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Dialogue sur l’éducation des enfants

mercredi 9 octobre 2013, par Robert Paris

Marx critiquant le programme de Gotha de la social-démocratie dans ses « Gloses marginales au programme du Parti Ouvrier allemand » :

« Le Parti ouvrier allemand réclame comme base intellectuelle et morale de l’Etat :

1.- EDUCATION GENERALE, LA MEME POUR TOUS, DU PEUPLE par l’Etat. Obligation scolaire pour tous, instruction gratuite.

Education au peuple, la même pour tous ? Qu’est-ce qu’on entend par ces mots ? Croit-on que, dans la société actuelle. (et l’on n’a à s’occuper que d’elle), l’éducation puisse être la même pour toutes les classes ? Ou bien veut-on réduire par la force les classes supérieures à ne recevoir que cet enseignement restreint de l’école primaire, seul compatible avec la situation économique non seulement des ouvriers salariés, mais encore des paysans ?

« Obligation scolaire pour tous. Instruction gratuite ». La première existe même en Allemagne, la seconde en Suisse et aux Etats-Unis pour les écoles primaires. Si, dans certains Etats de ce dernier pays, des établissements d’enseignement supérieur sont également « gratuits », cela signifie seulement qu’en fait ces Etats imputent sur les chapitres du budget général les dépenses scolaires des classes supérieures. Incidemment, il en va de même de cette « administration gratuite de la justice », réclamée à l’article 5. La justice criminelle est partout gratuite ; la justice civile roule presque uniquement sur des litiges de propriété et concerne donc, presque uniquement, les classes possédantes. Vont-elles soutenir leurs procès aux frais du trésor public ?

Le paragraphe relatif aux écoles aurait dû tout au moins exiger l’adjonction à l’école primaire d’écoles techniques (théoriques et pratiques).

Une « éducation du peuple par l’Etat » est chose absolument condamnable. Déterminer par une loi générale les ressources des écoles primaires, les aptitudes exigées du personnel enseignant, les disciplines enseignées, etc., et, comme cela se passe aux Etats-Unis, surveiller, à l’aide d’inspecteurs d’Etat, l’exécution de ces prescriptions légales, c’est absolument autre chose que de faire de l’Etat l’éducateur du peuple ! Bien plus, il faut proscrire de l’école au même titre toute influence du gouvernement et de l’Eglise. Bien mieux, dans l’Empire prusso-allemand (et qu’on ne recoure pas à cette échappatoire fallacieuse de parler d’un certain « Etat de l’avenir » nous avons vu ce qu’il en est), c’est au contraire l’Etat qui a besoin d’être éduqué d’une rude manière par le peuple.

D’ailleurs, tout le programme, en dépit de tout son drelindrelin démocratique, est d’un bout à l’autre infecté par la servile croyance de la secte lassallienne à l’Etat ou, ce qui ne vaut pas mieux, par la croyance au miracle démocratique ; ou plutôt c’est un compromis entre ces deux sortes de foi au miracle, également éloignées du socialisme.

« Liberté de la science », dit un paragraphe de la Constitution prussienne. Pourquoi alors ici ?

« Liberté de conscience ! » Si on voulait, par ces temps de Kulturkampf, rappeler au libéralisme ses vieux mots d’ordre, on ne pouvait le faire que sous cette forme : « chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels, sans que la police y fourre le nez ». Mais le Parti ouvrier avait là, l’occasion d’exprimer sa conviction que la bourgeoise « liberté de conscience » n’est rien de plus que la tolérance de toutes les sortes possibles de liberté de conscience religieuse, tandis que lui s’efforce de libérer les consciences de la fantasmagorie religieuse. Seulement on se complaît à ne pas dépasser le niveau « bourgeois ». »

Dialogue sur l’éducation des enfants

Samuel

Le monde change, dit-on, par le changement de génération. Les nouvelles mentalités sont nécessaires pour que la société change. Or l’éducation est un des éléments déterminants de la formation de la pensée de la jeunesse. Vous qui affirmez vouloir changer le monde, quelle est la manière que vous préconisez pour changer l’éducation ?

Robert

Bien sûr, nous voulons que le monde change mais d’abord nous ne prétendons nullement que c’est nous, les révolutionnaires, qui allons changer le monde ni indiquer toutes les directions selon lesquelles il va changer…
Il est exact que la jeunesse est capable de répercuter plus rapidement des changements des mœurs, des mentalités et même des changements sociaux, à s’enflammer la première pour le changement, mais de là à dire qu’elle en donne la direction, cela est différent.
La société ne change pas si seule la jeunesse s’embrase. Le changement en profondeur est un produit de la lutte des classes et pas du conflit des générations.

Samuel

Sans nullement nier l’importance déterminante de la lutte des classes, ne faut-il pas aussi prendre en compte l’importance des idées, des schémas, des conformismes sociaux, des idéologies anciens qu’il convient de secouer pour aller de l’avant et qui s’imposent dès l’enfance, dès l’école dans la relation jeunes/vieux, dans la relation garçons/filles, comme dans la relation entre les classes sociales.

Robert

L’école a certainement une importance dans les mentalités sociales mais elle est très exagérée par ceux qui prétendent que l’école, ou même l’éducation d’une manière plus générale, serait cause de telle ou telle évolution positive ou négative. L’école est bien davantage un produit de la société que l’inverse. Même si on concevait une école dans laquelle on enseignait, par exemple, que le travail est plus important que le capital, on n’obtiendrait que le scepticisme des élèves devenus plus grands vis-à-vis d’une éducation déconnectée des réalités.

Samuel

Tu as certainement raison de dire que tout est lié et que l’éducation ne peut pas être déconnectée de la société. Cependant, il est certain que le monde évolue et l’action sur l’éducation des enfants semble bien un élément adéquat pour changer les mentalités. Ne le constate-t-on pas, par exemple, en mai 68 ?

Robert

Tout à fait d’accord avec toi pour dire que tout est connecté, société et mentalités, école et système social dominant. Les contradictions de la société rétroagissent sur l’éducation et la manière dont les enfants sont éduqués n’est pas indifférente. A preuve les classes dirigeantes tiennent à maintenir une mainmise sur la manière d’éduquer les enfants. Je comprends que cela amène certains à penser qu’il suffirait d’influer sur le système éducatif. Cependant l’interaction entre éducation et société n’est nullement symétrique. Et d’abord parce que les enfants sont principalement éduqués par ce qu’ils vivent et pas par ce qu’on leur enseigne. D’autant que l’Etat et les classes dirigeantes ont depuis belle lurette mis la main sur l’éducation des enfants qu’ils ont orientée en direction de l’adaptation de l’individu aux besoins de la société et non l’inverse.

Samuel

Il y a certes une mainmise du système social sur l’éducation des enfants qui provient du fait que l’éducation est prise en charge par les autorités étatiques, et parfois religieuses.
Cependant les parents peuvent exercer leurs propres pressions et les éducateurs ou enseignants aussi. Il n’est pas inintéressant aussi de préparer la société de demain en imaginant de nouvelles formes d’éducation. Et de ne pas attendre le changement révolutionnaire pour faire marcher les imaginations. Il y a un combat de classe quotidien dans la classe ouvrière qui n’attend pas le « grand jour » et, de même, il y a un combat quotidien contre les manières réactionnaires de concevoir l’enseignement.

Robert

C’est deux choses très différentes : concevoir en positif toute une éducation alternative à celle actuellement en place ou se contenter de combattre tel ou tel point qui nous semble réactionnaire. Par exemple, nous devons certainement, sans attendre aucun « jour J », combattre au sein de l’école comme partout dans la société le sexisme, le racisme, l’exclusion, la mise de l’individu à la remorque des intérêts des classes dirigeantes. Plus encore au sein de l’école, nous devons combattre contre l’idée que l’éducation devrait avoir pour but d’amener l’individu à mieux s’adapter au système social dominant. Nous devons contester ainsi des fonctionnements, des préjugés, des conceptions bourgeoises ou réactionnaires qui nuisent au développement personnel des enfants. Cela ne signifie pas que nous, révolutionnaires, soyons les mieux habilités à proposer des méthodes alternatives d’éducation et encore moins une éducation de l’avenir qui prépare le monde à un avenir plus libre. Ce serait une utopie et cela sous-entendrait qu’individuellement les révolutionnaires seraient plus proches de l’homme socialiste, moins influencés par les schémas sociaux de cette société, ce qui n’est nullement certain.

Samuel

N’y a-t-il pas là une réticence à s’engager dans un combat sur le terrain de l’éducation sous le prétexte que les classes dirigeantes y ont établi leur domination, alors qu’on n’est pas gêné par exemple à s’engager sur un terrain tout aussi réformiste quand il s’agit des revendications de la classe ouvrière alors que la domination des classes dirigeantes est encore plus pesante sur la manière de lutter et de s’organiser de la classe ouvrière ?

Robert

Tu as raison sur un point : l’importance du poids des classes dirigeantes sur la manière dont se déroulent les conflits du travail et l’organisation syndicale. Mais l’intervention des militants révolutionnaires en entreprise ne consiste nullement à présenter un programme de réformes du fonctionnement de l’entreprise si on reprend le parallèle que tu fais avec le programme de réforme de l’éducation que tu nous demandes d’ébaucher…

Samuel

Le refus de réformer, je le comprends parfaitement puisque, ces dernières années, les réformes servent sans cesse à faire reculer tous les fonctionnements sociaux mais cela ne me semble pas contraire à l’idée de développer, en positif par exemple dans la propagande, comment devrait fonctionner une éducation disons socialiste.
Acceptons ta remarque selon laquelle nous sommes loin d’avoir accédé à une mentalité socialiste et sommes mal placés pour imaginer véritablement l’éducation de demain mais rien n’empêche d’avancer des idées dans ce sens avec la prudence nécessaire…

Robert

Il est vrai que Marx et Engels, par exemple, ont avancé des idées concernant l’éducation. Ils ont fait remarquer notamment au sein de l’éducation bourgeoise la séparation entre travail manuel et travail intellectuel, le but de l’enseignement qui n’est pas le développement personnel de l’individu, l’opposition entre homme individu et homme social, entre les classes sociales, entre hommes et femmes et entre villes et campagnes, toutes ces divisions qui marquent le mode de domination de la bourgeoisie et sont inscrites dans l’enseignement. Ils ont montré que, les classes dirigeantes ayant mis la main sur le pouvoir d’Etat, il n’y a aucune objectivité à attendre de l’Education nationale sur la question éducative. L’école est bel et bien un des piliers de l’ordre établi. Et, sur ce plan, la bourgeoisie n’a rien inventé puisque les classes dirigeantes, et les clans et tribus avant les classes, avaient la mainmise sur l’éducation des enfants. C’est une illusion de croire qu’il pourrait en être autrement si les parents et les enseignants exerçaient des pressions dans un autre sens. En effet, parents et enseignants sont eux aussi intégrés à la société bourgeoise et en propagent, consciemment ou inconsciemment, les valeurs et les jugements. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas résister, combattre dans un certain sens mais cela signifie que c’est un rêve sans réelle possibilité de réalisation que d’imaginer changer l’école avant de changer la société. Les premiers à faire pression sur une école qui ne préparerait pas les enfants à réussir aux examens et concours mais seulement à être des humains heureux, ouverts, solidaires, intéressés au fonctionnement du monde et ne considérant pas la découverte de l’univers comme une tâche individuelle mais collective, les premiers à se révolter contre un enseignement ne préparant absolument pas à réussir au sein de la société bourgeoise seraient probablement les enfants eux-mêmes, inquiets de leur future intégration dans l’univers économique et aussi les parents, inquiets que leurs enfants pointent tout simplement au chômage et à juste raison. On ne peut pas changer séparément un des éléments de la société ; il faut les changer tous.

Samuel

D’accord sur tes remarques concernant les impasses des utopies éducatives, quoique j’estime qu’elles ont un grand intérêt pour nous faire réfléchir à la société de demain que nous voulons construire. Mais je voudrais souligner que le parent, l’éducateur, l’encadrant et l’enseignant ne peuvent pas se contenter d’attendre que le monde change pour se faire un avis sur ce qui est le meilleur dans l’intérêt de l’enfant, fut-ce au sein de la société bourgeoise. Ils ont leur part de responsabilité et on peut discuter de la manière par laquelle ils peuvent l’exercer. Il y a de multiples questions éducatives sur lesquelles les parents et personnels éducatifs aimeraient bien avoir des éclairages sur ce qui est le mieux dans l’enseignement vu qu’on reçoit des avis très divergents sur de nombreuses questions, depuis les prises de position hostiles ou favorables aux examens et concours, hostiles ou favorables à l’apprentissage par cœur, hostiles ou favorables à la découverte des lois de la nature par l’enfant lui-même, sur la part de l’observation, sur la part de l’art et du sport dans l’éducation, sur la part de démocratie et de discipline par rapport aux enfants et j’en passe…

Robert

Je ne veux absolument pas dire que toutes ces études sont inutiles ni sans intérêt si elles sont menées par des personnes qualifiées et qui développent des conceptions novatrices et utiles aux enfants. Je soulignais seulement qu’en la matière ce n’est pas les militants révolutionnaires qui étaient nécessairement mieux positionnés pour avancer des idées dans le cadre de la société. Quant aux réformes éducatives, on en entend parler de nombreuses depuis des années qui émanent des gouvernants et mènent plutôt à de graves dégradations des capacités des enfants. N’oublions pas que les classes dirigeantes n’ont aucun but désintéressé dans leur direction de l’éducation. Elles souhaitent que les études conservent leur rôle de sélection sociale permettant de constituer les classes et groupes sociaux et les diverses qualifications dont l’économie capitaliste a besoin, y compris un nombre suffisamment conséquent de chômeurs pour faire pression sur les salaires et les luttes sociales.
Nous reconnaissons tout à fait l’utilité et même la nécessité des études sur l’éducation menées par des psychologues, des éducateurs, des novateurs en matière d’enseignement, de compréhension des mécanismes de l’enfance, des enseignants. Ils essaient de bâtir des modèles positifs et nous ne combattons nullement leurs efforts mais le notre est différent : discuter de l’avenir de l’humanité en dénonçant et combattant cette société et non en lui proposant des améliorations. Si nous pouvons donner notre avis sur leurs études concernant l’éducation, nous ne cherchons pas à nous substituer à eux. Et personne ne fera non plus le travail des militants révolutionnaires à leur place : la critique radicale de la société en place, y compris l’éducation. Cela signifie que nous agissons négativement et non positivement, par un programme alternatif d’éducation.

Samuel

Je ne comprends ce « négativement ». Pourquoi se refuser à proposer ?

Robert

Cela signifie que nous combattons contre tout ce qui aliène, avilit, oppresse, discrimine, sur des bases raciales, sexuelles, de genre, d’origine sociale, ethnique, religieuse ou autre… Nous combattons tout ce qui mène au mépris de l’enfant en tant qu’individu ayant ses propres choix, sa capacité d’appréhender de manière personnelle le monde. Tout cela, ce n’est pas un programme éducatif. Par exemple, inévitablement, l’éducateur souhaitera que l’éducation permette à l’enfant de réussir socialement et le parent aussi. Nous comprenons parfaitement leur démarche, démarche que nous avons aussi certainement si nous sommes parent ou enseignant. Politiquement nous ne pouvons considérer que ce soit une perspective collective d’avenir.

Samuel

Je ne comprends pas ce qui vous empêcherait de défendre dès maintenant dans le cadre actuel vos perspectives d’avenir, y compris en termes sociaux, au travers de l’éducation.

Robert

Qu’est-ce qui nous empêcherait de dire aux enfants, y compris assez petits ce que nous, révolutionnaires, pensons ? Ah ! C’est pourtant bien simple ! Les parents sont obligés de se débrouiller pour surfer avec ce que voit l’enfant dans la vie sociale et pour justifier ce qu’ils font tous les jours alors que c’est complètement injustifiable d’un point de vue humain en réalité. Il suffit qu’un enfant nous demande pourquoi nous ne ramenons pas à la maison la gentille vieille mendiante qui est dans la rue. Il suffit qu’il nous demande si nous trouvons normal que les flics emmènent un sans papier. Quand j’étais môme, j’ai demandé à mes parents pourquoi des Algériens étaient raflés dans des bus spéciaux à la gare Saint-Lazare. Mes parents, qui n’approuvaient pourtant pas cela, m’ont dit : « tais-toi et mêle toi de ce qui te regarde ». Qu’aurait-il fallu qu’ils disent : qu’ils étaient contre mais laissaient faire pour ne pas avoir eux aussi des ennuis. C’était la seule chose honnête mais cela voulait dire que mes parents étaient des lâches ? Cela voulait dire que l’univers de sécurité qu’ils prétendaient étendre autour de moi était bien fragile.

Samuel

C’est vrai : les enfants peuvent nous déranger dans nos petits arrangements avec la réalité et poser des questions très déstabilisantes pour les équilibres instables que nous nous sommes donnés pour vivre comme adultes.

Robert

Et cela amène bien des adultes, y compris parfois personnellement contestataires, à justifier la société actuelle auprès de leurs enfants pour éviter qu’ils ne « fassent des bêtises ». Mais une des idées fausses sur l’éducation consiste à croire que les adultes ont nécessairement réponse à toutes les questions sur ce qu’il faut faire ou pas dans la vie : exemple, une petite fille demande à son père si elle peut se montrer nue à un petit garçon. Ou encore un enfant entend aux actualités qu’une mère, apparemment normale jusque là, a jeté son enfant par la fenêtre, excédée par ses cris. J’ai entendu récemment une petite fille demander à sa maman si elle allait l’abandonner. Elle avait entendu parler d’une enfant qui l’avait été alors que ses parents paraissaient parfaitement normaux jusque là.

Samuel

C’est vrai que le monde des adultes n’est pas celui des enfants et prétendre donner des réponses aux parents et éducateurs n’est pas tâche facile. Cependant, on peut donner des conseils en positif : dire la vérité, discuter plutôt que d’imposer, expliquer, montrer qu’on a confiance dans l’enfant, ne pas craindre d’être contredit, ne pas craindre aussi de faire acte d’autorité ou encore être toujours à l’écoute et chercher à comprendre comment l’enfant perçoit la vie, l’école, la famille, etc…

Robert

Ce sont des règles morales qui peuvent sembler bonnes mais elles ne règlent malheureusement pas les vrais drames qui se produisent au sein de la famille, de l’école ou dans les relations entre l’enfant et l’extérieur. A preuve, le nombre d’enfants qui subissent des viols qu’on n’apprend parfois que lorsqu’ils ont l’âge adulte ou jamais. Et, sans même parler de ces cas dramatiques, nombre d’enfants subissent l’éducation plus comme une obligation stressante que comme un éveil sur la découverte d’un monde merveilleux. Et il e suffirait pas pour y palier d’énoncer des règles de bon comportement des parents ou des personnels encadrant les enfants et de bons programmes.

Samuel

Rien n’est certainement suffisant mais cela ne signifie pas qu’il ne faille pas le faire, tu en conviens toi-même, bien que tu nie que cela soit le rôle particulier des révolutionnaires socialistes. Il me semble cependant que si la perspective du socialisme doit représenter quelque chose de concret pour le grand public, il convient que ce concret soit représenté par des réalisations dans le domaine de relations humaines et bien entendu en premier de l’enfance.

Robert

Là-dessus je suis d’accord avec toi mais une telle propagande socialiste n’est pas identique avec un programme éducatif pour le monde actuel car, dans celui-ci, un programme socialiste d’éducation semblerait certainement étrange autant aux parents qu’aux enfants et ne choquerait pas seulement les classes dirigeantes. L’école est calquée sur la société et on ne peut socialiser l’un sans socialiser l’autre. Par exemple, on ne peut pas reconstruire le lien entre travail manuel et travail intellectuel dans l’école seule, ni non plus combattre le sexisme dans l’école seule. On ne peut pas changer le vocabulaire sexiste dans la seule école car les enfants verraient vite qu’ils ne parlent pas le langage de tout le monde… Les parents seraient mis en cause par les réflexions de leurs enfants. Si les éducateurs et enseignants affirmaient en classe que la réussite des études, la réussite sociale, les résultats scolaires n’avaient pas une importance fondamentale, il y a fort à parier qu’ils auraient vite des ennuis avec les parents, sans parler bien entendu de l’administration, c’est-à-dire de l’Etat bourgeois.

Samuel

Mais le militant révolutionnaire, s’il a des enfants, est bien amené à donner plus ou moins son avis sur toutes ces questions à ses enfants. Et ce n’est déjà pas sans problème car l’enfant revient à la maison en demandant si ses parents croient en dieu, s’ils croient au père Noël, aux sorcières, à la magie, aux lutins et s’ils font des prières… Il leur demande comment naissent les enfants, si ses parents sont mariés ou non, s’ils sont d’accord avec le mariage des homosexuels, s’ils comprennent pourquoi leur copine a des parents séparés et si cela risquerait de leur arriver…

Robert

C’est vrai : on n’évite pas les problèmes que l’on soit révolutionnaire ou pas, il y a des questions embarrassantes et on est amené à défendre en partie ce que l’on pense. Je dis en partie parce qu’on ne peut faire assumer certains problèmes aux enfants sans risquer de les perturber. Par contre, eux peuvent aussi facilement nous perturber et ils ne s’en empêcheront pas. Par exemple sur la sexualité enfantine ou adolescente et sur la sexualité des adultes. Nous trouvons les réponses que nous pouvons mais ce ne serait pas juste de les présenter comme un programme socialiste pour des parents ou des éducateurs.

Samuel

Cela ne me convainc pas entièrement parce que nous, socialistes et communistes révolutionnaires, avons des choses particulières à défendre et elles concernent également l’enfance. Si nous ne convainquons pas ceux à qui nous présentons nos idées, elles ont au moins le mérite de concrétiser ce que voudrait dire à ce niveau le socialisme.

Robert

Je vois ce que tu veux dire et, du moment que ce n’est pas un programme positif pour le monde actuel, je n’y vois aucun inconvénient. Par exemple, nous ne sommes pas favorables au pouvoir de l’argent sur la vie sociale, aux hiérarchies sociales et à la manière dont elles se réfractent au niveau de l’école. Les enfants en arrivent eux-mêmes à se distinguer par la possession ou la non-possession de tel ou tel vêtement, tel ou tel jouet, tel ou tel objet à la mode et ils reproduisent ainsi des hiérarchies sociales.
On peut chercher à combattre la tendance des enfants, quand ils prennent conscience des différences sociales, à vouloir être les mieux lotis ou à paraître l’être. Mais ce n’es pas ainsi, en changeant en somme l’opinion des enfants, qu’on changera une réalité sociale : les enfants de milieux aisés réussiront mieux scolairement, en tout cas avec les programmes actuels, que les enfants de milieu populaire. On peut proposer des méthodes alternatives d’éducation, par exemple, d’éducation plus tournés vers le concret ou vers les méthodes par le jeu et la découverte mais cela ne suffira pas à changer ce fait social : l’échec scolaire relatif des enfants de classes populaires.

Samuel

Il est inévitable que les enfants prennent progressivement conscience que leurs parents ne font pas ce qu’ils veulent et qu’eux-mêmes ne font que ce qu’ils peuvent même si ce n’est pas toujours juste. Il n’empêche qu’il est indispensable que les parents et les éducateurs soulignent clairement ce qu’il est juste ou pas de faire dans la vie et que les adultes soient cohérents dans leurs affirmations sur ce thème.

Robert

Justement cette partie morale est l’une des plus impossibles à suivre avec nos idées révolutionnaires. Par exemple, on va dire à un enfant qu’il ne faut pas mentir mais il va voir à la télé des adultes, politiciens ou journalistes qui mentent sans arrêt. On va lui dire qu’il ne faut pas voler mais toute la société est fondée sur un grand vol. Il ne faudra pas le lui dire ? On va lui dire que l’on ne doit pas dire d’injures mais tout le vocabulaire français est profondément injurieux pour les opprimés, les races, les sexes, les genres considérés comme inférieurs. Il va apprendre sans y faire attention ce vocabulaire injurieux. On va lui dire qu’il ne faut pas demander à recevoir tout de suite ce qu’il veut mais les possédants font cela sans cesse et il ne faudra pas le lui dire ? On va lui dire qu’il ne faut pas être violent avec ses petits camarades de classe mais il verra tous les jours à la télé que le monde des adultes est violent et que parfois il s’en glorifie. Que peut-il comprendre là-dessus ? Faut-il dire que la violence est toujours injustifiée ou justifiée par la défense de celui qui la subit ? On peut chercher à faire croire que le monde des adultes obéit à des règles morales mais comme cela n’est pas vrai, cela signifie qu’on ne les impose qu’aux enfants… Nous ne pouvons pas dire à un enfant ce que devrait nous dicter notre point de vue socialiste ou communiste. Nous ne pouvons pas lui dire : les jouets des autres sont aussi les tiens, prends les quand tu veux, les jouets de l’école sont aussi à toi, la pomme de l’étalage du commerçant est à toi si tu la veux, l’argent de ton copain t’appartient et inversement, l’agent de police qui te fait traverser n’est pas un copain, il faut s’en méfier, l’école n’est pas au service des enfants mais de leurs pires ennemis, les idéologies religieuses ne sont que des mensonges pour tromper les gens, etc, etc… On ne peut pas prétendre qu’un programme d’éducation socialiste, ce soit la même chose que de dire aux enfants exactement ce qu’on pense comme révolutionnaires. On n’a pas à affoler des enfants avec les risques de guerre mondiale, les risques de crise, les risques de fascisme. On n’a pas à faire peser sur eux des discours sur les camps de la mort. On peut certainement, doucement et à partir des problèmes qu’ils se posent, amener à réfléchir progressivement sur le monde.

Samuel

Tu vois que tu commences à amener des propositions éducatives positives !

Robert

C’est plutôt en négatif : ne pas cultiver le fric, les hiérarchies sociales, le goût des armes, des jeux de guerre, de la violence, du sexisme, des racismes divers, du mépris d’une catégorie quelle qu’elle soit. En sachant qu’enfant éduqué ainsi par un parent ou un éducateur va vite se rendre compte que ce n’est pas le point de vue qui est défendu autour de lui et qu’il risque de se retrouver désigné du doigt par ses copains…

Samuel

J’aimerai bien avoir ton point de vue sur l’aspect autorité des adultes par rapport aux enfants. L’enfant peut-il exprimer une contestation des affirmations des adultes au sein de l’école et de la famille, avoir son propre point de vue sans qu’on le fasse taire, qu’on l’écrase sous le poids de son ignorance.

Robert

Là aussi, on peut faire des remarques en négatif : ne pas empêcher l’enfant d’exposer ses points de vue, de les défendre, de les discuter avec d’autres enfants, de prendre confiance dans ses propres capacités à réfléchir et raisonner, à découvrir par lui-même. On bute cependant très vite sur l’objectif actuel de l’enseignement : la réussite des examens et l’intégration dans la société (la réussite économique et sociale). On ne peut aller bien loin dans la remise en question de l’éducation sous des formes complètement imposées sans remettre en question les buts même de l’éducation.

Samuel

N’est-il pas démagogique de prétendre que l’enfant va apprendre par lui-même et ne faut-il pas admettre qu’il doit accepter de suivre un cursus scolaire qui s’impose à lui, quitte à gêner les tendances anti-autoritaires du militant révolutionnaire ?

Robert

Le problème n’est pas dans le niveau de connaissances et de capacités des enfants : il est dans la manière de concevoir la connaissance, soit comme une masse de choses à savoir qu’il va falloir apprendre et assimiler dans les premières années sans réellement les discuter ou comme une réflexion sur le monde qui n’est jamais close et à laquelle on propose à la jeune génération de prendre part.
Ce sont deux philosophies différentes de l’éducation mais aussi deux philosophies de la connaissance… Cela concerne aussi les adultes. Ces derniers sont tout aussi confrontés à un empire des connaissances qui s’impose à eux, qu’ils ne peuvent ni discuter ni remettre en question sans qu’on leur réponde qu’ils commettent un crime contre la communauté des spécialistes…

Samuel

Je crains qu’un enseignement plus démocratique, plus ouvert sur la découverte personnelle corresponde seulement à un abaissement du niveau des études et à une baisse d’investissement de l’Etat dans l’éducation.

Robert

Sur ce point, tu as raison : c’est derrière cette ouverture de l’éducation que les gouvernants se cachent pour restreindre l’éducation nationale pour économiser des sommes d’argent et les placer dans les banques et les trusts. C’est pourquoi une idée juste dans un autre cadre social peut servir dans le sens inverse dans l’optique actuelle…

Samuel

Il y a quand même des connaissances fondamentales à acquérir pour être capables de discuter et je crains que la proposition inverse ne soit démagogique.

Robert

Je pense que nous sommes craintifs de ce que les enfants peuvent devenir, si on les laisse se développer librement. Nous craignons même ce qu’ils vont nous faire. Nous sommes sur la défensive à leur égard, même si nous refusons de le reconnaître. Ils nous remettent en question. Et nous ne comptons pas les laisser faire. Nous avons admis bien des choses qui ne vont pas du tout de soi et nous avons peur qu’elles soient mises à jour, révélées par les enfants. C’est le résultat de l’idéologie sociale du monde où nous vivons. Ce sont essentiellement des préjugés. Rien n’empêcherait de présenter les résultats de la connaissance humaine de manière critique si la société ne tenait pas à présenter ces connaissances comme une espèce de religion qui s’impose à tous et qu’il n’est nullement question de discuter, comme un ordre établi et incontestable. C’est la domination sociale qui nécessite de présenter les connaissances comme au dessus des êtres humains et incontestables.
D’autre part, la société propage toujours l’idée qu’il faut absolument encadrer l’enfant afin qu’il comprenne à l’école qu’on n’est pas libres de faire ce que l’on veut, afin qu’il s’adapte progressivement à la société et y trouve sa place.

Samuel

Il faut bien reconnaître que le pire serait de prétendre que tout ce que fait l’enfant est le bien, ce qui n’est nullement le cas. On n’a que trop cultivé le mythe de l’enfant-roi qui ne doit pas souffrir, qui ne doit pas échouer, qui ne doit pas se heurter aux réalités. Ce sont des mythes issus de mai 68 qui ont diffusé l’idée qu’il n’y aurait pas besoin d’encadrer les enfants.

Robert

C’est là où on voit la limite des conceptions utopistes sur l’éducation. Il n’est pas possible de concevoir une éducation sans autorité imposée dans le cadre social actuel mais cela ne signifie pas que cela soit impossible à l’avenir. Nous érigeons trop souvent ce que nous vivons en règles éternelles. Et nous évitons en plus d’examiner sérieusement les bases de ces règles actuelles. Ainsi, nous faisons comme si la nécessité de casser les enfants était éternelle et n’avait pas une base autre que d’aider les enfants à progresser soi-disant malgré leurs mauvaises tendances naturelles. Le véritable but de l’éducation des enfants est de maintenir l’édifice social et d’éviter que les jeunes générations le remettent en question. Réformer l’éducation a seulement pour but de faire en sorte qu’il n’y ait pas un trop grand décalage entre l’éducation et la réalité sociale vécue par l’enfant. Tout cela n’a aucun but révolutionnaire mais au contraire de conservation sociale…

Samuel

Raison de plus pour que le citoyen conscient intervienne pour empêcher cela…

Robert

Le mythe de base de l’éducation consiste à considérer que l’homme-adulte sait plus et mieux que l’homme-enfant. Mais nous avons pourtant très bien que ce sont les adultes qui mentent le plus, volent le plus, torturent le plus, tuent le plus, sont les plus violents, etc, etc… On trouve plus de racistes chez les adultes que chez les enfants. Sans être rousseauiste, on peut aisément reconnaitre que l’éducation sociale de l’être humain n’a pas que du bon depuis qu’elle permet la conservation des dictatures sociales que l’humanité a subies.

Samuel

Il ne faut pas non plus idéaliser les enfants qui sont capables d’être très violents avec leurs congénères, très égocentriques, très peu sociabilisés, etc… D’autre part, ce sont les adultes militants qui peuvent quand même avoir la capacité de concevoir une éducation plus socialiste que bourgeoise socialement.

Robert

Les adultes militants peuvent concevoir une éducation socialiste ? Permet-moi d’en douter. Nous sommes aussi barbares dans nos consciences que le reste de la société. D’autre part, nous sommes incapables ou très peu capables de concevoir d’autres modes de transmission et de réflexion des être humains que ceux qui nous ont été administrés. Prenons mon exemple : j’ai énormément et quasiment tout appris dans les livres mais je sais que ce n’est pas le seul moyen de gagner des connaissances, sans même parler d’acquérir une intelligence. J’ai eu une grand-mère qui ne savait ni lire ni écrire mais avait vécu d’autres époques et d’autres pays, dans de multiples langues orales et connaissait les manières de vivre et de penser de ces régions du monde. Elle avait une grande ouverture d’esprit et un type de connaissances que l’on ne peut obtenir par la seule lecture. Cela me permet de dire que notre mode actuel d’éducation n’est pas le seul possible sans pour autant être capable de deviner celui de l’avenir…
La culture écrite n’est pas supérieure humainement aux anciennes cultures orales même si elle est plus performante sur certains plans techniques. On aurait tendance aujourd’hui à croire qu’on ne pourra jamais se passer de l’écrit pour éduquer mais des civilisations très développées humainement s’en sont passées. Le peuple du rêve, dont l’objectif dans le vie était de mémoriser et de se transmettre les rêves les plus extraordinaires, n’est en rien humainement inférieur à nos sociétés matériellement très performantes mais très peu tournées vers les rêves de l’homme…

Samuel

Ta thèse selon laquelle l’école est parfaitement adaptée à la société est contredite par nombre de critiques de l’école qui ne la trouve pas suffisamment adaptée. Loin de permettre aux écoliers de trouver facilement un travail, l’école les oriente vers des matières qui bénéficient d’un préjugé social favorable mais pas celles où on trouve du travail. Il y aurait plutôt une inadaptation chronique de l’école à la société. L’école a ses conservatismes et est trop souvent à la remorque de l’évolution alors qu’elle pourrait en être le moteur.

Robert

Ta remarque n’est pas fausse mais elle ne contredit pas mon point de vue. Parfois, la société a des avancées spectaculaires sur les plans scientifiques, techniques, sociaux ou sociétaux et l’école retarde. Parfois c’est le contraire. Mais cela ne dépend pas seulement de l’opinion, des capacités des parents, des éducateurs et des dirigeants de l’école. Cela dépend d’abord des phases d’avancées ou de conservation de la société.
Et ce n’est jamais les avancées de l’éducation qui ont entraîné les grandes avancées sociales historiques de la société. Là encore, il ne faut pas inverser les rôles entre la société et la conscience que les hommes en ont. L’opinion, les conceptions, l’éducation ne sont pas des éléments premiers, des moteurs de l’Histoire, même si leur rôle n’est pas négligeable.

Samuel

Il me semble que cette manière de voir obéit à des présupposés philosophiques, un a priori du matérialisme historique selon lequel la société est déterminée par son mode de production, un a priori également de la dialectique selon laquelle la dynamique est le produit de la confrontation interne des contraires, enfin un a priori du matérialisme selon lequel l’opinion ne prime pas sur la réalité.
De tels a priori philosophiques, qui mènent à l’idée que l’éducation n’aurait pas un rôle premier, doivent être discutés et critiquer et pas être considérés comme des acquis incontestables…

Robert

Selon toi, a priori sous-entend incontestable. Mais cela n’est pas une vision scientifique. Celle-ci contient de multiples a priori et elle les conteste régulièrement.

Des a priori signifie qu’on se met d’accord pour les utiliser régulièrement à condition de ne pas se heurter à des phénomènes qui sont des contre-exemples dont l’interprétation ne nécessite pas de changer de conception. En science, l’a priori s’appelle paradigme. Il est indispensable mais pas éternel comme le montrent les révolutions scientifiques.
Le scientifique vérifie si les phénomènes connus sont compatibles avec le paradigme mais, ensuite, tant qu’il ne connait pas de phénomène entraînant une crise des conceptions, il considère le paradigme comme un a priori.
L’éducateur aura lui aussi des a priori du type « l’enfant doit obéir », « l’éducateur ne doit pas céder aux caprices de l’enfant », « l’éducateur ne doit pas se mettre à la place des parents », etc… Il a autant besoin d’a priori que le scientifique.

Ce sont bien des philosophies qui tranchent dans les choix des a priori. Cela ne signifie pas que ceux-ci soient arbitraires et indiscutables et éternels.

Samuel

Cela signifie que d’autres peuvent penser que l’éducation prime sur la société.
Ceux qui tiennent que leur enfant suive une éducation religieuse ou laïque le pensent. Ceux qui tiennent que leur enfant n’apprenne pas la théorie de l’évolution des espèces de Darwin, le big bang et l’histoire des religions sont des gens pour lesquels l’éducation est un phénomène premier. Ils n’ont pas peur que leur enfants vivent dans la société occidentale mais ils craignent l’éducation… Cela montre que sont nombreux ceux qui pensent que l’éducation est un phénomène premier. Ils ont constaté qu’elle change la perception du monde par leurs enfants…

Robert

Ce qui change véritablement la perception du monde, c’est l’univers social dans lequel ils gravitent bien plus que l’éducation ou l’école elle seule. La vie sociale est porteuse de différents types de logiques philosophiques et, en changeant de mode de vie, les hommes changent aussi de perception du monde. Le seul cas où cela ne se produit pas est le cas où une société périclite et cesse d’être capable d’intégrer les groupes sociaux qui la rejoignent. Les anciennes philosophies restent alors comme les témoins de cette incapacité d’intégrer. Même si les enfants de ces milieux vont à l’école, elle n’est plus pour eux une voie vers le succès social et ils la rejettent alors. On constate alors que l’école échoue à intégrer. Inutile alors d’en chercher la cause dans un défaut du système scolaire car la cause est à chercher dans l’incapacité du système social et pas dans l’éducation. C’est la situation de l’école dans les banlieues à fort taux de chômage. Certains attribuent les difficultés qui en résultent dans la jeunesse à l’éducation et notamment à l’école. Fondamentalement, ils se trompent.

Samuel

Il y a pourtant de nombreuses expériences éducatives novatrices et intéressantes en milieu scolaire ou éducatif qui démontrent qu’on peut déplacer les lignes et ne pas considérer la situation comme une fatalité sociale.

Robert

Encore une fois, il ne faut pas prendre mon propos comme opposé aux théories éducatives nouvelles, aux efforts des éducateurs et des parents de faire face aux situations présentes. Au contraire, j’examine avec intérêt tout ce qui vient de là sans a priori. Je n’oppose pas l’avenir socialiste aux efforts actuels des hommes. Mais je n’en tire pas comme conclusion qu’on peut tirer d’affaire les enfants des banlieues sans renverser le système dominant. Je combats ceux qui prétendent que tout provient du fait que les parents d’enfants des banlieues démissionnent devant leurs responsabilités, ou que les enseignants devraient réprimer plus… Je combats ceux qui prétendent que la crise des banlieues est d’abord une crise d’éducation, une crise des critères moraux des enfants et une crise de l’école. Une société qui n’ouvre aucun avenir social à une grande partie des enfants de banlieue prétend que ces enfants, ces jeunes devraient la respecter et que le système scolaire devrait le leur apprendre…

Samuel

Le système scolaire peut redonner confiance en eux-mêmes à ces enfants, leur montrer qu’ils ont des richesses en eux-mêmes, qu’ils peuvent créer, qu’ils peuvent évoluer, qu’ils peuvent innover, qu’ils ont des capacités relationnelles, que l’ordre social n’est pas aussi hermétique qu’ils le croient. Le système scolaire ne peut pas changer le système social mais il peut changer son image. Il n’est pas nécessaire pour cela que l’enseignant mente sur les buts du système social, transforme les enfants en défenseurs du système. Il suffit qu’il leur montre qu’eux-mêmes sont capables de bien des choses, de jouer au théâtre, d’inventer des histoires, de créer des relations, de comprendre des choses nouvelles, etc…
Ce faisant, les éducateurs vont, selon moi, dans le sens du socialisme bien compris c’est-à-dire du développement de l’individu, d’une éducation comprise comme autre chose que l’intégration sociale dans le système. A mon avis, le révolutionnaire socialiste ne devrait avoir aucune réticence à œuvrer dans ce sens.

Robert

On ne peut que soutenir tous ceux qui aident des enfants, les siens ou ceux que leur confie l’éducation nationale, à sortir des carcans sociaux mais on ne peut pas faire croire qu’on œuvre ainsi à la résolution de la question sociale. Les enfants resteront collectivement déterminés, dès la maternelle et le primaire, par leur milieu social et par les problèmes sociaux que connaissent leur famille, ainsi que par les problèmes plus globaux de l’ensemble de la société, les guerres, les dictatures, les crises sociales et économiques.

Bien entendu, un réformiste trouvera toujours qu’on peut améliorer la société actuelle et que ce n’est pas contradictoire avec la volonté de renverser la classe capitaliste, que cela va dans le même sens, que cela ne s’oppose pas. Ce n’est pas mon avis. Une éducation socialiste suppose des hommes et des femmes débarrassés de l’idée que l’on doit nécessairement accepter d’être exploités, que l’on doit nécessairement subir un pouvoir d’Etat et son ordre imposé, que l’on doit nécessairement obéir aux forces de l’ordre, que l’on doit subir le pouvoir de l’argent, que les rapports sociaux seront toujours déterminés par la propriété ou non des capitaux, et bien d’autres lois sociales aujourd’hui indiscutables comme la séparation entre le travail intellectuel et le travail manuel (et la supériorité prétendue du premier), la division entre villes et campagnes, l’opposition entre les cultures, entre les hommes et les femmes, la place même de l’enfant dans la société…. Elles déterminent plus l’éducation que toutes les théories éducatives, toutes les didactiques, toutes les conceptions de l’enseignement.
Il ne peut y avoir de bonne éducation dans une société de classe. Expliquer le monde actuel à l’enfant, pour une école liée au pouvoir d’Etat, c’est nécessairement, de manière plus ou moins intelligente, le justifier et expliquer que les vainqueurs sont supérieurs. Tant que l’homme n’est pas débarrassé de l’exploitation et de l’oppression, on ne peut pas préparer les enfants à une société qui en serait débarrassée. C’est une illusion de croire et de faire croire le contraire. La conception des études censées permettre à l’individu d’avoir une vie plus heureuse en étant plus haut placé, mieux payé et plus reconnu ne peut être remise en cause au niveau des enfants si elle ne l’est pas au niveau des adultes, de la vie sociale…
Dire cela ne signifie pas reprocher leurs points de vue à ceux qui combattent point par point tel ou tel aspect du système. Nous ne disons pas non plus qu’ils ont tort aux avocats ou juristes qui combattent pour une justice plus indépendante des classes sociales et du pouvoir, aux agents des services publics qui combattent pour préserver des droits sociaux ouverts à tous, etc. De même, nous sommes solidaires des efforts de tous les éducateurs, enseignants et parents qui combattent tel ou tel travers de l’éducation actuelle sans pour autant remettre en cause l’ensemble du système. Mais je ne suis pas pour autant d’accord avec ceux qui disent que les révolutionnaires sont les meilleurs des réformistes.

Samuel

En somme, il faudrait attendre le « grand jour » et se battre quotidiennement contre les travers de cette société n’est pas dans les capacités des révolutionnaires socialistes ?

Robert

Ce qui n’est pas dans nos capacités, à mon avis, c’est de faire croire que l’on puisse réellement bâtir une éducation humaine dans un monde qui ne l’est pas, où on massacre, où on viole, où on tue, où on bombarde, où on exploite des enfants et leur parents aux quatre coins de la planète.

L’idéal démocratique, selon lequel il suffit que les individus interviennent, se sentent responsables, donnent leur avis, fassent pression, changent l’opinion publique, est une illusion. Les lois de la société ne donnent pas le pouvoir à cette opinion et elle est bien incapable de sortir la société de l’ornière, pas plus qu’on ne peut se soulever en se tirant par les cheveux. C’est la révolution sociale qui peut entraîner toute la société vers d’autres horizons et l’école avec elle… Quant à répondre aux contradictions actuelles qui se posent aux enfants, je n’estime pas que le militant révolutionnaire socialiste soit mieux placé pour cela. Que dira-t-il à son enfant qui lui dit qu’il ne veut plus aller à l’école et qu’il apprend mieux à la maison ? Que dira-t-il à son enfant qui estime être en droit de chiper des objets dans l’école puisque tout doit appartenir à tout le monde ? Que lui dira-t-il s’il lui demande pourquoi il ne pourrait pas jouer au docteur et à papa/maman avec ses petits camarades ? Les révolutionnaires socialistes ne sont pas des gens qui connaissent l’avenir, qui savent comment sera la société de demain mais des militants qui ont étudié les sociétés et les luttes du passé pour mieux mener les combats de demain et c’est très différent. Nous ne pouvons pas dire à nos enfants que nous leur garantissons que l’école et la famille soit un havre de paix garanti, que nous sommes capables de leur assurer sécurité et amour alors que nous savons que cette société est en train de basculer dans la violence. Mais nous n’allons pas non plus leur assener ces conceptions qui ne pourraient que les terroriser sans les armer. Le fait d’être des militants révolutionnaires ne donne pas des solutions à toutes les situations auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement. Si nous pensions le contraire, nous ne serions pas révolutionnaires socialistes mais une secte…

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  • Léon Trotsky

    Pour la liberté dans l’éducation
    10 juillet 1938

    Je remercie sincèrement la rédaction de Vida pour m’avoir proposé d’exprimer mon opinion sur les tâches des éducateurs mexicains. Ma connaissance, encore insuffisante, de la vie de ce pays, ne me permet pas de formuler des jugements pratiques concrets. Mais il y a une considération générale que je puis me permettre de formuler ici.

    Dans les pays arriérés, qui comprennent, non seulement le Mexique, mais, dans une certaine mesure, également l’U.R.S.S., l’activité du maître d’école n’est pas seulement une profession, mais une mission élevée. La tâche de l’éducation culturelle consiste à éveiller et développer la personnalité critique dans les masses opprimées et foulées aux pieds. La condition indispensable pour cela est que l’éducateur lui-même possède une personnalité développée dans le sens critique. Celui qui n’a pas de convictions suffisamment élaborées ne peut être un guide du peuple. C’est pourquoi un régime totalitaire, sous toutes ses formes ‑ dans l’Etat, dans le syndicat, dans le parti ‑ porte des coups irréparables à la cause de la culture et de l’instruction. Là où on impose d’en haut des convictions, comme un ordre militaire, l’éducateur perd sa personnalité mentale et tic petit inspirer, ni aux enfants ni aux adultes, confiance dans la profession qu’il exerce.

    C’est ce qui se produit actuellement, non seulement dans les pays fascistes, mais aussi en U.R.S.S. Les bases économiques créées par la révolution d’Octobre ne sont heureusement pas encore complètement détruites. Mais le régime politique a revêtu définitivement un caractère totalitaire. La bureaucratie soviéti­que, qui a violé la révolution, exige que le peuple la considère comme infaillible. La tâche d’abuser le peuple, à la manière des prêtres, a été confiée au maître d’école. Pour étouffer en ce dernier la voix de la critique, on a introduit le régime totalitaire dans les syndicats de travailleurs de l’enseignement. Les fonctionnaires‑policiers installés à la tête des syndicats mènent une rageuse campagne de calomnie et de répression contre tout éducateur qui a un sentiment critique, le qualifiant de « contre­-révolutionnaire », de « trotskyste » et de « fasciste » [1]. Celui qui ne cède pas, le G.P.U. l’élimine. Pire encore, la bureaucratie soviétique s’efforce d’étendre le même système au monde entier. Elle possède dans chaque nation ses propres agents qui cherchent à établir le régime totalitaire à l’intérieur des syndicats de ces pays [2]. Tel est le danger terrible qui menace la cause de la révolution et de la culture, particulièrement dans les pays jeunes et arriérés où la population ‑ en dehors de ce que j’ai signalé n’est pas trop encline à se soumettre aux ordres des féodaux, des cléricaux et de l’impérialisme.

    Le vœu le plus ardent que je puisse exprimer est que l’enseignement mexicain ne soit pas soumis à un régime totalitaire dans ses syndicats, avec son cortège de mensonges, de calomnies, de répression et d’étouffement de la pensée critique. Seule une lutte idéologique honorable et loyale peut assurer l’élaboration de convictions fermes et sérieusement mûries. Seul un enseignement armé de semblables conditions est capable de conquérir une autorité inébranlable et d’accomplir sa grande mission historique.

    Notes

    [1] Les militants qui avaient dirigé les syndicats de l’enseignement du temps de Lénine avaient été écartés dans la période stalinienne : le contrôle de l’enseignement était l’une des pièces maîtresses de la dictature bureaucratique.

    [2] L’allusion directe de Trotsky à l’affiliation au P.C. mexicain des dirigeants du syndicat enseignant, le S.T.E.R.M., allait provoquer une levée de boucliers et l’accusation lancée contre Trotsky de « chercher à diviser le syndicat », nouveau prétexte invoqué pour réclamer son expulsion du pays (voir notamment El Universal, 10 novembre 1938).

  • En France, un enfant sur six est en situation d’exclusion...

    Confier l’éducation des enfants à la société capitaliste en plein déconfiture n’est pas une idée géniale !

  • « Les communistes n’inventent pas cette influence de la société sur l’éducation, ils ne font qu’en changer le caractère, ils arrachent l’éducation à l’influence de la classe dirigeante. »

    Karl Marx, Le Manifeste communiste

  • On demande à Einstein un jour ce qu’il aimerait dire aux étudiants des universités scientifiques, quels conseils il pourrait leur donner.

    Sans hésitation, il répond :

    "Je leur demanderais de passer une heure par jour à rejeter les idées des autres et à penser par eux-mêmes. Ce sera dur, mais ils progresseront bien plus vite."

  • La période étrange que nous venons de vivre a mis l’accent sur une compétence très répandue au sein du règne animal : l’apprentissage social, c’est-à-dire la capacité à apprendre les uns des autres. Certains ont pu la faire fonctionner pleinement : c’est le cas des adultes qui, bien souvent, ont dû collectivement apprendre à se comporter dans une situation totalement nouvelle à partir d’informations et d’observations prises auprès des autres. C’est moins le cas, hélas, des élèves qui ont dû poursuivre leur parcours pour la plupart seuls, sans avoir justement la possibilité d’interagir directement entre pairs. Qu’est-ce qui va distinguer ces deux situations : d’un côté, apprendre avec les autres, de l’autre, apprendre seul dans son coin ? Une synthèse fraîchement publiée sur cette question dans l’excellente revue Nature Reviews Neuroscience nous livre de précieuses idées à retenir.
    Une arme secrète : l’apprentissage social
    Commençons par donner une définition : l’apprentissage social est une forme d’apprentissage par renforcement – dont l’effet est d’ancrer et consolider les comportements efficaces –, mais dans lequel l’efficacité du comportement en question est évaluée non pas en fonction des résultats obtenus pour soi, mais en observant les résultats du comportement en question pour un autre individu, un « démonstrateur ». Il s’agit d’un apprentissage par procuration, aussi qualifié de « vicariant » – du latin vicarius, qui signifie « remplaçant » : c’est ainsi qu’un rat ayant vu un de ses congénères recevoir une décharge électrique en entrant dans une pièce va lui-même éviter d’y pénétrer. Il n’aura pas eu besoin, pour cela, de recevoir la décharge lui-même…
    On comprend tout de suite l’avantage évolutif de cette capacité formidable : il est beaucoup moins coûteux pour un groupe d’animaux d’apprendre du comportement malheureux d’un seul individu, plutôt que de voir tous ses membres échouer et mourir. L’apprentissage social minimise la prise de risque tout en maximisant le gain en un temps donné ; c’est une sorte d’apprentissage distribué où tout le groupe progresse grâce à la somme des expériences aléatoires positives et négatives de chacun. Et chez les espèces douées de langage, cet effet est décuplé par la possibilité de transmettre une expérience à un grand nombre d’individus qui n’en ont pas été les témoins directs.
    Que m’enseignent les succès et erreurs d’autrui ?
    Dans le cerveau, cette capacité naîtrait de l’activité conjointe de deux grands réseaux : l’un permettant l’apprentissage « autonome » – quand le renforcement ne dépend que de l’expérience de l’individu isolé – et l’autre dédié à la compréhension des sensations éprouvées par autrui. Car, en effet, pour que le rat éprouve une réelle répulsion à l’idée de rentrer dans la pièce où son congénère vient de recevoir une décharge électrique, il faut qu’il ait ressenti cette douleur comme sienne. Cette étonnante capacité, c’est l’empathie dont l’article cite deux exemples notables : celui d’un rat dont le circuit cérébral du plaisir et de la motivation est activé quand il observe un autre rat boire une boisson sucrée, et celui d’un singe qui refuse d’actionner un mécanisme pour obtenir de la nourriture parce qu’il a observé que ce même mécanisme envoie une stimulation déplaisante à un autre singe. Il est donc intéressant que l’apprentissage social se soit peut-être développé grâce à la capacité d’empathie du cerveau, à moins que ce ne soit l’inverse et que l’empathie soit apparue pour minimiser les risques au sein du groupe !
    Malgré sa puissance apparente, l’apprentissage social a tout de même des limites : lorsqu’un individu surréagit à une situation modérément nocive, il transmet aux observateurs une information erronée concernant la gravité de celle-ci. Ces derniers évitent ensuite logiquement de reproduire l’expérience et plus rien ne vient contredire cette fausse croyance. C’est ainsi qu’une peur exagérée peut se répandre au sein d’un groupe social à partir d’une seule source d’information fausse, et si l’espèce dispose d’un langage, le phénomène est amplifié à cause du décalage énorme qui peut exister entre la réalité et la description qui en est faite après coup.
    Experts et moutons
    Des modélisations mathématiques de l’apprentissage de groupes mettent en lumière plusieurs stratégies d’apprentissage social pour limiter ces écueils, qui sont toutes observées dans le règne animal. La première consiste à autoriser plusieurs individus à renouveler l’expérience initiale, quand le risque est faible et que le temps et l’énergie nécessaires sont minimes. Une autre stratégie consiste à apprendre en priorité en observant les éléments dominants du groupe et ceux dont les réactions sont d’ordinaire justes et adaptées : les chefs, les sages et les experts. Les primates ont depuis longtemps investi dans cette stratégie, puisqu’on sait par exemple que les humains sont très attentifs aux « prescripteurs » que sont les experts, et même les célébrités ou les influenceurs, et que les chimpanzés adoptent préférentiellement les stratégies de recherche de nourriture ou de manipulation d’objets observés chez les individus dominants. Enfin, les observations de terrain montrent une tendance généralisée à imiter le comportement le plus répandu pour gommer les réactions extrêmes. Dans une société comme la nôtre, cela reviendrait à vérifier la véracité d’une expérience en la reproduisant plusieurs fois, puis à n’écouter que les experts capables d’en tirer les bons enseignements… et puis à faire le mouton. La crise sanitaire du Covid nous a donné plusieurs exemples de limites de l’apprentissage collectif, à travers maintes rumeurs et comportements irrationnels dictés par la peur.
    Pour ne pas finir sur cette note négative, et pour revenir à l’école, cet article rappelle un rôle essentiel des pairs dans l’apprentissage scolaire : en voyant l’un des siens se réjouir parce qu’il a réussi quelque chose qui paraissait difficile, l’élève est encouragé à suivre la même voie pour réussir à son tour. Les autres sont donc un puissant facteur de motivation. C’est une des raisons pour lesquelles apprendre tout seul chez soi, cela va un temps… mais ça ne doit pas trop durer.
    Jean-Philippe Lachaux : directeur de recherche au Centre de recherche en neurosciences de Lyon.

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