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Lev Sedov - Le livre rouge du procès de Moscou

samedi 23 mars 2013, par Robert Paris

Lev Sedov - Le livre rouge du procès de Moscou

« Staline défend non pas des idées progressives, mais les privilèges de caste de la nouvelle couche sociale, de la bureaucratie soviétique, qui, depuis longtemps déjà, est devenue un frein au développement socialiste de l’U.R.S.S. Il est impossible de défendre ces privilèges par les méthodes de la démocratie prolétarienne ; on ne peut les défendre qu’à l’aide de falsifications, de calomnies et d’une sanglante répression. »

Le socialisme est édifié, les classes sont abolies, proclame la doctrine officielle du stalinisme. « Le socialisme est édifié », et jamais encore l’Union soviétique n’a connu une telle inégalité, actuellement, presque vingt ans après la révolution d’Octobre : des salaires de 100 roubles et des salaires de 8 à 10 000 roubles. Les uns vivent dans de misérables baraques, ils ont des souliers éculés ; d’autres ont des automobiles somptueuses et vivent dans des appartements magnifiques. Les uns luttent pour se nourrir, eux et leur famille ; d’autres ont leur voiture, des domestiques, une maison de campagne dans la banlieue de Moscou, une villa au Caucase, etc. « Les classes sont abolies », mais quoi de commun entre la vie d’un directeur de trust et celle d’un manœuvre ? Celle d’un maréchal et celle d’un kolkhozien ? Certes, même actuellement, une certaine inégalité serait encore inévitable, mais, et c’est là toute la question, cette inégalité s’accentue d’année en année, prenant les proportions les plus monstrueuses, et l’on fait passer cela... pour le socialisme.

Dans les domaines les plus divers, l’héritage de la révolution d’Octobre est en train d’être liquidé. L’internationalisme révolutionnaire fait place au culte de la patrie dans le sens le plus étroit. Et patrie signifie avant tout autorités. On réintroduit les grades, les décorations, les titres. On rétablit la caste des officiers avec les maréchaux en tête. Les vieux ouvriers communistes sont rejetés à l’arrière-plan ; la classe ouvrière est scindée en couches différentes ; la bureaucratie mise sur le « bolchévik sans-parti », sur le stakhanoviste, c’est-à-dire sur l’aristocratie ouvrière, sur le contremaitre et, avant tout, sur le spécialiste et l’administrateur. On rétablit l’ancienne famille petite-bourgeoise, qu’on idéalise de la façon la plus conventionnelle ; malgré les protestations générales, on interdit l’avortement, ce qui, dans les conditions matérielles difficiles, dans l’état primitif de la culture et de l’hygiène, signifie l’esclavage de la femme, le retour aux temps d’avant la révolution. On a abrogé le décret de la révolution d’Octobre sur l’école nouvelle. L’école est réformée sur le modèle de la Russie tzariste : on réintroduit l’uniforme pour les élèves, non seulement pour enchaîner leur indépendance, mais aussi pour faciliter la surveillance hors de l’école. Pour apprécier un élève, on se base sur ses notes de conduite, on s’oriente vers l’élève soumis et docile, et non pas vers l’écolier vivant et indépendant. La vertu fondamentale de la jeunesse, c’est aujourd’hui le « respect des aînés », à côté du « respect de l’uniforme ». On a créé toutes sortes d’inspecteurs pour surveiller la conduite et les mœurs de la jeunesse. On a dissous l’Asssociation des vieux bolchéviks et celle des anciens forçats politiques. Ils rappelaient trop le « maudit » passé révolutionnaire.

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