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Diverses manières d’écrire l’Histoire

mardi 28 mai 2013, par Robert Paris

Diverses manières d’écrire l’Histoire

Thucydide

Thucydide reste le premier véritable historien au sens où il rationalise les faits et explore les causes profondes des événements, en écartant tout ce qui procède du mythe ou de la rumeur. Pour lui, la qualité fondamentale de son métier est l’exactitude, qui implique l’impartialité, et son premier devoir consiste donc à rechercher la vérité. Lui-même expose d’emblée sa méthode, en expliquant le soin qu’il a mis à recueillir tous les documents, tous les témoignages, et à les comparer pour en tirer ce qu’ils contenaient de vérité.
Dans un préambule célèbre, il explique pour quelle raison il a choisi de relater la guerre du Péloponnèse : c’est l’événement le plus important de l’histoire grecque jusqu’à son époque. Afin de le démontrer, il se livre à une synthèse de l’histoire grecque jusqu’aux guerres médiques. Puis il évoque les causes lointaines ou immédiates qui ont provoqué le conflit d’Athènes et de Sparte. Une fois arrivé au récit même de la guerre, il établit la date des premières hostilités, puis se consacre à son sujet.

Point de digressions sur les affaires intérieures de Sparte ou d’Athènes, point d’anecdotes : rien que ce qui est indispensable à la clarté de la démonstration. Thucydide raconte la guerre année par année, saison par saison, brassant les événements simultanés sans craindre de morceler son récit. Contenue par une méthode aussi inflexible, la narration reste très sobre. C’est à peine si, pour mieux faire comprendre les faits, il y mêle des considérations très rapides, des définitions morales, des analyses de sentiments. Il s’arrête pourtant quelquefois afin d’expliquer, dans un résumé lumineux, dans une réflexion incisive, les causes des événements, la situation morale des peuples, le fond même de la politique. À l’occasion des troubles de Corcyre, il trace un tableau général des mœurs de son époque.

De ces réflexions, de ces peintures morales, se dégage sa philosophie. Thucydide ne voit pas dans les événements le résultat d’une intervention divine, mais la conséquence de lois générales qui gouvernent le monde. Lorsqu’il décrit une éclipse de Soleil ou de Lune, c’est à la manière d’un savant. S’il parle des oracles, c’est d’un simple point de vue objectif, factuel. Quand il parle des dieux, c’est au titre des croyances de son temps. Il leur oppose la faiblesse de l’humain, faiblesse dont l’homme ne peut se relever que par la raison (gnômè). Ici réside une analogie entre Thucydide et Anaxagore ; mais, tandis que le noûs d’Anaxagore est l’intelligence prise en soi, la raison de Thucydide représente l’intelligence appliquée à la connaissance des choses. Thucydide place la gnomè au premier rang des qualités ; quand il fait l’éloge de quelques grands personnages, c’est toujours en relation avec cette gnômè. Sans doute l’intérêt est-il le mobile des actions, mais il ne faut pas que l’homme se laisse entraîner par la passion égoïste. Pour réussir, l’action doit être intelligente et par conséquent morale, faute de quoi les hommes échouent dans leurs entreprises.

Cette impartialité n’exclut ni le patriotisme ni les préférences politiques : dans plus d’un passage, on reconnaît l’œuvre d’un Athénien fier de sa patrie. Thucydide admire Périclès et approuve son pouvoir sur le peuple, tout en n’approuvant ni les démagogues qui le suivent, ni la démocratie radicale qu’il prône. Il juge cependant la démocratie acceptable entre les mains d’un dirigeant rationnel.

Xénophon

Outre l’Anabase, il a écrit une suite à l’Histoire de la guerre du Péloponnèse avec les Helléniques. Disciple de Socrate, il dresse de son maître bien aimé le portrait d’un homme plus attiré par la morale que la métaphysique dans l’Apologie de Socrate, les Mémorables, le Banquet.

Il a préparé les esprits aux conquêtes d’Alexandre le Grand. En effet, dans l’Anabase, outre une vision idéalisée de l’Asie enchanteresse, il montre qu’une unité de mercenaires grecs peut traverser l’Empire perse invaincue. De plus alors qu’il était au départ attiré vers des idéaux aristocratiques, il développe ensuite une pensée politique favorable à la monarchie.

Hérodote

L’unique œuvre que nous connaissons d’Hérodote s’intitule Histoires ou Enquête. C’est l’une des plus longues œuvres de l’Antiquité. Le premier paragraphe annonce : « Hérodote d’Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n’abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accomplis soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l’oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises. »

Enfin, Hérodote prétend rivaliser avec le poète épique Homère, en se proposant de commémorer les exploits des hommes (allusion à l’Iliade). Néanmoins, contrairement à l’aède, Hérodote n’entend pas décrire de lointains évènements, comme la guerre de Troie, mais des faits très récents, notamment les guerres médiques. Les Histoires se composent de neuf livres, chacun portant le nom d’une muse. Ce découpage n’est pas le fait de l’auteur : la première mention en est due à Diodore de Sicile au Ier siècle, et c’est probablement au IIe siècle, du fait de grammairiens alexandrins, que l’ouvrage fut ainsi sectionné. Tout au long de l’ouvrage Hérodote donne une description et de nombreux renseignements sur les particularités, les us et coutumes de certains peuples, entre autres les Mèdes, les Perses, les Égyptiens, les Éthiopiens Longues-vies, les Arabes, les Indiens...

Jules César

Tacite

Suétone

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Ibn Khaldoun

Point de vue d’Ibn Khaldoun

Agrippa d’Aubigné

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Conception de l’Histoire par D’Alembert

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Jules Michelet

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Histoire de France de Michelet

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Engels

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Jean Jaurès

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Edouard Dolléans

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Jacques Godechot

Philippe Sagnac

Georges Lefebvre

Albert Mathiez

Point de vue de Walter Benjamin

Point de vue d’Albert Mathiez

Albert Soboul

Pierre Vidal-Naquet

Georges Duby

Lucien Febvre

René Grousset

Point de vue de Lucien Febvre

Bernard Dantier

Pierre Grimal

Michel Winock

Jacques Godechot

Marc Bloch

Pierre Goubert

Fernand Braudel

Messages

  • Hérodote, que l’on considère comme le premier historien, justifie l’écriture de son livre Histoire : « c’est l’exposé de [mon] enquête pour empêcher que le passé des hommes ne s’oublie avec le temps et pour éviter que d’admirables exploits, tant du côté des Grecs que de celui des Barbares, en perdent toute célébrité, pour établir, enfin et surtout, la cause de la guerre qu’ils se sont livrée ».

  • « Détruire les histoires fausses, démonter les sens imposteurs » : c’est en ces termes que l’universitaire rouennais Olivier Dumoulin décrit le rôle de ses collègues historiens. Il est suivi dans cette idée par Arlette Farge pour qui « l’histoire est à chaque époque le récit raisonné des événements, celui qui en évite la falsification et la honte des dérapages flagrants ou des dénégations mortifères ».

  • Selon Georges Lefebvre « les premiers historiens, en ce sens, furent probablement des poètes. ».

  • Les premiers historiens ne disposaient pas de l’écriture. C’étaient des mémoires vivantes et orales.

    Les premières chroniques mésopotamiennes remontent au début du IIIe millénaire av. J.-C et se dégagent de toute influence mythologique à partir du début millénaire suivant. Il s’agit de renseignements utiles aux dynasties, de listes décrivant année par année les événements d’un règne (celui d’Hammurabi), d’un État (Mari), voire, dans le cas de la chronique synchronique, de plusieurs États (la Babylonie et l’Assyrie). La vocation de ces listes est purement mémorielle et didactique, et elles ne sont pas exemptes d’un certain parti pris : il s’agit de faire connaître à la postérité sous un jour positif les faits et gestes de son souverain.

  • Léon Trotsky dans « Europe et Amérique » :

    « Nous abordons l’histoire du point de vue de la révolution qui doit transmettre le pouvoir aux mains de la classe ouvrière pour la refonte communiste de la société. »

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