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Salut aux soviets

jeudi 17 janvier 2013, par Robert Paris

L’Humanité,

8 novembre 1922

Salut aux Soviets

par Anatole France

Anatole France fête le cinquième anniversaire de la Révolution soviétique. Il adresse par les Isvestias et l’Humanité, son salut à la Républiqe prolétarienne, « née pauvre et invincible ». Notre plus grand écrivain apporte à la Russie misérable et glorieuse son hommage. Et, parce qu’il n’abdique pas, parce qu’il continue, dans sa soixante dix-huitième année, à garder la foi, à porter haut le flambeau, son hommage prend à nos yeux, aux yeux de tous les révolutionnaires, une valeur inestimable.

« La Révolution russe retournera le monde », proclamait Henri Barbusse. Et Trotsky : « Tôt ou tard la Révolution prolétarienne éclatera en Europe et en Amérique ». Anatole France les confirme, et il salue dans la République des Soviets l’espérance d’un monde libéré.

Il y a cinq ans, la République des Soviets naquit pauvre et invincible. Elle apportait un esprit nouveau, menaçant pour tous les gouvernements d’oppression et d’injustice qui se partagent la terre. Le vieux monde ne s’y trompa pas. Ses chefs reconnurent leur ennemie. Ils armèrent contre elle la calomnie, la richesse, la violence. Ils voulurent l’étouffer : ils envoyèrent contre elle des hordes de bandits. La République des Soviets leva ses armées rouges et écrasa les bandits.

S’il est encore en Europe des amis de la justice, qu’ils saluent avec respect le cinquième anniversaire de cette Révolution qui, après tant de siècles, apporta à l’univers le premier essai d’un pouvoir qui gouverne par le peuple, pour le peuple. Nés dans l’indigence, grandis dans la famine et la guerre, comment les soviets eussent-ils pu accomplir leur grand dessein et réaliser la justice intégrale ?

Du moins, ils ont posé le principe. Ils ont jeté les semences qui, si les destins le favorisent, se répandront sur la Russie et féconderont peut-être un jour l’Europe.

Messages

  • C’étaient les ouvriers et les soldats qui avaient fait la Révolution. Ils avaient versé leur sang pour elle. Il fut alors décidé qu’ils se retireraient suivant la coutume pour laisser les affaires aux mains de leurs supérieurs. Le peuple avait enlevé le pouvoir aux tsaristes. Maintenant, c’étaient aux banquiers et aux hommes de loi, aux professeurs et aux politiciens d’entrer en scène pour enlever le pouvoir des mains du peuple.

    Ils dirent :

    "Peuple, vous avez remporté une glorieuse victoire. Le nouveau devoir maintenant est la formation d’un Etat nouveau, c’est la tâche la plus difficile, mais par bonheur, nous, les gens instruits, nous savons diriger les affaires, nous allons former un Gouvernement Provisoire. Notre responsabilité est lourde, mais en vrais patriotes, nous en acceptons le fardeau. Nobles soldats, retournez aux tranchées. Braves ouvriers, retournez aux machines. Et vous, paysans, retournez à la terre."

    Les masses russes étaient à ce moment traitables et raisonnables. Elles laissèrent donc les bourgeois former leur "gouvernement provisoire". Mais si les masses russes n’étaient pas instruites, elles étaient intelligentes. Beaucoup ne savaient ni lire ni écrire, mais beaucoup savaient penser. Aussi, avant de retourner aux tranchées, aux fabriques et à la terre, ils créèrent à leur idée de petites organisations. Pour chaque usine de munitions, les ouvriers choisirent un des leurs en qui ils avaient confiance. Dans les fabriques de chaussures et dans les filatures, ils firent de même. Les briqueteries, les verreries et les autres industries suivirent leur exemple. Ces représentants élus directement par leurs pairs formèrent le Soviet, conseil des Représentants des ouvriers.

    Par le même procédé, les armées formèrent des Soviets des Représentants des soldats et les villages des Soviets des Représentants des paysans. Ces représentants étaient élus par professions et corps de métier et non par districts. Les Soviets étaient donc composés, non de politiciens bavards et ignorants, mais d’hommes qui connaissaient leur métier. De mineurs qui savaient ce qu’est une mine, de mécaniciens qui savaient ce qu’est une machine, de paysans qui savaient ce qu’est la terre, de soldats qui savaient ce qu’est la guerre, d’instituteurs qui savaient ce que sont les enfants.

    Les Soviets se formèrent dans toute la Russie : dans chaque cité, chaque ville, chaque hameau et chaque régiment. Quelques semaines après l’écroulement de la vieille charpente tsariste un sixième de la surface de la terre était doté de ces nouvelles organisations sociales.

    Extrait d’Albert Williams : A travers la Révolution russe (N.R.F.)

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