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La révolution française et nous, Daniel Guérin

samedi 30 novembre 2013, par Robert Paris

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    Daniel Guérin en avril 1957 :

    Autour de nous, aujourd’hui, tout n’est que ruines. Les idéologies qu’on nous a serinées, les régimes politiques qu’on nous a fait subir ou fait miroiter s’en vont les uns et les autres en morceaux. Pour reprendre l’expression d’Edgar Quinet, nous avons perdu nos bagages.

    Le fascisme, cette forme suprême et barbare de la domination de l’homme par l’homme, s’est effondré, il y a un peu plus de dix ans, dans un bain de sang. Et ceux-la mêmes qui s’étaient raccrochés à lui comme a une bouée de sauvetage, qui l’avaient appelé à la rescousse contre les travailleurs, fût-ce a la pointe des baïonnettes étrangères, ont perdu beaucoup de plumes dans l’aventure et sont contraints, malgré qu’ils lui conservent une secrète préférence, de le ranger au magasin des accessoires.

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que la démocratie bourgeoise n’a pas été revigorée par la débandade du fascisme. Elle avait d’ailleurs creusé le lit du susdit et s’était montrée incapable de lui barrer la route. Elle n’a plus de doctrine, plus de foi on elle-même. Elle n’a pas réussi a redorer son blason en captant à son profit l’élan des masses populaires françaises contre l’hitlérisme. La « Résistance » a perdu toute raison d’être du jour ou a disparu ce contre quoi elle se battait. Sa fausse unité s’est aussitôt désagrégée. Son mythe s’est dégonflé. Les politiciens d’après-guerre ont été les plus pitoyables que nous ayons jamais endurés. Ils ont eux-mêmes volatilisé la, confiance trop crédule de ceux qui, contre Vichy, s’étaient, faute de mieux, tournés vers Londres. La démocratie bourgeoise s’est avérée totalement incapable de résoudre les problèmes, les contradictions de l’après-guerre, contradictions encore beaucoup plus insolubles qu’elles ne l’étaient avant une croisade soi-disant entreprise pour leur trouver une solution. Elle ne peut plus se survivre, à l’intérieur, que par une caricature honteuse et hypocrite des méthodes fascistes, à l’extérieur, par des guerres coloniales et même des guerres d’agression. Elle est, d’ores et déjà, démissionnaire. Sa succession est ouverte.
    Et voici que le stalinisme, qui se prétendait et que beaucoup croyaient fait d’un métal dur et durable, qui se prétendait et que beaucoup croyaient fondé historiquement à se substituer aux formes moribondes (fascistes ou « démocratiques ») de la domination bourgeoise, s’effondre a son tour dans le scandale des ignominies révélées par le rapport Khrouchtchev, dans l’horreur de la répression hongroise.

    Mais un monde qui s’écroule est aussi un monde qui renaît.

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