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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Cochin

dimanche 14 octobre 2012, par Robert Paris

C’est tellement mieux ailleurs ?

Le ras le bol des personnels de santé n’est plus à décrire à l’hôpital public et le seul dérivatif trouvé par la direction, c’est de bouger. Vous n’avez qu’à demander une mutation, nous disent les cadres quand cela n’est plus tenable ! Les personnels excédés partent effectivement de plus en plus vite, pour voir si ailleurs, l’herbe ne serait pas plus verte ! La direction profite de ces départs, de ces mutations, pour faire passer des politiques qu’on n’acceptait pas, pour mettre en place des méthodes de travail, des flexibilités que les personnels précédents avaient refusées. Elle profite même pour diminuer les effectifs en ne remplaçant pas les partants…

A la fuite individuelle, opposons-leur des revendications collectives. Prenons l’habitude de nous réunir entre nous à chaque fois que l’un d’entre nous est attaqué et globalisons la réaction. Les attaques sont toujours présentées comme individuelles, mais, quand on laisse les cadres faire pression sur l’un d’entre nous, n’oublions jamais que cela finira aussi par nous tomber dessus. Cessons de réagir individuellement et mettons en avant des méthodes collectives. C’est indispensable pour mettre un coup d’arrêt à la dégradation insupportable des conditions de travail.

La santé régresse massivement

L’effondrement économique a des effets évidents sur la santé. C’est 22% des personnes qui ont reconnu avoir renoncé aux soins faute d’argent. Le recul social est évident en France aussi où le nombre de gens qui ne peuvent plus se soigner est sans cesse en augmentation. Et cela continue avec la gauche au gouvernement qui ne parle que de réduction des dépenses et de restrictions dans tous les domaines.

Une démission qui en dit long…

Pour protester contre le manque de moyens de son service le chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis, Pierre Taboulet, vient d’adresser sa lettre de démission à l’AP-HP.

« Je quitte la ‘chefferie’ car je me sens devenir impuissant pour diriger le service. Nos moyens sont trop insuffisants/inadaptés en regard de l’activité qui ne cesse de croître et de se compliquer »

Il dénonce le manque de personnel et de moyens, la gestion purement économique, productiviste, aux dépens de la santé, y compris celle des équipes médicales. Il dénonce notamment le manque de médecins et d’internes mais aussi d’infirmiers…

La démission du chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis révèle un malaise grandissant au sein des urgences parisiennes, malaise qui n’est pas loin d’exploser et d’entraîner l’ensemble de l’APHP. Il n’y a qu’ainsi qu’on pourra se faire entendre.

Les plus mal lotis…

Le personnel de l’APHP a de plus en plus de mal d’obtenir un logement social. Alors que ces logements étaient un des « avantages » qui compensaient les bas salaires de l’entreprise, il devient de plus en plus difficile d’en obtenir alors que chacun sait que le logement à Paris est compliqué à trouver et extrêmement cher. C’est d’autant plus scandaleux qu’une partie importante du parc immobilier de l’APHP consiste en appartements de fonction de personnages haut placés qui ont des logements de luxe à des tarifs défiant toute concurrence.

Et ce ne sont pas nécessairement des personnels de l’APHP qui bénéficient des logements appartenant à la société. Ainsi, des cas particulièrement scandaleux ont été rendus publics comme ce parc de 11 000 logements dont seulement 7 000 sont occupés par des personnels de l’APHP ou directeur d’hôpital de Seine-Saint-Denis logé dans le XVIe arrondissement à un tarif fort intéressant !

La santé à deux vitesses programmée

Après la levée de boucliers contre la mise en place d’un service spécial de santé pour étrangers fortunés, soi-disant pour renflouer les comptes de l’APHP, le journal bourgeois Le Figaro organise la défense du projet en nous apprenant ce qu’on savait déjà : que ce système à deux vitesses existe déjà.

« Dans la pratique, on fait passer les VIP dans un circuit parallèle, on appelle un confrère radiologue de ville pour débloquer un examen en urgence. »

Belle réforme en perspective et à laquelle le gouvernement de gauche se garde d’opposer un NON clair et net !

Des augmentations mais pas pour le personnel !

Quel médecin de l’APHP exige quels dépassements d’honoraires ? Impossible de le savoir, ou presque, en ce qui concerne l’activité libérale des praticiens du plus gros hôpital de France : l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. La commission centrale de l’activité libérale des hôpitaux de Paris, dans un rapport dévoilé par Le Parisien, déclare que la direction de l’APHP refuse toute information sur ce thème et que, du coup, ce contrôle est quasiment impossible.

Sept établissements (Béclère, Bichat, Robert-Debré, Saint-Antoine, Paul-Brousse, Beaujon, Bicêtre) n’ont tout simplement pas daigné répondre à la commission….


La classe capitaliste est passée à l’offensive en France

L’arrivée de la gauche au pouvoir a été une occasion que les patrons n’ont pas manqué de saisir : celle de faire croire qu’ils sont les victimes d’un complot « de gauche » qui va menacer la viabilité économique des entreprises. Du coup, ils se donnent l’air de révoltés qui défendent non seulement leur intérêt financier mais les intérêts de l’économie française elle-même ! Bien entendu, le gouvernement de Hollande-Ayrault a seulement eu quelques velléités de supprimer des avantages marginaux un peu trop criants que leur avait offert Sarkozy. A peine, les patrons ont-ils élevé la voix que les ministres ont remballé leurs mesurettes prétendant taxer un tout petit peu le capital ou en ont pris d’autres qui les compensent largement. Mais les patrons ne vont pas s’arrêter en si bon chemin et, puisque la révolte patronale paie, le mouvement est en train de se développer. Il faut exiger plus, dans tous les domaines, il faut enfoncer la gauche pleutre, incapable de défendre même ses fausses réformes et toujours prête à reculer, en prétendant que c’est sa capacité à négocier, à céder en fait aux chantages patronaux.

Offensive tous azimuts : vague de licenciements massive et coordonnée dans les trusts et les banques, tous secteurs confondus, chantage patronal pour imposer la flexibilité des contrats à durée déterminée, la flexibilité des charges de travail sans surcoût pour les patrons, la flexibilité des horaires et le chômage technique sans surcoût également, le non paiement de charges sociales et de taxes sous prétexte de défense des emplois, des décharges massives de taxes et d’impôts et ainsi de suite.

Que les patrons appellent cela « choc-compétitivité », « flexisécurité de l’emploi », « plans d’aide à la croissance en France » ou encore « accords patronat/syndicat pour sauver les emplois », il s’agit toujours de chantages directs avec menace violente de nouvelles fermetures et de nouveaux licenciements. Mais ce qui plombe l’économie, ce n’est pas un manque de compétitivité comme le prétendent patronat et gouvernement, unis sur ce point avec certains syndicats. Non, l’effondrement des investissements productifs provient de la trop grande rentabilité des opérations financières et bancaires. L’argent liquide, tournant dans les « marchés financiers » rapporte bien plus que l’argent investi ! Et plus les Etats balancent des milliards dans l’économie, plus la finance en rafle l’essentiel, rendant l’investissement productif de moins en moins rentable relativement.

Mais l’économie étant d’abord des rapports de forces sociaux, un sous-produit de la lutte des classes, les choix des classes dirigeantes ont consisté à aller à l’attaque pendant que les centrales et le gouvernement se cantonnaient dans les positions purement défensives.

Si les patrons se révélaient prêts à remettre en cause le calme social, à remettre en question l’ensemble des rapports sociaux en France, la gauche et les syndicats ne comptaient nullement remettre en cause le fondement de ces attaques anti-sociales, la propriété privée des moyens de production des grands trusts et banques.

Cela s’est manifesté dans l’affrontement voulu et organisé par les patrons des trusts contre les salariés, tout particulièrement là où cet affrontement avait pris un air impressionnant : à PSA. Le patron de Peugeot avait en effet choisi de donner un caractère offensif et même provocateur à ses annonces de licenciements. Il a ainsi pris la tête de l’offensive patronale. Le gouvernement n’a eu que des déclarations d’indignation, vite remballées. Les centrales syndicales n’ont pas davantage répliqué, ni à PSA ni à l’ensemble des licenciements. Pas de grève avec occupation. Pas de généralisation des luttes. Il n’y a eu aucune réaction à l’échelle de l’attaque. Ce n’est pas la manifestation du 9 octobre qui peut suffire à cette réponse. C’est aux salariés d’une entreprise qui licencie de commencer à étendre sa lutte en envahissant les autres sites, en organisant des assemblées générales communes successives dans toutes les autres, en affirmant que la lutte va être générale, qu’elle va s’étendre aux chômeurs, aux précaires, aux CDD, aux entreprises du public et semi public qui suppriment des emplois. La meilleure défense étant l’attaque, il faut que les salariés ne craignent pas de menacer les profits patronaux, de s’attaquer aux trusts et aux banques. Et qu’ils ne cultivent aucune illusion sur l’Etat capitaliste.

Le patronat, le gouvernement, la gauche et la droite réunis, veulent nous enfermer dans la « défense de l’industrie et de l’économie française », dans les négociations patrons/syndicats/gouvernement et dans les « sacrifices partagés ». Notre avenir est dans l’action directe des salariés qui ne craindra pas d’empiéter sur le droit divin des patrons. Puisque les patrons nous privent massivement de nos emplois, ils perdent tout droit sur les entreprises, tout droit à diriger la société, tout droit à se dire propriétaire des capitaux et des moyens de production

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