Accueil > 13- ART ET REVOLUTION - ART AND REVOLUTION > Jacques Brel, le poète

Jacques Brel, le poète

lundi 11 mars 2013, par Robert Paris

Jacques Brel, le poète

JE VOUS SOUHAITE

" Le seul fait de rêver est déjà très important.

Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir

et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.

Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer

et d’oublier ce qu’il faut oublier.

Je vous souhaite des passions.

Je vous souhaite des silences.

Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil

et des rires d’enfants.

Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence

aux vertus négatives de notre époque.

Je vous souhaite surtout d’être vous. "

Jacques Brel

Un poème de Brel lu (film)

Le plat pays

Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague

Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues

Et de vagues rochers que les marées dépassent

Et qui ont à jamais le cœur à marée basse

Avec infiniment de brumes à venir

Avec le vent de l’est écoutez-le tenir

Le plat pays qui est le mien

Avec des cathédrales pour uniques montagnes

Et de noirs clochers comme mâts de cocagne

Où des diables en pierre décrochent les nuages

Avec le fil des jours pour unique voyage

Et des chemins de pluie pour unique bonsoir

Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir

Le plat pays qui est le mien

Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu

Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité

Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu

Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner

Avec le vent du nord qui vient s’écarteler

Avec le vent du nord écoutez-le craquer

Le plat pays qui est le mien

Avec de l’Italie qui descendrait l’Escaut

Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot

Quand les fils de novembre nous reviennent en mai

Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet

Quand le vent est au rire quand le vent est au blé

Quand le vent est au sud écoutez-le chanter

Le plat pays qui est le mien

"Moi qui n’ai jamais prié Dieu

Que lorsque j’avais mal aux dents

Moi qui n’ai jamais prié Dieu

Que quand j’ai eu peur de Satan

Moi qui n’ai prié Satan

Que lorsque j’étais amoureux

Moi qui n’ai prié Satan

Que quand j’ai eu peur du Bon Dieu"

(Jaques Brel / 1929-1978 / La statue)

Jacques Brel a dit :

Ne se mettre à genoux que pour cueillir une fleur

Je me fous complètement de l’argent. Si un jour vous apprenez que je suis devenu pauvre, ne me plaignez pas.

Je crois qu’en fait un homme passe sa vie à guérir de son enfance.

Un enfant, c’est le dernier poète d’un monde qui s’entête à vouloir devenir grand.

Quand on lit Rimbaud, on est plus riche que la veille, mais on sait aussi qu’on écrit beaucoup moins bien.

On ne réussit que ses rêves. C’est l’intensité de la vie, plus que sa durée, qui compte.

Remarque : en reconnaissant Brel le poète, Brel le révolté, nous ne cautionnons bien entendu pas toutes les positions de Brel et notamment son hostilité aux Belges Flamands ou sa défense exclusive de la langue française en Belgique...

Messages

  • merci pour les précisions et les éclaircissements j’en connais des tonnes qui vont être contentes

  • "Ne se mettre à genoux que pour cueillir une fleur"

    Jacques Brel

    • Elles sont libres, les pensées

      Personne ne peut les arrêter

      Car elles peuvent s’envoler

      Comme une ombre dans l’obscurité

      Personne ne peut les deviner

      Personne ne peut les traquer

      Rien ne peut les tuer :

      Elles sont libres, les pensées

      Je pense ce que je veux

      Et ce qui me rend heureux

      Mais tout ça en silence

      A ma convenance.

      Mon désir, ma volonté

      Personne ne peut les réfuter

      C’est ma réalité :

      Elles sont libres, les pensées

      Et si l’on me jetait

      Dans un cachot profond,

      Aucun mur épais

      Ne sera jamais mon horizon.

      Car toutes mes pensées

      Abattent les murs, elles sont les clés

      De ma réalité :

      Elles sont libres, les pensées.

      Texte lu par Hans Litten , jeune avocat juif allemand qui en 1931 convoque Hitler à la barre, résistant insoumis, violemment torturé dans les camps de concentration où il fut détenu.

  • Un enfant

    Ça vous décroche un rêve

    Ça le porte à ses lèvres

    Et ça part en chantant

    Un enfant

    Avec un peu de chance

    Ça entend le silence

    Et ça pleure des diamants

    Et ça rit à n’en savoir que faire

    Et ça pleure en nous voyant pleurer

    Ça s’endort de l’or sous les paupières

    Et ça dort pour mieux nous faire rêver

    Un enfant

    Ça écoute le merle

    Qui dépose ses perles

    Sur la portée du vent

    Un enfant

    C’est le dernier poète

    D’un monde qui s’entête

    A vouloir devenir grand

    Et ça demande si les nuages ont des ailes

    Et ça s’inquiète d’une neige tombée

    Et ça croit que nous sommes fidèles

    Et ça se doute qu’il n’y a plus de fées

    Brel

  • "son hostilité aux Belges Flamands"
    Erreur cher ami. Les flamingants ne sont nullement les belges francophones, mais une mouvance de l’extrême droite flamande revendiquant entre autre la scission de la Belgique, plus pour des raisons pécuniaires que culturelles. Un peu comme la Ligue du Nord en Italie.
    Quant à "sa défense exclusive de la langue française en Belgique...", je ne sais dans quel médiocre publication vous avez vu cela, car comment expliquer alors le nombre de ses chansons qu’il a écrites et chantées en flamand ?
    De apen (Les singes), Men vergeet niets (On n’oublie rien), Marieke (même titre, une partie des paroles originales sont déjà en flamand), Laat me niet alleen (Ne me quitte pas), Als men niets dan liefde heeft (Quand on n’a que l’amour), Mijn vlakke land (Le plat pays), De burgerij (Les bourgeois), Rosa (même titre), De nuttelozen van de nacht (Les paumés du petit matin).

    • Bruxellois et issu d’une famille catholique flamande francophone d’industriels, Brel se disait chanteur flamand de langue française ; ainsi chanta-t-il quelques-unes de ses chansons en néerlandais...

      Sa fille France écrit :

      « Brel s’est souvent vanté d’être flamand. Avec insistance… Je pense qu’il avait envie d’être reconnu par cette terre familiale. Il aimait de nombreuses caractéristiques flamandes. Quand il dit : « Le Flamand est un tendre », il parle de lui. Il aimerait être comme ces Flamands. Les Flamands savent boire, ils sont tendres, ils ont de la rigueur, des silences, ils travaillent, ils ferment leur gueule. Il aimait cette discipline. Il s’en sentait plus proche que de la nonchalance wallonne qui l’énervait un peu. C’est plus visuel que culturel. Il le dit : « Un arbre pour moi sera toujours een boom. » Mais il ne parlait pas vraiment flamand…
      Non, il parlait un peu le néerlandais comme tout le monde. Quand il l’a chanté, c’était le néerlandais, pas le flamand. »

      Dans les années 70, il pouvait encore, dans une chanson, dire « Obliger nos enfants à aboyer en flamand ».

  • Brel est certes contre les nationalistes, indépendantistes ou autonomistes, flamingands mais c’est au nom du nationalisme belge ce qui, à nos yeux, ne vaut pas vraiment mieux que le nationalisme flamand.

  • Il écrit en 1977 à propos des flamands nationalistes :

    « Et je vous interdis à New York ou Milan

    D’éructer mes seigneurs autrement qu’en flamand »

  • Brel :

    « Bien qu’il y ait des rues à Gand qui pissent dans les deux langues

    Tu vois quand je pense à vous j’aime que rien ne se perde »

  • Brel :

    « Cessez de me gonfler mes vieilles roubignoles

    Avec votre art flamand italo-espagnol

    Vous êtes tellement tellement beaucoup trop lourd »

  • Il se présentait ainsi aux îles Marquises :

    ‘Je suis celui que tous les Flamands veulent tuer, Jacques Brel !’

  • Brel a souvent eu une position sociale qui ressentait bien la vie des milieux populaires mais il a toujours refusé de comprendre que la bourgeoisie wallone, pro-française, avait opprimé le peuple flamand pendant de longues années. Le fait que les nazis soient forts dans les milieux pro-flamands n’y change rien.

  • Merci pour ce rappel et ces éclaircissements.

    Dommage que le lien du poème lu ne fonctionne plus que pour dire :

    "La ville s’endormait (poème..." « Cette vidéo n’est plus disponible suite à une réclamation pour atteinte aux droits d’auteur soumise par les ayants droit. »

    quand la parole ou la chanson ou la poésie est prononcée publiquement,elle ne devrait pas avoir à être déclarée PRIVÉE !

    A bas la propriété privée, à bas la SACEM, à bas les droits d’auteurs et vive le communisme !

  • « Il y a plusieurs sortes de Flamands. Il y a le Flamand et le flamingant. Le Flamand, c’est un Français rugueux. Le flamingant, c’est un Allemand mou. »

    Brel dans une interview à la RTB en 1971

  • « Il n’y a pas de Flamands. Ça n’existe pas les Flamands. »

    Brel dans une interview à la RTB en 1971

  • Les Vieux

    Les vieux ne parlent plus
    Ou alors seulement
    Parfois du bout des yeux,
    Même riches ils sont pauvres,
    Ils n’ont plus d’illusions,
    Et n’ont qu’un coeur pour deux.
    Chez eux ça sent le thym,
    Le propre, la lavande,
    Et le verbe d’antan,
    Que l’on vive à Paris,
    On vit tous en province
    Quand on vit trop longtemps.
    Est-ce d’avoir trop ri
    Que leur voix se lézarde
    Quand ils parlent d’hier ?
    Et d’avoir trop pleuré
    Que des larmes encore
    Leur perlent les paupières ?
    Et s’ils tremblent un peu
    Est-ce de voir vieillir
    La pendule d’argent
    Qui ronronne au salon,
    Qui dit oui, qui dit non,
    Qui dit : "Je vous attends".

    Les vieux ne rêvent plus,
    Leurs livres s’ensommeillent,
    Leurs pianos sont fermés,
    Le petit chat est mort.
    Le muscat du dimanche
    Ne les fait plus chanter,
    Les vieux ne bougent plus,
    Leurs gestes ont trop de rides,
    Leur monde est trop petit,
    Du lit à la fenêtre,
    Puis du lit au fauteuil,
    Et puis du lit au lit,
    Et s’ils sortent encore
    Bras dessus, bras dessous,
    Tout habillés de raide,
    C’est pour suivre au soleil
    L’enterrement d’un plus vieux,
    L’enterrement d’une plus laide,
    Et le temps d’un sanglot
    Oublier toute une heure
    La pendule d’argent
    Qui ronronne au salon,
    Qui dit oui, qui dit non,
    Et puis qui les attend.

    Les vieux ne meurent pas,
    Ils s’endorment un jour
    Et dorment trop longtemps,
    Ils se tiennent la main,
    Ils ont peur de se perdre,
    Et se perdent pourtant
    Et l’autre reste là,
    Le meilleur ou le pire,
    Le doux ou le sévère,
    Cela n’importe pas,
    Celui des deux qui reste
    Se retrouve en enfer.
    Vous le verrez peut-être,
    Vous le verrez parfois
    En pluie et en chagrin
    Traverser le présent.
    En s’excusant déjà
    De n’être pas plus loin.
    Et fuir devant vous
    Une dernière fois
    La pendule d’argent
    Qui ronronne au salon,
    Qui dit oui, qui dit non,
    Qui leur dit : "Je t’attends",
    Qui ronronne au salon,
    Qui dit oui, qui dit non,
    Et puis qui nous attend

  • Bonjour, je suis à la recherche d’un poeme de Brel qui s’appelle La recherche ... Si quelqu’un peut m’aider je lui en serai infiniment reconnaissant !

  • Bonsoir,
    je me demande si vous ne voulez pas parler de la chanson "La quête" :

    voir ici

    • "je vous souhaite de ne jamais renoncer à la recherche..."

      « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable. »

      Les vœux de Jacques BREL, 1er janvier 1968 (Europe 1)

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.