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Le tout sécuritaire n’est pas synonyme de sécurité

vendredi 20 septembre 2013, par Robert Paris

Le tout sécuritaire n’est pas synonyme de sécurité

Le thème de l’insécurité n’est pas un thème nouveau dans la propagande politicienne et ce n’est pas pour cela que les gouvernements de gauche comme de droite qui se sont succédé ont eu des résultats plus mirobolants dans ce domaine que dans d’autres… On l’avait vu avec Sarkozy-Guéant et on le voit avec Hollande-Valls. Il est plus facile d’agiter la population par une propagande sécuritaire que d’améliorer la sécurité par la simple augmentation des effectifs de police. La Corse et Marseille, loin de montrer l’efficacité des hausses des personnels de police, démontrent le contraire. La gauche n’a su que rajouter des effectifs militaires à la police et à la gendarmerie à Marseille ! Pour le moment, le bilan en termes d’homicides n’a rien d’évident. D’autant que les problèmes à la source ne risquent pas d’être traités davantage par la gauche que par la droite, sans parler de l’extrême droite.

Ces problèmes, que ce soit en Corse, à Marseille, dans les banlieues ou dans le reste du pays sont d’abord économiques et sociaux. Or, sans s’attaquer aux trusts et aux banques, on n’est pas prêts de les résoudre, ces problèmes économiques et sociaux…

Ce n’est pas un gouvernement qui soutient toutes les manières de faire du profit qui risque de se mettre sérieusement en travers du trafic de drogue (quand même un virgule deux fois les profits du pétrole !), des trafics immobiliers, du proxénétisme et autres formes de banditisme dont toute la grande bourgeoisie croque bien entendu abondamment ! Il ne suffit pas d’arrêter un petit revendeur de drogue pour arrêter un trafic qui remonte au plus haut niveau des classes dirigeantes du monde ! De même, l’Etat de Hollande-Valls, le même que celui de Sarkozy-Guéant entend mettre la main sur les profits juteux de la Corse mais pas supprimer le caractère mafieux de cette mainmise sur l’immobilier corse. Maintenant que cet immobilier devient rentable, les intérêts continentaux entendent remettre en question leur caractère insulaire. Et il est bien possible qu’une grande partie des crimes commis en Corse proviennent de la lutte des continentaux pour faire place nette en éradiquant mafia et nationalistes locaux. Cela est plutôt confirmé par les déclarations des continentaux contre l’appropriation de l’immobilier corse par des Corses….

En Corse, comme sur le continent, les policiers peuvent très bien contribuer à la délinquance et au nombre d’homicides. Ce n’est pas de l’imagination pure. On a bien constaté l’existence de réseaux, de la base au sommet de la police locale, que ce soit dans des services de police de Paris, de Grenoble, de Lyon ou de Marseille. Sans parler des barbouzes de Corse…

On se souvient que des groupes de policiers ont été officiellement accusés d’avoir fait chanter des bandits et divers malfrats pour leur extorquer une partie de leur butin et certains ont pu utiliser des homicides pour démontrer aux bandits qu’ils devaient prendre les menaces au sérieux et tirer ainsi profit du trafic…

Est-ce qu’une partie des homicides de Corse ou de Marseille, ou d’ailleurs devrait être imputée à ce type de trafic ? On ne peut pas le savoir car les dirigeants de la police ont à cœur de préserver l’esprit de corps qui interdit de dénoncer des policiers. On l’a vu dans l’affaire Merah où visiblement la DCRI se couvrait elle-même en supprimant le témoin gênant Merah qui émergeait très probablement dans ses services. On a vu aussi avec quelle rapidité les policiers de Marseille qui étaient accusés d’avoir mis en place un réseau remontant à leur chefs ont été blanchis et réintégrés même si leur équipe de la BAC des quartiers nord a été dissoute… Valls est aussi soucieux de défendre ses flics que l’était Guéant. Pas de risque là non plus qu’aucune vérité ne sorte. Pas plus que de témoignages internes. Quand il s’agit de dénoncer des collègues flics, celui qui s’y risque ne pourra que chercher du travail ailleurs…

Bien sûr des malfrats peuvent très bien être victimes de bandes rivales mais, par exemple en Corse, ils peuvent aussi l’être des forces de l’ordre ou de certains groupes en leur sein. Là non plus ce n’est pas une accusation gratuite. Des barbouzes français, la Corse en a subi autant qu’elle a subi les mafia d’origine corse. D’ailleurs, la mafia corse ou marseillaise a suffisamment été utilisée en Corse comme à Marseille, aussi bien par la gauche (voir Defferre-Guérini) que par la droite (voir Ceccaldi-Pasqua- Péretti-Sarkozy).

Quant aux statistiques sur la criminalité et la violence, tout le monde les manipule tellement qu’on leur fait dire ce qu’on veut. Tel ministre de l’Intérieur s’en sert pour prétendre qu’il faut plus de flics ou pour souligner ses prétendus résultats. Les oppositions politiciennes s’en servent pour dire que le gouvernement est incapable de défendre les citoyens, bien entendu. Mais les bases des statistiques étant régulièrement changées, les comparaisons sont impossibles et affirmer que la criminalité augmente ou diminue est difficile.

Les média contribuent à donner une certaine impression. Il suffit de mettre tous les jours en scène la ville de Marseille pour un fait divers ou un autre pour avoir le sentiment que tout le monde y meurt alors que le nombre d’homicides n’a pas nécessairement augmenté.

Il y a un avantage pour les gouvernants à centrer l’attention sur la situation sécuritaire : on les détourne de la situation sociale ou on fait croire que l’aggravation de la situation sociale vient des bandes, des jeunes, des banlieues, des immigrés, des sans papiers et des Roms. Mais l’insécurité sociale, celle de la misère, du logement, de la santé, de l’emploi, elle vient des classes dirigeantes et pas des éléments des quartiers chauds.

Il y a une exploitation politique du sentiment d’insécurité dans la population : il est évident que Valls construit ainsi sa carrière comme avant lui Sarkozy et sur les mêmes bases louches et qui plongent dans la boue. La droite et l’extrême droite entendent aussi ne pas se contenter de féliciter Valls d’être de droite ou d’extrême droite au sein de la gauche et jouent leur propre jeu en lui reprochant son manque de résultats…

Bien sûr, il est plus facile de faire du tout sécuritaire que d’améliorer la sécurité de la vie des gens, proposer du travail aux jeunes, aux banlieues. Surtout quand la classe dirigeante a intérêt, dans tous les secteurs, à supprimer des emplois, publics comme privés. Comment se peut-il dans ces conditions que les bandes de jeunes ne se mettent pas à chercher à faire leur propre bizness ?

Les classes dirigeantes ont un autre intérêt à faire peur aux bonnes gens avec l’insécurité : les prendre en otage pour rendre la société de plus en plus policière et répressive, ce qui sera bien utile quand la confrontation sociale prendra un tour plus aigu, ce qui est inévitable vu que la crise du système, loin d’être éradiquée, n’a été que retardée et va revenir beaucoup plus large et plus violente…

Les forces de sécurité auront alors leur véritable rôle : assurer la sécurité des classes dirigeantes en intervenant violemment contre les travailleurs et les milieux populaires. On aura réussi à les justifier auprès des bonnes gens en leur faisant croire qu’elles sont d’abord menacées par les jeunes, les banlieues, les immigrés et ensuite elles verront les forces de l’ordre écraser tous les milieux populaires y compris faisant des protestations pacifiques.

L’insécurité, réelle ou exagérée, ne doit pas faire oublier que l’Etat bourgeois, et ses forces de l’ordre, ne sont pas là pour défendre la population mais pour s’assurer que celle-ci ne soit pas une menace pour la domination des classes dirigeantes. En période de crise systémique, l’Etat est amené à intervenir de manière de plus en plus violente contre les travailleurs et le pire pour ces derniers seraient de croire qu’il est là pour défendre leur sécurité !

Criminalité organisée à Marseille : qui manipule les faits et les chiffres ?

Homicides volontaires à Marseille :

en 2008 : 16 homicides (20 en Corse)

en 2011 : 12 homicides

en 2012 : 15 homicides

en 2013 : déjà 15 homicides

Selon le bulletin officiel de l’Observatoire national de la délinquance, paru le 18 janvier 2013, 665 homicides ont été constatés par la police et la gendarmerie en 2012, soit moins de 2 par jour, en moyenne.
C’est de 10,5% de moins qu’en 2011 (743 homicides), et un niveau comparable à celui de l’année 2010 (675 homicides).

• Le nombre d’homicides a été divisé par deux depuis 1995
Sur le long terme, le nombre d’homicides est en baisse depuis 1985. Cette baisse s’est même accélérée depuis 1995. À tel point qu’en quinze ans, le nombre d’homicides a été divisé par deux : il était de plus de 1600 en 1995, contre déjà moins de 800 (675) en 2010.
Même si les discours sécuritaires se multiplient, les statistiques elles, montrent toujours la même chose depuis quelques années : il y a de moins en moins d’homicides en France. Selon une note interne de Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), publiée par le Figaro ce matin, leur nombre a chuté, passant de 1 051 faits en 2000 à 682 en 2009, soit une baisse de 35%.

Des chiffres qui confirment ceux publiés au début de l’année par l’Observatoire de la délinquance sur la période 2004-2009. L’organisme qui additionne les homicides, tentatives et coups mortels en avait recensé 2 282 en 2004 et 1 767 homicides en 2009 soit en cinq ans une baisse de 22%.

Les flics de Marseille sont blancs ?

Le ministre de l’intérieur Manuel Valls a suspendu de leurs fonctions 12 policiers marseillais, soupçonnés d’avoir d’avoir volé de l’argent et de la drogue à des dealers et prononcé la dissolution de l’équipe de jour de la BAC Nord à laquelle ils appartiennent. La hiérarchie craint une « deuxième affaire Neyret ». Des témoignages évoquent un système organisé de corruption. Trente fonctionnaires sont suspendus, soupçonnés de voler argent et drogue aux dealers.

Dix-sept sont mis en examen pour vol et extorsion, certains écroués. La BAC Nord est dissoute en raison de la gravité des faits.
Quelques mois plus tard, tous les policiers mis en examen ont été réintégrés dans d’autres services. Leur principal accusateur, lui, reste suspendu.

Mais le nombre important d’agents impliqués dans l’affaire de Marseille, et le fait qu’il y ait parmi eux des gradés, pose question. Cette affaire de la Bac de Marseille, qui intervient après l’affaire Neyret, le commissaire lyonnais suspendu suite à une affaire de corruption présumée, et à l’affaire du Carlton, où un autre commissaire, lillois, est accusé d’être impliqué dans une affaire de proxénétisme, donne des raisons de s’interroger sur l’ampleur du phénomène.

Messages

  • La cour d’appel de Rennes a décidé, vendredi 20 septembre, de renvoyer en correctionnelle les deux policiers impliqués dans la mort des adolescents dans un transformateur EDF à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) le 27 octobre 2005.

    En avril 2011, la cour d’appel de Paris avait prononcé un non-lieu en faveur des deux policiers, mais l’avis avait été annulé par la Cour de cassation. La justice a estimé cette fois-ci que les policiers s’étaient rendus coupables de "non-assistance à personne en danger" en laissant les enfants entrer dans le transformateur et en ne cherchant pas plus à les protéger.

  • La police demeure infailliblement, dans toutes les républiques démocratiques où règne la bourgeoisie, l’instrument, le rempart, le bouclier le plus sûr de cette dernière. Des réformes sérieuses, radicales, en faveur des masses laborieuses ne peuvent pas être effectuées avec son aide. C’est objectivement impossible.

    La substitution d’une milice populaire à la police et à l’armée permanente est la condition du succès de toute réforme municipale au profit des travailleurs. En période révolutionnaire, cette condition est réalisable. C’est elle avant tout que doit avoir en vue la plateforme municipale, les deux autres conditions essentielles se rapportant non seulement à la question municipale, mais aussi à tout le problème de l’État.

    Comment s’y prendre au juste pour mettre sur pied une milice populaire ? L’expérience le montrera. Pour que les prolétaires et les semi-prolétaires puissent y participer, il faut obliger les patrons à leur payer le salaire des heures et des journées employées à servir dans la milice. C’est faisable. La question qui se pose ensuite est celle-ci : faut-il organiser d’abord une milice ouvrière s’appuyant sur les ouvriers des grandes usines, c’est-à-dire sur les ouvriers les mieux organisés et les plus capables de s’acquitter des fonctions de miliciens, ou bien faut-il organiser dès à présent le service général et obligatoire de tous les adultes, hommes et femmes, dans la milice, à raison d’une ou deux semaines par an, etc. ? Cette question n’a pas une importance de principe. Il n’y aura aucun mal si chaque arrondissement commence de façon différente : l’expérience n’en sera que plus riche, les progrès de l’organisation de la milice s’en trouveront facilités, il sera mieux tenu compte des nécessités pratiques.

    La milice populaire, c’est réellement l’éducation démocratique des masses de la population.

    La milice populaire, c’est l’administration des pauvres, exercée non plus seulement par les riches, par leur police, mais par le peuple lui-même, avec prédominance des pauvres.

    La milice populaire, c’est la surveillance (des fabriques, des habitations, de la répartition des produits, etc.) rendue réalisable autrement que sur le papier.

    La milice populaire, c’est la répartition du pain sans « queues » et sans aucun privilège pour les riches.

    La milice populaire, c’est la garantie que bon nombre de réformes sérieuses, radicales, énumérées par les populistes et les menchéviks, ne resteront pas de simples vœux.

    Camarades ouvriers et ouvrières de Petrograd ! Tous aux élections pour les Doumas d’arrondissement. Défendez les intérêts du pauvre. Contre la guerre impérialiste, contre tout soutien au gouvernement capitaliste, contre le rétablissement de la police, pour son remplacement immédiat et total par une milice populaire.

    C’était une partie du programme de participation aux élections municipales (!) ... de Lénine !!!

  • Alors que l’IGPN relève que les policiers de la BAC de Marseille (quartiers nord) "étaient soupçonnés d’avoir procédé à des vols en bande organisée et des extorsions", le service n’indique pas si l’enquête a permis d’accréditer cette thèse mais note, seulement, que les perquisitions ont amené à "la découverte de produits stupéfiants ainsi que de numéraires". Dans ses conclusions, la "police des polices" note ainsi un "manquement aux obligations de probité, de dignité, d’exemplarité et autres manquement professionnels". Mais n’avance aucune preuve d’enrichissement personnel ni de racket de dealers. Seulement des fautes individuelles et des manquements à la procédure. Pour l’essentiel, il s’agit de la destructions de petites quantités de cannabis saisies sur des acheteurs sans rédiger de procédure et la récupération de barrettes de résine de cannabis ou de pochons d’herbe appartenant à des dealers et utilisés pour rémunérer des informateurs. Ce que les policiers qualifient alors de simples "récupérations", l’IGPN assimile cela à des "vols".

  • Très efficace la méthode Valls à Marseille ?!!!

    Record battu : dix-neuf règlements de compte à Marseille depuis début 2016...

  • Non seulement la police de Valls ne parvient pas à empêcher la vague d’assassinats de Marseille mais elle ne parvient jamais à arrêter personne. Comme c’est curieux !

  • Toutes les semaines, une personne est tuée à Marseille et la police ne trouve jamais un seul coupable. Elle se contente de sous-entendre que les victimes étaient "connues des services de police", ce qui suffit à supposer que ce seraient des dealers ou des bandits. Mais on peut se demander si la police de Marseille elle-même n’a pas une part dans ces disparitions... Est-ce que ces dealers auraient refusé à des policiers ripoux de partager les bénéf ?

  • Les grandes opérations policières Cazeneuve-Valls à Marseille mènent à quoi ? Environ un mort par semaine et aucun coupable arrêté !!!

    Un homme de 20 ans a encore été tué par balles à la cité des Lauriers à Marseille. C’est la 2 ème victime en moins de trois semaines tuée par arme à feu dans cette cité des quartiers nord de Marseille.

  • En visite à Marseille, le ministre de l’Intérieur Castaner a présenté les opérations de police de cette ville contre la drogue comme un exemple qui devra être suivi dans toute la France !!! Trop drôle, cette ville est devenue la plaque tournante de la drogue et on y meurt sans cesse !!!

  • Macron fait le malin à Marseille, les marseillais ont vu d’autres politiciens en visite… et cela fait des années qu’ils ont vu la politique de Macron comme des précédents !

  • Malgré des effectifs policiers en hausse, les meurtres se multiplient à Marseille…

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