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La guerre de la France au Mali va-t-elle mener à la partition du Mali ?

mercredi 13 mars 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

La guerre de la France au Mali va-t-elle mener à la partition du Mali ?

Officiellement la guerre de la France au Mali visait à combattre l’occupation de la moitié nord du Mali et de permettre ainsi sa réunification. Mais de nombreux indices laissent à penser que les projets de l’impérialisme au Mali consistent à lui retirer la bande nord correspondant à la zone gazière et pétrolière ainsi que d’uranium… Rien ne dit alors que la popularité de Hollande et de la guerre française au Mali, et particulièrement à Bamako, se maintienne en l’état car il a gagné cette popularité sur une prétention de visée de réunification du pays.
L’un de ces signes est la volonté des USA et de l’ONU de créer une zone de protection qui séparerait deux Mali. La MISMA ne serait plus une force africaine mais onusienne de la paix, ce qui suppose, dans la règle de l’ONU, de séparer deux zones en guerres. Qui serait ainsi séparé : le Mali et qui ?

L’autre est la volonté de la France de s’allier avec le MNLA et de lui céder une région, volonté qui s’est marquée par une alliance militaire et le refus de faire entrer les troupes maliennes dans la zone où s’appliquait cette alliance.

La troisième est la volonté des compagnies pétrolières de disposer d’une zone pétrolière et gazière du Sahel entièrement sécurisée par les pays de ces compagnies eux-mêmes avec leurs forces armées.

Si le peuple malien a cru que cette guerre avait pour but la réunification, il s’est sans doute cruellement trompé et il a été trompé… L’inquiétude à ce propos commence à s’exprimer ouvertement et dans la presse à Bamako. Cette division a affolé la population malienne noire mais rien ne dit qu’il ait suffi d’une intervention impérialiste contre les groupes armés pour débarrasser les risques de partition. Bien au contraire. Ceux qui envisageaient le plus sereinement cette partition ne sont pas des groupes islamistes qui avaient plutôt comme objectif de l’unifier sous leur propre direction et de ne pas s’en tenir au Mali… C’est plutôt les impérialismes qui se verraient bien prendre la direction de toute la zone Sahel sous prétexte de sécurité et de lutte contre le terrorisme ! Au Mali, cela prendrait d’abord la couleur de la « défense des droits d’Azawad » mais la défense des intérêts de Touaregs ne peut être que le résultat de leur propres décisions et les groupes armés touarègues qui plaisent aux impérialismes occidentaux comme le MNLA, qui pactise et agit avec les troupes françaises, ne représentent pas plus les Touaregs que l’Etat malien et sa dictature militaire couverte de camouflage électoral ne représente le peuple malien… Les puissances occidentales dont la France parlent de « rebelles laïques du MNLA » effaçant maintenant volontiers la fugitive alliance avec AQMI…

D’autres « rebellions touarègues » sont alliées avec l’Algérie comme Ansar Dine et jouent aussi maintenant l’alliance avec la France suite à un feu vert des autorités algériennes. Le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dissidence d’Ansar Dine, assure rejeter le terrorisme et vouloir assurer une issue pacifique à la crise. Influencés, semble-t-il, par l’Algérie, certains de ses membres avaient annoncé leur revirement à Alger fin décembre, au lendemain de la visite dans la capitale algérienne de François Hollande. Depuis, c’est une entente entre la France le MNLA et le MIA qui dirige à Kidal et dans la région. « Les Touaregs sont nos amis », a rappelé avec force le ministre de la Défense français prétendant que c’est pour s’unir au peuple touareg que l’armée française s’unirait aux groupes armés pour faire la guerre et patrouiller dans la région. D’autre part, l’armée française appuyée de 500 soldats tchado-nigériens servent de force tampon par rapport à l’armée malienne. C’est eux qui devraient bientôt être remplacés par des soldats de l’ONU ce qui entérinerait un partage du pays… Les forces militaires tchadiennes seraient intégrées à la MISMA. Du 8 au 9 mars 2013, le General Brahima Said Mahamat, Chef d’Etat- Major général de l’Armée tchadienne, a participé, pour la première fois, depuis le début de la crise malienne, à un Comite restreint des Chefs d’Etat-major des armées des Etats de la CEDEAO. Visiblement très heureux de la décision prise à l’issue de cette réunion d’intégrer les éléments Tchadiens dans la MISMA et il a rajouté que les forces de la MISMA devaient les rejoindre.

De son côté, l’armée malienne déclare « Nous ne sommes pas dans une logique de négociations avec le MNLA, en tout cas pas avant la restauration de l’intégrité territoriale du Mali. » Et de juger que les combattants du MNLA ou d’Ansar Dine, « c’est la même chose ». Du côté de la présidence, l’un des plus proches collaborateurs du président de transition Dioncounda Traoré affirme également ne « pas être au courant », n’avoir « aucune information » et même « être inquiet des réactions sur les réseaux sociaux ». En somme, si cela se révèle exact, la tentative de partition relancerait l’agitation sociale et politique dans la capitale Bamako !

Pour le moment, le ministre de la défense français décide que la partition du pays ne peut pas cesser tant que l’Etat n’est pas réformé au sud et que la situation n’est pas calmée à Bamako mais il a parfaitement conscience que la condition pour que la situation soit calmée à Bamako était la promesse mensongère française de remise en place de l’armée et de réunification du pays. Les autorités imposées de Bamako essaient de calmer le jeu en prétendant que c’est seulement une stratégie militaire française pour reconquérir l’ensemble du territoire et qu’il suffit d’attendre mais elles savent que c’est faux.

« Les officiers se rendent compte qu’ils sont passés au bord du gouffre et qu’il faut changer », note le colonel Bernard Héluin, conseiller français de l’armée malienne, comptant sur la menace des révoltes passées pour calmer le mécontentement de l’armée malienne.

L’Etat français a eu pour but de reconstruire l’Etat malien discrédité au près de la population. Il pouvait croire y parvenir en faisant croire que l’armée malienne a repris l’ensemble du territoire. Mais sinon, ce sont de nouvelles révoltes qui vont éclater à Bamako…

Pour le moment, le rétablissement de l’ordre à Bamako passe par des menaces aux milieux populaires révoltés qui consistent en arrestations de militants, en perquisitions et en menaces pour quiconque voudrait nuire au calme social et politique. La presse est touchée ainsi que les associations contestataires comme le SADI. Et les arrestations et menaces touchent particulièrement le camp des révoltés…

Une nouvelle annonce pourrait remettre le feu aux poudres : un rapport d’une cinquantaine de page faisant état de viols et d’assassinats imputés directement au Capitaine Sanogo a été remis samedi à Ouagadougou au ministre français de la défense, Jean Yves le Drian. Ce dernier, rédigé par les services de renseignement militaire français, aurait été au centre d’une discussion entre le président burkinabé et le ministre de passage au Burkina. Le rapport mentionnerait au moins quatre cas de viols appuyé par des témoignages de victimes ainsi qu’au moins trois assassinats à bout portant devant témoins de militaires maliens considérés comme étant proches du président déchu par un coup d’Etat en mars 2012, ATT, tous "effectués", selon les témoignages, directement par le capitaine Sanogo.

Et la question de la partition risque bel et bien de devenir explosive malgré tous ces efforts de retour au calme…

Le Mali n’est nullement un territoire dont la mise en place ait été voulue par un peuple. Il a été imposé par le colonisateur qui a organisé la participation de sa colonie en plusieurs morceaux, prétendant jusqu’à l’indépendance construire une fédération du Mali englobant l’actuel Mali et le Sénégal avant de le diviser finalement enlevant tout débouché sur la mer à un territoire immense mais divisé en deux zones complètement différentes. Le colonisateur savait parfaitement avoir fabriqué un pays immense mais sans cohérence interne et sans débouchés. Si l’unité du Mali n’est nullement une garantie pour le peuple malien, pas plus au nord qu’au sud, pas plus les Noirs que les Touaregs, sa division n’en est pas non plus la solution.

Les véritables problèmes ne peuvent pas être résolus par des barbelés de frontière. Le Sahel souffre de la misère et de la faim, de l’oppression des bandes armées officielles et « rebelles », de l’exploitation de son territoire contre les intérêts de sa population. Ce ne sont pas les profiteurs de cette situation qui risquent de l’améliorer…

Le nord Mali dévasté par la guerre et les bombardements puis les arrestations, interrogatoires des habitants et exécutions n’est pas prêt, ni sous identité malienne ni sous mandat de l’Onu, de retrouver des logements, de la nourriture ni une sécurité….

Décidément, seul les peuples du Sahel peuvent se libérer eux-mêmes !

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Messages

  • La hiérarchie militaire contestée, les profiteurs contestés, les puissances impérialistes et les dictatures africaines alliées contestés, c’est tout l’édifice social des classes dirigeantes qui est mis en cause par la révolte populaire dans tout le Mali.

    Toutes les actualités essaient de faire croire que le problème des puissances occidentales serait seulement l’invasion militaire terroriste du nord, alors que c’est d’abord l’explosion sociale du sud : petits soldats révoltés, population pauvre explosive, travailleurs, femmes et jeunes en révolte…

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