare que la direction de l’APHP refuse toute information sur ce thème et que, du coup, ce contrôle est quasiment impossible. Sept établissements (Béclère, Bichat, Robert-Debré, Saint-Antoine, Paul-Brousse, Beaujon, Bicêtre) n’ont tout simplement pas daigné répondre à la commission. Le patient qui consulte à l’hôpital public a en effet deux options : la consultation publique, facturée à un tarif remboursé par la Sécurité sociale, mais qui nécessite souvent une longue attente. Ou la consultation privée, qui garantit l’accès à tel ou tel médecin de renom, facturée à un tarif plus élevé, pas forcément pris en charge par la mutuelle du patient. Il faut savoir que 367 médecins exerçant à l’AP-HP à titre privé en 2010, sur 5830 au total, ont cumulé des bénéfices assez copieux allant jusqu’à déclarer officiellement 600.000 euros de bénéfices !... Quand on sait que les mêmes médecins, qui sont patrons à l’APHP et qui profitent du système en utilisant en privé des locaux et des personnels publics, sont les plus hostiles aux revendications des personnels de santé de l’hôpital public en termes de conditions de travail et de revenus !

APHP : objectif un millier de postes en moins !

Gauche ou droite au gouvernement, il n’y a aucun changement. Les termes sont d’abord comptables (les critères de santé en dernier) et toujours les économies se font sur le dos des mêmes. Alors que l’hôpital public se dégrade à grande vitesse d’abord du fait du manque de personnel, le premier objectif de la direction est de réduire encore les effectifs d’un bon millier de postes ! Mille postes supprimés, un chiffre en progression par rapport aux 900 des années précédentes : on n’arrête pas le progrès… en marche arrière toute ! Et cela n’a rien d’étonnant : déjà les montants versés par l’Assurance-maladie à l’AP-HP ont diminué en 2011 de 71 millions d’euros… Les 12 groupes hospitaliers qui composent l’AP-HP sont chargés de proposer eux-mêmes les moyens de faire des surplus de rentrées et des restrictions de dépenses. Ce qui donne une équation de folie : de plus en plus d’activité (2000 séjours chirurgicaux additionnels, 6000 séjours en médecine, 400 en obstétrique,…) avec de moins en moins de moyens (par exemple 240 millions d’euros économisés sur le dos de la maintenance). La seule différence avec la gauche gouvernementale, c’est l’hypocrisie. Le discours est changé et pas les actes ! Si on veut que cela change, ne comptons pas sur les négociations entre syndicats et gouvernement : elles seront-elles aussi caractérisées par l’hypocrisie et ne feront qu’engluer les syndicats dans des accords sur notre dos !

Une démission qui en dit long…

Pour protester contre le manque de moyens de son service le chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis, Pierre Taboulet, vient d’adresser sa lettre de démission à l’AP-HP.

« Je quitte la ‘chefferie’ car je me sens devenir impuissant pour diriger le service. Nos moyens sont trop insuffisants/inadaptés en regard de l’activité qui ne cesse de croître et de se compliquer »

Il dénonce le manque de personnel et de moyens, la gestion purement économique, productiviste, aux dépens de la santé, y compris celle des équipes médicales. Il dénonce notamment le manque de médecins et d’internes mais aussi d’infirmiers…

La démission du chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis révèle un malaise grandissant au sein des urgences parisiennes, malaise qui n’est pas loin d’exploser et d’entraîner l’ensemble de l’APHP. Il n’y a qu’ainsi qu’on pourra se faire entendre.

Les plus mal lotis…

Le personnel de l’APHP a de plus en plus de mal d’obtenir un logement social. Alors que ces logements étaient un des « avantages » qui compensaient les bas salaires de l’entreprise, il devient de plus en plus difficile d’en obtenir alors que chacun sait que le logement à Paris est compliqué à trouver et extrêmement cher. C’est d’autant plus scandaleux qu’une partie importante du parc immobilier de l’APHP consiste en appartements de fonction de personnages haut placés qui ont des logements de luxe à des tarifs défiant toute concurrence. Et ce ne sont pas nécessairement des personnels de l’APHP qui bénéficient des logements appartenant à la société. Ainsi, des cas particulièrement scandaleux ont été rendus publics comme ce parc de 11 000 logements dont seulement 7 000 sont occupés par des personnels de l’APHP ou directeur d’hôpital de Seine-Saint-Denis logé dans le XVIe arrondissement à un tarif fort intéressant !

L’Hotel-Dieu envoyé au diable

Début septembre, le personnel hospitalier de l’Hotel-Dieu, à Paris qui a manifesté son opposition au projet de fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu menée par l’AP-HP.
Le prétexte ? Le caractère obsolète des bâtiments ! Quand cela les arrange, ils modernisent des services encore plus obsolètes. En fait, ils veulent y installer la direction générale pour vendre les anciens locaux…
Les raisons de la colère ? La volonté de la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) de transférer son siège de l’avenue Victoria à l’Hôtel-Dieu, mais avant tout la disparition est programmée pour les services de soin et des urgences de l’hôpital.

Les CHU de France vont payer plus cher l’intérêt de leurs dettes ! Tel est le résultat de la notation dégradée des CHU par l’agence Moody’s qui passe de AAA à A1. Et encore, l’ensemble des établissements est placé sous surveillance négative des agences de notation. La réponse des autorités de gestion, IGAS et IGF, consiste à réaliser 10 à 15 milliards d’euros d’économies d’ici 2017 ! Comme s’ils étaient capables de se programmer à cinq ans ! Et ils prévoient notamment le non-remplacement d’au moins un agent partant en retraite sur deux ! Les restants n’auront qu’à gérer des activités qui ne diminuent pas mais augmentent pour rendre l’APHP plus rentable ! Ils prévoient encore des fermetures de services d’urgence, des regroupements de plateaux de chirurgie et d’hôpitaux, des fermetures de lits de chirurgie complète, des baisses de charges de fonctionnement, des soins à domicile pour remplacer les soins hospitaliers, des fermetures de longs séjours, etc, etc… Les mesures en termes de personnels sont toutes dans le même sens : des réductions et des moyens pour y pallier : glissements des tâches, flexibilité, augmentation des charges de travail, mobilité, pressions de l’encadrement, augmentation du stress et des risques…


La classe capitaliste est passée à l’offensive en France

L’arrivée de la gauche au pouvoir a été une occasion que les patrons n’ont pas manqué de saisir : celle de faire croire qu’ils sont les victimes d’un complot « de gauche » qui va menacer la viabilité économique des entreprises. Du coup, ils se donnent l’air de révoltés qui défendent non seulement leur intérêt financier mais les intérêts de l’économie française elle-même ! Bien entendu, le gouvernement de Hollande-Ayrault a seulement eu quelques velléités de supprimer des avantages marginaux un peu trop criants que leur avait offert Sarkozy. A peine, les patrons ont-ils élevé la voix que les ministres ont remballé leurs mesurettes prétendant taxer un tout petit peu le capital ou en ont pris d’autres qui les compensent largement. Mais les patrons ne vont pas s’arrêter en si bon chemin et, puisque la révolte patronale paie, le mouvement est en train de se développer. Il faut exiger plus, dans tous les domaines, il faut enfoncer la gauche pleutre, incapable de défendre même ses fausses réformes et toujours prête à reculer, en prétendant que c’est sa capacité à négocier, à céder en fait aux chantages patronaux.

Offensive tous azimuts : vague de licenciements massive et coordonnée dans les trusts et les banques, tous secteurs confondus, chantage patronal pour imposer la flexibilité des contrats à durée déterminée, la flexibilité des charges de travail sans surcoût pour les patrons, la flexibilité des horaires et le chômage technique sans surcoût également, le non paiement de charges sociales et de taxes sous prétexte de défense des emplois, des décharges massives de taxes et d’impôts et ainsi de suite.

Que les patrons appellent cela « choc-compétitivité », « flexisécurité de l’emploi », « plans d’aide à la croissance en France » ou encore « accords patronat/syndicat pour sauver les emplois », il s’agit toujours de chantages directs avec menace violente de nouvelles fermetures et de nouveaux licenciements. Mais ce qui plombe l’économie, ce n’est pas un manque de compétitivité comme le prétendent patronat et gouvernement, unis sur ce point avec certains syndicats. Non, l’effondrement des investissements productifs provient de la trop grande rentabilité des opérations financières et bancaires. L’argent liquide, tournant dans les « marchés financiers » rapporte bien plus que l’argent investi ! Et plus les Etats balancent des milliards dans l’économie, plus la finance en rafle l’essentiel, rendant l’investissement productif de moins en moins rentable relativement.

Mais l’économie étant d’abord des rapports de forces sociaux, un sous-produit de la lutte des classes, les choix des classes dirigeantes ont consisté à aller à l’attaque pendant que les centrales et le gouvernement se cantonnaient dans les positions purement défensives.

Si les patrons se révélaient prêts à remettre en cause le calme social, à remettre en question l’ensemble des rapports sociaux en France, la gauche et les syndicats ne comptaient nullement remettre en cause le fondement de ces attaques anti-sociales, la propriété privée des moyens de production des grands trusts et banques.

Cela s’est manifesté dans l’affrontement voulu et organisé par les patrons des trusts contre les salariés, tout particulièrement là où cet affrontement avait pris un air impressionnant : à PSA. Le patron de Peugeot avait en effet choisi de donner un caractère offensif et même provocateur à ses annonces de licenciements. Il a ainsi pris la tête de l’offensive patronale. Le gouvernement n’a eu que des déclarations d’indignation, vite remballées. Les centrales syndicales n’ont pas davantage répliqué, ni à PSA ni à l’ensemble des licenciements. Pas de grève avec occupation. Pas de généralisation des luttes. Il n’y a eu aucune réaction à l’échelle de l’attaque. Ce n’est pas la manifestation du 9 octobre qui peut suffire à cette réponse. C’est aux salariés d’une entreprise qui licencie de commencer à étendre sa lutte en envahissant les autres sites, en organisant des assemblées générales communes successives dans toutes les autres, en affirmant que la lutte va être générale, qu’elle va s’étendre aux chômeurs, aux précaires, aux CDD, aux entreprises du public et semi public qui suppriment des emplois. La meilleure défense étant l’attaque, il faut que les salariés ne craignent pas de menacer les profits patronaux, de s’attaquer aux trusts et aux banques. Et qu’ils ne cultivent aucune illusion sur l’Etat capitaliste.

Le patronat, le gouvernement, la gauche et la droite réunis, veulent nous enfermer dans la « défense de l’industrie et de l’économie française », dans les négociations patrons/syndicats/gouvernement et dans les « sacrifices partagés ». Notre avenir est dans l’action directe des salariés qui ne craindra pas d’empiéter sur le droit divin des patrons. Puisque les patrons nous privent massivement de nos emplois, ils perdent tout droit sur les entreprises, tout droit à diriger la société, tout droit à se dire propriétaire des capitaux et des moyens de production.

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