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Contre le démantèlement de l’assurance-emploi et de l’aide sociale au Canada : il faut des comités de lutte indépendants des syndicats pour mobiliser les travailleurs contre Harper et Marois

dimanche 2 juin 2013, par Robert Paris

Contre le démantèlement de l’assurance-emploi et de l’aide sociale au Canada : il faut des comités de lutte indépendants des syndicats pour mobiliser les travailleurs contre Harper et Marois

Tract diffusé par le Parti l’égalité socialiste (Canada) lors d’une manifestation organisée samedi à Montréal contre les coupes drastiques du gouvernement conservateur canadien dans les allocations chômage.

La manifestation organisée aujourd’hui par la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi, qui est dominée par les centrales syndicales, n’a rien à voir avec une véritable mobilisation des travailleurs contre l’assaut anti-ouvrier que mènent conjointement les gouvernements Harper et Marois.

Beaucoup de travailleurs sont en colère, et avec raison, face à des mesures gouvernementales qui visent à les appauvrir. Mais de la part des syndicats, cette manifestation est un autre exemple de l’opposition de façade qu’ils affichent tandis qu’ils imposent les concessions exigées par la grande entreprise.

La bureaucratie syndicale est intervenue à maintes reprises au cours des dernières décennies pour torpiller des luttes militantes lancées pour la défense des emplois et des services publics. Son plus récent acte de trahison a été de détourner la grève étudiante de 2012, et l’immense soutien populaire qu’elle a suscité, derrière l’élection d’un gouvernement du PQ, qui impose depuis des compressions budgétaires massives.

La coalition dirigée par les syndicats se limite à de timides appels aux conservateurs de Harper sans remettre en question ce qui motive leur assaut contre les chômeurs : la guerre de classe menée par tous les paliers de gouvernement afin de faire payer les travailleurs pour la crise financière mondiale de 2008.

En fait, les syndicats sont prêts à accepter les nouvelles mesures qui limitent drastiquement l’accès aux allocations chômage.

La semaine dernière, le gouvernement a brutalement coupé les allocations des travailleurs de l’usine de crevettes de Matane qui faisaient du travail partagé, et leur a exigé un remboursement rétroactif de plusieurs milliers de dollars. Le syndicat a immédiatement capitulé devant cette mesure arbitraire et abusive du gouvernement. La CSN a fait savoir dans un communiqué de presse qu’elle a convenu de modifier les horaires de travail, « acceptant, à contrecœur, que près de la moitié des employé-es perdent leur emploi dans le processus ».

La « réforme » de l’assurance-emploi vise à tirer vers le bas les salaires et conditions de travail de toute la classe ouvrière en privant les sans-emplois de revenus pour les forcer à accepter n’importe quel emploi – jusqu’à 70 pour cent de leur salaire précédent et à 100 km de leur lieu de résidence.

Face à cet assaut frontal sur leur niveau de vie, les travailleurs doivent former – dans les usines, les quartiers et les régions – des comités de lutte indépendants des syndicats et prêts à mobiliser toute la puissance sociale des travailleurs en faisant de la lutte contre la « réforme » de Harper le point de départ d’une contre-offensive unifiée des travailleurs du Québec et du Canada pour la défense commune des emplois, des salaires et des services publics.

Cette perspective est diamétralement opposée à la campagne des syndicats visant à forger un supposé « consensus national » contre les mesures de Harper qui dépasserait les divisions de classe.

Cette fiction nationaliste sert à diviser les travailleurs du Québec de leurs frères et sœurs de classe du reste du Canada, et à les subordonner politiquement aux représentants capitalistes que sont les municipalités et les partis d’opposition tels que le Bloc québécois et le NPD. Elle facilite également les efforts du gouvernement péquiste de Pauline Marois visant à utiliser les coupes fédérales dans l’assurance-emploi comme un écran de fumée pour ses propres mesures anti-ouvrières.

Depuis son élection en septembre dernier, le gouvernement Marois a multiplié les attaques contre les travailleurs : dépôt d’un budget comprenant une réduction record des dépenses publiques en quinze ans ; hausse permanente des droits de scolarité ; coupes brutales dans l’aide sociale ; feu vert à une répression policière systématique des opposants à ses mesures d’austérité.

C’est pour camoufler ces mesures de droite que le PQ a mis sur pied une Commission nationale d’examen sur l’assurance-emploi. Sans surprise, cette manœuvre a été chaudement accueillie par la coalition qui est menée par des syndicats dont le rôle consiste depuis des décennies à subordonner la classe ouvrière au parti de la grande entreprise qu’est le PQ.

La lutte contre le démantèlement des programmes d’aide aux chômeurs est une lutte politique contre le programme d’austérité de la classe dirigeante en son ensemble. Elle ne doit pas être menée comme une simple protestation qui accepte l’ordre capitaliste existant.

C’est la grande leçon à tirer de la grève étudiante de 2012. Malgré la mobilisation de centaines de milliers d’étudiants sur plus de six mois, et la tenue de nombreuses manifestations de masse impliquant des couches importantes de la classe ouvrière, cette lutte s’est soldée par un échec.

Le point tournant a été l’adoption du projet de loi 78, qui interdisait en pratique toute manifestation sur n’importe quelle question partout au Québec. Cette violation flagrante des droits démocratiques a provoqué un vaste mouvement d’opposition dans les quartiers ouvriers de Montréal et de plusieurs villes de la province. Craignant l’entrée en lutte des travailleurs comme une force politique indépendante, les centrales syndicales ont réagi en isolant davantage la lutte des étudiants. Elles ont pesé de tout leur poids pour pousser les étudiants grévistes à abandonner la rue pour les urnes, frayant ainsi la voie à l’élection d’un gouvernement péquiste de droite.

Ce détournement a été grandement facilité par la politique de pression de la CLASSE, l’association étudiante militante qui se trouvait à la tête de la grève. Refusant de se tourner vers les travailleurs du Québec et du Canada, la seule force sociale capable d’offrir une alternative progressiste au capitalisme en faillite, la CLASSE a insisté qu’il suffisait aux étudiants d’être assez nombreux dans les rues pour forcer le gouvernement libéral d’alors à reculer.

Devant la vive opposition des syndicats à tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une mobilisation des travailleurs, la CLASSE a laissé tomber son appel à une « grève sociale », qui signifiait pour elle une plus grosse contestation. Et elle a embrassé en bout de ligne le tournant « vers les urnes » exigé par les syndicats, donnant son propre appui implicite au PQ en appelant à la défaite des « néo-libéraux ».

Les travailleurs doivent tirer un enseignement de cette expérience cruciale. Les mesures anti-ouvrières de Harper au fédéral, et de Marois au provincial, sont l’expression au Canada du programme d’austérité qui est imposé par les classes dirigeantes à travers le monde pour faire porter aux travailleurs tout le poids de la pire crise du capitalisme depuis les années 30.

La lutte contre la « réforme » de l’assurance-emploi requiert la mobilisation la plus large des travailleurs et des jeunes à travers le Canada contre tout le programme d’austérité de l’élite dirigeante. Il faut y opposer le programme socialiste de l’égalité sociale, c’est-à-dire l’établissement d’un gouvernement ouvrier qui utilisera les abondantes ressources disponibles pour satisfaire les besoins sociaux de tous, et non la chasse aux profits d’une minorité.

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