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Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault - Ghosn à l’attaque !

mercredi 14 novembre 2012, par Robert Paris

Bulletin La Voix des Travailleurs de Renault - Ghosn à l’attaque !

Chantage massif à l’emploi de la part de Ghosn

Profitant de l’offensive du patron de PSA sans réaction des syndicats (pas de grève), le patron de Renault en met une couche et exige sous peine de suppressions d’emplois et de sites que les syndicats signent un accord comprenant des baisses de salaires, des flexibilités, des mobilités. Et ce ne sera que le début car plus on cédera plus il attaquera. C’est dès le début qu’il faut bloquer les maîtres chanteurs !

CRPM : non aux licenciements à répétition !

Au CTR (Rueil), il a suffi que deux salariés se disputent, ce qui ne manque pas d’arriver quand la direction entretient un climat tendu, pour que la direction les licencie. Cette fois, il s’agit de deux salariés de Vestalia. Mais au CRPM, la direction n’en est pas à son coup d’essai et compte se débarrasser de beaucoup de monde par tous les moyens. Il faut dire que c’est le sixième licenciement au CRPM : trois Renault et trois Vestalia. Ce serait plus simple de débarrasser le responsable du CRPM pour dégager l’ambiance ! Ne restons pas sans rien dire, sinon demain ce sera notre tour !

Les apprentis apprennent l’arnaque patronale

Avec la suppression du « complément de persévérance », certaines catégories d’apprentis perdent jusqu’à 10% de leur paie soit 100€ par mois ! Et cela est présenté comme un progrès à l’ensemble des apprentis !

Assez négocié ! Assez trompé !

La direction refuse de verser l’avance sur l’intéressement local aux performances. La CFDT a même peur qu’on l’accuse d’en avoir convenu avec la direction. Englués que sont les syndicats dans les négociations tous azimuts avec le patron, on pourrait en effet se demander qui décide de quoi, qui est complice de quoi et qui, sous prétexte de compétitivité, accepte de nous sacrifier. Les négociations dont ces syndicats sont des adeptes fervents ne donnent que des fruits amers et nous travailleurs ferions bien de rappeler systématiquement ces « négociateurs » qui prétendent parler en notre nom ! Quant à la prime, qu’elle l’intègre donc au salaire, on n’aura pas à attendre son bon vouloir à chaque fois….

Le patron perd 25€ et le salarié son emploi !

Le 9 novembre, les prud’hommes de Villeneuve-Saint-Georges examinaient le licenciement d’un salarié d’un concessionnaire Renault a qui on a volé son emploi pour le motif suivant : il aurait prétendument emporté un fond de vernis d’un montant de 25 € ! Quand on pense aux choix ruineux du tout électrique, aux sommes colossales englouties par Renault dans la seule spéculation avec la banque RCI, ce n’est pas 25€ qu’ils vont y perdre dans les fonds souverains en chute et autres titres pourris sur des crédits ruineux. Mais là, pas question de licencier le boss qui a pillé les caisses de Renault.

Nos élus se réunissent avec nos ennemis

Les salariés de Renault ont élu leurs nouveaux représentants au Conseil d’Administration qui ont les mêmes droits et devoirs que les autres membres de cet organisme. Ils n’auront aucun moyen de s’opposer à des sales coups du patron. Ils ont par contre le devoir de confidentialité. Cela signifie qu’ils seront mis au courant des attaques contre nous et ne pourrons pas nous en avertir. Et alors ? Qu’est-ce qu’on gagne à envoyer des syndicalistes siéger avec les patrons, à part de les éloigner de nous et les mettre sous l’influence de nos ennemis ?

Divergences de vocabulaire

A grande force de matraquage médiatique, l’expression "prendre les usagers en otages" est passée dans les moeurs, maintenant, c’est le "coût du travail" qui tient la vedette. Afin de faire passer les salariés pour des privilégiés et ceux qui revendiquent pour des saboteurs, voir des "terroristes" économiques qui voudraient ruiner le pays, malgré
les efforts louables de nos vertueux patrons pour redresser la situation. Alors qu’il serait plus honnête de parler d’augmentation de marges et de dividendes sur le dos des salariés surexploités !

Ne pas accepter le chantage appelé négociation

La date couperet du patron de Renault est janvier 2013. D’ici là il devra avoir trouvé la signature de syndicats représentatifs pour obtenir des « gains de productivité » significatifs en France se traduisant par une augmentation de la profitabilité des salariés. Il veut imposer, sous menace de ne pas donner de travail aux secteurs concernés, un gel des salaires et une augmentation du temps de travail annuel. Pour le moment, le patron se contente de prétendre que les ouvriers ne sont pas assez exploités ! Et, pour cela, il met en concurrence les ouvriers de différents sites et différents pays. Et à chaque fois qu’il obtient un recul ici ou là, il en profite pour faire pression sur les autres. C’est comme cela avec les maîtres chanteurs : si on leur cède, on n’en a jamais fini !

Il n’y a rien à négocier avec des gens qui nous pointent leur couteau sous la gorge.

Les syndicats reconnaissent que c’est du chantage et elles y participent cependant sans vergogne. Nous n’avons rien à gagner à les laisser faire… PSA a obtenu en juillet des syndicats de son usine de Sevelnord un accord pour un gel des salaires et une flexibilité accrue en échange d’une promesse de non fermeture. Mais les salariés de Continental comme ceux de Ford ont vu à quoi tenaient de telles promesses. A Genk (Belgique), Ford avait signé des engagements que les salariés ont honoré en se sacrifiant et le patron promettait garantir l’emploi jusqu’en 2020 et licencie en fait en 2012 plus de dix mille salariés ! Les syndicats crient à l’arnaque mais pourquoi ont-ils accepté de se faire arnaquer ? On ne doit pas croire à la parole des patrons et échanger des avantages réels contre des engagements patronaux… Vous ne vous souvenez pas de Varin déclarant que la fermeture d’Aulnay n’était nullement en projet ? Et de Ghosn déclarant la même chose…

Nos salaires à la sauce Hay-Aïe-Aïe !

Finies les grilles de salaires et de qualification, désormais la direction veut des rémunérations à la tête du client, à la faveur du RH, des managers et autres directeurs. L’arbitraire total en somme. Le patron renie tous ses engagements précédents signés avec les syndicats, démontrant que l’on ne doit jamais croire à la parole d’un patron. Ils profitent du climat de crise pour changer les rapports sociaux et nous préparer des emplois d’esclaves-salariés nouvelles normes. C’est au début de ce type de processus qu’il faut mettre un coup d’arrêt car, quand on commence par accepter en disant que c’est limité, cela devient illimité….

On est concernés par l’attaque

Les salariés de Renault Flins ont débrayé contre les 371 suppressions de postes qu’ils subissent. Dans les autres sites de Renault, au lieu de se proposer de protester aussi, on serre les fesses en espérant que cela ne nous touche pas. Mettre la tête dans le sable, laissons cela aux autruches ! Laissons les salariés de Flins seuls, laissons les salariés de PSA seuls, ceux de Sanofi, de Petroplus, de ArcelorMittal ou de Ford et nous serons seuls aussi quand ce sera notre tour !

Renault s’engage pour (tromper) la sous-traitance ?

Dans l’accord que le patronat de Renault prétend trouver avec les syndicats, la firme annonce que "Dans ce projet d’accord, la filière des sous-traitants serait également prise en compte. Renault serait prêt à s’engager à travailler de manière un peu élargie avec la filière automobile." Vous ne vous souvenez pas de l’engagement qu’avaient pris Renault et PSA quand, aidés à hauteur de milliards par le gouvernement en 2008, ils prétendaient qu’ils allaient aider les sous-traitants ? On a vu le résultat avec la vague de fermetures qui a suivi !

Le véhicule qui sauve ?

Pour calmer et rassurer les syndicats, Ghosn a trouvé le truc : confirmer officiellement la renaissance de la marque Alpine, abandonnée depuis les années 1990. S’accrocher ainsi à des productions est illusoire. On l’a bien vu avec les promesses de Ghosn à Flins envolées comme neige au soleil ou avec la C3 à PSA Aulnay. D’ailleurs, l’assemblage des sportives aurait lieu dans la petite usine spécialisée de Dieppe, et non dans les grands sites Renault comme Douai ou Sandouville. Notre sort ne dépend pas d’une production mais de notre capacité à nous faire craindre des patrons, à sortir pour cela du champ clos de notre site et à étendre la colère dès que nous partons en lutte.

Alpine sans sport

Le buzz de la renaissance de la marque ALPINE, ne parle pas de programme sportif, qui était pourtant l’essence même de la marque, mais en tout cas elle a déjà (à défaut de trophées sportifs) gagné plein de subventions avant d’avoir construit une seule voiture ! La vente n’est prévue pas avant 3 ans, dans le meilleur des cas. Et, comme d’habitude, on nous apitoiera avec le "coût du travail", en oubliant de mentionner les subventions qui sont payées avec l’argent de nos impôts !


Le chômage technique : le patron y gagne

Renault Douai chôme plutôt que de baisser la cadence de travail. Pourquoi ? Parce que l’Etat paie 60% de l’indemnisation et que les salariés paient en perdant 15% de la paie. En même temps, le chômage technique sert au patron pour faire pression sur le moral et imposer des prêts de salariés à d’autres sites lointains. C’est tout bénéfice sauf pour nous !

Non à la restructuration sur notre dos

A quelle sauce vont être ménagés les employés de la direction commerciale ? On ne le sait pas depuis que la direction a décidé de scinder la direction en deux branches, direction des ventes et qualité de réseau, d’une part et développement des réseaux d’autre part. Est-ce pour élaguer l’arbre ? La direction prétend que les 78 salariés touchés vont être reclassés mais, dans la période actuelle, c’est une pression supplémentaire et un danger pour l’emploi bien entendu. Comme d’habitude, les salariés se retrouvent seuls face à la direction pour se défendre. Il faut cesser l’individualisation et imposer collectivement la défense collective des salariés.

La stratégie qui perd

Les syndicats de PSA ont choisi la négociation sans grève, sans occupation, sans rapport de forces. Résultat : loin de reculer sur ses licenciements prévus et sur la fermeture d’Aulnay, le patron de PSA sous une action syndicale absente, y rajoute trois mille licenciements dans sa filiale Faurecia !!!


Le capitalisme industriel transformé en banque puis en faillite générale

Beaucoup ont été étonnés, en apprenant que la banque financière Peugeot était en faillite et que l’Etat allait la sauver à hauteur de 7 milliards, de découvrir tout simplement… qu’il existait une banque PSA ! Non seulement les trusts ont leur propre banque mais ce qu’il faut remarquer, c’est que l’activité bancaire a pris le dessus sur l’activité industrielle. Non seulement c’est PSA banques – activité financière - que l’Etat doit renflouer, mais il lui faut pour cela donner sept milliards et en cautionner trois de la part des banques. Il faut donc donner dix milliards pour sauver PSA-Finances quand il en avait suffi d’un milliard et demi en 2008 pour sauver PSA Automobiles. Le poids de la banque chez Renault est du même type. Dans les dernières annonces de bénéfices de Renault, RCI, soit Renault Finances prend une part considérable. Les annonces de Renault en juillet 2012, c’est 786 millions d’euros de bénéfices dont 395 millions proviennent des bénéfices de la banque RCI, banque financière de Renault ! Donc Renault gagne plus en spéculant sur la finance qu’en vendant des voitures !

Chacun se souvient que l’établissement public des services postaux a été transformé en banque qui produit essentiellement des … produits financiers, mais est-ce que l’on a conscience dans le grand public qu’il ne s’agit nullement d’un cas particulier ? Absolument pas ! Les travailleurs ont été tenus dans l’ignorance des évolutions réelles du capitalisme et on continue à leur faire croire qu’on serait dans un capitalisme industriel dont les emplois se contentent d’être ponctionnés par les pays émergents. On essaie de nous faire croire que si on perd nos emplois, c’est parce que nous ne serions pas assez compétitifs par rapport à la surexploitation des salariés marocains, chinois ou brésiliens. Cela est faux. On nous fait croire aussi que l’ensemble de l’activité industrielle est en surcapacité et doit donc se réduire. C’est encore faux. La cause de la désindustrialisation est ailleurs : dans le retrait massif des capitaux privés de leurs investissements industriels et commerciaux et leur investissement massif dans la sphère bancaire et financière. L’une des marques de cette nouvelle situation du système capitaliste est la transformation de l’ensemble des trusts en banques financières.

C’est le monde qui est devenu un vaste marché des capitaux financiers et qui ne s’investit plus dans l’industrie et le commerce. La Poste est devenue une banque. La SNCF est devenue une banque. Le SOCRIF est la banque SNCF ou (Société de Crédit Immobilier des Chemins de Fer) est détenue à 99,6% par la SNCF. Elle est une banque officiellement consacrée au crédit immobilier des cheminots, mais en tant que banque, elle est couplée avec la SOFIAP détenue à 51 % par le CIF, la fameuse banque qui vient d’être soutenue par l’Etat car en faillite. La RCI Banque est la banque Renault. La Banque PSA Finance (BPF) est la banque de PSA. Les magasins Leclerc, c’est une banque : la banque Edel ! Les magasins Auchan c’est la banque Auchan Banque Accord. Les magasins Carrefour, c’est Carrefour Banques. Les assurances, elles aussi, sont devenues des banques comme les AGF, AXA ou Groupama ! Le Bâtiment détient la BTP, banque du bâtiment et des travaux publics. Veolia a créé Veolia P.P.P Finance….

Ce n’est pas particulier à la France. On pourrait croire qu’IBM, ce sont des ordinateurs mais c’est aussi IBM Financement. Siemens a créé Siemens Financial Services S.A.S. On recense aussi Jaguar Financial Services ou Land Rover Financial Services ou encore Toyota Credit Bank et Volswagen Bank. En Chine c’est la Banque industrielle et commerciale de Chine d’une valeur de 211 milliards de dollars. La Chine est d’abord un vaste secteur bancaire et financier comme Brésil ou Inde. L’explosion sociale en Afrique du sud provient du désinvestissement massif des capitalistes de leurs investissements productifs dans les mines.

Du cash, d’abord du cash, tel est le leitmotiv des capitalistes industriels comme des autres, pour profiter de tous les investissements possibles dans la dette des nations, dans les spéculations diverses en titres pourris.

Il ne sert à rien de prétendre réindustrialiser la France, l’Europe, le monde. Les capitaux n’agiront de manière aveugle que vers ce qui les attire : le profit immédiat et il n’est plus à gagner dans l’industrie. Cela signifie que le capitalisme a atteint ses limites de capitalisation et qu’il ne donne l’illusion de se perpétrer qu’en servant aux capitaux privés des intérêts tirés des caisses publiques.

Mais, si ce sont les capitalistes qui misent sur la mort de cette société, il faut les croire et cesser de nous sacrifier soi-disant pour relancer l’économie, pour « sauver » les pays, les entreprises, et l’emploi. Nous n’avons aucune raison d’accepter aucun sacrifice au nom d’un sauvetage du système qui est purement illusoire. Ils ne vont ni sauver l’entreprise, ni sauver le secteur d’activité, ni sauver le pays, ni sauver le système. Ils ne vont que nous couler nous. Ne nous laissons pas faire !

Messages

  • Ghosn :

    « La flexibilité fait peur parce que les gens ne savent pas ce qu’il y a dedans. »

    « Nous-mêmes, nous avons engagé des concertations en interne. Tant que nous n’aurons pas apporté de réponses, il y aura des hésitations sur les investissements en France »

    « Les charges qui pèsent sur le travail doivent être diminuée. »

    « Un constructeur ne peut pas maintenir un outil de production sans vendre », a-t-il tout de même reconnu. L’ajustement de l’outil de production dépend de l’avenir, tout dépend de ce que nous voyons venir. Pour l’instant, rien n’est prévu sur les ajustements de capacités ».

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