Accueil > 16- EDITORIAUX DE "LA VOIX DES TRAVAILLEURS" - > Mandela reçoit un hommage unanime mais pas la lutte des travailleurs (...)

Mandela reçoit un hommage unanime mais pas la lutte des travailleurs sud-africains

samedi 6 juillet 2013, par Robert Paris

Cette répression anti-ouvrière meurtrière n’est pas celle de l’époque de l’apartheid mais celle actuelle...

Mandela reçoit un hommage unanime mais pas la lutte des travailleurs sud-africains

L’ancien chef d’Etat de l’Afrique du sud qui était passé de sa prison à vie à la position de plus haut responsable choisi par tous les puissants de ce monde pour gérer l’Afrique du sud est en train de mourir et reçoit l’hommage du monde entier, classes dirigeantes comme travailleurs et milieux populaires. Les anciens chefs racistes d’Afrique du sud en font partie. Un miracle réalisé par la méthode pacifiste gandhiste diront certains, de réunir ainsi riches et pauvres, noirs et blancs, racistes et antiracistes. Mais ce conte de fées n’a rien de commun avec la réalité.

Mandela, cause de la fin de l’apartheid même est un mythe. Mandela était à la tête d’une guérilla armée qui était très loin de l’emporter alors que c’est la lutte de masse de la classe ouvrière bloquant l’économie et faisant craindre une explosion révolutionnaire, mouvement auquel l’ANC ne participait même pas, qui a convaincu les classes dirigeantes d’abandonner l’apartheid.

L’Afrique du sud n’est sortie que formellement de l’Apartheid, il suffit de voir la police sud-africaine assassiner les mineurs grévistes de Marikana ou les habitants des townships toujours parqués dans leurs ghettos et tués par la police. Il suffit de lire que l’écrivain sud-africain André Brink, porte parole de la lutte contre l’Apartheid, a déclaré que l’ANC, le parti de Mandela, n’est qu’une réincarnation du parti raciste, le Parti National de De Klerk, en pire, j’ai bien dit en pire ! Ce qui a vraiment changé, c’est qu’un bon ami de Nelson Mandela, Cyril Ramaphosa, ancien dirigeant du syndicat des mineurs, la NUM, devenu le principal syndicat antigrève du pays au point que les grévistes de Marikana ont dû s’affronter à lui, est devenu le plus riche noir du pays, un milliardaire possesseur de nombreuses grandes entreprises ! Mais, pour le reste, ceux qui vivaient dans la misère y sont restés et l’apartheid entre noir et blanc s’est transformé en apartheid entre riches et pauvres qui sont toujours noirs et blancs ! Par contre, l’hypocrisie a pris le pouvoir. Et l’argent de l’exploitation des travailleurs entre toujours dans la poche des mêmes trusts !

Les travailleurs qui, par leur lutte, ont contraint le capitalisme sud-africain à changer la forme de sa domination, n’ont pas gagné. La petite bourgeoise nationaliste qui ne participait absolument pas à la lutte des travailleurs a gagné des places, de l’argent et du pouvoir. Ce n’est pas en restant courageusement en prison que Mandela a gagné mais parce que les classes dirigeantes du monde ont pris peur des conséquences qu’allait avoir l’explosion révolutionnaire des travailleurs sud-africains. Les classes dirigeantes blanches, avec à leur tête le chef du parti raciste, De Klerk, ont été chercher Mandela dans sa prison pour… qu’il les sauve de la menace révolutionnaire des travailleurs sud-africains. Cela s’est négocié directement entre les dirigeants américains et les dirigeants russes, entre les patrons des trusts sud-africains et les dirigeants de l’ANC. Mais personne n’a bien entendu consulté les travailleurs. Il a seulement fallu la caution de quelques dirigeants syndicalistes prêts à se vendre et quelques uns d’entre eux comme Ramaphosa n’ont pas été volés par l’accord !

L’Afrique du sud a été l’objet d’un changement politique et social parmi les plus étonnants et rapides de l’Histoire. En un petit nombre d’années, on a vu le Parti national au pouvoir, celui qui avait organisé un régime semi-fasciste pour imposer la suprématie blanche, le régime dit d’apartheid, décider de prendre contact avec le principal parti nationaliste noir, l’ANC, négocier puis sortir le leader de l’ANC de prison pour le porter à la présidence de l’Etat sud-africain. Que ce parti des tortionnaires racistes se retourne ainsi, il y a de quoi étonner. De Klerk, le dirigeant du Parti national, le parti de l’apartheid, a en Afrique du sud, l’une des dictatures les plus féroces du monde, a pris la tête d’un des changements politique et sociaux le plus impressionnants.

Les plus grands patrons sud-africains, ceux des mines, sont même à l’origine des premières rencontres en Suisse. C’est à cette bourgeoisie que la direction de l’ANC, de l’UDF (alliance de toute la bourgeoisie noire avec les leaders populaires noirs et quelques militants démocrates blancs), du Parti communiste, des dirigeants des syndicats qui leur sont liés ont donné des garanties sur le type de société qui découlerait d’une venue au pouvoir de l’ANC. Parti « communiste » comme ANC ont directement renoncé à leurs anciens slogans : remise en cause du capitalisme, de la propriété du grand capital en échange de la venue au pouvoir d’une partie de la direction nationaliste noire. La place des dirigeants syndicaux a été particulièrement négociée. A la mesure aussi de la trahison de cette lutte que représentait la manière dont la fin de l’apartheid a été négociée.

Par contre, les travailleurs sud-africains et le peuple ont été dupés. Mandela était certes à la tête d’un parti qui organisait une lutte armée de guérilla dans les pays voisins de l’Afrique du sud (et pas un combat pacifiste comme le prétend la légende). Le parti stalinien sud-africain a donné une caution de gauche à l’accord. Ce dernier s’est réalisé en même temps que la bureaucratie du Kremlin, sous l’égide de Gorbatchev, négociait son retour dans le giron capitaliste mondial. Mais on doit à la vérité de dire que le parti nationaliste ANC se détournait de la lutte de la classe ouvrière, n’y participait nullement et ne contrôlait alors aucune des centrales syndicales importantes du pays.

C’est bel et bien pour éviter la révolution, qui pouvait s’étendre au moins au continent noir comme une trainée de poudre à une époque où la contestation de toutes les dictatures d’Afrique montait (la période des révoltes contre Moussa Traoré, Bongo, et Houphouet Boigny), que les classes dirigeantes ont renoncé à l’apartheid.

Mais, direz-vous, pourquoi souligner tout cela puisqu’elles ont renoncé à ce régime barbare ? Justement parce qu’elles n’y ont pas vraiment renoncé mais l’ont seulement aménagé. Par exemple, les mêmes gouvernants, de Hollande à Obama, qui se félicitent de la fin de l’Apartheid en Afrique du sud le cautionnent encore en Mauritanie !

Et, même en Afrique du sud, la réalité de l’Apartheid se maintient et s’aggrave même… Les mineurs sud-africains assassinés à balles réelles pour avoir fait grève comme les autres travailleurs ne reçoivent nullement le soutien ni d’Obama ni d’Hollande ni des actuels dirigeants comme Jacob Zuma. Rien d’étonnant : c’est par crainte des travailleurs et pas par soutien qu’ils ont décidé de suspendre l’Apartheid !

Messages

  • En Afrique du Sud, plusieurs milliers de mineurs se sont mis en grève dans le nord du Pays. Ils ont organisé un sit-in au fond d’une mine exploitée par le groupe Anglo American Platinum, pour protester contre la suspension de quatre leaders syndicaux, dont ils réclament la réintégration immédiate. Selon le syndicat majoritaire, ils seraient entre 3.000 et 4.000 travailleurs sous terre.

    Dans ce contexte tendu, le gouvernement fait tout pour calmer le jeu. La tragédie de Marikana en août 2012, où des policiers avaient abattu 34 mineurs en grève, a laissé des cicatrices profondes dans la société sud africaine. Le vice-président Kgalema Mothlante a annoncé ce vendredi 14 juin qu’un accord avait été trouvé entre syndicats rivaux et compagnies minières. Une nouvelle rencontre est prévue le 26 juin prochain.

  • Les mineurs sud-africains de Marikana semblent reprendre le sentier de la guerre. Une grève sauvage a été lancée ce mardi dans la mine de platine. Le syndicat le plus radical, largement majoritaire, est furieux contre la direction britannique qui, selon lui, protège l’autre syndicat des mineurs, minoritaire mais plus conciliant. Les mineurs grèvistes se sont rassemblés dans un stade.“Nous n’irons pas sous terre, a clamé le chef du syndicat qui a appelé au débrayage, tant que le syndicat officiel ne sera pas chassé de la mine”. Cette centrale est en plus accusée par les grèvistes d’avoir fait assassiner l’un de leurs leaders.

    Les autorités sud-africaines craignent un nouvel embrasement à Marikana. En août dernier, la police avait fait un massacre, tuant par balles 34 mineurs grèvistes.

  • En Afrique du sud, à 100 kms au nord de Johannesburg, des centaines de mineurs travaillant pour les mines de platine du groupe Anglo American étaient rassemblés mercredi matin devant un des puîts d’exploitation menacé de fermeture pour décider de l’action à mener après l’annonce de 14.000 licenciements par leur employeur.

    “Il y a une crise importante qui dure dans l’industrie minière en Afrique du sud, affirme Loane Sharp, analyste basé à Johannesburg, et ce qui me stupéfie c’est que le gouvernement reste complètement inactif. En 1994, les mines sud-africaines employaient 1 million 400.000 personnes aujourd’hui ce chiffre est tombé à 523.000”.

    Les mineurs dont certains ont refusé de descendre dans les puîts mercredi, attendent le résultat des discussions entre les représentants des mineurs et la direction.

    Anglo American Platinum, N°1 mondial du platine, incrimine la baisse des cours du platine pour justifier les 14.000 licenciements décidés. Le gouvernement sud-africain menace de réexaminer les licences d’exploitation du groupe.

  • Le monde capitaliste pleure Nelson Mandela

    Bien sûr, les milieux populaires eux aussi croient devoir pleurer Mandela et le révérer. Mais ce qui peut permettre de comprendre quel rôle ce dirigeant bourgeois nationaliste a joué, c’est pourquoi les classes dirigeantes acclament unanimement Mandela.

    Les termes même des félicitations mondiales des classes dirigeantes à l’égard de Nelson Mandela, qui vient de décéder, devraient faire réfléchir tous ceux qui y voient une idole de la lutte de libération des opprimés noirs d’Afrique du sud. En effet, il ne faut pas chercher pourquoi le peuple adule Mandela mais pourquoi les classes dirigeantes capitalistes du monde en ont fait leur idole !

    Ces dernières l’expriment ainsi : Mandela a su réconcilier les forces sociales violemment opposées qui risquaient de s’affronter dans une explosion sans précédent du volcan social. Les mêmes commentateurs nous disent espérer que la mort de Mandela permette à l’Afrique du sud, toujours aussi polarisée entre riches et pauvres, entre exploiteurs et exploités, de ne pas exploser dans une lutte révolutionnaire.

    Réconcilier les opprimés et leurs oppresseurs, voilà ce que les classes dirigeantes ont apprécié chez Nelson Mandela.

    Il est remarquable que ce soient les mêmes classes, les mêmes Etats, les mêmes forces sociales et politiques qui aient soutenu quasi unanimement l’apartheid durant de longues années et qui se félicitent ainsi du rôle historique joué par Mandela alors qu’elles le traitaient alors de terroriste, de communiste, de criminel.

    C’est lorsque la lutte du prolétariat sud-africain a menacé de tourner la révolution sociale que la bourgeoisie impérialiste a décidé de désamorcer le conflit en s’appuyant sur le parti de Mandela, l’ANC, en soutenant une alliance de la bourgeoisie et des mandélistes appelée le Front Uni et en décidant d’extraire Nelson Mandela de prison pour le mener carrément au pouvoir.

    Il est symptomatique que les premières négociations secrètes entre le pouvoir de l’Apartheid et l’ANC se soient déroulées entre les patrons des trusts sud-africains menacés par des grèves insurrectionnelles et les leaders de l’ANC. Il est symptomatique que l’accord qu’ils ont trouvé pour sauver le capitalisme sud-africain de la révolution ait dû être contresigné par les principaux dirigeants syndicaux comme le leader du syndicat des mineurs, la NUM. Il est symptomatique que cela ait coûté à la grande bourgeoisie sud-africaine l’achat de ces leaders à prix d’or, le dirigeant syndical de la NUM devenant d’un seul coup milliardaire !

    Il est symptomatique qu’ensuite ce soit un accord, au plus haut sommet, entre l’impérialisme américain et la bureaucratie russe stalinienne et gorbatchévienne qui ait été nécessaire pour couvrir l’opération avec l’accord avec le parti communiste (stalinien) d’Afrique du sud.

    Il est symptomatique que ce soit le parti blanc de l’apartheid, le parti national de De Klerk, qui ait lui-même mis en place la fin de l’apartheid !

    Il est symptomatique que toutes les forces sociales et politiques prolétariennes qui n’avaient pas soutenu l’ANC soient carrément effacées comme si elles n’avaient pas existé alors que c’est souvent elles qui menaient la lutte des travailleurs sud-africains et pas l’ANC !

    Il est symptomatique enfin que l’accord de « fin de l’apartheid » ne change que la forme politique de celle-ci en conservant sur le fond la même dictature des classes dirigeantes, les mêmes pauvres, les Noirs, les townships, les ouvriers, et les mêmes riches (mis à part quelques individus).

  • Pour les afrikaners Mandela était un compromis acceptable, du fait de sa modération à l’égard de ces derniers, il était le plus enclin à signer un accord que leur était favorable. Pour preuve la suite logique des événements où aucun afrikaners, j’ai bien dit aucun, n’ont été inquiété à être juger pour ses crimes. C’est un concept tellement irrationnel que seul des êtres à la moralité composite et abstraite pourrait admettre ce type de justice, dans la réalité que nous vivons aucun pays décolonisé n’a fait ça, c’est un manque de respect totale pour l’histoire, si bien que jamais les blessures ne se refermeront en Afrique du Sud. A la rigueur en Inde, les Indiens ont pardonné aux Anglais, mais qu’à la seule condition qu’ils dégagent tous sans exception, ils ont donné 3 jours à la France pour se barrer de Pondichéry, pas un de plus. Il ne fait aucun doute que s’il possédait la hargne et l’esprit de justice d’un Patrice Lumumba, il serait mort ou écarté comme tant d’autre par les décideurs afrikaners et occidentaux de l’époque.
    C’était ça le deal, limiter le plus possible la casse, Mandela a-t-il pactisé ou a t-il été trop naïve en vendant son pays de la sorte aux pouvoirs afrikaners ?
    J’y étais et je t’assure que les blancs vivent comme au bon vieux temps, rien à changé, le noir est toujours au plus bas de l’échelle !

  • Certains militants révolutionnaires écrivent :

    « Mandela est devenu le symbole de la lutte contre l’oppression raciale. Mais ce combat des pauvres et des ouvriers, les dirigeants impérialistes voudraient l’ensevelir sous les chrysanthèmes. » voir ici

    Mais, ce faisant, ils participent du mensonge politique tout en se donnant l’air de le dénoncer.

  • Une quatrième personne est morte lundi des suites de ses blessures après la brutale répression par la police d’une manifestation pour l’eau courante dans un township de la région de Pretoria, a indiqué un porte-parole de la police.

    "Nous pouvons confirmer qu’une quatrième personne est décédée" après avoir été blessée lors de la manifestation le lundi 13 janvier, a dit Sabata Mokgwabone, "mais nous ne pouvons pas dire pour l’instant par quoi elle a été touchée".

    Deux hommes ont été tués par des tirs de la police et un troisième est mort lorsqu’il est apparemment tombé d’un véhicule blindé anti-émeute où les forces de l’ordre l’avait embarqué, voire poussé selon des témoins.

    La police des polices est chargée d’une enquête sur les circonstances de ces décès. Selon M. Mokgwabone, les policiers ont fait usage de balles en caoutchouc mais jamais de balles réelles.

    La manifestation avait démarré dimanche 12 janvier après une nouvelle coupure d’eau notamment dans le lotissement de Mothotlung en bordure du bassin minier de Rustenburg, où 34 mineurs en grève sont morts sous les balles de la police en août 2012 à Marikana. Elle s’était poursuivie le lundi matin, suscitant une intervention brutale des forces de l’ordre.

    Selon le journal dominical City Press, au moins deux policiers impliqués dans la répression de cette manifestation étaient également présents lors de la tuerie de Marikana.

    Alors que l’Afrique du Sud s’apprête à fêter en avril les 20 ans de sa démocratie et de la fin du régime d’apartheid, la frustration sociale persistante génère quotidiennement des manifestations d’habitants contre la défaillance des services publics de base, en moyenne cinq par jour dans tout le pays.

  • L’Afrique du Sud est le pays le plus riche du continent africain mais 26% de ses habitants ne mangent pas à leur faim, 52% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, près de 2 millions de personnes vivent dans des bidonvilles, le taux de chômage officiel est de 25% (il affleurerait en réalité les 35%) et le pays compterait près de 6 millions de séropositifs.

    Et ceux qui trinquent le plus, ce sont toujours les Noirs. Ils comptent pour 79,6% des 52 millions de Sud-Africains et les Blancs pour seulement 8,9% (les 9% de Métis et les 2,5% d’Indiens et d’Asiatiques formant le reste de la population). Mais un foyer blanc gagne en moyenne six fois plus qu’un foyer noir (environ 3 000 euros par mois, contre moins de 500 euros). Même si, depuis 2001, les familles noires ont vu leur revenu progresser de 169% contre 88% pour les familles blanches, à ce rythme, il faudra encore 60 ans pour qu’elles aient le même niveau de vie ! Le fossé reste immense : 29% des Noirs sont au chômage, contre 4% des Blancs. Et 62% des Noirs vivent sous le seuil de pauvreté contre 1% des Blancs. Or, seuls 8,3% des Noirs ont poursuivi leurs études après le baccalauréat contre 36% des Blancs.

    Certes, classe moyenne noire et classe moyenne blanche sont aujourd’hui de taille équivalente, d’après l’institut sur les relations raciales (SAIRR) – l’appartenance à la classe moyenne étant définie par la possibilité pour un ménage d’acheter son logement. Reste que "c’est davantage l’expansion d’une petite élite que l’essor d’une majorité prospère", prévient l’institut. "Le défi durable pour le pays est de parvenir à élever davantage de Sud-Africains grâce à l’éducation et l’emploi à une position où ils pourraient, eux ou leurs enfants, rejoindre les classes moyennes."

    Le défi réel est de faire en sorte que les Noirs se taisent et continuent d’obéir à une classe dirigeante de négriers au service des capitalistes blancs...

  • Les dirigeants syndicaux, qui avaient joué le rôle de pompiers du soulèvement ouvrier, reçurent leur récompense. Sur les 400 sièges du parlement national issu des premières élections multiraciales de l’histoire du pays, en 1994, 76 étaient occupés par des syndicalistes du COSATU, 80 par des membres du Parti communiste (SACP), tous élus sous une étiquette ANC. Mais le « Programme de Reconstruction et de Développement » du nouveau gouvernement Mandela, qui devait apporter aux pauvres des emplois, des maisons, l’électricité et l’eau potable, confié à la tutelle de l’ancien secrétaire général du COSATU, resta sur le papier. Et une loi interdisait dès 1995 les grèves dans les services dits « essentiels » et rendait illégale toute grève organisée contre des licenciements.

    La société sud-africaine a fait disparaître l’apartheid formel mais elle reste plus que jamais l’une des plus inégalitaires au monde. Les Noirs sont toujours exclus et exploités au profit des mêmes sociétés capitalistes mais ils le sont en tant que prolétaires, plus en tant que noirs ! Mais la bureaucratie du COSATU a pu se lancer dans les affaires. Les milliards de dollars versés dans des caisses de retraite et de prévoyance par les 3,2 millions de syndiqués ont été utilisés par les organisations syndicales pour monter des fonds d’investissement. Le NUM, le syndicat des mineurs, a investi 1,5 milliard de francs… dans une holding du trust minier Anglo American. Son ancien secrétaire général, Cyril Ramaphosa, devenu millionnaire, résuma bien le singulier destin de ces chefs syndicalistes : « Voilà les syndicats qui se mettent aux affaires pour leur propre compte. (…) Je n’ai aucun scrupule moral à m’engager dans cette voie nouvelle, parce que j’y travaillerai avec des camarades et que nous nous conformerons à certains principes. Inutile de nous voiler la face : ce faisant, nous allons bien sûr nous enrichir. Mais en même temps, nous dirons que nos syndicats aussi doivent pouvoir s’enrichir. Bientôt le NUM nagera dans les millions. »

  • L’alliance de la petite bourgeoisie réformiste noire avec la bureaucratie réformiste syndicale s’est maintenue malgré la corruption de tous ces appareils...

    En Afrique du Sud, le 14e congrès national du parti communiste, le SACP, qui a débuté lundi dernier, s’est achevé samedi 15 juillet par des discussions sur l’avenir de l’alliance tripartite et notamment ses relations avec l’ANC, le parti au pouvoir, embourbé dans des affaires de corruption.

    Le communiqué est tombé samedi après-midi. Le parti a annoncé qu’il allait conserver son alliance avec l’ANC (Congrès national africain), malgré la tempête dans laquelle il se trouve. Les guerres intestines, la corruption et les nombreuses affaires judiciaires qui collent au président Jacob Zuma, sont autant de tares qui mettent à mal les chances de remporter la prochaine élection présidentielle de 2019.

    Chris Mahlako, le secrétaire général adjoint du parti communiste, le SACP, a bien confirmé la participation et le soutien de sa formation politique au prochain scrutin, mais concernant les modalités d’actions, les choses ne sont pas encore très claires. Mahlako parle d’une alliance stratégique avec l’ANC, ajoutant que cette coalition est fragile et que son organisation est actuellement obsolète et ne fonctionne plus. Il a également invité l’ensemble des partenaires à s’exprimer sans peur ni retenue.

    L’alliance tripartite, qui compte le SACP, l’ANC et la Cosatu, le puissant congrès des syndicats sud-africains, semble entrer dans une phase d’urgence où l’unité est le maître mot, avant l’élection du nouveau leader de l’ANC en décembre prochain, déjà source de divisions.

  • Nelson Mandela n’avait pas mis tous ses oeufs dans le même panier !!!

    Nelson Mandela avait un trust caché sur l’île de Man, un paradis fiscal, trust apparemment créé par son avocat, pour qu’il puisse discrètement verser de l’argent à des tiers. L’histoire est curieuse, tant il semblait improbable que la piste de ce leader de la lutte contre l’apartheid mène jusqu’à cet îlot de mer d’Irlande qui tente de se débarrasser de son image de paradis fiscal (définition).

    Les « Paradise Papers », ces 13,4 millions de documents partagés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire, ont permis de mettre la main sur les dix-sept pages de l’acte de constitution original du « Mad Trust » – une référence à « Madiba », le nom du clan de Mandela – créé le 21 janvier 1995 par Ismail Ayob, l’avocat de l’ancien prisonnier. Nelson Mandela était alors depuis huit mois le premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud.

    Les fondateurs du trust Mandela étaient alors « monsieur et madame Mandela ». A l’époque, l’épouse du président était encore Winnie Madikizela-Mandela, dont il ne divorcera qu’en 1996. En octobre 2003, le compte totalisait 2 096 220 dollars (1,8 million d’euros), selon un audit du cabinet Deloitte & Touche.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.