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La Voix des Travailleurs de l’Hôpital public - novembre 2012

mardi 6 novembre 2012, par Robert Paris

Ne pas prendre des vessies pour des bassets

Pour les personnels qui en seraient restés aux anciens tarifs, nous vous informons que Mr Bernard Debré, urologue à Cochin, a annoncé publiquement qu’ « une opération de la vessie, c’est 126€. » Vous avez bien lu, ce n’est pas 1126 qui est écrit ! Et cette déclaration ayant été reprise par la presse, les patients peuvent revendiquer une opération à ce tarif. C’est tellement bon marché quand on voit le prix de la chambre en chirurgie, de la consultation ou du scanner, que l’on craint que des personnes devant faire une opération de la hanche essaient de changer de pathologie !

A ce tarif, il vaut mieux laisser pisser le… Debré. Sauf que cette déclaration avait pour but de justifier ses propres dépassements d’honoraires qui se montent officiellement à 450.000e annuels. Et il a même déclaré que c’était un tarif comparable à celui d’un toilettage pour chiens ! Il faudrait vraiment que les malades sortis plumés de son service se mettent à aboyer ! Toubib or not toutoubib, telle est la question. Mais, rassurez-vous, le bénéfice, lui, n’est pas fait pour les chiens…

Plus d’argent pour les retraites ?

On nous annonce que la CNRACL, la caisse de retraites des fonctionnaires est en elle aussi en déficit, comme il est maintenant de mode. Ceci dit, cela pose question, les fonctionnaires étant encore nombreux à cotiser et toutes ces dernières années, ayant cotisé régulièrement. L’explication provient de l’usage fait par la caisse des fonds placés. Ils l’ont effectivement été en spéculations en bourse qui ont eu le malheur de concerner des actifs dits pourris et qui s’effondrent, ou dans des placements dans des banques qui coulent, ou encore dans des dettes souveraines de pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et… la France. Qui va payer ? Mais c’est bien sûr le retraité et pas les banquiers, les spéculateurs et les responsables des caisses !

Ceux qui se frottent les mains, ce sont les complémentaires retraites privées qui vont d’autant mieux pousser les fonctionnaires à y mettre leur argent, jusqu’à ce que ceux-ci apprennent que leur argent s’est aussi envolé en spéculations diverses, comme l’argent des autres banques, caisses d’épargne, des communes aussi et même de l’hôpital public (dans la banque Dexia notamment !). Par contre, rassurez vous : l’Etat qui ne sauvera pas nos retraites sauve les banques, les bourses, les trusts, tous les spéculateurs comme il vient de le faire pour la banque CIF et pour la banque PSA… Notre retraite, si nous voulons en avoir une comme d’ailleurs à l’avenir notre paie, il faudra la prendre en réquisitionnant les coffres-forts de tous ces gens-là !

Violences en hausse à l’hôpital

Des actes de violence ne sont plus des faits rares à l’hôpital. Le phénomène s’amplifie et est devenu récurrent. Il va de pair avec la situation économique et sociale d’une société qui s’écroule. L’existence de malades violents, déjà stressante en soi, est considérablement aggravée par le manque permanent de personne. Cela mène à des situations très dangereuses pour les malades et le personnel. La présence de tels malades nous contraint à travailler dans le stress, dans une véritable ambiance de tension, sans être assurés de disposer de soutiens le cas échéant. Les responsables et cadres qui n’ont pas cessé de trouver moyen de diminuer le personnel ne sont pas ceux qui se retrouvent en première ligne à devoir gérer l’ingérable, à prendre des risques graves pour eux-mêmes, pour les agents de l’hôpital comme pour les patients. Ils ne peuvent même pas compter sur l’aide d’un collègue tellement nous sommes peu nombreux. Il faut être clair : les véritables responsables de la violence sont ceux qui diminuent les effectifs de manière totalement irresponsable. Nous ne pouvons pas compter sur la chance pour nous sauver de risques mortels….

Le CET nouveau est arrivé !

Plus complexe que le précédent, le CET nouveau est arrivé mais le cru n’est pas meilleur pour autant. La direction et les cadres ont exercé une pression maximum sur les agents pour les inciter à mettre les jours non pris sur un CET sous peine de les perdre. Toujours à flux tendu dans les services, jonglant les sous-effectifs, avec des arrêts-maladie et des congés maternité non remplacés, prendre ses jours se révèle être un véritable parcours du combattant.
Pourtant le CET était présenté comme devant tout régler. Ouvert depuis 2003, beaucoup de CET arriveront à échéance l’année prochaine (délai de dix ans). Alors, comme la direction ne veut pas embaucher ni permettre aux agents de prendre les jours posés sur le CET, elle change les règles du jeu. Si on ne s’exprime pas avant le 31/03, les jours placés sur le CET au-delà du 20ème jour seront convertis automatiquement en points-retraite sur la base de un jour de CET égale une rente annuelle de 3,12€. Ne nous laissons pas embobiner et voler !

Marie n’a pas intérêt à accoucher dans ces conditions

Lors de la fermeture de la Maternité et de divers services de l’hôpital de Marie Galante (île de Guadeloupe), les autorités avaient affirmé que cela ne posait pas de problème puisqu’un hélicoptère pouvait effectuer les transferts. On vient de voir à l’occasion d’un grave accident de la route que les distances entre services hospitalier et hélicoptères avaient entraîné d’énormes retards d’intervention extrêmement préjudiciables et qui le seraient bien entendu en cas d’accouchement. Si vous avez cru la promesse d’Hollande sur la proximité des services de santé, c’est que vous faites plus confiance en sa parole que… lui !

Gouverne…ment

Le texte final pondu par le gouvernement après de longues négociations avec les médecins spécialistes ne prévoit pas de pénalité en cas de dépassement d’honoraire. Il se contente d’inciter à respecter des maximums par des avantages fiscaux pour ceux qui les respectent, c’est-à-dire ceux qui le veulent. Le gouvernement s’est dégonflé une fois de plus, devant les patrons de médecine comme devant les patrons des banques, des trusts automobile, des start-up, des possesseurs d’œuvre d’art, etc, etc. Cela se traduit pas des suppressions massives d’impôts, de taxes et des non respects de la loi par ceux qui la font. Et, plus les patrons font semblant de souffrir de ce gouvernement de gauche, plus celui-ci ouvre les portes des coffres-forts en leur distribuant des milliards…


Le véritable « choc compétitivité », ce serait de payer pour travailler !

Si les entreprises licencient, disent les patrons, c’est parce que les travailleurs sont trop payés, que les patrons sont trop taxés, que les conditions de travail ne sont pas assez flexibles et les patrons disent qu’en défendant ainsi leurs intérêts ils défendent l’économie française qui serait pénalisée… Ben voyons ! Les patrons des autres pays disent exactement la même chose, jusqu’aux patrons américains qui affirment sérieusement que l’on doit « élargir l’assiette » des impositions de riches. Plus grosse assiette pour plus gros mangeurs en somme….

Si on travaillait plus, payés moins et si les patrons ne payaient pas d’impôts, il y aurait, disent les patrons, un choc ! Eh oui, ce serait un choc pour tous les salariés et un choc aussi car les services publics, déjà dégradés, seraient détruits...

Les patrons en prennent à leur aise et pourquoi se gêner : le gouvernement a beau maugréer, il finit par ne rien leur refuser. Il « sauve » la banque CIF. Il « sauve » la banque de PSA. Il accepte que les médecins dépassent quatre fois et plus le plafond de la sécu. Il est prêt à leur faire une dispense d’impôts. Il va les détaxer. Il aide l’ « innovation » en matière de déductions d’impôts. Il prend moins d’argent au titre de l’impôt sur la fortune que Sarkozy. Et pourtant les patrons sont quasiment prêts à se considérer comme des pigeons et vont bientôt faire la grève des œufs et occuper le poulailler !

Alléger les charges des entreprises en alourdissant celles des ménages, voilà revenue la « TVA sociale » de Sarkozy qui revient avec Hollande ! Et de deux : un crédit d’impôts pour les patrons !! Et le gouvernement reconnaît que le coût du travail pèse trop sur les patrons et baisse les charges sociales patronales !!!

Et tout ça pour quoi ? Pour que l’emploi soit sauvegardé nous disent-ils ! Mais les emplois ne sont pas sauvegardés malgré les treize milliards donnés par le gouvernement à PSA. Mais les emplois des salariés des banques ne sont pas sauvegardés par les milliards que l’Etat leur a donnés. Mais les emplois ne sont pas sauvegardés pour l’ensemble des salariés de l’Automobile ne sont pas sauvegardés par les milliards donnés à Renault et Peugeot. Et les emplois continuent de chuter d’autant plus que l’Etat qui a distribué ces milliards déclare vouloir supprimer encore plus d’emplois de postiers, d’infirmières et de cheminots que les gouvernements précédents.

Les patrons n’auront donc plus à payer d’impôts, plus de taxes, n’auront même pas à investir dans les entreprises. C’est l’Etat qui, grâce à nos impôts à nous salariés qui continuerons de payer, va faire tout à la place des patrons. Ça on peut dire que ce sera un choc.

Quant à la compétitivité, où est-elle ? La logique de la compétitivité, c’est que les autres pays en fassent autant et même pire. Et alors ? Eh bien, on les suivra ! Il n’y a plus qu’à travailler avec le même taux de profit que les employés des prisons américaines et du goulag chinois !

On n’aura jamais fini de courir après les sacrifices pour être plus compétitifs que les autres. Et cela ne suffira nullement à sauver nos emplois. Les salariés des entreprises où les syndicats avaient signé des accords en ce sens avec les patrons l’ont pleinement démontré. Les Continental en ont fait les frais autrefois comme aujourd’hui les 10.000 salariés de Ford à Genk en Belgique qui sont jetés dehors après que leurs syndicats aient accepté tous les sacrifices que leur demandait le patron. Et les syndicats viennent encore de céder au chantage de PSA à Sevelnord…

Le simple fait que les centrales syndicales acceptent de s’asseoir à la table des négociations alors qu’il est clair qu’ils y vont pour que les travailleurs se fassent plumer, est très significatif. Ils pourront toujours descendre ensuite dans la rue et dire qu’on les a trompés mais c’est faux. Patronat et gouvernement ont annoncé la couleur.

Le sens dans lequel agissent les centrales syndicales est limpide à PSA : avec des milliers de licenciements dans tous les sites et la fermeture d’Aulnay, jamais démentis, ils n’ont jamais proposé aux salariés de véritablement riposter, et pas même de faire grève avec occupation et encore moins de s’unir aux autres salariés licenciés pour construire une vague de riposte allant d’entreprise en entreprise avec des AG communes et un mouvement menaçant pour le patronat.

Quand on s’allonge ainsi, il n’y a pas à s’étonner de se retrouver à ramper. Les militants syndicaux locaux sont certainement honnêtes mais ils refusent eux aussi de prendre en compte que les patrons ont sorti les couteaux et nous ont déclaré la guerre. Ils en restent à revendiquer de négocier alors qu’en face on frappe déjà !

Il n’y aura pas d’autre limite aux sacrifices que celle que nous mettrons nous-mêmes en nous organisant en comités de salariés en colère, en comités de grève, en comités de lutte, en comités au niveau de l’entreprise ou du quartier. C’est à nous de décider que la coupe est pleine et que nous ne voulons pas subir le sort des travailleurs grecs, espagnols, islandais, américains ou chinois qui tous subissent des attaques s’aggravant de jour en jour.

Les gouvernements de gauche comme de droite ne feront rien d’autre que nous tromper. Ce n’est pas l’Etat de la bourgeoisie qui va sauver les travailleurs car tel n’est pas son rôle. Quant aux patrons, ils préfèrent retirer leur argent de la production et la réserver pour spéculer. Ils transforment toutes les entreprises en banques et veulent du cash, rien que du cash pour retourner jouer au casino de la bourse des valeurs financières qui rapporte tant en si peu de temps. Aucun gouvernement ne parle même de les en empêcher car aucun n’en a le pouvoir.

Nous seuls, travailleurs, avons ce pouvoir de réquisitionner les entreprises et les capitaux, d’enlever aux patrons le pouvoir de nous nuire, de détruire nos vies. Toute la question est la suivante : ont-ils réussi à nous mener à un stade où nous nous méfions plus des travailleurs d’autres pays que des patrons, plus des travailleurs immigrés que des patrons licencieurs, plus des Roms que des Peugeot, plus de nos frères de classe que de nos ennemis ! Si c’était le cas, nous n’aurions fait que préparer la société au nazisme. Car les crises systémiques mènent toujours aux mêmes résultats : fascisme et guerre.

Non ! Nous ne sommes pas condamnés à attendre passivement le couteau du boucher ! Nous n’avons pas à accepter que les patrons nous retirent notre gagne-pain ! Nous n’avons pas à nous soumettre aux « nécessités de la compétitivité » qui nous mènent à l’abîme !

Il faut répliquer œil pour œil, dent pour dent, sans craindre de frapper ceux qui nous frappent : les classes dirigeantes et les Etats à leur service.

Non, on ne paiera pas, on ne rampera pas, on ne s’agenouillera pas pour obtenir des patrons d’être exploités pendant que nos frères d’à côté auront perdu leur emploi !

Messages

  • Ils avaient fêté il y a un an le maintien annoncé de la chirurgie cardiaque à Mondor en grande pompe. L’euphorie aura été de courte durée. La coordination de vigilance du centre hospitalo-universitaire d’Henri-Mondor à Créteil a écrit, hier, à la ministre de la Santé pour lui faire part de ses inquiétudes concernant le service de chirurgie cardiaque.
    Elle demande à Marisol Touraine de se positionner sur l’avenir du site.

  • La ministre Marisol Touraine a déclaré "Il y a quand même des médicaments qui soignent."

    Ah bon ! Elle ne va donc pas dérembourser absolument tous les médicaments !

  • Bernard Debré avait déclaré que la plupart des médicaments étaient nuisibles et pouvaient être déremboursés.

    Et aussi :

    L’immense majorité des dépassements n’est pas supérieure à 40 % du tarif de la Sécurité sociale. Je voudrais m’arrêter une seconde sur ce tarif : 23 euros la consultation. A peine 35 euros en comprenant le dépassement ! Une partie du dépassement est prise en charge par les mutuelles.

    Quant aux actes chirurgicaux, une nouvelle fois, ils sont dans certaines cliniques soumis à dépassement. Ce dépassement est toujours, c’est la loi qui l’oblige, annoncé dans les salles de consultation. Le malade doit signer un devis et, pour beaucoup, ces dépassements sont pris en partie en charge par les mutuelles.

    Les Français sont tellement habitués à ne plus rien payer pour leur santé, qu’ils trouvent totalement anormal que des médecins, des chirurgiens de très haute qualité puissent éventuellement faire des dépassements d’honoraires alors que ces honoraires et ces actes sont ridiculement peu chers.

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