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EADS veut supprimer 5.800 emplois en Europe

dimanche 12 janvier 2014, par Robert Paris

EADS veut supprimer 5.800 emplois en Europe

Par Johannes Stern

Le groupe européen d’aéronautique et de défense EADS projette de supprimer d’ici à 2016 au moins 5.800 emplois. C’est ce qu’a annoncé lundi la direction de l’entreprise. Un communiqué de l’entreprise a révélé que le comité d’entreprise européen avait reçu un « plan de restructuration » proposant des licenciements de masse et une restructuration fondamentale des activités.

La filiale Cassidian Air System, la branche de la technologie spatiale Astrium et la division d’avions de transport militaire d’Airbus, Airbus Military, seront touchées en premier lieu par les suppressions de postes. 500 emplois disparaîtront aussi dans les « fonctions centrales » de l’entreprise. Les suppressions font partie du projet du groupe de regrouper la division défense et la division espace en une seule et même entité « Airbus Defence & Space » et à changer le nom du groupe EADS en « Groupe Airbus ».

La suppression des emplois et les mesures de restructuration représentent une menace à travers toute l’Europe pour tous les sites EADS. Rien qu’en Allemagne, 2.600 emplois doivent disparaître, la majorité en Bavière où se trouve le siège de Cassidian. D’après certains articles de presse, 1.300 postes doivent disparaître en France, 560 en Espagne et 450 en Grande-Bretagne. Le projet prévoit entre 1.000 et 1.450 licenciements. De plus, quelque 1.300 travailleurs intérimaires, dont des travailleurs contractuels, ne recevront pas de nouveau contrat de travail.

La forte réduction des coûts chez EADS fait partie d’une nouvelle série d’attaques perpétrées contre la classe ouvrière européenne. Au cours des quelques dernières semaines, Siemens, le groupe énergétique allemand RWE, Bayer et un nombre d’autres sociétés ont annoncé des licenciements de masse. De nouveaux budgets d’austérité ont de plus été adoptés par les gouvernements en Italie, aux Pays-Bas et en Grèce (Voir : « Le budget grec pour 2014 prévoit de nouvelles attaques sociales »)

En Allemagne, l’Union chrétienne-démocrate/Union chrétienne-sociale (CDU/CSU) et les sociaux-démocrates (SPD) sont convenus dans leur accord de coalition d’intensifier la politique d’austérité dans tous les pays d’Europe. (Voir : « La grande coalition allemande renforcera la politique d’austérité en Europe ».)

Selon les informations provenant de l’entreprise, des précisions supplémentaires concernant l’ampleur réelle des suppressions d’emploi et des mesures de restructuration chez EADS ne seront communiquées qu’en février 2014. Plusieurs choses sont d’ores et déjà claires. Le groupe projette de fermer ses usines à Unterschleißheim et de vendre son ancien siège social EADS à Paris.

Le PDG d’EADS, Tom Enders, a justifié les licenciements en avançant le besoin « d’accroître la compétitivité de l’industrie aéronautique et spatiale », et d’augmenter de 10 pour cent d’ici à 2016 le taux de rentabilité des investissements dans la firme. Pour satisfaire la cupidité les actionnaires pour plus de bénéfices, la main-d’œuvre est menacée d’attaques qui vont bien au-delà des mesures déjà annoncées.

« Notre objectif est de devenir compétitif. Nous verrons si les mesures projetées seront suffisantes ou si des réductions supplémentaires seront nécessaires, » a annoncé Enders. Seule une chose était claire selon lui, ceci ne serait pas « le dernier programme de restructuration dans ce domaine. » Il fit référence au « succès » du plan « power 8 », un programme de restructuration précédent de la filiale d’EADS Airbus qui avait coûté, entre 2007 et 2011, les emplois de 10.000 travailleurs. « Nous savons comment réaliser de vastes programme de restructuration, » a ajouté Enders.

Comme dans le cas de « power 8 », les suppressions d’emploi seront mises en œuvre en étroite collaboration avec les syndicats.

Le communiqué de l’entreprise déclare, « EADS va entamer les négociations avec les organisations représentatives du personnel pour trouver les mesures et les solutions sociales les plus justes pour tous les employés concernés. » De plus, le groupe a l’intention de « mener des négociations avec les comités d’entreprise pour arriver à un accord sur la réduction des coûts du travail qui amortisse l’impact social des mesures de restructuration. »

Les syndicats et les comités d’entreprise ont déjà clairement fait savoir qu’ils étaient prêts à jouer leur rôle dans l’imposition des mesures. Par crainte d’un mécontentement parmi les travailleurs, ils ont critiqué la déclaration d’Enders qu’il pourrait y avoir des licenciements secs, tout en acceptant en principe pleinement les mesures de restructuration. Leur but est d’organiser la suppression des emplois en suscitant le moins d’opposition possible et en étroite collaboration avec la direction du groupe.

Rüdiger Lütjen, le président du comité d’entreprise européen chez EADS, a indiqué mardi que personne ne contestait que des changements étaient nécessaires bien que « tout dépende de la façon dont c’était fait. »

Il a prévenu, « Avec les bénéfices que la société réalise, il ne serait acceptable pour personne de mettre les travailleurs à la porte. » Un fait positif était qu’EADS a informé en premier le personnel, puis les médias, a-t-il poursuivi. « En conséquence, nous espérons qu’un processus est mis en oeuvre qui se caractérise par l’équité et un consensus avec l’effectif. »

Selon Lütjen, tout doit être fait pour éviter des licenciements secs en refusant cependant de mobiliser le personnel. Il s’agissait d’abord d’examiner calmement la situation, a-t-il dit, vu qu’il n’y aura pas de détail précis sur les suppressions de postes par site. Il a ajouté avec cynisme, « J’essaie toujours de rester calme. Nous pensons que les négociations vont durer des mois. »

Jürgen Wechsler, le président d’IG Metall en Bavière, a aussi exigé « qu’EADS refuse par principe des licenciements secs. » Ceci déterminerait si la réorganisation sera effectuée au moyen d’un affrontement ou d’une coopération, a-t-il dit. Il ne pouvait pas selon lui « y avoir de fermeture de sites sans l’existence de dispositions sociales alternatives appropriées. »

Le syndicat français Force Ouvrière a déclaré dans un communiqué « Au-delà du choc de cette annonce, il convient d’analyser tous les éléments qui seront communiqués aux organisations syndicales et aux représentants des salariés dans les prochains jours dans le cadre des Comités européens de Division et des Comités centraux d’Entreprise. »

Les mesures de restructuration sont aussi appuyées par les politiciens. Le ministre-président du Land de Bavière, Horst Seehofer, (CSU) a remarqué, « Nous ne pouvons pas en tant que gouvernement régional, éviter complètement un changement structurel qui est lié au déclin de l’industrie de défense. » Il a aussi mis en garde contre des licenciements secs. La suppression des emplois doit « se faire avec le maximum de consensus possible. J’ai fait une demande dans ce sens à Tom Enders. J’imagine que de ce côté-là les choses sont aussi perçues de la même manière. »

Le ministre français du Travail et de l’Emploi, Michel Sapin, a dit, « cette entreprise gagne de l’argent… Elle veut se restructurer. Très bien.… Mais son devoir aussi... c’est de mettre en place des dispositifs qui évitent tout licenciement. »

Le gouvernement allemand a expliqué mardi que tout en regrettant la décision prise par la direction du groupe, il ne se mêlerait pas de la réduction des emplois chez EADS. Dans un communiqué publié par le ministère de l’Economie et de la Technologie, on peut lire, « Nous suivrons de près l’évolution de la situation, notamment la restructuration prévue de l’entreprise. »

Le gouvernement soutient aussi les attaques contre les travailleurs d’EADS parce qu’il en tire un profit immédiat. Deux jours à peine après l’annonce des licenciements de masse, Enders a confirmé lors d’une réunion avec les investisseurs à Londres que le groupe planifiait de verser aux actionnaires de l’entreprise entre 20 et 40 pour cent de ses bénéfices nets réalisés dans le courant de l’année. L’action EADS a bondi le même jour à 7,73 pour cent.

Les gouvernements français et allemand profiteront aussi de dividendes plus élevés. Avec 12 pour cent chacun, ils représentent les plus grands actionnaires d’EADS.

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