Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital public

C’est pas de l’illimité

Le matériel est de plus en plus défectueux. Vétuste, ancien, à réparer, le matériel que nous utilisons à l’hôpital tombe en panne fréquemment. Il faut donc faire preuve d’ingéniosité pour essayer de faire marcher ce qui ne fonctionne quasiment plus, quitte parfois à utiliser du sparadrap ou une autre technique artisanale. On voit bien qu’avec la nouvelle gestion de l’hôpital, on fait des économies sur tout et le matériel n’échappe pas à la règle. D’ ailleurs, on nous rétorque souvent que, si le matériel ne fonctionne pas, c’est qu’on ne sait pas l’utiliser et que c’est nous qui l’avons cassé ! Un comble quand on connaît la vétuste du matériel qui, de toute façon, n’a pas une durée de vie illimitée.

Précipitation à la rentabilisation

Voila près de deux ans que l’hôpital Saint Vincent de Paul a fermé. La direction s’est précipitée pour fermer cet établissement car rien ne l’arrête quand il s agit de faire des économies et diminuer la masse salariale. Mais, aujourd’hui, laissé à l’abandon, cet ancien hôpital est squatté par des personnes sans logement. Au lieu de construire des logements sociaux pour héberger ceux qui dorment dehors, l’AP préfère laisse ce lieu en friche. A moins qu’elle n’attende une opportunité pour vendre le terrain à un promoteur et remplir ses poches....

Le chômage des infirmières

On croyait les infirmières a l’abri mais certaines jeunes diplômées ont du mal a trouvé un premier poste. Dans certaines régions saturées (Bretagne Normandie, Aquitaine,..), les infirmières se voient très souvent proposer des CDD et elles n’ont accès a un CDI que si elles acceptent des postes en gériatrie. Et que dire de ces collègues à qui on ne peut proposer un poste quand elles reviennent de dispo ! En Ile de France, la situation est plus favorable en terme de poste mais on voit le recours aux intérimaires diminuer du fait des restrictions budgétaires et l’on sait qu ils sont la première variable d ajustement. Une partie des infirmières fuient l’Ile de France du fait de la dégradation des conditions de travail et des fermetures toujours plus nombreuses de services et d’hôpitaux. On sait que la volonté des directions n’est nullement d’embaucher. Près de 30% à 40% des infirmières vont partir à la retraite d’ici 5 à 7 ans, et on sait que cela va se traduire par des suppressions massives de postes afin de diminuer la masse salariale, par le transfert de compétences (délégations d’actes), la pression intense sur les personnels, la prime au mérite.....

C’est une vraie maladie

Le docteur Baumann, médecin généraliste à Paris déclare avoir constaté, en seize ans de travail, une augmentation du nombre de burn out parmi ses patients et tire la sonnette d’alarme. Pour la sécurité sociale et le gouvernement, cette souffrance n’est pas reconnue alors que c’est le cas aux Etats-Unis et au Japon. Identifié clairement comme un syndrome d’épuisement massif et général, il est dû a un rythme de travail qui s’accroît, et peut se manifester par une deshumanisation, une perte d’empathie, fatigue, recours à des médicaments, perte de sommeil, anxiété et peut conduire à l’extrême par un suicide sur le lieu de travail. A l’hôpital un nombre croissant de personnel connaît une situation de mal être sur son lieu de travail du aux pressions exercées par les cadres, un sous-effectif chronique, des changements de plannings intempestifs, une dévalorisation de son travail, un accès plus difficile à la formation.....

Embrouilles pré-electorales

Le gouvernement ne parle que de reformes : la retraite, la formation professionnelle, l hôpital, la sécurité sociale. Il s’agit bien sûr de contre-réformes. Il a besoin de récupérer des milliards et fait mine de tâtonner ne sachant pas encore comment et sur quelle base il va nous ponctionner. C’est ce qu’il veut nous faire croire. En réalité, le projet est connu et il attend le bon moment pour nous asséner des coups pour qu’on encaisse sans rien dire. Allongement de la durée de cotisations, déremboursement de médicaments, ceci n’est que le début des attaques. Plus pour les entreprises (crédit d’impôts,...), moins pour les chômeurs, les retraites, les salariées. Mais les élections municipales approchant, ils ne tiennent pas à faire de grandes annonces. Ils attendent de se faire réélire en sachant bien que ce sont les classes moyennes et populaires qui se feront racketter.

La violence est leur arme

La manifestation qui s’est déroulée le 19 octobre, place de la république à Paris, se tenait dans le cadre de la journée européenne pour le droit au logement. Les manifestants ont été encerclés pendant 5 heures par les forces de l’ordre et ont essuyé les coups de la police. Quatre personnes ont été blessées dont une au moins a dû être hospitalisée. Cela montre une certaine peur de la part des gouvernants qui savent bien que collectivement nous sommes une force puissante dont il faut avoir peur.

Nouveau drame à l Hôpital Sainte Perrine

Une dame de 76 ans a été retrouve morte dans sa chambre, étranglé par sa ceinture de contention qui devait la maintenir. Ce nouveau drame montre une fois de plus que rien n’a changé dans cet établissement. Le sous effectif chronique (une infirmière pour 70 patients et 1,5 aide soignant pour 35 patients) ne permet pas d’assurer la sécurité des patients malgré les baratins de la direction. En effet, pour répondre au plan d’économies de 150 millions d’euros pour l’année 2013, c’est bien sur les embauches que la direction économise, quitte à mettre en danger la sécurité des patients.

C’est les responsables du scandale qui punissent !

L’ARS a décidé de fermer la maternité d’Houdan en se servant de la mort d’un nourrisson suite à un manque de personnel. Mais qui organise systématiquement le manque de personnel, sinon les ARS ? Et qui pousse tout aussi systématiquement à des fermetures de maternités sinon les ARS, c’est-à-dire le gouvernement ?

Le F-Haine n’est pas l’adversaire de l’UMP/PS mais son pire sous-produit

L’élection cantonale de Brignolles remportée par le FN de Mme Le Pen serait selon cette dernière le son de trompette de victoire du premier parti de France qui prétend être celui qui exprime la colère sociale. Il y a loin de la coupe aux lèvres et cependant le risque, en période de crise du capitalisme, qu’un parti d’extrême droite canalise le mécontentement est bien réel. Même si la comparaison lui déplairait, Le Pen ne fait ainsi que suivre la méthode des partis intégristes du monde arabe qui sont eux aussi une réponse d’extrême droite rigoriste, moraliste, nationaliste extrême, raciste même. Et, dans le monde arabe comme en Europe, les partis d’extrême droite prospèrent en surfant sur la révolte qui monte. Mais, pas mieux que les intégristes, les fascistes français ne sont porteurs de la moindre solution car ils cautionnent exactement le même système. N’en déplaise aux discours de Le Pen, la France ne vit pas sous le « système de l’UMPS » mais sous le système capitaliste. Et c’est ce système qui s’est effondré en 2007-2008. Comme UMP et PS, elle prétend avoir une solution nationale à un problème international : le système a atteint ses limites et ne peut plus qu’être soutenu à coups de subventions d’Etat. Qu’y peut madame Le Pen : absolument rien. Elle ne propose nullement de sortir du capitalisme ! Et pas même de faire payer aux capitalistes les frais de leur crise. Le repli sur soi, la sortie de l’Europe et de l’euro qu’elle propose ne seraient nullement une manière pour les couches populaires de cesser de payer la crise. Sans parler de faire repartir l’économie… française seule ! Quand les trusts licencient comme à PSA ou Air France, que propose Le Pen ? Interdire les licenciements ? Pas du tout ! Quand les patrons, sous prétexte de compétitivité, attaquent les emplois, le code du travail, le CDI, la charge de travail, les salaires, que propose Le Pen ? Rien du tout. Ce n’est pas les patrons qu’elle dénonce, c’est les travailleurs sous prétexte de dénoncer les syndicats. Alors d’où vient son petit succès actuel sinon du dégoût des autres partis politiciens et du fait qu’elle n’a pas eu à se discréditer au pouvoir puisqu’elle n’y participait pas.

Mais les partis de droite et de gauche ne font pas que donner des voix au FN parce qu’ils sont incapables, corrompus, et autres qualités diverses mais parce que leur discours lui-même et leurs actes ne font que prétendre lui donner raison. Gauche comme droite affirment face à la crise mondiale que leur solution, c’est « la France d’abord ».

Gauche comme droite font dans le sécuritaire, dans le plus de flics, plus de répression, plus de discours anti-Roms, plus d’expulsions d’immigrés, fabriquer plus d’irréguliers pour ensuite les dénoncer et les virer, y compris les lycéens sans papiers comme vient de le faire Valls, le principal pourvoyeur de voix au FN.

Chaque intervention de Valls dans les média est du pain béni pour Le Pen car il crédite à lui tout seul tous les mensonges du FN… Et ce n’est pas la droite d’Estrosi, tout aussi haineuse contre les étrangers, contre les Roms, contre les immigrés, qui va empêcher cette dérive des opinions d’extrême droite en France… C’est un politicien centriste UDI qui a été jusqu’à déclarer qu’Hitler aurait dû en finir avec le génocide des Roms.

C’est dire comme la peur sociale, la décomposition de la société bourgeoise due à ses propres crises peut entraîner une décomposition morale d’une grande partie de la population, entraînant même ses scories puantes dans la classe ouvrière.

N’en déplaise à toutes les extrêmes droites, à les intégristes, religieux ou pas, racistes ou pas, n’en déplaise à tous les politiciens, l’ennemi n’est pas le voisin, l’ennemi n’est pas le travailleurs d’à côté. Celui qui licencie, qui exploite, qui opprime, celui qui est en train de détruire toute la société n’est pas l’étranger mais le capitaliste et d’abord le trust ou la banque du pays lui-même. Et c’est aussi le gouvernement du pays lui-même.

C’est l’Etat français qui détruit les emplois publics en France. Ce sont surtout les patrons français qui détruisent les emplois en France. C’est un comble qu’il faille le rappeler alors que cela crève les yeux ! Air France, Total, PSA, Renault, les banques françaises suppriment massivement des emplois et ils n’appartiennent pas à des capitalistes indiens ni américains ou allemands !

Tous les politiciens essaient de cacher la responsabilité des classes dirigeantes sous des questions de nationalité. Ils prétendent que les travailleurs étrangers nous volent nos emplois mais il est presque comique de constater que partout dans le monde, ils tiennent le même discours car partout dans le monde, l’économie est la même économie mondiale sans avenir, sans perspective et tenue seulement par des ficelles artificielles des aides d’Etat.

Et la seule perspective porteuse d’avenir n’est pas de nous jeter contre les autres peuples, mais de nous préparer à remplacer le capitalisme failli par le pouvoir aux travailleurs.