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Niger : des milliers de manifestants contre le trust nucléaire français Areva

dimanche 13 octobre 2013, par Robert Paris

Lire ici sur l’occupation militaire du Niger par la France et l’occupation nucléaire par Areva

Niger : manifestation contre Areva

Alors que les troupes françaises ont occupé le Niger (en même temps que le Mali) pour y conforter la mainmise de la France sur l’uranium, alors que la France y a fait et défait les dictateurs, la population a commencé à contester cette occupation colonialo-nucléaire.

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Arlit pour la défense de l’emploi et contre le groupe nucléaire français Areva, qui exploite des gisements d’uranium depuis 50 ans dans la région.

Des milliers de personnes ont manifesté samedi 12 octobre dans la cité minière d’Arlit dans le nord du Niger contre le groupe nucléaire français Areva, qui exploite depuis plus de quarante ans l’uranium dans cette zone désertique, a-t-on appris auprès des organisateurs.

Selon Aazoua Mahaman, coordonateur de la société civile à Arlit, 5.000 personnes ont protesté en soutien au gouvernement qui négocie le renouvellement du contrat avec Areva.

"Les habitants d’Arlit sont déterminés" dit Aazoua Mahaman
Dimanche dernier, le premier ministre Brigi Rafini a déclaré que le gouvernement nigérien repasserait au peigne fin les détails du partenariat avec Areva.

En effet les contrats des filiales d’Areva, Somaïr et Cominak, expirent à la fin de l’année.

Les manifestants accompagnés par des élus locaux ont défilé dans les rues d’Arlit scandant des slogans hostiles à Areva.

Ils accusent le groupe français de polluer l’environnement, de ne pas protéger suffisamment contre les risques de radioactivité.
L’exploitation des cinquante dernières années aurait produit 50 millions de tonnes de déchets radioactifs.

Ils se plaignent aussi de l’insuffisance des retombées économiques pour les habitants de la région d’Arlit.

En outre les filiales "pompent chaque année 20 millions de mètres cube d’eau alors que les habitants souffrent de pénurie d’eau.
Areva est le deuxième producteur d’uranium du monde.
Un tiers de sa production provient du Niger, l’un des pays les plus pauvres du monde.

Selon Areva, la présence de la Somaïr, dont 36,4 % du capital est détenu par l’Etat nigérien, permet la création de plusieurs centaines d’emplois directs et indirects.

D’après le site du groupe français, la Somaïr favorise l’accès à des services sanitaires et sociaux dans une région isolée.

La SOMAÏR emploie près de 1 200 salariés dont 98 % sont nigériens.
"L’objet de la manifestation qui a regroupé quelque 5 000 personnes est de soutenir le gouvernement dans ses prochaines discussions avec Areva au sujet de notre uranium", a indiqué Azaoua Mamane, l’un des organisateurs. Les manifestants – élus locaux et membres de la société civile, auxquels se sont joints des habitants –, ont défilé dans les rues de la ville en scandant des "slogans anti-Areva", qu’ils accusent de "polluer" leur environnement déjà très hostile. M. Mamane reproche également à Areva de "provoquer la radioactivité" et "de ne s’être guère soucié des préoccupations quotidiennes des habitants".

Il dresse un bilan accablant de la présence du groupe nucléaire français sur le sol nigérien depuis près d’un demi-siècle :

"La population a hérité de 50 millions de tonnes de résidus radioactifs stockés à Arlit et Areva continue de pomper gratuitement 20 millions de mètres cubes d’eau par an pendant que la population meurt de soif. Les rues et les habitations d’Arlit sont construits à l’aide de résidus radioactifs et la nappe phréatique usée et contaminée s’assèche par la faute d’Areva".

Le premier ministre du Niger, Brigi Rafini, a affirmé au début du mois que le Niger va "passer au peigne fin" ses contrats miniers avec Areva qu’il juge "déséquilibrés".

En mai, un double attentat à la voiture piégée contre l’armée nigérienne et Areva par les islamistes du Mujao avait fait vingt morts. Selon Areva, quatre-vingts ressortissants français sont présents au Niger sur trois sites et dans la capitale, Niamey.

Messages

  • Les protestataires accusaient Areva de "polluer" leur environnement déjà très hostile, de "provoquer la radioactivité" et "de ne s’être guère soucié des préoccupations quotidiennes des habitants", avait précisé un élu local ayant participé à cette marche.

  • Le partenariat entre Areva et le Niger, où le géant du nucléaire français extrait près de 40% de son uranium, est très défavorable à ce pays africain pauvre, a dénoncé l’ONG Oxfam, alors que les deux parties renégocient le contrat les liant.

    "En France, une ampoule sur trois est éclairée grâce à l’uranium nigérien. Au Niger, près de 90% de la population n’a pas accès à l’électricité", constate le rapport d’Oxfam "Areva au Niger : à qui profite l’uranium ’", rendu public vendredi.

    Au jeu des comparaisons chiffrées, le géant français paraît l’emporter largement sur le petit poucet sahélien. Le chiffre d’affaire d’Areva en 2012 est quatre fois et demi supérieur au budget de l’Etat nigérien - 9 milliards d’euros contre 2.

    Entre 1971 et 2010, dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles, Areva et ses ancêtres, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et la Cogema, ont extrait 114.346 tonnes d’uranium du Niger, affirme Oxfam, qui se base sur des données de l’Association nucléaire mondiale.

    Mais l’Etat nigérien n’aurait touché sur cette période que 300 milliards de francs CFA (environ 459 millions d’euros), à peine 13% de la valeur d’exportation totale estimée à 2.300 milliards de francs CFA (plus de 3,5 milliards d’euros), observe Oxfam, qui se base sur une étude de l’ONG néerlandaise Somo.

    "Il est incompréhensible que le Niger, 4e producteur d’uranium au monde, (...) ne tire pas davantage de revenus de cette exploitation et reste l’un des pays les plus pauvres de la planète", note Anne-Sophie Simpere, d’Oxfam France, l’auteure de cette enquête.

    La faiblesse de cette redistribution est notamment liée à d’importantes exonérations - de droits de douane, de TVA, de taxes sur les carburants - dont bénéficie Areva et auxquelles le groupe français doit renoncer, plaide l’ONG.

    La version d’Areva est toute autre. "Depuis 40 ans, l’Etat du Niger a perçu 871 millions d’euros, c’est-à-dire 85% des revenus directs ; Areva 129 millions d’euros, soit 13% ; et 24 millions d’euros pour les partenaires directs étrangers, soit 2%", explique un porte-parole du groupe à l’AFP.

    En 2012, le rapport est de 70% des recettes globales pour le pays hôte, 27% pour Areva et 3% pour les partenaires, ajoute-t-il.

    Cruel besoin de ressources

    Le contrat d’exploitation de l’uranium nigérien arrive à terme au 31 décembre 2013. Sa renégociation occasionne un bras de fer intense entre Niamey et Areva, dont l’Etat français est actionnaire à plus de 80%.

    Oxfam incite Paris à exiger "transparence" et "équité" dans des discussions "historiques" pour le Niger.

    Mais la France, "censée être un modèle" de probité, devient "totalement opaque" "quand il s’agit d’une entreprise française", remarque Anne-Sophie Simpere, qui pointe une "incohérence" hexagonale.

    Le développement du Niger est en jeu. L’uranium représentait plus de 70% des exportations du pays en 2010, mais à peine 5,8% de son PIB, pointe l’experte d’Oxfam.

    Or, le Niger, dernier Etat au monde en terme d’indice de développement humain, selon l’ONU, a cruellement besoin de ressources.

    "Areva, c’est 40 ans de pillage de nos sous-sols", peste Ali Idrissa, coordinateur du Rotab, une organisation nigérienne.

    Ramatou Solli, du Gren, un mouvement proche du Rotab, dénonce de son côté les conséquences "environnementales" et "sociales" de l’exploitation d’uranium, selon elle sans réelles contreparties pour le pays.

    "Avec une entreprise normale, il serait plus facile pour le Niger d’imposer ses vues qu’avec la compagnie nationale de l’ancienne puissance coloniale", estime M. Idrissa.

    Le rôle fondamental du Niger dans la libération récente de quatre otages français - qui travaillaient sur un complexe d’Areva à Arlit - permettra-t-il de renverser la tendance ’ Les deux Nigériens sont dubitatifs. "Cela ne va pas changer le rapport de force..."

    Si deux mines d’uranium "ne peuvent financer seules le développement économique d’un pays de plus de 17 millions d’habitants", selon le porte-parole d’Areva, l’exemple du pétrole, dont le Niger est devenu un - petit - producteur l’an passé, peut faire réfléchir.

    "Avec moins de 20.000 barils/jour, le pétrole rapporte déjà plus que l’uranium au Niger", remarque Oxfam. Et d’ajouter : "certes, le pétrole vaut cher, mais les contrats ont aussi été mieux négociés".

  • Sarkozy est accusé par les victimes d’enlèvement à Arlit au Niger d’avoir retardé leur libération pour justifier une intervention de l’armée française !!!

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