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Egypte : al-Sissi, dirigeant du coup d’Etat en Egypte brandit la menace d’une répression de masse

mercredi 31 juillet 2013, par Robert Paris

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  • Entre la chute de Moubarak (février 2011) et l’élection de Morsi (juin 2012), il faut rappeler que la gouvernance est revenue au Conseil Suprême des Forces Armées, période durant laquelle l’image des militaires s’est nettement dégradée auprès des libéraux. Au début le slogan révolutionnaire était « l’armée et le peuple main dans la main ». Près d’un an plus tard il est devenu « à bas le pouvoir de la soldatesque ». Cette perte de popularité s’explique en bonne partie par les répressions violentes exercées aussi bien sur le camp démocrate que sur les coptes en octobre 2011, lorsque ceux ci ont manifesté pour briser le silence médiatique face aux incendies de leurs églises par les salafistes. Cette volte-face des révolutionnaires avait permis à Mohammed Morsi d’être élu à une faible majorité face à Ahmed Chafik, considéré comme le candidat des militaires. Le clivage s’est par la suite accentuée face à la velléité de M. Morsi d’acquérir les pleins pouvoirs, ce qui a laissé dire dans l’opinion qu’il était à la botte du chef des Frères Musulmans, dont l’objectif était de noyeauter le pays en plaçant ses hommes dans tous les postes-clés de l’administration. C’est à ce moment que l’électorat non-islamistes des Frères s’est fortement détaché pour basculer dans l’opposition, fait qui a provoqué un changement de majorité : on l’a bien vu lors des manifestations du 30 juin qui ont rassemblé autant de monde, sinon plus, que pour la chute de Moubarak. En dépit de ce bouleversement, nous sommes bien aujourd’hui face à deux blocs aujourd’hui en Egypte, et ceux deux blocs semblent avoir chacun perdu le contrôle. Connaissant le pays depuis 30 ans, je peux affirmer que je n’y ai jamais vu autant d’expression de haine qu’actuellement. L’histoire égyptienne récente connaît déjà son lot de violences mais jamais les fractures n’ont été aussi profondes. On peut cependant se dire qu’après les évènements violents de cette semaine, l’unité des Frères Musulmans va peu à peu s’émietter. La journée de vendredi a ainsi connu une mobilisation nettement mois intense que celle de mercredi mais il est encore trop tôt pour préjuger. L’exemple iranien de 1979 a démontré que les baïonnettes ne pouvaient pas toujours contenir les manifestations populaires. On peut en tout cas déjà s’étonner de la virulence sans précédent des évènements, qui ne s’appuient pas comme en Syrie sur des failles confessionnelles et ethniques. L’Egypte, à l’inverse, était jusque là connu pour une assez grande homogénéité de sa base. Le clivage n’est plus entre une élite et un peuple, fût-il fantasmé, mais au sein même du peuple et des familles.

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