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Edito : Et si Hollande n’était pas en train d’échouer mais de réussir…

dimanche 12 mai 2013, par Robert Paris

Edito : Et si Hollande n’était pas en train d’échouer mais de réussir…

Toute la presse bruit des rumeurs de nomination d’un nouveau premier ministre, dans laquelle tentent leur chance certaines personnalités comme Borloo, Tapie, Aubry ou Mélenchon. Tous se fondent sur l’idée que le gouvernement Hollande est en plein échec et va devoir changer d’équipe et de cap. Tous ont le même refrain : Hollande serait paraît-il en train d’échouer. Il aurait échoué à plaire à qui ? A l’opinion publique, aux milieux populaires qui l’ont élu ? Aux travailleurs qui subissent plus que jamais suppressions d’emplois, attaques sur les salaires, sur les emplois, sur tout ? Les partis et syndicats de gauche ont prétendu qu’il allait sauver les travailleurs ? La belle affaire ! C’était des blagues !

L’échec, ce n’est pas celui de Hollande mais des partis et syndicats qui ont fait croire cela : celui du PCF, du Front de Gauche, ou des syndicats comme la CGT, ou encore des écolos ou du PS, qui ont prétendu que toutes les attaques antisociales provenaient du seul Sarkozy et pas des classes dirigeantes.

La seule particularité du rôle d’Hollande est de se servir du fait que c’est la gauche qui gouverne pour réaliser ce que veulent les classes dirigeantes car un leader de gauche sera plus proche des appareils syndicaux et ne sera pas accusé d’agir pour des raisons idéologiques, s’il favorise les plans sociaux, s’il casse les services publics, s’il aide les patrons à ne pas payer d’impôts, etc…

Or, Hollande au service des intérêts des patrons français, non seulement n’a pas échoué mais il a mieux réussi que tous les présidents précédents à servir les intérêts de la classe capitaliste. En un an, il est parvenu à appuyer le lancement de la vague de licenciements de tous les trusts du privé, de PSA à Renault en passant par Société Générale, Air France et Sanofi sans déclencher de riposte générale.

Il est parvenu à détourner le risque social de l’attaque débutée par le patron de PSA, à éviter qu’elle mène à une confrontation générale, alors qu’elle était clairement le démarrage d’une attaque de tous les trusts. Cela signifie que le gouvernement, loin d’être impuissant face à l’attaque patronale, en est l’un des organisateurs. Hollande joue parfaitement son rôle de paratonnerre en prenant pour lui le mécontentement social qui devrait être dirigé contre l’ensemble des patrons. Il continue à faire croire que c’est l’Etat qui pourrait sauver les travailleurs des licenciements alors qu’au contraire c’est l’Etat qui organise les suppressions d’emplois.

La négociation ANI de la « flexi-sécurité de l’emploi » a été une parfaite démonstration du rôle que Hollande entend faire jouer à l’Etat pour que la « négociation sociale » mène à des accords « donnant-donnant » dans lesquels tous les acquis sont remis en question à grande vitesse. Aucun gouvernement de droite n’avait osé remettre en question aussi directement le code du travail, s’asseoir aussi directement sur les accords collectifs, sur le CDI, sur la garantie de salaire, sur la charge de travail exigée, sur le site de travail, sur les droits légaux des salariés en cas de plans sociaux…

C’est un véritable triomphe pour un président de l’Etat bourgeois d’avoir permis une telle avancée à la bourgeoisie face aux travailleurs en ayant réussi jusqu’au bout à mettre en scène des négociations avec les centrales syndicales. Victoire marquée par le fait que même les centrales non signataires s’apprêtent à participer à d’autres multiples négociations du même type, dans tous les domaines, de la Santé au Ferroviaire en passant par l’Education.

Jamais les choses n’ont changé aussi vite : casse du contrat de travail, casse des accords collectifs, à nouveau remise en cause des retraites, des allocations familiales, de la recherche publique, de l’Hôpital public, des chemins de fer publics. Hollande a réussi à associer les écolos à une politique favorable aux trusts de l’industrie du nucléaire. Hollande a réussi à associer les syndicats à une politique anti-ouvrière et anti-sociale. Hollande a réussi à faire tout cela sans provoquer une grande vague sociale de protestation. Il a même réussi à faire passer une guerre coloniale en Afrique pour une opération humanitaire de solidarité avec le peuple malien.

Hollande, exactement comme Sarkozy avant lui, aura polarisé sur sa personne la lutte qui devrait l’être contre la classe dirigeante et l’Etat. Les organisations qui veulent demander ceci ou cela à Hollande ne font que contribuer à nous faire tomber dans ce piège. Ce n’est pas en changeant l’homme qui préside qu’on change de situation sociale, de rapport de forces entre les classes. C’est en organisant les travailleurs sur des bases indépendantes de toutes les institutions de la société bourgeoise qu’on peut préparer un autre avenir, ni en votant contre Sarkozy, ni en votant contre Hollande…

Arrêtons de nous donner des objectifs bidons comme « faire réussir la France », « faire réussir la gauche », faire réussir les syndicats et donnons-nous l’objectif de défendre des intérêts de classe de la classe des travailleurs…

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