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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Saint-Antoine

lundi 29 octobre 2012, par Robert Paris

C’est Eux T’es…. sûr ?

CET est devenu synonyme de moyen de nous voler nos heures, nos congés et notre argent ! C’était déjà programmé dans l’idée elle-même qu’ils ont prise aux patrons du privé comme Renault. La direction s’ingénie à trouver des moyens de nous dire que les heures non prises à telle date limite seront perdues. Ainsi, si on a plus de 60 jours maximum, il faudrait les poser sous peine de les perdre. Mais comment les poser si les nécessités du service ne le permettent pas ? La note ne le dit pas ! Alors, d’accord ! Posons tous en même temps nos congés le même jour. Au fait, c’est pas ça qu’on appelle la grève ?

Trois nouvelles démissions pour dénoncer

Suite à la démission publique et dénonciatrice du chef des urgences de Saint-Louis, trois médecins hospitaliers du service de médecine interne de l’hopital St Antoine ont démissionné publiquement. Ils dénoncent des pressions croissantes en vue de la rentabilité et des moyens en décroissance permanente. Ils écrivent :
« Nous exerçons dans le plus ancien des bâtiments de l’hôpital. Le chauffage est souvent défaillant ou excessif. Les dégâts sont fréquents lorsque les intempéries sont de la partie et que la pluie traverse notre toiture. Les ascenseurs sont fréquemment en panne. La ventilation (VMC) est inadaptée et les désodorisants sont une arme dérisoire face à l’inconfort résultant de cette situation. Nous disposons d’une douche pour 12 lits dans un couloir sordide et 2 douches pour 36 lits dans un couloir où seule l’intervention du CHSCT a permis de cimenter quelques-uns des nombreux et périlleux trous du linoléum alors que ce dernier méritait purement et simplement d’être changé depuis 10 ans. Le bricolage n’a pas tenu et les mêmes trous sont réapparus depuis.... Notre service, abandonné à ce cercle vicieux de dégradation inéluctable, est devenu un tel repoussoir que l’ensemble de l’équipe médicale et paramédicale a honte des conditions d’accueil que nous proposons. Depuis ces deux dernières années, il arrive régulièrement que des malades refusent l’hospitalisation après avoir vu nos locaux... Le regroupement pyramidal de nos services en pôles puis de nos hôpitaux en Groupes Hospitaliers, ont multiplié les degrés décisionnels si bien que le rôle de nos interlocuteurs directs, chef de service et chef de pôle, semble de plus en plus se limiter à la seule transmission des doléances assortie d’un aveu d’impuissance sans capacité opérative à mettre en œuvre des solutions... »
Le chef démissionnaire des urgences de l’hôpital Saint-Louis, Pierre Taboulet, dénonçait le manque de personnel et de moyens, la gestion purement rentable, productiviste, aux dépens de la santé, y compris celle des équipes médicales. Il dénonçait notamment le manque de médecins et d’internes mais aussi d’infirmiers… Les seuls qui peuvent entendre ces médecins ne sont pas à la direction de l’APHP ou du ministère de la Santé mais parmi les agents de l’hôpital. Voudront-ils s’adresser à nous ?

Les cadres ne sont pas en reste

La politique de diminution du personnel pour « faire des économies » concerne aussi les cadres. Malgré le fait qu’ils relaient et appliquent parfois avec zèle la politique d’austérité de la direction et de l’APHP. Malgré le fait qu’ils jouent leur rôle de tampon en nous faisant croire qu’ils relaient nos demandes et les défendent auprès de la direction. La réalité est tout autre que leurs beaux discours : plus ils réussissent à faire passer des suppressions de postes et des flexibilités imposées, plus ils sont bien vus. Eux aussi sont visés par les économies programmées et s’ils croient s’en sortir tout seuls, ils se trompent. Si certains cadres veulent vraiment défendre quelque chose d’autre que la destruction programmée de l’hôpital, il faudra qu’ils choisissent leur camp : le nôtre ou celui de la direction.

C’est encore l’arnaque qui prime

On se souvient que certains services déménagés de force comme la Maternité ou la Pneumologie allaient, selon la direction, « bénéficier » de primes de mutation et il s’agissait selon elle de sommes importantes. Qui l’a eu et combien il a touché ou qui va l’avoir et combien il touchera, c’est mystère. Pour la Maternité, il est impossible de le savoir vraiment car cela a été noyé dans la prime semestrielle et la direction en ferait autant pour la Pneumo. Un bon moyen d’éviter que des services déménagés à l’avenir ne revendiquent une somme précise.

On est dans le rouge ou on voit rouge ?

On nous rebat les oreilles sur les hôpitaux qui seraient en déficit. Bien sûr, c’est pour nous faire accepter de plus en plus de sacrifices. Aujourd’hui on nous parle de sacrifices, nous disant que rien n’est possible, mais ce fameux déficit, ce sont les gouvernements successifs qui l’ont sciemment mis en place. La création de la tarification à l’activité T2A a été un fondement de cette politique. Leur objectif est trop évident : casser le service public pour laisser de plus en plus la part belle au privé en leur laissant les soins les plus lucratifs. Bon nombre de gens croyaient que tout cela allait être remis en cause par Hollande, mais c’est le contraire. Ne nous trompons pas : la seule situation qui les préoccupe est celle des banquiers.


Le capitalisme industriel transformé en banque puis en faillite générale

Beaucoup ont été étonnés, en apprenant que la banque financière Peugeot était en faillite et que l’Etat allait la sauver à hauteur de 7 milliards, de découvrir tout simplement… qu’il existait une banque PSA ! Non seulement les trusts ont leur propre banque mais ce qu’il faut remarquer, c’est que l’activité bancaire a pris le dessus sur l’activité industrielle. Non seulement c’est PSA banques – activité financière - que l’Etat doit renflouer, mais il lui faut pour cela donner sept milliards et en cautionner trois de la part des banques. Il faut donc donner dix milliards pour sauver PSA-Finances quand il en avait suffi d’un milliard et demi en 2008 pour sauver PSA Automobiles. Le poids de la banque chez Renault est du même type. Dans les dernières annonces de bénéfices de Renault, RCI, soit Renault Finances prend une part considérable. Les annonces de Renault en juillet 2012, c’est 786 millions d’euros de bénéfices dont 395 millions proviennent des bénéfices de la banque RCI, banque financière de Renault ! Donc Renault gagne plus en spéculant sur la finance qu’en vendant des voitures !
Chacun se souvient que l’établissement public des services postaux a été transformé en banque qui produit essentiellement des … produits financiers, mais est-ce que l’on a conscience dans le grand public qu’il ne s’agit nullement d’un cas particulier ? Absolument pas ! Les travailleurs ont été tenus dans l’ignorance des évolutions réelles du capitalisme et on continue à leur faire croire qu’on serait dans un capitalisme industriel dont les emplois se contentent d’être ponctionnés par les pays émergents. On essaie de nous faire croire que si on perd nos emplois, c’est parce que nous ne serions pas assez compétitifs par rapport à la surexploitation des salariés marocains, chinois ou brésiliens. Cela est faux. On nous fait croire aussi que l’ensemble de l’activité industrielle est en surcapacité et doit donc se réduire. C’est encore faux. La cause de la désindustrialisation est ailleurs : dans le retrait massif des capitaux privés de leurs investissements industriels et commerciaux et leur investissement massif dans la sphère bancaire et financière. L’une des marques de cette nouvelle situation du système capitaliste est la transformation de l’ensemble des trusts en banques financières.

C’est le monde qui est devenu un vaste marché des capitaux financiers et qui ne s’investit plus dans l’industrie et le commerce. Renault est devenu une banque. PSA est devenu une banque. La Poste est devenue une banque. La SNCF est devenue une banque. Le SOCRIF est la banque SNCF ou (Société de Crédit Immobilier des Chemins de Fer) est détenue à 99,6% par la SNCF. Elle est une banque officiellement consacrée au crédit immobilier des cheminots, mais en tant que banque, elle est couplée avec la SOFIAP détenue à 51 % par le CIF, la fameuse banque qui vient d’être soutenue par l’Etat car en faillite. La RCI Banque est la banque Renault. La Banque PSA Finance (BPF) est la banque de PSA. Les magasins Leclerc, c’est une banque : la banque Edel ! Les magasins Auchan c’est la banque Auchan Banque Accord. Les magasins Carrefour, c’est Carrefour Banques. Les assurances, elles aussi, sont devenues des banques comme les AGF, AXA ou Groupama ! D’autres industriels sont devenus des banquiers comme Dassault avec Banque Commerciale Paris Dassault devenue Banque Palatine. Le Bâtiment détient la BTP, banque du bâtiment et des travaux publics. Veolia a créé Veolia P.P.P Finance…. BMW a créé BMW Finance ! Mercedes a créé Mercedes Benz Financial Services Finance S.A. et Orange a créé Orange – BNP Paribas Services.

Ce n’est pas particulier à la France. On pourrait croire qu’IBM, ce sont des ordinateurs mais c’est aussi IBM Financement. Siemens a créé Siemens Financial Services S.A.S. On recence aussi Jaguar Financial Services ou Land Rover Financial Services ou encore Toyota Credit Bank et Volswagen Bank. On trouve aussi la GE Money Bank, GE capital financements immobiliers d’entreprise, GE covered bonds, GE Factor, etc., pour le trust General Electric. En Chine c’est la BICC Banque industrielle et commerciale de Chine d’une valeur de 211 milliards de dollars.

La Chine elle-même est d’abord et avant tout un vaste secteur bancaire et financier. Le Brésil ou l’Inde aussi.

L’explosion sociale en Afrique du sud provient du désinvestissement massif des capitalistes de leurs investissements productifs dans les mines.

Du cash, d’abord du cash, tel est le leitmotiv des capitalistes industriels comme des autres, pour profiter de tous les investissements possibles dans la dette des nations, dans les spéculations diverses en titres pourris.

Il ne sert à rien de prétendre réindustrialiser la France, l’Europe, le monde. Les capitaux n’agiront de manière aveugle que vers ce qui les attire : le profit immédiat et il n’est plus à gagner dans l’industrie. Cela signifie que le capitalisme a atteint ses limites de capitalisation et qu’il ne donne l’illusion de se perpétrer qu’en servant aux capitaux privés des intérêts tirés des caisses publiques.

Mais, si ce sont les capitalistes qui misent sur la mort de cette société, il faut les croire et cesser de nous sacrifier soi-disant pour relancer l’économie, pour « sauver » les pays, les entreprises, et l’emploi. Nous n’avons aucune raison d’accepter aucun sacrifice au nom d’un sauvetage du système qui est purement illusoire. Ils ne vont ni sauver l’entreprise, ni sauver le secteur d’activité, ni sauver le pays, ni sauver le système. Ils ne vont que nous couler nous. Ne nous laissons pas faire !

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