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Nous avons manqué une bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre

lundi 22 octobre 2012, par Robert Paris

Nous avons manqué une bataille mais nous n’avons pas perdu la guerre

En choisissant de ne pas entrer en lutte à l’annonce du plan de licenciements massifs de Peugeot et de la fermeture du site d’Aulnay, en renonçant à faire grève, à occuper les sites, à joindre les luttes des différentes usines, les syndicats locaux se sont condamnés à ne rien faire plus tard, car ils ont retardé définitivement une lutte sérieuse. En prétendant attendre un rapport, puis un audit puis un autre rapport, ils se sont remis… à plus tard pour une action sérieuse. Car, ensuite, les salariés attendent ce qui va leur être personnellement proposé et ne sont plus dans l’action collective. Les dirigeants syndicaux jouent ensuite les étonnés en voyant que les salariés ne croient plus en la grève ! La direction a beau jeu elle aussi de remettre la décision à plus tard en multipliant les cas différents entre ceux à qui elle propose des sous, un départ volontaire, une embauche ailleurs et maintenant un « prêt » dans une autre usine ce qui n’est même pas une mutation sur un autre site comme elle le prétendait. Le prêt signifie que le couperet est seulement suspendu… sur votre tête tous les trois ou quatre mois !

Les salariés des usines de Rennes (Ille-et-Vilaine) et Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) pourraient rapidement se voir proposer de nouveaux postes sur d’autres sites PSA. Dans le cadre du PSE, la direction proposera lors du comité central d’entreprise du 25 octobre la mise en place de "mesures de mobilité interne à titre provisoire". Le constructeur dit souhaiter ainsi répondre (sic) à une demande d’un certain nombre de salariés, la mobilité prévue par le plan social étant pour le moment suspendue à la remise mi-novembre du rapport Sécafi.

Si les syndicats votent cette disposition, les salariés de Rennes et d’Aulnay-sous-Bois pourraient alors sur la base du volontariat être détachés, comme Poissy ou Sochaux, pour répondre à des besoins de personnels propres à d’autres sites. A Rennes, la mesure sera aussi ouverte à des salariés de la R&D. Ces mobilités internes devraient remplir des postes vacants ou alors "pourvoir à de nouvelles situations d’emploi liées à des évolutions d’organisation présentes ou à venir", écrit la direction dans une note interne. La durée des prêts serait de 3 à 6 mois renouvelables. Le salarié qui aurait accepté ce prêt peut encore faire partie du dispositif de suppression d’emploi dit crûment le patron !

C’est dramatique et cela ne l’est pas seulement pour les salariés de PSA car l’attaque contre les emplois enclenchée par Peugeot concernait toute une fraction de la classe ouvrière des trusts français. Dans la brèche, on voit s’engouffrer un grand nombre de patrons…

Alcatel-Lucent a annoncé jeudi la suppression prochaine de 5500 postes dans le monde, dont 1430 en France.

Sanofi supprime au moins 914 emplois dans un premier temps et menace ensuite 3000 emplois.

Ipsen va supprimer une centaine de postes dans sa médecine générale en France.

Selon Force Ouvrière, le plan de restructuration chez SFR concernerait entre « 1 500 et 2 000 postes ».

Bouygues Télécom a annoncé 556 départs volontaires avant un plan de suppressions d’emplois qui pourrait concerner entre 1500 et 2000 salariés.

Les 2.500 salariés du site de Florange d’ArcelorMittal sont menacés.

Les 550 salariés du site de Petroplus dans la région de Rouen également.

Ou encore les 250 salariés du laboratoire pharmaceutique danois Lundbeck.

Air France, débute son programme de départs volontaires qui précède son PSE, et Corsair a mis un terme, le 30 septembre 2012, à son Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qu’elle avait lancé en avril 2010. 350 départs ont eu lieu. Chez Air France, 5 122 suppressions de postes sont prévues dans la maison mère d’ici à fin 2013 et les filiales vont également perdre des postes.

Des incertitudes pèsent sur la SNCM qui menacerait au moins 400 emplois.

Fralib meance toujours 160 salariés.

Novatrans (filiale de SNCF Geodis) a été cédé au groupe Charles André et seulement 110 des 257 emplois sont repris.

Les 350 salariés de Technicolor Angers sont à la rue…

Chez les équipementiers, l’usine Honeywell de Condé-sur-Noireau (Calvados, 325 salariés) fermera en juin 2013. MBF Technologies va supprimer 181 emplois. Sealynx (redressement, 550 salariés) cherche un repreneur.

Goodyear Amiens est en suspens (1 300 salariés).

Chez le volailler Doux, 1 000 salariés sont sur le carreau…

La centaine de salariés de l’usine Fralib (les thés Elephant) sont toujours menacés.

Carrefour annonce un plan de départs volontaires, qui concernera 533 postes administratifs en France et qui précède un PSE.
Conforama s’attaque d’abord à son service après-vente (environ 200 postes supprimés).

La filiale française de l’électricien allemand Eon entend supprimer 215 postes d’ici à 2015 dans ses quatre centrales à charbon hexagonales.
Chez Areva, 200 à 250 départs « naturels » ne seront pas remplacés.
Rio Tinto (groupe minier) s’interroge sur le site de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie (600 salariés).

Le Crédit Agricole doit supprimer 850 postes en France, BNP Paribas 373 et la Société Générale 880.

Dexia va supprimer 312 postes sur les 1 100 qu’elle compte en France, dans le cadre de sa restructuration.

Le Banque de France prévoit entre 1 700 et 2 100 suppressions de postes d’ici à 2020.

Le groupe immobilier et de loisirs Pierre et Vacances a annoncé, jeudi, un plan social concernant 195 personnes en France et en Europe. Il portera sur des départs volontaires et des reclassements externes.

Etc, etc….

Tout cela se rajoute aux 8000 postes supprimés de PSA et aux 4000 postes supprimés en externe toujours du fait de PSA…

Les centrales syndicales savaient parfaitement que le plan de vague de licenciements était en préparation bien avant l’élection présidentielle et elles ont choisi de la taire. La meilleure preuve c’est que nous l’avions écrit publiquement à l’époque. Voir ici

Aujourd’hui, elles se préparent à une retraite face aux patrons et au gouvernement en acceptant de discutant de reculs sociaux d’ampleur. Le simple fait d’en discuter est déjà battre en retraite.

Exigeons que les centrales syndicales se retirent des négociations patronat/gouvernement/syndicats qui discutent ouvertement dans le but de casser les contrats CDI sous le prétexte de défendre la pérennité des emplois en améliorant disent-ils la compétitivité des entreprises.

Y aurait-il moyen que ces licenciements qui sont un véritable plan d’ensemble du patronat français contre les salariés ne soient pas l’occasion de luttes dispersées ?

Ce n’est nullement la préoccupation des centrales syndicales.

Il était possible que quelques militants d’extrême gauche partant d’une lutte comme celle de PSA Aulnay popularisent l’idée d’aller de boite en boite pour lier les luttes entre elles.

Ce n’est nullement ainsi que les dirigeants syndicalistes qui se prétendent d’extrême gauche l’ont conçu à PSA Aulnay, même s’ils appartiennent effectivement à des groupes dits d’extrême gauche…
Cependant, tout ce que l’on a cité n’est que la première vague, ce que les patrons ont voulu et que le gouvernement a autorisé. Il s’agit d’agir politiquement, de manière qu’il n’y ait aucune explosion sociale d’ampleur, aucun risque de débordement.

Les centrales syndicales seront jusqu’au bout liées par des négocations pour que tout passe en douceur.

Et alors… si ça marche… ce sera la vraie déferlante des suppressions massives d’emplois en France. Tous les départs volontaires seront suivis de plans sociaux et tous les trusts qui n’auront pas encore licencié massivement comme Renault s’y mettront. PSA complètera se plan de licenciements par les salariés des autres sites et par les salariés prêtés.

On n’arrêtera pas les plans de licenciements en n’y résistant pas !

On n’arrêtera pas l’austérité en y cédant.

Il n’y a pas d’accord à trouver, pas de négociation permettant de limiter la casse, pas d’arrangement sur les sacrifices, pas de plans permettant de « sauver les emplois ».

C’est la lutte au couteau que les patrons ont entamé et tant que nous travailleurs ne seront pas convaincus qu’il faut sortir de notre silence, de notre quant à soi, de notre réserve, tant que nous ne sous déciderons pas de nous assembler massivement, partout dans les entreprises, même celles qui ne sont pas encore officiellement menacées, eh bien ce seront nos emplois qui seront découpés progressivement au couteau…

Attendre ne sert à rien qu’à nous casser le moral comme l’ont bien montré les salariés de PSA.

Il est frappant qu’avec 8000 + 4000 suppressions d’emplois, les sites ne soient toujours pas en grève et toujours pas occupés !!!
Contre les licenciements, contre la destruction de toute la société, ne perdons pas nos forces en les dispersant ! Ne nous battons pas séparément secteur par secteur, entreprise par entreprise, par catégorie. Ne les laissons pas saucissonner nos luttes et découper nos forces !

Comment faire face à la vague de licenciements et de fermetures d’entreprises qui frappe aujourd’hui des dizaines et centaines de milliers de salariés et demain chacun de nous ? Discutons-en pour nous armer dans un combat qui nécessite de nous unir dans la lutte.

Ce n’est pas une difficulté passagère. Ce n’est pas une conjoncture mauvaise provisoirement à laquelle nous allons faire face. Nous sommes en face d’une attaque générale, tous domaines confondus, privé et public, de la téléphonie à l’automobile et de la métallurgie au bâtiment. Salariés et chômeurs, hommes et femmes, jeunes et vieux, français et immigrés, avec ou sans papiers, c’est le même combat !

On cherche à nous amuser avec de faux objectifs du genre négocier les départs alors que les indemnités ne peuvent pas suffire puisqu’il n’y a aucun travail dehors et qu’il n’y en aura aucun. On nous amuse aussi avec des prétendues recherches de repreneurs.

On essaie aussi de détourner notre colère en prétendant que c’est la faute aux salariés chinois, brésiliens et indiens qui accepteraient des conditions de travail très inférieures aux nôtres, et nous enlèveraient ainsi nos emplois. C’est faux, dans ces pays, les luttes sont en pleine croissance et cela impose aussi des salaires en hausse et pas en baisse. Et d’ailleurs, leurs économies commencent elles aussi à décroitre.

Les patrons aimeraient bien détourner notre colère contre les étrangers, contre les Roumains, contre les Chinois, contre les immigrés, afin que la colère sociale qui ne manquera pas d’exploser tourne au fascisme ! Ne nous laissons pas tromper !

Si le capitalisme s’est effondré en 2007, c’est aux USA qu’il a commencé à le faire et ce n’est ni à cause des Roms, ni des sans papiers, ni de la concurrence des travailleurs chinois qui sont nos frères de combat.

C’est la même attaque partout dans le monde et la classe des travailleurs est la même classe.

La conscience de nos intérêts de classe, c’est le meilleur moyen de nous défendre contre les licenciements. Ce n’est pas en expliquant au patron qu’on peut trouver moyen qu’il nous surexploite encore qu’on va gagner. Les accords compétitivité et autres aggravations de la flexibilité ne retarderont même pas les licenciements.

C’est au contraire en s’en prenant directement aux intérêts du capital que l’on peut transformer notre action défensive en offensive et les faire reculer.

Il ne faut pas craindre de refuser toute solidarité à l’Etat bourgeois qui nous demande des sacrifices, qui nous demande de prendre sur nous ses dettes, qui nous demande d’accepter une dégradation négociée de nos droits, de nos contrats, de nos conditions de travail sous prétexte de « défense des emplois ». N’acceptons pas le nationalisme au nom duquel on nous propose de nous solidariser avec les patrons et les trusts qui nous enlèvent nos emplois. Aucune solidarité avec les capitalistes nationaux, avec l’Etat national qui ne défendent que les intérêts des classes dirigeantes à nos dépens.

Il ne faut pas craindre d’occuper les usines, de déclarer que toute entreprise qui licencie est réquisitionnée par ses salariés, que toute banque qui licencie doit voir ses épargnants retirer leurs épargnes massivement, que le capital qui spécule contre l’ensemble de la vie sociale est un ennemi mortel. Licencier, jeter à la rue, enlever le droit à la santé, enlever le toit de quelqu’un doit être traité pour ce que c’est : comme un crime social méritant châtiment.

Et il doit être clair que les travailleurs n’attendent d’aucun gouvernement bourgeois la satisfaction de leurs aspirations mais ne comptent que sur eux-mêmes !

Assez des négociations pour faire reculer nos conditions de travail, assez des blablas mensongers qui ne défendent nullement nos emplois, assez des mensonges des politiciens et des dirigeants syndicaux !

Menons nous-mêmes nos luttes ! Organisons-les à la base par nos comités d’action, nos conseils de travailleurs, nos comités de grève et de lutte. Coordonnons-les ! Elisons nos délégués de lutte et réunissons-les au niveau régional et national pour avancer notre programme de revendication et d’action !

L’avenir est à nous pour peu que nous cessions d’avoir peur et que nous décidions que notre colère doit faire changer la peur de camp ! Il faut que les licencieurs claquent des dents, que les spéculateurs se terrent, que les trompeurs craignent les masses populaires. Et cela n’a rien d’irréaliste ! A condition de cesser de nous défendre entreprise par entreprise et de ne plus attendre d’être sacrifiés pour nous réveiller !

Si la classe ouvrière cesse de ronger son frein et de se stresser inutilement, elle redevient une force redoutable que les patrons devront respecter et qui n’a pas pour avenir de sombrer avec le monde capitaliste en déclin.

Les capitalistes et Etats à leur service ne nous frapperont que tant que nous les laisserons faire !

Dès qu’ils verront que nous nous attaquons au capital, que nous ne cherchons plus des arrangements foireux, que nous ne marchons plus dans leurs tromperies de prétendus sauvetage des entreprises, des emplois, des économies, ils commenceront par reculer comme le font les exploiteurs d’Afrique du sud devant le mouvement de grève qui s’étend, qui refuse les dirigeants réformistes, qui ne craint pas de s’en prendre à la propriété privée des capitalistes.

S’ils coulent nos emplois et nos existences, coulons leur capital, saisissons leurs entreprises et faisons les fonctionner à notre profit, contestons leur propriété des moyens de production !

Réunissons-nous pour en débattre, pour discuter des causes de la crise du système et des manières d’y faire face, pour mettre en place notre mode d’organisation et la manière de passer de la défensive à l’offensive, de la défense des emplois à l’expropriation des capitalistes, de l’organisation des travailleurs pour combattre les attaques à leur organisation pour préparer un nouvel avenir face à un système capitaliste qui n’a plus aucun avenir…

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