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Colombie : malgré la répression militaire violente, la révolte paysanne s’étend et s’intensifie

samedi 31 août 2013, par Robert Paris

Des milliers de personnes ont manifesté, jeudi 29 août, dans les principales villes de Colombie pour soutenir les paysans qui réclament depuis 11 jours un soutien accru au secteur agricole. De violents heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu à Bogota et Medellin. A Bogota, des cortèges d’ouvriers, d’étudiants, enseignants et travailleurs de santé ont marché jusqu’à la place Bolivar, au centre ville, et ont été dispersés par la police anti-émeute.

Entre 40 et 50 000 camionneurs se sont joints aux manifestants pour réclamer une baisse des prix des carburants alors que des milliers de petits exploitants miniers se sont regroupés en certains points du pays pour exiger la régularisation de leurs activités. A Medellin, la deuxième ville du pays, la protestation s’est également terminée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, et des journalistes ont été pris à partie par la police.

Au total, 48 manifestations ont été organisées jeudi dans tout le pays, et 72 barrages entravaient la circulation sur 37 artères de huit régions du pays, selon le ministère de l’intérieur.

Le président, Juan Manuel Santos, qui se bornait jusqu’à présent à vouloir négocier - sans succès - région par région, a officiellement reconnu jeudi que le secteur était en crise et a formulé plusieurs propositions dans une allocution télévisée jeudi matin.

"Les paysans ont plusieurs arguments et protestations valables", a reconnu M. Santos. "Nous avons mis sur la table une série de solutions de court terme", a ajouté le président, évoquant des mesures pour contrôler le prix des intrants et notamment celui des engrais, ainsi que pour freiner l’importation de produits de contrebande.

Les paysans colombiens ont lancé le 19 août un mouvement illimité dans l’ensemble du pays. Ils protestent pour réclamer l’établissement de prix planchers pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles.

Les petits agriculteurs veulent aussi des garanties en matière d’accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, une politique favorable aux petites exploitations, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes. Ils dénoncent également les traités de libre échange signés par la Colombie, qui selon les paysans ouvrent la voie à un dumping sur les produits importés et empêchent de subventionner les secteurs productifs nationaux.

Depuis le début du mouvement, des heurts sporadiques entre paysans et forces de l’ordre sur les barrages routiers ont fait deux morts (un policier et un manifestant) et quelque 350 blessés, selon des sources concordantes.

Le président colombien Juan Manuel Santos a ordonné le déploiement de militaires à Bogota et sur les principales routes du pays en réponse au mouvement paysan lancé il y a 12 jours et aux troubles qui ont fait deux morts jeudi en marge de manifestations à Bogota.

"Hier (jeudi), j’ai ordonné la militarisation de Bogota et je ferai de même dans toute municipalité ou région où la présence de nos soldats sera nécessaire", a déclaré vendredi M. Santos dans une déclaration radio-télévisée.

Un total de 50.000 soldats seront également déployés en province pour "assurer la mobilité sur nos routes" et des "pont aériens" pourront être organisés pour assurer l’acheminement de denrées qui commencent à manquer dans certaines villes, du fait des blocages routiers mis en place depuis le 19 août par les paysans en colère, a ajouté le président colombien.

"Il est inacceptable que les actes de certains affectent gravement la vie de la majorité", a-t-il insisté au lendemain d’une journée marquée par une cinquantaine de manifestations dans les principales villes du pays, dont certaines ont débouché sur des heurts entre policiers et manifestants.

"Les soldats effectueront des patrouilles en coordination avec la police", a expliqué à l’AFP un porte-parole de la mairie de Bogota, où selon M. Santos les affrontements de jeudi ont fait deux morts.

De son côté, la municipalité avait fait état mercredi soir de 147 blessés, et la police de 40 arrestations après ces heurts qui ont été suivis de scènes de pillage dans le centre-ville.

Les paysans colombiens ont lancé depuis une douzaine de jours un mouvement à durée illimitée dans l’ensemble du pays pour réclamer l’établissement de prix planchers pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles. Leurs actions, soutenues par d’autres catégories, ont été marquées par des heurts avec les forces de l’ordre qui ont fait un total de quatre morts et plus de 500 blessés, selon des sources concordantes.

Peu après l’annonce de M. Santos, Eberto Diaz, porte-parole de la Table nationale de dialogue agraire, qui coordonne le mouvement, a annoncé que les leaders paysans avaient entamé une "réunion d’évaluation" pour déterminer leurs actions à venir. Ce dernier a regretté que "la répression et la militarisation" constituent "l’unique réponse" du gouvernement à leurs revendications.

Les petits agriculteurs veulent aussi des garanties en matière d’accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, une politique favorable aux petites exploitations, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes.

Ils dénoncent également les Traités de libre échange signés par la Colombie, qui selon les paysans ouvrent la voie à un dumping sur les produits importés et empêchent de subventionner les secteurs productifs nationaux.

Le président Santos a officiellement reconnu jeudi que le secteur était "en crise" et a formulé plusieurs propositions aux protestataires, dont des mesures pour contrôler le prix des engrais et des intrants. Vendredi, il a laissé entendre que la balle était désormais dans le camp des paysans car les concessions du gouvernement étaient "sur la table".

Mais un porte-parole du mouvement a d’emblée rejeté ces propositions, qu’il a qualifié de "miettes". "Ce que nous recherchons est qu’on garantisse la survie de notre agriculture", a souligné Cesar Pachon, porte-parole des paysans qui ont ouvert des négociations au niveau régional avec le gouvernement à Tunja (à quelque 150 kilomètres de Bogota).

Après les troubles de jeudi, le ministre de la Défense Juan Carlos Pinzon avait pointé du doigt la responsabilité des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), rébellion issue d’une insurrection paysanne qui soutient le mouvement. Les Farc mènent depuis fin 2012 des négociations de paix avec le gouvernement délocalisées à Cuba.

De son côté, le président conservateur n’a pas mentionné les Farc mais s’en est pris au mouvement de gauche radicale Marche Patriotique, qui selon lui souhaite conduire le gouvernement dans "une impasse". D’après M. Santos, cette organisation noyaute les manifestations mais "ne s’intéresse pas" aux paysans.

"C’est totalement faux", a protesté M. Pachon. "Nous nous connaissons tous depuis toujours, ici nous sommes tous des paysans", a-t-il assuré à la radio RCN, démentant tout lien avec Marche patriotique.

"Nous maintenons notre disposition au dialogue avec les vrais paysans", a assuré pour sa part le président colombien.

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  • "Hier (jeudi), j’ai ordonné la militarisation de Bogota et je ferai de même dans toute municipalité ou région où la présence de nos soldats sera nécessaire", a déclaré vendredi M. Santos dans une déclaration radio-télévisée.

    Un total de 50 000 soldats seront également déployés en province pour "assurer la mobilité sur nos routes", et des "ponts aériens" pourront être organisés pour assurer l’acheminement de denrées qui commencent à manquer dans certaines villes, du fait des blocages routiers mis en place depuis le 19 août par les paysans en colère, a ajouté le président colombien. "Il est inacceptable que les actes de certains affectent gravement la vie de la majorité", a-t-il insisté au lendemain d’une journée marquée par une cinquantaine de manifestations dans les principales villes du pays, dont certaines ont débouché sur des heurts entre policiers et manifestants.

    La municipalité de Bogota a décrété le couvre-feu dans les faubourgs populaires de Suba (nord) et Engativa (nord-ouest) entre 22H00 vendredi et 05h00 samedi.

    Sur la place Bolivar (centre de Bogota), plusieurs centaines de personnes ont fait un concert de casseroles en début de nuit pour protester contre les violences et soutenir la protestation.

    La municipalité de Bogota avait fait état mercredi soir de 147 blessés, et la police de 40 arrestations après ces heurts qui ont été suivis de scènes de pillage dans le centre-ville.

    Les paysans colombiens ont lancé depuis une douzaine de jours un mouvement à durée illimitée dans l’ensemble du pays pour réclamer l’établissement de prix planchers pour certains produits ainsi que la baisse des prix des intrants agricoles. Leurs actions, soutenues par d’autres catégories, ont été marquées par des heurts avec les forces de l’ordre qui ont fait un total de quatre morts et plus de 500 blessés, selon des sources concordantes.

    Dans un communiqué, les leaders paysans de Boyaca, région clé pour l’acheminement des denrées alimentaires vers la capitale, ont annoncé vendredi la levée des blocages dans cette zone suite à des "accords partiels" avec le gouvernement.

    Le ministre de l’Intérieur Fernando Carrillo a salué cette levée, mais rien n’indiquait vendredi si les protestataires des autres régions allaient imiter leurs homologues de Boyaca.

    Eberto Diaz, porte-parole de la Table nationale de dialogue agraire, qui coordonne le mouvement, a annoncé que les leaders paysans avaient entamé une "réunion d’évaluation" pour déterminer leurs actions à venir.

    Le président Santos a officiellement reconnu jeudi que le secteur était "en crise" et a formulé plusieurs propositions aux protestataires, dont des mesures pour contrôler le prix des engrais et des intrants. Vendredi, il a laissé entendre que la balle était désormais dans le camp des paysans car les concessions du gouvernement étaient "sur la table".

    Après les troubles de jeudi, le ministre de la Défense Juan Carlos Pinzon avait pointé du doigt la responsabilité des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), rébellion issue d’une insurrection paysanne qui soutient le mouvement. Les Farc mènent depuis fin 2012 des négociations de paix avec le gouvernement délocalisées à Cuba.

    De son côté, le président conservateur n’a pas mentionné les Farc mais s’en est pris au mouvement de gauche radicale Marche Patriotique, qui selon lui souhaite conduire le gouvernement dans "une impasse". D’après M. Santos, cette organisation noyaute les manifestations mais "ne s’intéresse pas" aux paysans.

    "C’est totalement faux", a protesté Cesar Pachon, porte-parole des paysans de Tunja, capitale de la province de Boyaca. "Nous nous connaissons tous depuis toujours, ici nous sommes tous des paysans", a-t-il assuré à la radio RCN, démentant tout lien avec Marche patriotique. "Nous maintenons notre disposition au dialogue avec les vrais paysans", a assuré pour sa part le président colombien.

    Parmi les revendications des paysans, figurent des garanties en matière d’accès à la terre et de constitution de réserves paysannes, sortes de communautés autonomes, une politique favorable aux petites exploitations, ainsi que de meilleurs services publics dans les campagnes.

    Les manifestants dénoncent également les Traités de libre échange signés par la Colombie, qui selon les paysans ouvrent la voie à un dumping sur les produits importés et empêchent de subventionner les secteurs productifs nationaux.

  • Les campagnes sont maintenant rejointes par les villes dans la révolte et la répression s’amplifie...

    Juan Manuel Santos a tapé du poing sur la table. Dans un discours prononcé vendredi 30 août, il a annoncé avoir demandé des renforts pour rétablir le calme dans le pays, en particulier dans la capitale : « J’ai donné l’ordre de militariser Bogota. J’ai aussi décidé ce matin d’affecter 50 000 soldats au rétablissement avec la police de la circulation sur les routes du pays. Nous n’allons pas permettre que des désordres perpétrés par quelques marginaux, qui profitent des réclamations légitimes des manifestants, troublent la tranquillité de nos citoyens. Et nous permettrons encore moins qu’ils restent impunis ».

    Certains quartiers de Bogota se sont réveillés au milieu des pierres et des vitrines brisées. Le transport suspendu hier n’avait pas été rétabli dans les secteurs les plus touchés par les échauffourées. Après une brève suspension suite aux incidents, les négociations avec les paysans ont repris. Ils réclament notamment que le gouvernement les protège contre les importations d’aliments qui depuis la signature d’accord de libre-échange avec l’Europe et les Etats-Unis n’ont pas cessé d’augmenter.

    Ce qui avait démarré comme une révolte de cultivateurs de pommes de terre il y a quelques jours s’est converti en une gigantesque expression de mécontentements de divers secteurs : étudiants, transporteurs, syndicats pétroliers se sont aussi fait entendre.

  • A Bogota, des cortèges d’ouvriers, d’étudiants, enseignants et travailleurs de santé ont marché jusqu’à la place Bolivar, au centre ville, et ont été dispersés par la police anti-émeute. "Il est clair que ce ne sont pas des enfants de choeur, se sont des vandales, des criminels au service d’intérêts obscurs, bien entendu au service des terroristes des FARCS", a déclaré en fin de journée le ministre de la Défense Juan Carlos Pinzón.

    Entre 40 et 50.000 camionneurs se sont joints aux manifestants pour réclamer une baisse des prix des carburants alors que des milliers de petits exploitants miniers se sont regroupés en certains points du pays pour exiger la régularisation de leurs activités. A Medellin, la deuxième ville du pays, la protestation s’est également terminée par des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, et des journalistes ont été pris à partie par la police, selon un photographe de l’AFP.

    Au total, 48 manifestations ont été organisées jeudi dans tout le pays, et 72 barrages entravaient la circulation sur 37 artères de huit régions du pays, selon le ministère de l’Intérieur. Le président Juan Manuel Santos, qui se bornait jusqu’à présent à vouloir négocier - sans succès - région par région, a officiellement reconnu jeudi que le secteur était "en crise" et a formulé plusieurs propositions dans une allocution télévisée jeudi matin.

  • La répression, c’est aussi au Nicaragua !!!

    230 morts, 1500 blessés et des centaines d’arrestations, bilan de la politique répressive du président Ortega qui s’accroche au pouvoir au Nicaragua !!!

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