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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Tenon

vendredi 21 juin 2013, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Finie la comédie !

Le grand cirque de la certification est enfin terminé avec tout son cortège de scènes truquées et de beaux masques pour cacher la réalité, avec des services sans dessus dessous par crainte d’être mal notés. On y a vu ressurgir de beaux classeurs tout neufs pour les protocoles, des vieilles armoires à pharmacie remplacées par du flambant neuf, des codes sont apparus à toutes les portes (qui serviront à nous embrouiller et nous ralentir un peu plus). De même, on a pu rire du coup de peinture de dernière minute sur les plots piétons ou des beaux tapis tout neufs aux entrées et du lavage des vitres de dernière heure ! Tout était fait pour que les apparences soient nickel ce jour-là, en allant jusqu’à trier le personnel ! Bien sûr, ce n’était que de l’esbroufe car il n’y a rien de changé tant qu’on n’embauchera pas massivement du personnel, au moins pour remplacer les partants !

Play station géante

Il n’y a pas d’argent pour l’hôpital ? Pourtant, juste avant l’examen de certification, il a investi dans trois écrans géants interactifs d’orientation des visiteurs dans le plan compliqué des services de l’hôpital. Or ces ordinateurs tactiles coûtent chacun la modique somme de 10.000 euros ! Il aurait mieux valu embaucher une personne à l’accueil du rue de la Chine où les visiteurs se retrouvent complètement perdus et le seront encore avec tous ces écrans…

Un baromètre qui ne remplace pas la pression… des salariés

Parmi les dépenses ridicules de la direction, rajoutons le fameux « baromètre social » qui prétend nous donner la parole et ne coûte rien moins que 552.000 euros ! Puisqu’on a la parole, prenons-la pour dire que cet argent servirait bien mieux à améliorer nos conditions de travail !

Les nazis continuent d’attenter au droit à l’avortement

A l’hôpital Tenon, nous n’avons pas attendu les violences des manifestations contre le mariage gay ni l’assassinat du jeune Clément pour découvrir la nouvelle extrême droite fasciste : on les a régulièrement aux portes de l’hôpital pour dénoncer le droit à l’avortement. Les groupes fascistes ne sont pas seulement les deux groupes, les JNR et Troisième Voie qui sont mêlés à l’élimination physique organisée d’un jeune d’extrême gauche. Civitas a aussi montré ses capacités d’action violente sans être pour autant gênée par le gouvernement. De même que le groupe Bloc Identitaire, coupable de multiples actions violentes. Et on voit aussi combien les forces de l’ordre sont plus là pour les protéger que pour les combattre ! Si eux ont droit de manifester aux abords de l’hôpital, avec une protection policière massive, les contre-manifestants, eux, sont cantonnés bien plus loin…

Pourquoi lutter ensemble : on échoue si bien séparément !

Les personnels de santé étaient appelés le 15 juin à manifester contre la destruction du service public de santé. Ceux de la SNCF étaient appelés à manifester de même, mais le 12 juin, trois jours plus tôt, pour le service public ferroviaire, menacé lui aussi. Les conducteurs de métro et RER de la zone RATP ont déposé un préavis de grève pour lundi 3 juin pour les mêmes motifs, la dégradation des conditions de travail et du service public. En même temps ou dans la même période de début juin, sans aucune liaison ni aucune tentative de jonction, grèves dans les transports publics de bus de Marseille, de Valenciennes, de Toulouse et Dijon. Aucune liaison entre ces différents mouvements : ce ne sont pas les mêmes villes, pas les mêmes syndicats… Les territoriaux de Rouen, eux, seront en grève le 6 juin contre huit fins de contrats. Le secrétaire général de la CGT Lepaon déclare que EDF et SNCF sont en même temps menacés de privatisation et propose de lutter … séparément puisque pas d’appel le 13 juin ni les jours suivants à EDF !!! Aucune liaison non plus entre les entreprises frappées au même moment par les licenciements ou suppressions d’emplois : non seulement PSA mais Renault ! Et aussi Sanofi, Pilpa, Viveo, IBM, Barclays, Spanghero, Trion Worlds, Cofpa-Albany, TRW, Goodyear, Multitec, BlackBerry, RapidShare, Fog, Cobral, Motorola, Glob, Pim, La Floridienne, Meister, Ugivis, Métaltemple, Goss, Freescale, Fralib, IBM, Doux, Oxxo, UDEVE, MPO, Alcaud, Samro, Faurecia, ArcelorMittal, Panasonic et bien d’autres… Le véritable mouvement d’ensemble des salariés, mieux vaut ne pas l’attendre des centrales syndicales et commencer à en discuter et à l’organiser, à la base, entre nous.

Les suicides ne sont pas accidentels

Un agent hospitalier, employé du service de chirurgie viscérale de l’hôpital Bichat s’est donné la mort à la fin mai 2013. Début juin, une aide-soignante s’est suicidée à Mondor. Ce n’est pas un effet du hasard mais celui de l’accroissement de la charge de travail sans moyens humains et matériels pour faire face, avec des risques accrus et des pressions hiérarchiques croissantes. Huit suicides de personnels à l’hôpital public depuis le début de l’année, 35 en trois ans, voilà le triste bilan ! C’est le bilan de la politique de nos dirigeants et il est sanglant…

Les gouvernements se suivent...

Notre salaire restera gelé ! Il l’était déjà et il se gardera bien de suivre les hausses des prix programmées par le même gouvernement ! C’est l’annonce de la ministre pour tous les fonctionnaires… Avec l’annonce du blocage des embauches et le non remplacement des personnels partant en retraite, on peut dire qu’on est gâtés ! En même temps, le gouvernement ne cesse de souligner que nous serions des privilégiés du fait des retraites et de la garantie de l’emploi et il continue le jeu des gouvernants précédents, consistant à nous opposer aux autres salariés.

Des chrysanthèmes pour les lilas ?

La maternité des Lilas est à nouveau en lutte parce qu’elle est à nouveau dans le collimateur… Après un long combat du personnel et des usagers, ils avaient obtenu de Claude Evin, président de l’ARS, l’engagement de la reconstruction du site. Hollande, avant son élection, avait renouvelé la promesse. Après six ans de travail et 1,4 millions d’euros investis, on apprend la décision gouvernementale d’arrêter les travaux et donc la menace plane à nouveau d’une fermeture. Et la maternité des Bluets est aussi dans le collimateur. Tous aussi menteurs les gouvernants mais les personnels et les usagers sont plus déterminés que jamais !


Ce que nous devons à la mémoire de Clément : poursuivre son combat pour éradiquer les racines du fascisme

Non ! Ce n’est pas « un accident » ! Ce n’est pas une bête « bagarre entre gamins » ! Ce n’est pas « un acte involontaire faisant suite à des provocations mutuelles » ! La réponse n’est pas "une indignation qui doit dépasser les clivages politiques" ! Ce n’est pas « la violence d’extrême gauche face à la violence d’extrême droite » !

Non ! La gauche et la droite ne sont pas « des adversaires de la violence d’où qu’elle vienne » ! Ce n’est pas le gouvernement de gauche de Hollande qui empêchera la montée de l’extrême droite en France, bien au contraire ! La gauche n’est pas plus antifasciste que la droite ! Mille fois, la gauche a fait le lit de l’extrême droite ! François Mitterrand, son leader emblématique reconnu par tous les dirigeants de gauche, a été trois fois fasciste, décoré par Pétain, massacreur de l’Algérie, génocidaire du Rwanda !

Non ! Ce n’est pas sur l’Etat de Hollande et sur la police de Valls qu’on peut compter pour régler le problème ! Tous les jours les attaques de Valls-Hollande contre les Roms, contre les sans-papiers, contre les immigrés, contre les travailleurs font monter les sentiments d’extrême droite !

Non ! Ce n’est pas Valls qui refuse d’arrêter les groupes d’extrême droite qui occupent des mosquées, qui assassinent des immigrés, qui agressent des homosexuels, qui attaquent des militants, etc, ce n’est pas lui qui combattra le racisme, le fascisme. Bien au contraire, du fait de ses origines de gauche, il est même un des plus sûrs ferments de racisme en France !

Non ! Ce n’est pas l’Etat bourgeois qui a jamais combattu le fascisme ! Pas plus l’Etat de Léon Blum que l’Etat de Salvador Allende, l’Etat de la gauche allemande en 1918 ou en 1930, l’Etat autrichien récemment, l’Etat grec, ou encore l’Etat italien avec gauche et extrême droite dans le même gouvernement !

Non ! L’extrême droite ne se combat pas par la démocratie bourgeoise car la bourgeoisie tient à conserver sa carte fasciste et plus que jamais en période d’effondrement du capitalisme !

Non ! La complicité avec le fascisme n’est pas l’apanage de la droite, la gauche est bien mouillée aussi, elle qui fait élire Pétain chef de l’Etat, elle qui a choisi Pinochet chef d’Etat-Major des armées chiliennes, elle qui a produit les Doriot et les Mussolini, elle qui a fait élire le maréchal Hindenburg président du Reich, soi-disant pour barrer la route à Hitler, alors que celui-ci a nommé Hitler chancelier, elle qui cautionne les lois racistes et les fait appliquer, elle qui produit le discours selon lequel les problèmes économiques et sociaux seraient entièrement de la faute de l’étranger.

Non ! Ce n’est pas dans le cadre de la république bourgeoise que l’on peut éradiquer le racisme et le fascisme car ceux-ci sont parfaitement inséparables du capitalisme ! Ce n’est pas vrai qu’il n’y a que quelques petits groupuscules fascistes ! Tout l’appareil d’Etat (police, armée, forces spéciales, églises, justice, administration), est gangréné par le fascisme.

Non ! Ce n’est pas vrai que le Front National n’a rien à voir avec les groupuscules violents ! On a vu maintes fois Le Pen père et fille avec les nazis nostalgiques du nazisme dans toute l’Europe et ils appartiennent à des regroupements européens des nazis !

Non ! Ce n’est pas vrai qu’on combat le fascisme seulement par la police et la justice ! L’Allemagne d’avant Hitler avait une police et une justice. L’Italie d’avant Mussolini aussi. La France de Léon Blum pas moins. Cela n’a rien empêché.

Non ! Ce qui fait que le fascisme devient un danger mortel, c’est la crise de domination du système capitaliste. C’est lorsque la classe dirigeante craint la classe exploitée qu’elle fait appel à ses forces supplétives pour encadrer la petite bourgeoisie, une partie des chômeurs et des forces armées et de police pour exercer des violences directes contre les travailleurs, les forces classiques de l’Etat n’y suffisant pas. Dans ce cas, compter sur les forces organisées de la bourgeoisie alors que c’est elle qui a besoin du fascisme, c’est compter sur les bandits pour lutter contre le banditisme !

Non ! On ne peut pas se contenter de dire « non à la violence », « non à l’extrémisme », « non à l’action illégale », « non au combat contre la république bourgeoise », « non aux extrêmes », et autres discours des prétendus démocrates.

Non ! Ce n’est pas sur le terrain légal que se déroulera le combat mais sur celui de la lutte des classes ! Ce n’est pas ou la gauche ou la droite et l’extrême droite ! C’est le prolétariat ou la bourgeoisie ! C’est le socialisme ou la barbarie ! Comme Clément, pour combattre le fascisme, nous ne compterons que sur nos propres forces et sur notre capacité à combattre le monde capitaliste dans son ensemble par la révolution sociale !

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