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Jacques Brel, le poète
lundi 11 mars 2013, par
Jacques Brel, le poète
JE VOUS SOUHAITE
" Le seul fait de rêver est déjà très important.
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir
et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer
et d’oublier ce qu’il faut oublier.
Je vous souhaite des passions.
Je vous souhaite des silences.
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil
et des rires d’enfants.
Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence
aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d’être vous. "
Jacques Brel
Le plat pays
Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l’est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien
Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir
Le plat pays qui est le mien
Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu
Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité
Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu
Avec un ciel si gris qu’il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s’écarteler
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien
Avec de l’Italie qui descendrait l’Escaut
Avec Frida la Blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien
"Moi qui n’ai jamais prié Dieu
Que lorsque j’avais mal aux dents
Moi qui n’ai jamais prié Dieu
Que quand j’ai eu peur de Satan
Moi qui n’ai prié Satan
Que lorsque j’étais amoureux
Moi qui n’ai prié Satan
Que quand j’ai eu peur du Bon Dieu"
(Jaques Brel / 1929-1978 / La statue)
Jacques Brel a dit :
Ne se mettre à genoux que pour cueillir une fleur
Je me fous complètement de l’argent. Si un jour vous apprenez que je suis devenu pauvre, ne me plaignez pas.
Je crois qu’en fait un homme passe sa vie à guérir de son enfance.
Un enfant, c’est le dernier poète d’un monde qui s’entête à vouloir devenir grand.
Quand on lit Rimbaud, on est plus riche que la veille, mais on sait aussi qu’on écrit beaucoup moins bien.
On ne réussit que ses rêves. C’est l’intensité de la vie, plus que sa durée, qui compte.
Remarque : en reconnaissant Brel le poète, Brel le révolté, nous ne cautionnons bien entendu pas toutes les positions de Brel et notamment son hostilité aux Belges Flamands ou sa défense exclusive de la langue française en Belgique...
Messages
1. Jacques Brel, le poète, 11 mars 2013, 11:41
merci pour les précisions et les éclaircissements j’en connais des tonnes qui vont être contentes
2. Jacques Brel, le poète, 18 août 2013, 04:05
"Ne se mettre à genoux que pour cueillir une fleur"
Jacques Brel
1. Jacques Brel, le poète, 23 mai 2014, 09:06, par ramata
Elles sont libres, les pensées
Personne ne peut les arrêter
Car elles peuvent s’envoler
Comme une ombre dans l’obscurité
Personne ne peut les deviner
Personne ne peut les traquer
Rien ne peut les tuer :
Elles sont libres, les pensées
Je pense ce que je veux
Et ce qui me rend heureux
Mais tout ça en silence
A ma convenance.
Mon désir, ma volonté
Personne ne peut les réfuter
C’est ma réalité :
Elles sont libres, les pensées
Et si l’on me jetait
Dans un cachot profond,
Aucun mur épais
Ne sera jamais mon horizon.
Car toutes mes pensées
Abattent les murs, elles sont les clés
De ma réalité :
Elles sont libres, les pensées.
Texte lu par Hans Litten , jeune avocat juif allemand qui en 1931 convoque Hitler à la barre, résistant insoumis, violemment torturé dans les camps de concentration où il fut détenu.
3. Jacques Brel, le poète, 18 août 2013, 04:09
Un enfant
Ça vous décroche un rêve
Ça le porte à ses lèvres
Et ça part en chantant
Un enfant
Avec un peu de chance
Ça entend le silence
Et ça pleure des diamants
Et ça rit à n’en savoir que faire
Et ça pleure en nous voyant pleurer
Ça s’endort de l’or sous les paupières
Et ça dort pour mieux nous faire rêver
Un enfant
Ça écoute le merle
Qui dépose ses perles
Sur la portée du vent
Un enfant
C’est le dernier poète
D’un monde qui s’entête
A vouloir devenir grand
Et ça demande si les nuages ont des ailes
Et ça s’inquiète d’une neige tombée
Et ça croit que nous sommes fidèles
Et ça se doute qu’il n’y a plus de fées
Brel
4. Jacques Brel, poète anti-flamand ?, 11 octobre 2013, 09:12, par J-L Maurice
"son hostilité aux Belges Flamands"
Erreur cher ami. Les flamingants ne sont nullement les belges francophones, mais une mouvance de l’extrême droite flamande revendiquant entre autre la scission de la Belgique, plus pour des raisons pécuniaires que culturelles. Un peu comme la Ligue du Nord en Italie.
Quant à "sa défense exclusive de la langue française en Belgique...", je ne sais dans quel médiocre publication vous avez vu cela, car comment expliquer alors le nombre de ses chansons qu’il a écrites et chantées en flamand ?
De apen (Les singes), Men vergeet niets (On n’oublie rien), Marieke (même titre, une partie des paroles originales sont déjà en flamand), Laat me niet alleen (Ne me quitte pas), Als men niets dan liefde heeft (Quand on n’a que l’amour), Mijn vlakke land (Le plat pays), De burgerij (Les bourgeois), Rosa (même titre), De nuttelozen van de nacht (Les paumés du petit matin).
1. Jacques Brel, poète anti-flamand ?, 11 octobre 2013, 13:01, par Robert Paris
Bruxellois et issu d’une famille catholique flamande francophone d’industriels, Brel se disait chanteur flamand de langue française ; ainsi chanta-t-il quelques-unes de ses chansons en néerlandais...
Sa fille France écrit :
« Brel s’est souvent vanté d’être flamand. Avec insistance… Je pense qu’il avait envie d’être reconnu par cette terre familiale. Il aimait de nombreuses caractéristiques flamandes. Quand il dit : « Le Flamand est un tendre », il parle de lui. Il aimerait être comme ces Flamands. Les Flamands savent boire, ils sont tendres, ils ont de la rigueur, des silences, ils travaillent, ils ferment leur gueule. Il aimait cette discipline. Il s’en sentait plus proche que de la nonchalance wallonne qui l’énervait un peu. C’est plus visuel que culturel. Il le dit : « Un arbre pour moi sera toujours een boom. » Mais il ne parlait pas vraiment flamand…
Non, il parlait un peu le néerlandais comme tout le monde. Quand il l’a chanté, c’était le néerlandais, pas le flamand. »
Dans les années 70, il pouvait encore, dans une chanson, dire « Obliger nos enfants à aboyer en flamand ».
5. Jacques Brel, le poète, 11 octobre 2013, 18:16, par Robert Paris
Brel est certes contre les nationalistes, indépendantistes ou autonomistes, flamingands mais c’est au nom du nationalisme belge ce qui, à nos yeux, ne vaut pas vraiment mieux que le nationalisme flamand.
6. Jacques Brel, le poète, 11 octobre 2013, 18:20, par Robert Paris
Il écrit en 1977 à propos des flamands nationalistes :
« Et je vous interdis à New York ou Milan
D’éructer mes seigneurs autrement qu’en flamand »
7. Jacques Brel, le poète, 11 octobre 2013, 18:35
Brel :
« Bien qu’il y ait des rues à Gand qui pissent dans les deux langues
Tu vois quand je pense à vous j’aime que rien ne se perde »
8. Jacques Brel, le poète, 11 octobre 2013, 18:40, par Robert Paris
Brel :
« Cessez de me gonfler mes vieilles roubignoles
Avec votre art flamand italo-espagnol
Vous êtes tellement tellement beaucoup trop lourd »
9. Jacques Brel, le poète, 11 octobre 2013, 19:24
Il se présentait ainsi aux îles Marquises :
‘Je suis celui que tous les Flamands veulent tuer, Jacques Brel !’
10. Jacques Brel, le poète, 12 octobre 2013, 10:32, par Robert Paris
Brel a souvent eu une position sociale qui ressentait bien la vie des milieux populaires mais il a toujours refusé de comprendre que la bourgeoisie wallone, pro-française, avait opprimé le peuple flamand pendant de longues années. Le fait que les nazis soient forts dans les milieux pro-flamands n’y change rien.
11. A bas la propriété privée de la poésie !, 12 octobre 2013, 10:53, par F. Kletz
Merci pour ce rappel et ces éclaircissements.
Dommage que le lien du poème lu ne fonctionne plus que pour dire :
"La ville s’endormait (poème..." « Cette vidéo n’est plus disponible suite à une réclamation pour atteinte aux droits d’auteur soumise par les ayants droit. »
quand la parole ou la chanson ou la poésie est prononcée publiquement,elle ne devrait pas avoir à être déclarée PRIVÉE !
A bas la propriété privée, à bas la SACEM, à bas les droits d’auteurs et vive le communisme !
12. Jacques Brel, le poète, 17 décembre 2013, 18:30
« Il y a plusieurs sortes de Flamands. Il y a le Flamand et le flamingant. Le Flamand, c’est un Français rugueux. Le flamingant, c’est un Allemand mou. »
Brel dans une interview à la RTB en 1971
13. Jacques Brel, le poète, 17 décembre 2013, 18:31
« Il n’y a pas de Flamands. Ça n’existe pas les Flamands. »
Brel dans une interview à la RTB en 1971
14. Jacques Brel, le poète, 17 décembre 2013, 18:35
Les Vieux
Les vieux ne parlent plus
Ou alors seulement
Parfois du bout des yeux,
Même riches ils sont pauvres,
Ils n’ont plus d’illusions,
Et n’ont qu’un coeur pour deux.
Chez eux ça sent le thym,
Le propre, la lavande,
Et le verbe d’antan,
Que l’on vive à Paris,
On vit tous en province
Quand on vit trop longtemps.
Est-ce d’avoir trop ri
Que leur voix se lézarde
Quand ils parlent d’hier ?
Et d’avoir trop pleuré
Que des larmes encore
Leur perlent les paupières ?
Et s’ils tremblent un peu
Est-ce de voir vieillir
La pendule d’argent
Qui ronronne au salon,
Qui dit oui, qui dit non,
Qui dit : "Je vous attends".
Les vieux ne rêvent plus,
Leurs livres s’ensommeillent,
Leurs pianos sont fermés,
Le petit chat est mort.
Le muscat du dimanche
Ne les fait plus chanter,
Les vieux ne bougent plus,
Leurs gestes ont trop de rides,
Leur monde est trop petit,
Du lit à la fenêtre,
Puis du lit au fauteuil,
Et puis du lit au lit,
Et s’ils sortent encore
Bras dessus, bras dessous,
Tout habillés de raide,
C’est pour suivre au soleil
L’enterrement d’un plus vieux,
L’enterrement d’une plus laide,
Et le temps d’un sanglot
Oublier toute une heure
La pendule d’argent
Qui ronronne au salon,
Qui dit oui, qui dit non,
Et puis qui les attend.
Les vieux ne meurent pas,
Ils s’endorment un jour
Et dorment trop longtemps,
Ils se tiennent la main,
Ils ont peur de se perdre,
Et se perdent pourtant
Et l’autre reste là,
Le meilleur ou le pire,
Le doux ou le sévère,
Cela n’importe pas,
Celui des deux qui reste
Se retrouve en enfer.
Vous le verrez peut-être,
Vous le verrez parfois
En pluie et en chagrin
Traverser le présent.
En s’excusant déjà
De n’être pas plus loin.
Et fuir devant vous
Une dernière fois
La pendule d’argent
Qui ronronne au salon,
Qui dit oui, qui dit non,
Qui leur dit : "Je t’attends",
Qui ronronne au salon,
Qui dit oui, qui dit non,
Et puis qui nous attend
15. Jacques Brel, le poète, 29 novembre 2015, 14:45, par Louise
Bonjour, je suis à la recherche d’un poeme de Brel qui s’appelle La recherche ... Si quelqu’un peut m’aider je lui en serai infiniment reconnaissant !
16. Jacques Brel, le poète, 29 novembre 2015, 19:22, par Robert Paris
Bonsoir,
je me demande si vous ne voulez pas parler de la chanson "La quête" :
voir ici
1. Jacques Brel, le poète, 29 novembre 2015, 19:44, par Robert Paris
"je vous souhaite de ne jamais renoncer à la recherche..."
« Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable. »
Les vœux de Jacques BREL, 1er janvier 1968 (Europe 1)