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Comment la bourgeoisie impérialiste française s’appuie sur les dignitaires religieux : exemples de Bonaparte en Egypte (1798) et Soult en Espagne-Portugal (1808)

vendredi 30 août 2013, par Alex

Des camarades propagandistes désapprouveront immédiatement et avec raison le titre de cet article, en contradiction avec le point de vue de Lénine sur l’impérialisme, ère qui commence seulement vers 1900, et n’existait pas en 1800 :

Dans ces 15 ou 20 dernières années, surtout depuis les guerres hispano-américaine (1898) et anglo-boer (1899-1902), la littérature économique, et aussi politique, de l’Ancien et du Nouveau Monde s’arrête de plus en plus fréquemment à la notion d’"impérialisme" pour caractériser l’époque où nous vivons. (Lénine, 1912)

Mais des camarades agitateurs, qui doivent toujours simplifier pour convaincre, l’approuveront sans doute vu les événements d’Egypte et de Syrie. Car certaines méthodes de la bourgeoisie ont peu changé depuis 200 ans, malgré les transformations économiques.

Des égyptiens, des syriens, attendraient parait-il une aide des puissances impérialistes dans leur lutte pour la démocratie. Et de la France en premier lieu grâce à notre « laïcité », dont les démocrates français de gauche sont souvent fiers, comme de leur anticléricalisme.

Or il n’y a rien à attendre de notre bourgeoisie française sur le terrain de la lutte contre les religieux réactionnaires, car elle est un des principaux responsables de la pérennité de l’opium des peuples (les religions) dans les pays qu’elle a dominés.

Certains mécanismes politiques de domination utilisés par la France coloniale sont peu liés à "l’évolution des forces productives". Car certaines méthodes restent utilisées à toutes les époques depuis que la société est divisée en classe, comme le "diviser pour régner".

Une de ces méthodes est l’utilisation des hiérarchies religieuses locales, comme les Frères Musulmans, les confréries soufies. Cette méthode reste appréciée par l’impérialisme, il n’y a qu’à lire le dernier livre de l’universitaire Gilles Kepel, Passion Arabe qui se propose de fournir des clés pour ce genre de politique.

Pourquoi étudier ensemble ces deux campagnes d’Egypte et d’Espagne ? Le fait que Soult dans l’Espagne catholique se soit inspiré de Bonaparte dans l’Egypte musulmane montre que les stratégies politiques des deux ne sont pas explicables par des particularités religieuses locales. C’est le mode de domination de la bourgeoisie qui est en cause. Les « spécialistes » comme Kepel qui vont farfouiller dans le labyrinthe des subtilités religieuses ont pour objectif de cacher le moteur de ces guerres, comme du Printemps arabe : la lutte des classes. Et cela sous couvert d’un pseudo-matérialisme historique.

Dès qu’elle a pris le pouvoir d’Etat en 1789, la bourgeoisie française a eu sa politique colonialiste. Ce n’était plus le Roi très chrétien qui lui imposait un masque religieux. Les méthodes mises en oeuvre sont donc purement celles de la bourgeoisie à partir de cette époque.

Et à peine arrivée au pouvoir en 1789 puis 1792, la bourgeoisie française, même encore révolutionnaire (dans le sens où après avoir guillotiné Robespierre elle s’oppose à la restauration du féodalisme en déléguant le pouvoir à la dictature militaire de Bonaparte) se lance dans de nouvelles conquêtes coloniales.

Chronologiquement l’expédition d’Egypte (1798-1801) et la Guerre d’Espagne (1808-813) (moins glorifiée dans nos écoles) sont deux des premiers échantillons de sa politique. Voyons quelles leçons on peut en tirer.

Tout d’abord remarquons que ce sont des non croyants qui dans ces deux campagnes vont mettre en place une politique pro-religion.

Napoléon et ses scientifiques étaient des matérialistes qui méprisaient la religion et les croyances du peuple

C’est la bourgeoisie qui a fait vivre les Lumières qui s’est retrouvée au pouvoir. Beaucoup de ses membres ne croyaient absolument pas en Dieu :

Le premier contact réel entre le monde des Lumières et celui de l’islam va pouvoir s’établir. Fait unique dans l’histoire, cette armée française n’est constituée que d’athées, de déistes et d’agnostiques (H. Laurens, L’expédition d’Egypte)

... même s’ils voulaient forcer le peuple à absorber cet opium :

Nous trompons les Egyptiens par notre simulé attachement à leur religion à laquelle Bonaparte et nous ne croyons pas plus qu’à celle de Pie le défunt. Cependant et quoi qu’on en dise, ce pays deviendra pour la France un pays inappréciable, et avant que ce peuple ignare ne revient de sa stupeur, tous les colons auront le temps de faire leurs affaires. Nous remplaçons ici des scélérats qui ne laissaient au peuple que la chemise et en les faisant contribuer d’une manière uniforme, il trouvera un grand changement

Génaral Dupuy (Lettre au citoyen Deville de Toulouse)

En premier lieu, on voit donc vite que pour comprendre la question religieuse dans un pays à l’époque du capitalisme, il faut avant tout chercher l’explication en dehors de la religion, et en dehors même de ce pays. Pas la peine de relire le Coran pour l’Egypte ou la Bible pour l’Espagne, ce sont d’autres facteurs, comme la rivalité entre les grandes puissances capitalistes pour la domination mondiale qui sont général à l’arrière plan.

En Egypte et au Portugal l’adversaire de la bourgeoisie française était avant tout l’Angleterre

Dès le 16 août 1797 Bonaparte justifie ainsi la campagne d’Egypte :

Les temps ne sont pas éloignés où nous sentirons que, pour détruire véritablement l’Angleterre, il faut nous emparer de l’Egypte

Bonaparte (Discours au Directoire, 16 août 1797)

Dès le départ de son expédition, il expose à ses soldats les buts de la guerre, d’une manière qui lui vaudrait sans doute des sanctions dans dans l’armée d’aujourd’hui, car le silence ou le mensonge politiques font partie du code de l’honneur des officiers :

Soldats,

Vous allez entreprendre une conquête dont les effets sur la civilisation et le commerce du monde sont incalculables. Vous porterez à l’Angleterre le coup le plus sûr et le plus sensible, en attendant que vous puissiez lui donner le coup de mort.

Bonaparte (Proclamation à l’armée, 22 juin 1798)

Talleyrand avait déjà mis en avant cette justification, le modèle pour le colonialisme de la République française étant le colonialisme de la République romaine

L’Egypte fut une province de la République
romaine, il faut qu’elle le devienne de la République française
(...) En rouvrant la route de Suez, on portera un coup mortel au commerce anglais dans les indes. Le gouvernement ottoman est trop occupé par les troubles balkaniques pour intervenir en Egypte et un habile négociateur, envoyé à Constantinople, pourra obtenir de la Porte la reconnaissance de l’installation française en échange de celle de l’autorité nominale du Sultan sur le pays.

Talleyrand (Discours au Directoire, 14 février 1798)

Les buts officiels de l’Expédition d’Egypte sont exprimés dans les instructions du Directoire (le gouvernement de la République de l’époque)

(Bonaparte) chassera les anglais de toutes les possessions de l’Orient où il pourra arriver et notamment il détruira tous leurs comptoirs sur la mer Rouge . (...) Il fera couper l’isthme de Suez, et il prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la libre et exclusive possession de la mer Rouge à la République française.

L’objectif au Portugal est analogue :

En envoyant mon frère au Portugal, l’empereur l’avait autorisé à employer tous les moyens pour arracher ce pays à l’alliance de l’Angleterre et l’attacher à celle de la France

Pierre Soult (frére du maréchal Soult)

Mettre en avant des chefs religieux, réprimer les chefs qui prennent les armes

Bonaparte dès le début de sa campagne demande à ses soldats de ne pas s’attaquer aux dignitaires religieux :

Les peuples avec lesquels nous allons vivre sont Mahométants, leur premier article de foi est : il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète. Ne les contredisez pas (...) ayez des égards pour leurs muftis et leurs imams (...) les légions romaines protégeaient toutes les religions

Bonaparte (Proclamation à l’armée, 22 juin 1798)

Aux égyptiens il se présente comme promoteur de l’islam :

Au nom de Dieu le Bienfaiteur, le Miséricordieux, il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah, il n’a pas de fils ni d’associé dans son règne (...) Je respecte plus que les Mamelouks Dieu, son prophète Mahomet et le glorieux Coran (...) N’est-ce pas nous qui avons détruit le Pape qui disait qu’il fallait faire la guerre aux Musulmans ? N’est-ce pas nous qui avons détruit les chevaliers de Malte parce que ces insensés croyaient que Dieu voulaient qu’ils fissent la guerre aux Musulmans ?

(...)
Article II : tous les villages qui prendraient les armes seront brûlés
(...)

Article V : Les shaykhs, les qadis et les Imams conserveront les fonctions de leurs places ; chaque habitant restera chez lui et les prières continueront comme à l’ordinaire. Chacun remerciera Dieu de la destruction des Mamlouks et criera : Gloire au Sultan, gloire à l’armée française son, amie ! Malédiction aux Mamlouks et bonheur au peuple d’Egypte !

Bonaparte (Proclamation aux Egyptiens, 27 juin 1798)

Lorsque quelques mois après la situation s’est dégradée (écrasement de la révolte du Caire notamment), Bonaparte se transforme en envoyé d’Allah, menaçant :

Faites connaître au peuple que depuis que le monde est monde, il était écrit qu’après avoir détruit les ennemis de l’islamisme, fait abattre les croix, je viendrai du fond de l’occident remplir la tâche qui m’a été imposée. Faites voir au peuple que dans le saint livre du Coran, dans plus de vingt passages, ce qui arrive a été prévu, et ce qui arrivera est également expliqué (...) je sais tout même ce que vous n’avez dit à personne ; mais un jour viendra que tout le monde verra avec évidence que je suis conduit par des ordres supérieurs.

Bonaparte (Aux habitants du Caire, 21 décembre 1798)

A Kleber, étonné que Bonaparte ne fasse pas fusiller le chef présumé de la révolte du Caire, Bonaparte fait une leçon de chose politique :

Bonaparte : C’est le chef de la révolte

Kléber : Eh quoi, vous ne le faites pas fusiller ?

Napoléon : Non, ce peuple est trop étranger à nous, à nos habitudes. Il lui faut des chefs : j’aime mieux qu’il ait des chefs d’une espèce pareille à celui-ci qui ne peut ni monter à cheval, ni manier le sabre, que de lui en voir comme Mourad Bey (...) La mort de ce vieillard impotent ne produirait aucun avantage et aurait pour nous des conséquences plus funestes que vous ne pensez.

Napoléon (Campagne d’Egypte, XXIX)

Et ce mécanisme visant à promouvoir un groupe religieux pour faire pièce au Mamlouks qui savent se servir des armes rappelle la situation en Mauritanie, où les français rabaisseront les tribus militaires pour élever celles des Marabouts :

Les grands Ulémas ne sont pas totalement mécontents de se trouver au devant de la scène politique ; la liquidation de leurs partenaires Mamlouks justifie ce nouveau rôle que leur ascension sociale des décennies précédentes laissait prévoir. (H. Laurens, L’expédition d’Egypte)

En Espagne, l’adversaire de la bourgeoisie française était avant tout l’Angleterre

La France perdit cette guerre d’Espagne. Mais Soult dans ses Mémoires fait une mise au point : c’est l’armée anglaise qui a été déterminante :

Malgré la prétention qu’ont les Espagnols de n’avoir dû qu’à eux-même leur délivrance, il n’en est pas moins certains que leurs armes et leur guerillas ne se sont soutenues que parce qu’elles s’appuyaient sur une armée anglaise qui est toujours restée forte et s’est toujours relevée de ses efforts.

(Marchal Soult, Mémoires p. 46)

Au passage on note que c’est cette guerre qui vit l’entrée dans la langue française du mot espagnol Guerilla. Les spécialistes de géopolitique qui parlent de « guerre asymétriques » de « type nouveau » oublient souvent de mentionner que ce type de guerre est né il y a deux siècles, avec l’arrivée au pouvoir de la bourgeoisie française.

Cette guerre fut une insurrection populaire de libération nationale des espagnols, soutenue par une grande puissance (Royaume Uni), contre une autre grande puissance (France). Un des généraux de Soult avec ses mots confirme la nature de cette guerre

L’approche des Anglais a mis le pays dans un tel état de fermentation que les femmes et les vieillards qui ne peuvent pas prendre les armes font eux-mêmes la recherche des jeunes gens en état de les porter ... En Espagne, le difficile n’est pas de battre les armées réunies mais de les joindre ... Nous faisons avec les anglais une guerre d’autant plus inégale qu’ils ont pour eux les populations ... il n’y a ni finesse, ni habitude de la guerre, ni audace qui puisse nous servir ... Les anglais sont appuyés par les paysans, prévenus à temps quand nous arrivons, ou conduits par eux lorsque nous occupons un poste

(Rapport du général Franceschi, 18 décembre 1808)

Après avoir rabaissé l’orgueil espagnol Soult ne manque pas de rabaisser l’orgueil anglais :

Les insurgés espagnols ont été cependant des auxiliaires utiles aux Anglais, beaucoup plus que les historien d’outre-Manche n’aiment à en convenir. Isolée au milieu d’une population hostile, ayant toutes ses communications interceptées, l’armée française se trouvait dans un état d’incontestable infériorité, et les pertes résultant de l’enlèvement quasi journalier d’hommes isolés usaient vite ses forces

Maréchal Soult (Mémoires p. 46)

Il est frappant de constater que cette guerre annonce la guerre d’Algérie, théorisée par Roger Trinquier dans « La guerre moderne » : les massacres, la torture, bref des méthodes fascistes, sont justifiées par le caractère exceptionnel.

La lutte passionnée dans laquelle la nation espagnole s’était précipitée, et la part active qu’y prenait l’Angleterre, avaient fait de la Péninsule entière un champ de bataille où il ne restait plus de place pour un gouvernement régulier. C’était se faire une grande illusion que de croire qu’il fût possible de faire la moindre conquête en Espagne par de simples procédés gouvernementaux.

Maréchal Soult (Mémoires p. 170)

De même au Portugal

Dès mon entrée au Portugal, j’avais pu reconnaître l’erreur dans laquelle était tombé l’Empereur lorsqu’il avait compté sur la soumission du pays. Le Portugal était armé pour son indépendance. Ce sentiment était général, et la force seule ne pouvait en avoir raison. Il eût été plus facile d’exterminer la nation plutôt que de la faire céder (...) Ils ne voulaient pas devenir colonie française, encore moin province espagnole

Cependant, il y a toujours une catégorie de la population prête à servir tout pouvoir : des dignitaires religieux..

Le maréchal Soult et le clergé catholique

Dans un passage de ses Mémoire le maréchal Soult décrit l’aspect politique de sa guerre : gagner le soutien de la population.

Je m’étais particulièrement occupé du clergé qui était alors la puissance dominante du pays et j’avais fait plusieurs conquêtes dans ses rangs, non seulement en m’addressant aux évêques, mais à tous les échelons de la hiérarchie écclesiatique dont l’influence s’exerçait le plus directement sur les masses (...) Il faut savoir rentrer dans les moeurs locales et parler le langage que les foules comprennent. Je me souvenais qu’en Egypte le général Bonaparte avait habilement mis ce principe en pratique

Marchal Soult (Mémoires p. 170)

Un exemple de concret est l’affiche suivante affichée en portugais et en français aux environs de Porto : de l’eau bénite pour le peuple, une généreuse augmentation de salaire pour le clergé :

Nous, maréchal d’Empire, duc de Dalmatie, gouverneur général de Portugal : Ayant pris en considération la dévotion entière que tous les habitants portent à la sainte image de Notre Seigneur Jésus Christ qui est placée dans l’église de Mathozinos et connue sous l’invocation de Senhor Bon Jesus de Bonças. Et notre volonté étant de donner un témoignage public et perpétuel de respect et de vénération que les militaires ont pour notre sainte religion, ainsi que de leur considération pour ses ministres, avons décrété ce qui suit

  • Article premier : Une lampe d’argent sera donnée au nom de Sa Majesté l’Empereur Napoléon pour être plcée dans l’église de Matozinhos et dédiée
    au Senhor Bon Jesus de Bonças
  • Article 2 : la cense du recteur de Matozinhos, qui est de 40000 reis, et le traitement du sacristain, qui est de 20000 reis, seront portés au double à partir du présent décret.

L’armée anglaise, comme l’armée française, restait fondamentalement un ennemi des résistants espagnol

L’armée anglaise était en Espagne pour combattre la puissance rivale qu’était la France. Lorsque cela était nécessaire, elle appliquait une politique de terreur contre les espagnols tout comme l’armée française.
D’ailleurs les descendants du Maréchal Soult qui ont publié ses mémoires soulignent l’amitié qui existe entre des bourgeois rivaux mais qui font avant tout partie du même monde, défendent le même type de société même quand ils se combattent

Sir Arthur Wellesley, plus tard duc de Wellington (1769-1852) est né à Dublin la même année que l’Empereur et le maréchal Soult qui devint son ami. Il avait terminé son éducation à Bruxelles, puis à l’acadméie militaire d’Angers, ou il contracta de solides amitiés. Cette empreinte française lui permit de comprendre et de combattre efficacement nos chefs en Espagne, mais nous lui devons son intelligente modération en 1814-1815, et ses fréquentes et efficaces interventions contre le haineux Blücher. Wellington, comme Soult, a été à la fois un grand soldat et un grand ministre militaire ; comme lui, il a méprisé les politiciens et bravé l’impopularité pour obtenir les résultats qu’il estimait essentiels.

(Antoinette de Saint Pierre, descendante du maréchal Soult)

Et le lecteur réformiste ne doit pas penser que prétendre que ces amitiés entre généraux n’ont rien à voir avec la politique d’écrasement des peuples dominés est l’exagération des révolutionnaires : Bonaparte lui-même a comparé la politique de la terre brûlée de Wellington en Espagne à la sienne en Egypte. Fin mai 1799 la campagne de Bonaparte en Palestine est un échec (on ne nous en parle pas beaucoup à l’Ecole). A partir de Jaffa l’armée française entame une retraite. Après avoir tué de ses soldats blessés en les bourrant d’opium, Bonaparte donne l’ordre à Kléber qui commande l’arrière garde de pratiquer la politique de la terre brûlée, de détruire les moissons. Chaptal dans ses mémoires décrira l’affinité que sentit le Bonaparte d’Egypte, devenu Napoléon avec le Wellington d’Espagne.

Je me rappelle l’avoir une seule fois entendu vanter le talent militaire de Wellington au moment de sa retraite sur Lisbonne, qu’il effectuait devant Masséna ; ce général dévastait tout sur sa route ; il détruisait les moulins, brûlait les subsistances et emmenait avec lui les populations et les bestiaux. "Voilà un homme disait l’empereur, il est forcé de fuir devant une armée contre laquelle il n’ose pas se mesurer, mais il établit un désert de quatre-vingt lieues entre l’ennemi et lui ; il retarde sa marche ; il l’affaiblit par des privations de tout genre ; il sait la ruiner sans la combattre. Il n’y a que Wellington et moi en Europe pour savoir exécuter ces mesures. Mais il y a cette différence entre lui et moi, c’est que cette France, qu’on appelle une nation, me blâmerait, tandis que l’Angleterre l’approuvera. Je n’ai jamais été libre qu’en Egypte. Aussi m’y suis-je permis des mesures pareilles. On a beaucoup parlé de l’incendie du Palatinat, et nos misérables historiens calomnient encore à ce sujet Louis XIV. La gloire de ce fait n’appartient pas à ce roi. Elle est toute à son ministre Louvois, et c’est, à mes yeux, le plus bel acte de sa vie"

Chaptal, Mes ouvenirs sur Napoléon par le comte Chaptal pubié par son arrière petit-fils, 1893.

Conclusion

Les groupes politiques français, égyptiens ou syriens ou maliens qui en ce moment appellent au secours la France pour combattre les extrêmes-droites religieuses ne connaissent pas l’histoire de leurs pays, ou la connaissent très bien et montrent le rôle qu’ils veulent jouer : courroie de transmission de l’impérialisme dans des enfers créés depuis 200 ans par la bourgeoisie coloniale puis impérialiste !

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