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Les glaciers européens fondent-ils continument depuis le développement de l’industrie (thèse du réchauffement anthropique) : l’exemple du glacier des Bossons au Mont Blanc

vendredi 17 janvier 2014, par Robert Paris

Le glacier des Bossons est cité en exemple comme marque du réchauffement climatique d’origine humaine lié à l’activité industrielle par le courant principal en climatologie.

La langue terminale du glacier des Bossons au Mont Blanc descend très bas, presque dans la vallée... C’est le glacier qui s’impose depuis la vallée de Chamonix.

Pourtant, ce glacier était en grand recul en 1866 comme le montre la photo suivante :

Mais en 1928, il avait repris sa grande forme comme on le voit ci-dessous :

Les glaciers européens fondent-ils continument depuis le développement de l’industrie (thèse du réchauffement anthropique) : l’exemple du glacier des Bossons au Mont Blanc

Voici une série de photos du glacier des Bossons, un des plus grands glaciers européens. Il est clair que la première photo montre le glacier sous son plus grand développement. Pourtant, c’est la plus récente. Dans les photos suivantes, on vit le glacier tantôt plus long, tantôt plus court. Eh bien, plus ces photos sont anciennes, plus le glacier est... court !!!

En effet, la première photo date de 1979. Les séries suivantes sont disposées ainsi :

 colonne de gauche de haut en bas : 1950, 1953 puis 1955

 colonne de droite de haut en bas : 1957, 1960, 1963

On en déduit que le glacier n’a cessé d’augmenter de 1950 à 1979 !!!

Et même à 1986 puisque voici le glacier au mieux de sa forme à cette date.

De là à penser que c’est le début d’une course de croissance continue, il n’y a qu’un pas... à ne pas franchir...

Tout à fait l’inverse de la thèse anthropique du réchauffement climatique...

Comme on le voit, si on étudie une courte période de 30 ans, on peut en déduire des conclusions fausses...

En effet, voici la courbe de taille du glacier des Bossons :

Le glacier a bien connu une augmentation entre 1950 et 1985 mais aussi, comme on le voit, bien des diminutions mais, par exemple, il était plus long en 1928 qu’en 1874. Ses changements sont difficilement descriptibles comme une décroissance continue due au réchauffement lié à l’activité humaine depuis les débuts de l’industrie...

Actuellement, il est incontestable qu’il est en voie de diminution sur quelques années mais qu’est-ce que cela prouve sur l’évolution globale ?

Le petit âge glaciaire fut une période entre environ 1550 et 1850 où le monde a connu des températures relativement fraîches comparées à maintenant, entraînant une extension des glaciers. À la fin de cette période et jusqu’en 1940, les glaciers autour du monde ont reculé pendant que le climat se réchauffait. Le recul glaciaire a ralenti et s’est même inversé, dans beaucoup de cas, entre 1950 et 1980, car un léger refroidissement climatique s’est produit.
Les glaciers français ont subi de nets reculs dans les années 1942 à 1953, suivi d’avances jusqu’en 1980, puis à nouveau de reculs à partir de 1982.

Le « Dryas » (ou Dryas ancien) correspond au début du réchauffement qui a mis fin à la dernière glaciation, mais ce réchauffement a connu une brutale interruption (refroidissement qui en environ 500 ans a brutalement fait chuter la température moyenne de 7 °C) suivie d’un réchauffement tout aussi brutal (qu’on appelle « nouveau Dryas ou Dryas récent ») durant lequel la température est à nouveau remontée de 7 °C avant de croitre à nouveau plus lentement.

La vallée de Chamonix a été profondément modelée par la dernière glaciation, celle du Dryas récent (de 12 000 à 10 300 ans).
C’est la dernière séquence glaciaire du Dryas. C’est elle qui a modelé la vallée telle que nous la voyons, aucune autre poussée n’étant venue raboter et aplanir le fond de la vallée depuis cette date.

Le Petit âge glaciaire (1550/1850), lui a laissé les dernières moraines que nous connaissons et voyons, notamment au fond des cuvettes de nos glaciers, Bossons, Mer de glace etc.

Voici la vallée de Chamonix au Dryas récent : les glaciers des Bossons et de Taconnaz se rejoignaient, n’en formant qu’un seul, un dôme qui s’étalait au fond de la vallée, avec un grand lac au bout qui allait de la sablière jusqu’à l’actuel barrage des Houches.

Le début du Dryas, à la fin du Würm, une extension glaciaire a envahi totalement la vallée et a créé entre autres la moraine des Chavants aux Houches.

Mais tout cela n’était rien par rapport à la dernière grande glaciation du Würm, où la vallée était remplie jusqu’à Planpraz / Plan de l’Aiguille, et la calotte Alpine allait jusque dans la région Lyonnaise.

Il est donc essentiel de savoir quelle est l’échelle caractéristique de temps du phénomène. Tout raisonnement qui part d’une période trop courte pour en déduire des thèses sur l’évolution du glacier ne peut qu’induire en erreur.

La suite

Messages

  • Un point d’actualité d’abord : oui, aujourd’hui, beaucoup des glaciers alpins reculent, comme ils l’ont souvent fait dans leur histoire ! Mais cela joue chaque année sur des pourcentages variables de la population des glaciers. Pendant que certains ou beaucoup de glaciers reculent, certains autres… ou beaucoup d’autres sont, dans le même temps, en position stationnaire ou en position d’avancée. Pour bien s’en persuader il suffit de consulter le schéma, très pédagogique, des variations suisses au cours du XXe siècle (in " Les variations des glaciers suisses ", Revue du Club Alpin Suisse). Les longueurs des langues des glaciers alpins diminuent, mais les volumes de glace restants sont encore considérables. Ainsi le minuscule glacier de Sarennes (dont beaucoup pressentent la fin prochaine !) juxtapose aujourd’hui trois sous-bassins où la glace dépasse encore 70 à 80 mètres d’épaisseur. A Saint-Sorlin, l’épaisseur maximum relevée est de 135 mètres ! (sources : Labo de glaciologie CNRS). Un retour sur la période holocène : l’ Holocène a marqué depuis 12000 ans le grand recul des glaciers alpins jusqu’à leur position actuelle. Depuis le Boréal (9000-7000 BP), les glaciers ont oscillé sur un espace assez restreint, celui des marges des glaciers actuels, permettant à ces altitudes une présence continue des espèces arborées (cf. bois datés C14). Alors que dans le dernier tiers du XlXe siècle et dans la première partie du XXe siècle, les glaciers des Alpes ont subi, surtout de 1925 à 1965, un très intense recul qui a marqué... et les esprits et les paysages glaciaires... le dernier tiers du siècle (période centrée sur l’intervalle 1970-1990) a vu - au contraire - , dans le massif du Mont-Blanc et dans d’autres régions du monde, les fronts des glaciers avancer et les volumes de glace s’accroître. Ne parlait-on pas dans la presse, en 1986, de " nouvelle glaciation " ? Que les glaciers reculent ou avancent, il faut se rappeler que leur comportement ne doit être analysé qu’à l’aune de la durée (historique et géologique) ...et non de l’année ou d’un tout petit groupe d’années, voire d’une vie humaine. Le glaciologue suisse F.A. Forel, en 1902, allait plus loin encore lui qui constatait : " Hélas ! la mémoire de l’homme est bien courte et ses comparaisons bien incertaines. " Sinon, il devient facile de prouver tout et n’importe quoi, y compris de mettre en contradiction avec eux-mêmes les tenants du tout " réchauffement global dû aux industries humaines ". Quelques exemples ? Les glaciers ont été, dans le passé, beaucoup plus réduits qu’aujourd’hui. À preuve l’existence de ce village de Saint Jean de Perthuis (aujourd’hui disparu) qui occupait, avant le XVe siècle, l’emplacement actuel de la langue frontale actuelle du glacier de la Brenva… ou bien encore, ces multiples vestiges archéologiques révélés çà et là lors des phases du recul glaciaire récent. Un fort recul peut ne pas être inexorable et ne doit pas aboutir automatiquement à la disparition du glacier. Il y a plusieurs millénaires, la croissance de pins cembro, pins à crochets ou mélèzes, à des altitudes et en des lieux et des temps où aujourd’hui l’on ne trouve que de la glace, est un fait avéré. Les glaciers ont, depuis, reconquis les espaces. Flux et reflux au fil du temps ; ainsi vivent les glaciers du monde ! Dans le même temps où l’on nous annonçait qu’à cause des gaz à effet de serre, les années 80 étaient les plus chaudes du siècle (cf. R. Houghton et G Woodwell in Pour la Science, 1989, avec comme années " record ", dans l’ordre : 1988, 1987, 1983, 1981, 1980, et 1986), ces mêmes années 80 étaient marquées dans les Alpes, sur le plan glaciologique, par une des deux crues glaciaires les plus significatives du XXe siècle : en France (les glaciers du Mont-Blanc avancent ; sur la rive gauche du glacier d’Argentière " destruction " - consécutive à la crue glaciaire - du pylone de téléphérique situé en rive gauche, sur la bordure du glacier… ; en Suisse (crue glaciaire nécessitant la transformation de la prise d’eau du torrent en prise sous-glaciaire au glacier de Biferten, bassin de la Linth (cf. photos dans la revue du CAS) ; en Autriche et en Italie (augmentation localisée des pourcentages de glaciers en crue).

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