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Les grèves s’étendent dans toute l’Afrique du Sud malgré les licenciements de masse

dimanche 14 octobre 2012, par Robert Paris

Les grèves s’étendent dans toute l’Afrique du Sud malgré les licenciements de masse

Par Robert Stevens

13 octobre 2012

Face à une vague croissante de débrayages des ouvriers à travers l’Afrique du Sud, les sociétés minières annoncent des licenciements massifs d’employés en grève.

La semaine dernière, Anglo American Platinum (Amplats), le plus important producteur mondial de platine, a licencié 12 000 mineurs en grève. Cette décision faisait suite à une grève de trois semaines de 28 000 mineurs dans les quatre mines de la compagnie à Rustenberg.

La veille de l’annonce, un mineur a été tué lorsque la police a mené un assaut contre les ouvriers. Le mineur est le dernier de presque 50 ouvriers tués par les forces gouvernementales au cours des dernières semaines, dont 34 abattus par la police le 16 août à la mine de Lonmin à Marikana.

L’initiative d’Amplats a été suivie mardi par deux autres sociétés minières qui ont licencié plus de 3500 travailleurs participants à des grèves ayant commencé le 1er octobre contre les bas salaires et des conditions de travail intolérables. La société minière d’extraction de platine Atlatsa a licencié 2161 ouvriers pour avoir participé à une grève la semaine dernière à sa mine de Bokoni et que la société a déclaré illégale. La direction a donné aux ouvriers seulement jusqu’à la fermeture des bureaux le jour suivant pour être présents à l’appel.

La compagnie minière aurifère Gold One a licencié 1435 ouvriers, soit 75% de ses employés, à sa mine d’or et d’uranium située à l’extérieur de Johannesburg. Elle a donné jusqu’à jeudi aux ouvriers pour faire appel de la décision. La compagnie a ensuite publié une mise en garde menaçante avertissant que la répression policière attendait toute opposition à cette décision, et déclarant : « Le Service de police sud-africain maintient une forte présence sur les lieux de production pour s’assurer qu’il n’y ait aucun acte d’intimidation ou de violence. Actuellement, seuls les services essentiels sont maintenu. »

La vague de licenciements de rétorsion n’a pas permis, toutefois, d’arrêter la propagation des grèves, le plus souvent non autorisées. La rébellion croissante des ouvriers en Afrique du Sud prend la forme d’un mouvement national non officiel qui défie les grandes sociétés, le gouvernement du Congrès National africain (ANC) au pouvoir et les syndicats officiels.

Depuis août, quand les travailleurs employés à la firme de platine Lonmin ont débuté un arrêt de travail sur les salaires, plus de 100 000 travailleurs dans toute l’Afrique du Sud, dont 75 000 mineurs de plus de 20 mines, ont été impliqués dans des grèves et des conflits. Les luttes ont inclus les travailleurs des transports, de l’automobile et d’autres secteurs.

Selon différentes sources, les grèves dans toute l’industrie de l’extraction de l’or auraient réduit la production nationale de plus de 40%. Les plus gros producteurs d’or d’Afrique, AngloGold Ashanti Ltd., Gold Fields Ltd. et Harmony Gold Mining ont tous été touchés.

À la suite de l’augmentation de 22 % des salaires obtenue par les ouvriers de la mine Lonmin à Marikana, les mineurs d’AngloGold Ashanti ont mis à l’arrêt la production pour exiger un accord salarial équivalent. Ils ont rejoint les 13 000 mineurs de Gold Fields, qui ont participé à des grèves sauvages pendant plusieurs semaines. Les mineurs employés à la mine Harmony à Kusasalethu sont en grève depuis le début d’octobre.

Les ouvriers employés à la mine de minerai de fer de Kumba, une filiale de Anglo American qui figure parmi les 10 premiers producteurs de minerai de fer dans le monde, sont également en grève. Les employés de la société Sishen Mien de la province de Cap-du-Nord ont quitté leur poste de travail, dans un mouvement de grève non autorisée le 3 octobre, avec comme objectif une augmentation du salaire mensuel de 15000 rand ($1725) pour tous les employés. Les ouvriers ont tout de suite bloqué l’accès à la mine, forçant à l’arrêt de la production le jour suivant. Une déclaration de la compagnie publiée lundi déclare, « Les grévistes sont tous des employés permanents appartenant aux syndicats reconnus de la compagnie, mais ils agissent de leur propre initiative sans représentation syndicale. »

Mardi, 400 ouvriers employés à la mine de platine Xstrata à Brits, dans le nord-ouest du pays, ont commencé une action de grève pour demander une augmentation de salaire.

Les ouvriers de la Western Chrome Mine, de la firme Samancor, continuent leur grève sauvage et les mineurs de charbon ont démarré un mouvement non autorisé portant sur les salaires à la Houillère Mooiplaats dans la province de Mpumulanga. Une grève nationale des mineurs de charbon amènerait rapidement à l’arrêt de l’économie, étant donné qu’environ 85 % de l’électricité d’Afrique du Sud est produite à partir du charbon.

Toujours ce mardi il a été annoncé que deux syndicats de transport avaient retiré leurs membres de la grève des camionneurs en cours. Selon l’association des employeurs de transport de marchandises, les syndicats ont mis fin à leur arrêt de travail après que leurs membres aient gagné une augmentation de salaire « à deux chiffres ».

Malgré cela, environ 28000 ouvriers, membres du South African Transport et de Allied Workers Union, ont juré de continuer la lutte. La grève des camionneurs a un impact important sur l’économie ; une organisation des employeurs a déclaré que l’industrie des marchandises perdait environ 1,2 milliards de rands ($135 millions) de chiffre d’affaire chaque semaine.

Il a été annoncé que la semaine prochaine, les ouvriers des ports vont faire grève pendant trois jours et les ouvriers du rail pendant un jour dans une action relai en soutien des camionneurs.

A côté des menaces et de la répression, un certain nombre de compagnies d’exploitation minière ont essayé de mettre fin aux grèves en entrant dans les négociations et en offrant des hausses des salaires supérieures à la normale.

Commentant la situation ce mardi, John Meyer, un analyste d’une banque d’investissement, a déclaré, « ce n’est pas une surprise que les grèves s’étendent et nous nous attendons à voir la plupart des secteurs affectés par une forme d’action ou une autre cette année. »

Suite à la collusion du National Union of Mineworkers (NUM) avec les grandes entreprises, les ouvriers ont quitté l’organisation en masse, beaucoup refusant de rejoindre aucun autre des syndicats officiels.

La bureaucratie du NUM, qui a joué un rôle clé comme force de police industrielle appliquée à l’une des sections les plus militantes des ouvriers, en partenariat avec l’ANC et le Parti communiste sud-africain, est maintenant menacée par un mouvement oppositionnel de masse qui grandit, venant de la base.

L’étendue de la désertion des ouvriers hors du NUM peut être appréhendée par le fait que le 1er octobre, Impala Platinum a écrit au syndicat en déclarant qu’il n’avait plus un nombre suffisant de membres pour être reconnu à sa mine de Rustenburg. Impala a déclaré que depuis mars, la majorité de ses 28000 employés avaient abandonné le NUM et que le syndicat ne représente désormais plus que 13 % de la main-d’œuvre, s’effondrant par rapport au 70 % précédemment revendiqués.

Un rapport sur allafrica.com a noté que le NUM devait intégrer 50 % ou plus des ouvriers pour être reconnu par la compagnie et qu’Impala lui avait donné trois mois pour atteindre cet objectif.

Une autre indication de l’hostilité grandissante des ouvriers à l’égard de l’appareil syndical officiel est un article de ce mardi de Independent Online qui rapporte que plus tôt dans la journée, le NUM et les dirigeants locaux de COSATU ont essayé de s’adresser aux ouvriers à la mine de platine de Amandelbult appartenant à Anglo American Platinum, mais qu’ils ont dû repartir quand leur voiture a été accueillie par des jets de pierre.

Mercredi, des centaines d’ouvriers licenciés d’Amplats, qui ont refusé d’accepter leur renvoi, ont tenté d’entrer dans les bureaux régionaux du NUM à Rustenburg pour démissionner de l’organisation en masse. Ils ont été empêchés par la police d’entrer dans le bâtiment. Plus tôt dans la journée, le représentant du NUM, Lesiba Seshoka, a déclaré, « Les mineurs ne peuvent pas annuler leur adhésion quand ils ont été licenciés, parce qu’ils sont sans emploi. »

Commentant l’incident, le Mail and Guardian a déclaré, « L’action des ouvriers d’Amplats montre le déclin continu du syndicat, que la grève tragique des ouvriers de Lonmin à Marikana a semblé exacerber. La vague actuelle de grèves, qui a d’abord balayé le secteur du platine avant de se propager à d’autres industries, a été dirigée par des comités de grève indépendants qui ont mis en avant des revendications salariales en dehors du cadre des accords négociés établis. » L’article a cité un membre du comité de grève d’Amplats qui a dit que « les ouvriers allaient finir ce qu’ils ont commencé sans interférence syndicale. »

La suite

Messages

  • L’agence de notation financière Standard and Poor’s a dégradé vendredi d’un cran la note de l’Afrique du Sud en raison des grèves du secteur minier et, plus généralement, des tensions sociales peu compatibles avec la discipline budgétaire.

    Emboîtant le pas à l’agence Moody’s qui avait abaissé la note de l’Afrique du Sud le 27 septembre, Standard and Poor’s a passé la sienne de BBB+ à BBB.

    "De notre point de vue, les grèves dans le secteur minier en Afrique du Sud vont probablement alimenter le débat politique à l’approche des élections de 2014", a expliqué l’agence de notation qui redoute que cela n’augmente les incertitudes pour l’avenir de ce secteur.

    L’agence fait indirectement allusion au débat sur une possible nationalisation des mines, réclamée par certains au sein de l’ANC au pouvoir mais strictement rejetée par le gouvernement et la direction actuelle du parti.

    Standard and Poor’s prévoit aussi que "les tensions sociales existantes en Afrique du Sud augmentent la pression du gouvernement sur les dépenses" budgétaires, dans un contexte peu porteur d’une croissance ralentie, qui ne devrait pas dépasser les 2,5% en 2012.

    Le gouvernement sud-africain a contesté cette analyse. Il n’y a "aucune preuve historique pour soutenir l’affirmation de S&P : notre jeune démocratie a en effet connu de nombreuses campagnes au sein du parti au pouvoir ou pour le gouvernement. Aucune n’a eu d’impact sur la politique publique ou budgétaire tel que suggéré par S&P", a déclaré le Trésor sud-africain dans un communiqué.

    "Concernant les grèves, le gouvernement travaille avec toutes les parties pour mettre un terme immédiat à ces actions sauvages", a-t-il ajouté.

    De son côté, l’agence de notation estime que l’approche du congrès de l’ANC en décembre, puis des élections en 2014, n’augure rien de bon en matière de dépenses publiques.

    Selon elle, depuis la crise minière, il y a une probabilité plus élevée que l’ANC "intronise davantage d’éléments populistes au sein de ses instances dirigeantes" lors du congrès, à la fois "pour conserver le soutien des syndicats" et "battre en brèche l’impression d’une perte de légitimité des institutions politiques et sociales sud-africaines".

    A court terme, les recettes fiscales ne devraient pas être "substantiellement affectées" par le manque à gagner subi par l’industrie minière, estime Standard and Poor’s, et la récente présentation budgétaire de mi-année "n’indique pas de dérive budgétaire majeure".

    Il n’empêche, "nous pensons que les promesses de rigueur budgétaire pourraient être mis en cause à Mangaung (le congrès de l’ANC de décembre, ndlr)" tandis que "les efforts de rigueur budgétaire pourraient aussi être minés par une pression croissante sur les dépenses durant l’année précédent les élections".

    L’Afrique du Sud est touchée depuis août par une vague de grèves sauvages qui a démarré de façon sanglante dans une mine de platine à Marikana où les mineurs se sont rebellés contre leur syndicat national et ont obtenu de fortes augmentations.

    La grève se poursuit dans plusieurs mines d’or et chez le numéro un mondial du platine, Amplats (filiale du géant anglo-sud-africain Anglo American), où elle a fait au moins 4 morts, 9 selon le NUM, portant le bilan des troubles dans les mines sud-africaines à plus de 50 morts depuis août.

    Vendredi, le président Jacob Zuma a reçu les partenaires sociaux pour, a-t-il dit, essayer de "trouver une réponse commune".

  • Les salariés d’Amplats, numéro un mondial du platine, réclament une hausse de leurs salaires. Mais leur grève est jugée illégale par leur employeur qui a annoncé le licenciement de 12 000 d’entre eux (sur un effectif de 28 000) vendredi dernier. Depuis, la protestation a repris de plus belle, tandis que les syndicats, qui appellent les mineurs à cesser leur mouvement, tentent de faire avancer les négociations avec le patronat.

    La crise du secteur minier commence à avoir des répercussions sur l’économie sud-africaine. La production de platine a baissé de 2,6% en août alors qu’elle constitue l’un de ses plus grands atouts. Le pays représente en effet 75% de la production mondiale. Et à leur tour, les mines d’or sont touchées par des mouvements sociaux importants.

    La banque centrale d’Afrique du Sud s’est également inquiétée de voir fuir les capitaux étrangers. Selon la gouverneure Gill Marcus, plus de 10 milliards de rands (900 millions d’euros) ont quitté le pays récemment, dont 5,6 milliards dans la seule journée du lundi 8 octobre, jour de la rencontre des grévistes d’Amplats avec leurs employeurs. « Les perspectives (de l’économie) se détériorent rapidement en ce moment », a-t-elle fait remarquer.

    Un pessimisme que le ministre du Commerce britannique a essayé de contrebalancer jeudi, lors d’une conférence de presse donnée quelques heures après le drame de Rustenberg. « Les principales entreprises britanniques en Afrique du Sud (...) ne sont pas ébranlées par les récents événements survenus dans le pays, a-t-il assuré. Ils ont une vision de long terme et estiment que l’Afrique du Sud possède beaucoup de fondamentaux très attrayants pour les investisseurs. »

  • Le groupe sud-africain Gold One a ainsi annoncé le licenciement de plus de 1400 employés de sa mine d’or d’Ezulwini (sur un effectif total de 1900 personnes), en grève sauvage depuis le 1er octobre. Le groupe avait déjà licencié en juin plus de la moitié des employés de sa principale mine d’or de Modder East (est de Johannesburg) avant de les réintégrer. Le petit producteur de platine Atlatsa va, lui, se séparer de 2161 employés de sa mine de Bokoni (nord), après une grève débutée elle aussi début octobre.

    De son côté, Amplats, filiale d’Anglo American qui produit plus d’un quart du platine mondial, annonçait vendredi avec fracas le licenciement de 12.000 mineurs, plus de 40% de ses effectifs, à Rustenburg, où ses opérations sont paralysées par une grève sauvage depuis le 12 septembre. La tension est montée d’un cran sur ce site jeudi alors que de nouvelles violences ont fait au moins deux morts. Le groupe a menacé d’en licencier 8000 autres à Northam (nord), selon le NUM.

    Inquiet de voir les investisseurs fuir le pays, le président Jacob Zuma a exhorté les parties à trouver un accord la semaine dernière. « Nous ne devrions pas chercher à nous montrer nous-mêmes comme une nation perpétuellement en train de se battre », a-t-il déploré. L’enjeu est crucial : le secteur minier contribue à hauteur de 20% du PIB de l’Afrique du Sud et d’après un analyste de Nomura, les conflits ont déjà coûté entre 0,2 et 0,3% de croissance au troisième trimestre.

  • Les grévistes des mines d’or sud-africaines ont refusé la proposition d’accord qui leur était présentée par la Chambre des mines pour mettre un terme au conflit salarial qui affecte le secteur depuis plusieurs semaines, a indiqué un responsable du syndicat majoritaire NUM. "Nous avons proposé l’offre aux mineurs en grève, et ils ont dit ’non’", a indiqué à l’AFP Kenneth Buda, le coordinateur du NUM, ajoutant que patronat et syndicats se rencontreront à nouveau lundi ou mardi.

    "Nous essayons toujours de leur parler, et nous allons aussi retourner vers les employeurs, qui pourront peut-être rajouter quelque chose", a-t-il ajouté, notant que les grévistes restaient sur les mêmes revendications salariales de 12 500 rands mensuels (1 100 euros).

    Pour régler la crise des mines sud-africaines partiellement paralysées depuis le mois d’août par des grèves, le patronat des mines a mis mercredi sur la table des hausses de salaire pour les employés des mines d’or, sous forme de promotions et d’allocations.

    La Chambre des mines, qui centralise la négociation salariale dans les mines d’or, a "revu les conditions pour les salaires de base et les autres catégories", sans pour autant modifier la convention salariale en vigueur. La chambre "reconnaît des anomalies qui méritent d’être traitées et a fait des propositions en ce sens", a t-elle ajouté dans un communiqué.

    Elize Strydom, la négociatrice de la Chambre des mines, a confirmé que patronat et syndicat allaient à nouveau se rencontrer au début de la semaine prochaine. Le patronat espère pouvoir entre-temps, avec l’aide du NUM, convaincre les grévistes de changer d’avis.

    "Toutes les parties, y compris la direction, doivent aller voir [...] les employés pour bien faire passer la proposition de la Chambre", a-t-elle expliqué. Il s’agit selon elle de convaincre les grévistes d’accepter "exactement la même proposition mise sur la table mardi".

  • la grève en cours depuis un mois à l’Anglo American Platinum, plus gros producteur mondial de platine, ne montre aucun signe d’apaisement et les employés de la mine d’or de Kusasalethu, exploitée par Harmony’s Gold, n’ont pas davantage repris le travail.

    Le gouvernement appelle les mineurs à reprendre le travail et les entreprises ont été encouragées à lancer à des centaines de grévistes illégaux des ultimatums les menaçant de licenciements, une tactique de négociation brutale qui semble porter ses fruits.

    Gold Fields, 4e producteur mondial d’or, rapporte qu’environ 11.000 mineurs, menacés de renvoi à moins qu’ils ne reprennent le travail d’ici jeudi, étaient revenus travailler après un arrêt d’un mois dans son exploitation de KDC West, située à Carletonville, à 40 km à l’ouest de Johannesburg.

    Le producteur a licencié 1.500 travailleurs qui ne sont pas venus travailler à KDC West et a prévenu 8.500 travailleurs en grève sauvage à KDC East qu’ils avaient jusqu’au début de la semaine pour se manifester ou perdre leur emploi.

    Environ 15.000 travailleurs ont été licenciés ces deux dernières semaines, bien que les analystes estiment que la plupart devraient être réembauchés en raison du coût très élevé et du temps nécessaires pour leur trouver des remplaçants.

    Environ 35.000 mineurs, soit 7% de la main-d’oeuvre totale de la branche sont en grève et menacés de licenciement, même si à peu près le même nombre a repris le travail.

    Une grande partie de l’industrie des mines de platine et d’or est paralysée par des "grèves sauvages" qui ont commencé début août et se sont intensifiées après que la police a tué 34 grévistes à la mine de platine de Marikana exploitée par Lonmin le 16 août.

    Une cinquantaine de 50 personnes au total sont mortes en raison des troubles sociaux qui agitent l’Afrique du Sud, première économie d’Afrique, depuis le mois d’août.

  • Le groupe minier sud-africain Gold Fields, dont plusieurs mines d’or sont paralysées depuis septembre, menace de licencier 23 500 grévistes, soit les deux-tiers de son personnel, si ceux-ci ne mettent pas fin à leur grève sauvage d’ici à jeudi 18 octobre à la mi-journée.

    La menace vise surtout le site de KDC exploité à Carletonville au sud-ouest de Johannesburg, où le mouvement se prolonge depuis le 9 septembre et s’est étendu lundi 15 octobre. La veille, la Chambre des mines, maîtresse de la grille des salaires pour les mines d’or, avait refusé de négocier des hausses de salaire supérieures s’en remettant aux entreprises pour résoudre la crise à leur guise.

    En outre, la police sud-africaine annonce l’arrestation d’au moins 26 mineurs en grève après des heurts dans une mine de chrome exploitée par Samancor. Les forces de l’ordre ont dispersé un groupe d’environ 3 000 mineurs en grève sur ce site, à quelques kilomètres de la mine de platine de Marikana, d’où est parti en août la révolte des mineurs.

  • Deux grévistes ont été tués mercredi par des gardes de sécurité alors qu’ils tentaient de pénétrer dans l’armurerie d’une mine de charbon de l’est de l’Afrique du Sud, a indiqué la police.

    Une centaine de grévistes ont tenté de prendre d’assaut l’armurerie de la mine de Magdalena, exploitée par le groupe canadien Forbes & Manhattan Coal près de Dannhauser, dans le nord du KwaZulu-Natal (est), quand ils en ont été empêchés par des vigiles, a raconté le colonel Jay Naicker.

    "Vers 10H30 (08H30 GMT, ndlr), certains des mineurs ont apparemment essayé de rentrer par effraction dans une armurerie de la mine, et ils ont été dispersés par les services de sécurité de la mine", a-t-il décrit dans un communiqué.

    "Il semble que les vigiles ont pourchassé les manifestants jusqu’à un bidonville proche de la mine, et que des tirs coups de feu ont été tirés, blessant deux hommes. Les deux hommes ont été transportés (à l’hôpital) pour être soignés, mais sont morts de leurs blessures", a-t-il poursuivi.

    La police a saisi des armes et ouvert une enquête, a-t-il précisé.

    "Afin d’assurer la sécurité de tous nos employés et de protéger nos actifs, nous avons pris la décision de suspendre toutes les opérations" jusqu’à nouvel ordre, a indiqué dans un communiqué le PDG de Forbes & Manhattan Coal, Stephan Theron.

    La mine de charbon bitumineux de Magdalena est perturbée par une grève depuis le 17 octobre, une partie du personnel réclamant d’importantes augmentations de salaires.

    L’Afrique du Sud est touchée depuis début août par une vague de grèves sauvages démarrée dans le sang à la mine de platine de Marikana (nord), et qui s’est étendue à d’autres mines de platine, d’or, de chrome ou de fer.

  • L’offre d’Anglo-American Platine n’a eu aucun succès auprès des grévistes. Le groupe avait proposé aux mineurs de reprendre le travail mardi contre le paiement d’une prime et la réintégration des 12 000 personnes déjà licenciées suite à ce conflit. Mais il n’est toujours pas question d’augmentation de salaire, la demande clé des grévistes.

    Pour le patron d’Anglo-American Platine, le secteur du platine en Afrique du Sud est aujourd’hui en perdition. « On ne peut pas négocier dans l’anarchie », a-t-il ajouté. La compagnie minière estime que de fortes augmentations de salaires risquent de se traduire par des pertes d’emploi.

    La plupart des analystes ont déjà prévenu qu’à l’occasion de la crise sociale, plusieurs compagnies pourraient procéder à des restructurations. Graham Herbert, le directeur de Teba, une entreprise créée en 1902 et spécialisée dans le recrutement pour le secteur minier, estime que les compagnies minières ont plus d’employés que nécessaire. Une crise comme celle là leur a donné l’opportunité d’anticiper sur des restructurations qu’elles prévoyaient de faire d’ici un an ou deux. Il craint que beaucoup de mineurs ne perdent leur emploi. Et il s’attend à 10 000 mineurs de moins l’an prochain.

    C’est peut être ce qui frappe le plus quand on évoque la crise que traversent les mines d’Afrique du Sud : le nombre d’employés. Plus de 50 000 pour Anglo-American Platine, le numéro 1 mondial du secteur, 28 000 pour Lonmin, n° 3 mondial, qui exploite le platine notamment dans sa mine de Marikana, et 36 000 employés enfin pour Goldfields, qui exploite des mines d’or dans les provinces du Gauteng et du Free State, et qui vient tout juste de sortir de la grève.

    Des dizaines et des dizaines de milliers de personnes qui travaillent dans des conditions très éprouvantes, alors qu’au Canada et en Australie, par exemple, les mines sont très largement mécanisées. Mais avec un taux de chômage officiel à plus de 25%, la main d’œuvre bon marché abonde en Afrique du Sud.

    Le recours au travail temporaire est de plus en plus important, avec des mineurs peu formés, peu qualifiés et venus souvent de très loin. Ils sont également soumis à la pression de la production. Aujourd’hui, les mines sud-africaines restent les plus dangereuses du monde industrialisé.

    « Cela s’explique par plusieurs facteurs, résume Philip Frankel, un consultant pour plusieurs compagnies minières, la géologie d’abord. Vous travaillez avec des roches très dures et à de grandes profondeurs sous terre. Et puis, bien sûr, les conditions dans les mines de platine, les conditions sociales, les communautés qui vivent alentours et les conditions de travail sont tout sauf idéales ».

    Les mineurs en grève réclament donc plus que de meilleurs salaires. Le malaise est largement plus profond : les conditions de travail dans les mines sont difficiles, les conditions de vie à l’extérieur sont très dures.

    Les mineurs et leurs familles ont le choix entre vivre dans des foyers, mais cela coûte cher, ou dans des shacks, des baraquements de tôles, au milieu des bidonvilles. Les services de base manquent. Thumeka est grand-mère, elle vit avec sa fille, dans l’un des bidonvilles de Marikana. Sa fille travaille à la mine.

    Après 8 à 9 heures sous terre à compter les explosifs, la jeune femme retrouve son shack. L’eau est un peu plus loin, et les toilettes sont publiques. Une véritable nuisance, explique-t-elle : « Juste derrière chez moi il y a des toilettes. Vous pouvez sentir l’odeur. Ce n’est vraiment pas bon. Ce n’est pas bon. Parfois on ne peut même pas manger à cause de l’odeur et il faut sortir manger dehors ».

    Tout cela a nourri la colère des mineurs et cela a débouché sur la tuerie de Marikana en août dernier, 34 personnes tuées par la police. Une commission d’enquête est en cours. Les membres de la commission ont pu voir des vidéos, écouter les premiers témoignages. Cela a provoqué beaucoup d’émotion parmi le public car c’était souvent la première fois que les parents des victimes de Marikana voyaient se qui s’était passé.

    Ce sont des familles qui viennent de loin, de la région de l’Eastern Cape, à des centaines de kilomètres de là, elles sont très pauvres et il a fallu régler aussi beaucoup de problèmes de logistique, d’autant que le gouvernement n’avait pas prévu de financer leur déplacement et leur hébergement.

    Et puis, depuis le début de l’enquête, les travaux de la commission sont empoisonnés par des accusations de harcèlement policier, voire de torture. Les forces de l’ordre effectuent toujours des raids là où logent les mineurs, ils ont procédé à plusieurs arrestations musclées et les avocats estiment que l’on intimide les témoins, que l’on veut les empêcher de raconter ce qu’il s’est passé.

  • Environ 300 mineurs d’or du groupe sud-africain AngloGold Ashanti refusaient vendredi de remonter à la surface, pour réclamer le paiement d’une prime, contraignant le site de TauTona près de Carletonville (sud-ouest de Johannesburg) à suspendre ses opérations, a indiqué un porte-parole de la société.

    "Il y a environ 300 mineurs de l’équipe de nuit qui font un sit-in sous terre à la mine de TauTona. (...) Ils demandent le paiement d’une prime de 1.500 rands prévue la semaine dernière dans le cadre (du règlement) de la fin de la grève", a expliqué Alan Fine, porte-parole du numéro trois mondial de l’or, à l’AFP.

  • La banque centrale sud-africaine estime que la vague de grèves qui a frappé les mines et le secteur des transports ces dernières semaines devrait peser sur la croissance, dans son dernier rapport publié mardi.

    "La récente volatilité observée dans le secteur minier et un secteur secondaire plus faible devrait conduire à une plus faible croissance de la production pour l’ensemble de l’économie au 3ème et sans doute au 4ème trimestres", a-t-elle écrit dans son rapport.

    Alors que les grèves ne sont pas encore finies, la Banque de réserve d’Afrique du Sud s’est déjà inquiétée de l’effet d’entraînement que pourraient avoir certains accords salariaux prévoyant des augmentations et de leurs effets sur l’inflation.

    La banque centrale a aussi déploré un "fort" désengagement des investisseurs étrangers.

    Elle s’est enfin inquiétée, une fois de plus, des conséquences négatives pour l’Afrique du Sud du marasme économique mondial.

    La banque centrale sud-africaine avait déjà baissé en septembre ses prévisions de croissance pour l’année 2012, à 2,6%. Le gouvernement a tablé jeudi sur 2,5%.

  • De nouvelles violences ont fait un mort mercredi en Afrique du Sud durant des manifestations d’ouvriers agricoles en grève, amenant le gouvernement à intervenir pour demander une renégociation des salaires trop faibles payés par les riches exploitations fruitières et viticoles de l’arrière-pays du Cap.

    La ministre du travail par intérim Angie Motshekga a annoncé mercredi que le gouvernement allait abroger le salaire minimum de 70 rands par jour et négocier un nouveau niveau de rémunération dans les quinze jours.

    Plusieurs milliers de travailleurs agricoles du sud-ouest du pays réclament depuis une dizaine de jours un doublement de leur rémunération à 150 rands (13,50 euros) par jour.

    La plupart, métis ou noirs, gagnent entre 69 et 75 rands par jour, des salaires parmi les plus bas du pays associés à des conditions de travail et de logement souvent abusives, qui ont été dénoncées en 2011 par Human Rights Watch.

    Les dirigeants des entreprises agricoles de la région sont généralement blancs, et pour l’heure, ils refusent d’aller au-delà d’un simple coup de pouce, qui porteraient les salaires minimums à 80 rands par jour (7,20 euros).

    Les heurts étaient jusqu’à présent principalement à De Doorns, localité qui exporte du raisin de table. Mais le mouvement s’est étendu depuis mardi à l’appel notamment de la confédération syndicale Cosatu, alliée du pouvoir.

    La situation s’est embrasée mercredi, gagnant en particulier la capitale sud-africaine du fruit Ceres et le village voisin de Wolseley, où un homme de 28 ans est mort lors d’affrontements avec la police, tandis que cinq autres manifestants étaient blessés.

    La police a précisé avoir fait usage de grenades assourdissantes et de balles en caoutchouc.

    "La police ne nous a rien demandé, ils nous ont juste tiré dessus, et les gens sont en colère maintenant (...) il y a un mort et un type qui a pris une balle dans la jambe. La police doit s’expliquer maintenant, car on n’avait pas de problème avec elle. On était seulement en train de se rendre sur les exploitations pour faire grève pour notre argent", a témoigné Bongani Mtomzale, 20 ans, employé à la cueillette du raisin.

    Wolseley offrait un visage désolé dans l’après-midi : multiples barrages de police, pick-ups calcinés, vitrines brisées, tandis qu’une usine de conditionnement se consumait aux abords du village.

    Seize localités de la région ont été secouées par les troubles, selon le gouvernement. Des exploitations ont été incendiées.

    "Les gens ont faim"

    L’Afrique du Sud traverse une crise sociale, sans précédent depuis la fin de l’apartheid en 1994, dont la mine de Marikana (nord) est devenue le symbole depuis que la police y a abattu 34 grévistes le 16 août. Des dizaines de milliers de mineurs ont cessé le travail dans tout le pays pour réclamer de meilleurs salaires.

    "Marikana débarque dans les fermes !!!", a annoncé lundi le Cosatu, en appelant les travailleurs agricoles à la grève.

    L’Alliance démocratique (DA), principal parti de l’opposition, a dénoncé une tentative de déstabilisation de la province du Cap occidental, la seule qu’elle contrôle. Elle a demandé l’intervention de l’armée.

    S’étonnant que des manifestants aient été acheminés par cars entiers, les employeurs d’Agri-SA ont prévenu que le mouvement risquait d’avoir "un impact négatif direct sur la sécurité alimentaire, l’emploi et le commerce extérieur", la branche, qui emploie quelque 700.000 personnes, étant très exportatrice.

    Le gouvernement avait tardé à réagir au conflit minier, mais il semble adopter une tactique différente à l’égard des travailleurs agricoles.

    Le Cosatu a en conséquence annoncé la suspension de la grève, prévenant toutefois que "si le nouveau (salaire) minimum n’est pas acceptable, les travailleurs reprendront leur grève le 4 décembre".

    "Le problème c’est que les fermiers ne veulent pas payer un salaire qui permette de vivre", a expliqué Thobinkosi Nyembe, 51 ans, père de six enfants et employé dans une vigne depuis 1976.

    "Les gens ont faim", a-t-il insisté, estimant que "le mouvement ne s’arrêtera jamais si ce qu’ils donnent n’est pas 150 (rands) par jour".

  • La police sud-africaine a arrêté 37 travailleurs pour violence mardi après avoir fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui avaient bloqué une route menant à la mine de Kroondal, exploitée par Xstrata.

    "Les mineurs ont jeté des pierres aux véhicules qui passaient et brûlé des pneus. Les forces de police étaient déployées pour contrôler les manifestants indisciplinés", a déclaré la police sud-africaine dans un communiqué.

    Il s’agissait d’une deuxième journée de violences consécutive à la mine de Kroondal près de Rustenburg, dans la ceinture de platine, à quelque 120 km au nord-ouest de Johannesburg.

    Xstrata a licencié 400 mineurs il y a une semaine pour grève illégale.

    Le numéro un mondial du platine, Anglo American Platinum est, de son côté, toujours en négociations pour obtenir le retour au travail de 30.000 travailleurs actuellement en grève illégale dans différentes mines sud-africaines.

    Ces derniers ont jusqu’à mercredi pour accepter la dernière offre d’Amplats ou être licenciés, ce qui pourrait entraîner un regain de violence.

  • Les classes dirigeantes sud-africaines orientent la colère sociale vers le fascisme !!!

    La situation est encore tendue dans certains quartiers de Durban, après les attaques xénophobes de ces derniers jours. La ville portuaire est en proie à des violences, des attaques et des pillages de commerçants étrangers, depuis deux semaines. Cela a commencé il y a deux semaines après les propos du roi zoulou Goodwill Zwelithini, la plus haute autorité traditionnelle de la province du Kwazulu Natal, appelant les étrangers à faire leurs bagages et rentrer chez eux. Depuis, le gouvernement tente de contrôler la situation.

    Un calme précaire règne dans certains quartiers de Durban. Ce mercredi matin, la police avait complètement bouclé un quartier du centre de la ville à forte population étrangère. Il n’y a pas eu d’incidents, mais la tension était très élevée. Plus d’une centaine de commerçants pakistanais, nigériens et congolais se sont rassemblés, visiblement prêts à affronter d’éventuels pilleurs.

    Il y avait eu mardi des tentatives de pillages dans le centre-ville.

  • Les violences contre les étrangers sont parties de la ville de Durban, faisant quatre morts. Elles ont aussi gagné la ville de Johannesburg, où une soixantaine de personnes avaient été tuées en 2008 lors d’une précédente série d’attaques de ce genre.

  • De nouvelles grèves se préparent en Afrique sud et la vague de violence xénophobe n’a servi qu’à tenter d’avance de les diviser.

    Une grève est déjà probable dans la fonction publique. Les négociations sont dans l’impasse, les syndicats de fonctionnaires ayant refusé une proposition d’augmentation salariale de 5,8% - quand la banque centrale prévoit un taux d’inflation de 4,8% cette année -, et exigeant 10%.

    Un autre mouvement se profile dans les mines d’or.

    "Le gouvernement est pris entre le marteau et l’enclume", juge l’économiste indépendant Daniel Silke.

    "Il veut contrôler les augmentations salariales, mais il comprend aussi qu’il a besoin de gens satisfaits avant les élections (municipales) de l’an prochain", l’ANC au pouvoir étant selon les observateurs menacé dans plusieurs villes, face à la double poussée de la DA (libérale) et des Combattants pour la liberté économique (EFF, extrême-gauche).

    Alors que quelques milliers de travailleurs immigrés sont rentrés dans leur pays d’origine après les violences d’avril, d’autres ont formé leur propre syndicat pour défendre leurs droits.

    Le Syndicat sud-africain des étrangers a été créée il y deux semaines par des travailleurs et des commerçants majoritairement informels.

    Il s’adresse à "ceux qui sont victimes d’attaques xénophobes et victimes de pratiques déloyales au travail", a expliqué son dirigeant Salman Khan.

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