Accueil > 08- LUTTE DES CLASSES - CLASS STRUGGLE > La Bulgarie en révolte

La Bulgarie en révolte

samedi 2 mars 2013, par Robert Paris

La Bulgarie en révolte

La Bulgarie est en ébullition depuis une semaine, en raison de la hausse des tarifs de l’électricité, qui ont atteint parfois plus de cent euros par mois et par ménage dans un pays où le salaire mensuel moyen, le plus faible de l’Union européenne, est de moins de 400 euros.

Dimanche, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont battu le pavé dans une vingtaine de villes pour dénoncer l’association « mafieuse » entre dirigeants politiques et compagnies énergétiques. Il s’agissait des manifestations les plus importantes qu’ait connues la Bulgarie depuis la chute du régime communiste, au début des années 1990. Les manifestants reprochent à trois entreprises étrangères présentes sur le marché de l’énergie de faire des profits faramineux sur le dos des consommateurs bulgares.

Depuis deux jours, la situation s’était encore tendue : lundi et mardi, à Sofia, la capitale, les manifestations ont dégénéré en affrontements avec la police, faisant près de trente blessés, dont cinq membres des forces de l’ordre. A Varna, sur la côte de la mer Noire, un homme de 36 ans s’est immolé par le feu mercredi matin devant la mairie. L’homme a été hospitalisé dans un état critique, avec 80 % de brûlures sur le corps. Une scène similaire avait déjà eu lieu mardi à Veliko Tarnovo, dans le centre.

Le ministre des Finances a été limogé lundi, et mardi, a été annoncé une baisse de 8 % des tarifs, ainsi que la volonté de sanctionner les compagnies d’électricité étrangères, au risque d’un incident diplomatique avec la République tchèque. La licence de la compagnie tchèque d’électricité CEZ a notamment été annulée.

Le chef du gouvernement bulgare Boïko Borissov a annoncé mercredi 20 Février 2013, la démission de son gouvernement.

Le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a déposé sa démission mercredi au parlement après dix jours de manifestations contre la pauvreté dans tout le pays, ouvrant la voie à des élections législatives au printemps.

"Nous avons de la dignité et de l’honneur. C’est le peuple qui nous a confié le pouvoir, aujourd’hui nous le lui rendons", a déclaré Boïko Borissov.

Les élections législatives étaient normalement prévues en juillet, mais avec la démission du gouvernement, qui doit être votée jeudi par le parlement, elles devraient se tenir au printemps.

Selon la constitution, le président Rossen Plevneliev doit successivement proposer à trois partis parlementaires - l’actuel parti gouvernemental de centre-droit GERB, la principale force d’opposition, les socialistes, et un troisième de son choix - de former un gouvernement.

Comme les partis parlementaires se déclarent tous pour des élections anticipées, cette procédure ne devrait pas aboutir et le chef de l’Etat devra nommer un gouvernement d’experts chargé d’organiser les élections.

Selon les socialistes, les législatives pourraient ainsi se tenir fin avril.
M. Borissov, 53 ans, a réagi avec retard aux manifestations quotidiennes contre l’austérité et la pauvreté dans tout le pays. Les factures d’électricité de janvier, qui avait doublé par rapport au mois précédent, avaient mis le feux au poudre.

Mardi, il a promis une baisse de 8% des prix de l’électricité en mars, au risque de mener à la faillite la seule centrale nucléaire de Kozlodoui, et a lancé une procédure de retrait de la licence d’une des sociétés étrangères de distribution d’énergie, la tchèque CEZ.

"Nous avons fait le maximum pour répondre aux protestations. Je ne peux pas regarder le Pont aux Aigles ensanglanté", a-t-il déclaré mercredi, se référant au carrefour de Sofia où les heurts les plus violents se sont produits.

Les manifestations ont fait à Sofia 28 blessés dont cinq policiers mardi et mercredi. Deux hommes, dont l’un est décédé et l’autre dans un état grave, se sont immolés par le feu en province mardi et mercredi.
"Les élections anticipées sont dans l’intérêt de GERB", qui risquait une grave perte de popularité d’ici juillet, commente mercredi un politologue Dimitar Avramov à Sofia.

Selon un sondage récent de Gallup, M. Borissov recueillait autant d’avis favorables que le chef de l’opposition socialiste, Serguei Stanichev (29%). Et la proportion des personnes sondées soutenant le parti gouvernemental GERB était identique à celle en faveur des socialistes (22%).

Le politologue de Gallup, Andrey Raytchev juge de son côté que "le prochain gouvernement risque de ne pas tenir plus de deux ans", car il devra mettre en place des réformes indispensables mais hautement impopulaires que GERB a selon lui évité d’aborder.

Parmi ces mesures figurent une réduction du nombre d’hôpitaux et d’universités et une nouvelle augmentation de l’âge de la retraite.
L’analyste Tsvetozar Tomov, de l’institut de sociologie Scala, souligne quant à lui que malgré sa stabilité macro-économique, la Bulgarie a épuisé toutes ses réserves financières. "Le trésor est vide, il n’est plus possible d’éviter un emprunt", a-t-il dit.

La Bulgarie qui applique depuis une grave crise en 1997 un régime d’austérité, le directoire financier, a un faible déficit (1,4% en 2012) et une faible dette publique (17%).

Cependant la dette des entreprises, qui a atteint 227% du Produit intérieur brut(PIB) en 2011, constitue un frein à l’économie du pays.
Le taux de chômage a atteint 11,9% en janvier, les jeunes étant particulièrement touchés.

Par ailleurs "le problème de la pauvreté de ceux qui travaillent est un des principaux facteurs de mécontentement", le salaire moyen mensuel n’atteignant que 350 euros, a déclaré le politologue de Gallup Jivko Gueorguiev. La Bulgarie est le pays le plus pauvre de l’Union européenne (UE), qu’elle a rejoint en 2007.

Messages

  • Une vingtaine de personnes dont trois policiers ont été blessées mardi soir au cours d’accrochages devant le parlement bulgare assiégé par des manifestants, au moment où la police tentait d’en extraire des députés et des ministres, selon des sources hospitalières.

    Dix-sept personnes dont trois policiers ont été accueillis dans deux hôpitaux de Sofia, et plusieurs manifestants ont été soignés sur place, ont annoncé mercredi ces deux établissements.

    Environ 2.000 manifestants, selon un journaliste de l’AFP, entouraient le parlement où siégeaient mardi en fin d’après-midi trois commissions travaillant sur une révision du budget 2013.

    Tard dans la soirée, la police a tenté d’évacuer une partie de 109 personnes bloquées dans le bâtiment, mais le bus prévu a été l’objets de jets de pierres des manifestants et des vitres ont été brisées.

    Ce n’est que mercredi vers 03H30 (00H30 GMT), que la police a détruit une barricade improvisée par des manifestants pour faire passer plusieurs camionnettes avec des députés et des ministres.

    Une heure plus tard, toutes les personnes bloquées au parlement avaient pu quitter le bâtiment.

    La réunion du Parlement prévue mercredi a été annulée. Le gouvernement de technocrates conduit par Plamen Orecharski doit se réunir en fin de matinée, réunion prévue de longue date et pas liée aux événements de la nuit.

    Les accrochages sont survenus au 40e jour des manifestations antigouvernementales qui ont lieu quotidiennement à Sofia. Les manifestants protestent contre "l’oligarchie" qui dirige, selon eux, le pays et réclament depuis le début de leur mouvement la démission du gouvernement.

  • Depuis des semaines, le mécontentement envahit les rues de Sofia. La population n’en peut plus des 24 ans de soi-disant transition démocratique depuis la chute du régime communiste. Elle descend dans la rue jour après nuit, dénonce la corruption galopante et montre du doigt les oligarques qui s’engraissent sur le dos d’une classe moyenne à bout de souffle.

    La caste dirigeante place à tour de bras des hommes de paille à la tête des grands services de l’État pour mieux masquer les véritables bénéficiaires du système. Et pendant ce temps-là, les prix augmentent, le salaire moyen tient de la misère et le pays est toujours le plus pauvre de l’Union européenne. Face à cette sourde révolte, l’Europe n’entend rien. Tant que Sofia n’est pas au bord de la ruine comme Athènes, à quoi bon s’en mêler. Vu le temps qu’il a fallu à Bruxelles pour rappeler à l’ordre le pouvoir hongrois tenté par l’autoritarisme, les Bulgares peuvent prendre leur mal en patience.

  • Sans parti révolutionnaire pas de révolution ! Si la Bulgarie veut finir comme la Grèce qu elle continue dans le libéralisme alors que tous le monde se rend compte que c est richesse pour une minorité et misère pour la majorité. À partir d égalité en 1989 vous avez créer de l inégalité, des riches et des pauvres et vous continuer dans cette voie sans issue. Vous ne vous en sortirez jamais en gardant le capitalisme !

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.