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2014 : nouvelle année, situation nouvelle ?

samedi 4 janvier 2014, par Robert Paris

Edito : 2014, nouvelle année, situation nouvelle ?

Hollande se permet de nous souhaiter de bons vœux alors qu’il n’a cessé de faire la démonstration que ses seules préoccupations de président vont aux capitalistes, banquiers, spéculateurs, boursicoteurs, assurances, patrons des trusts du Cac40, etc… Pas une banque qui n’ait été sauvée plusieurs fois en France alors que les milieux populaires ne sont pas sauvés du chômage et de la misère et que les classes moyennes sont également frappées. Et la principale des tromperies d’un Hollande, comme de ses prédécesseurs, est de faire croire que l’issue de nos problèmes doit venir du chef de l’Etat. Hollande et ses petits bras à l’assaut de la crise mondiale ? Face à une crise qui n’a pas cessé de frapper depuis 2007, à l’échelle du monde, ce serait les mesurettes de l’Etat français qui sauveraient la population française ? Pourquoi faire croire que ce qui compte c’est les actions de l’Etat bourgeois ? Et pas celles des possesseurs privés de capitaux, des investisseurs ? Et pas celle des banques centrales ? Et pas l’état du système capitaliste mondial ?

Suffirait-il de quelques interventions financières bien ciblées d’un gouvernement pour retourner la courbe ? Certainement pas ! Car les problèmes cruciaux de la planète sont mondiaux. Ils s’appellent : dette massive des pays émergents, dette massive de l’Etat américain, dette massive de la FED, dette chinoise, russe, indienne, et aussi affrontement croissant entre Chine et Japon, fuite en avant guerrière de toute l’Asie, course aux armements mondiale et on en passe… Que de domaines dans lesquels ce n’est pas le président franco-français qui peut agir !

La crise débutée en 2007 a commencé d’emblée de manière mondiale et continue de même. Elle ne touche pas spécifiquement tel ou tel continent, tel ou tel pays, même si elle a des conséquences multiformes.

Face à la crise, les discours des politiques sont quasiment identiques : tous parlent de défendre la France face à la concurrence étrangère, comme si tel était le problème. De la gauche de la gauche à l’extrême droite, les discours convergent sur des points essentiels : la croyance en l’intervention de l’Etat bourgeois en faveur du peuple, la religion du nationalisme français, la prétention que les ennemis seraient surtout étrangers, la prétention que l’aide à l’emploi consiste à aider les entreprises, donc les patrons, la prétention que l’aide aux banques est faite pour sauver la société et est donc inévitable, etc, etc… Et un autre point leur est commun : le refus systématique d’expliquer ce qu’est cette crise du capitalisme, d’où elle vient et elle va, leur prétention sur la possibilité d’une sortie du tunnel, leurs mensonges sur la possibilité en restant au sein du capitalisme d’éviter les plus gros sacrifices pour la population… Tous ces mensonges sont communs à tous les politiciens français, soutenus par tous les dirigeants syndicaux, tous les média et tous ceux qui font l’opinion publique. Cela ne fait pas de leurs mensonges une vérité !

Aucun ne nous explique pourquoi tous les Etats de la planète dépensent plus d’argent que jamais pour aider les banquiers, les spéculateurs et tous les financiers alors que ces derniers sont au coeur de la crise. Aucun ne nous explique pourquoi les banques ne cessent de chuter malgré les aides qui leurs sont fournies. Aucun ne nous explique pourquoi les investisseurs privés se désinvestissent massivement de la production, au point que l’Etat américain, par exemple, a été contraint de prendre en charge toute l’industrie automobile et une bonne partie du reste de l’industrie. Aucun ne nous explique pourquoi tous les trusts industriels se transforment en banques. Aucun ne nous explique pourquoi les quelques trusts du Cac40 caracolent et gonflent leurs profits alors que le reste de l’économie est en chute libre.

Alors leurs recettes pour résoudre des problèmes qu’ils n’expliquent en rien ne valent pas davantage.

Mais surtout, ce qu’il y a de commun entre tous les politiciens, c’est de faire croire qu’il y aurait des solutions valables à la fois pour le peuple travailleur et pour ses exploiteurs, pour les salariés et les patrons. C’est de faire croire qu’il y aurait des solutions pour les salariés dans le cadre d’un capitalisme effondré et incapable de se relever. C’est de faire croire que l’alliance nationale, l’union entre les classes opposées, serait la solution face à la crise. Pourtant, la réalité est exactement inverse : la classe capitaliste mène une lutte de classe plus violente que jamais au travers des plans de licenciements, au travers des « négociations » pour remettre en question le code du travail, le salaire, le poste, la charge de travail, le site de travail, les horaires de travail, les retraites, les droits sociaux…

Alors que cette lutte de classe est portée à son extrême, le discours dominant exige l’abandon par les travailleurs de la lutte des classes en faveur de négociations pour discuter des sacrifices soi-disant acceptables.

Le développement d’un discours nationaliste est le premier moyen pour combattre la lutte des classes. Ce discours qui prétend que la crise en Europe est causée par les Grecs et les Espagnols. Ce discours qui prétend que l’insécurité est causée par les Roms. Ce discours qui affirme mensongèrement que ce sont les Roumains et les Bulgares qui vont nous prendre nos emplois. Eh bien, ce discours va de la gauche à l’extrême droite, sans presque changer un mot ! Le nationalisme économique, lui, va de la gauche de la gauche à l’extrême droite, en passant de Mélenchon à Montebourg et à Le Pen…

Tous sont aussi d’accord pour faire croire que les travailleurs qui luttent ne défendent que des intérêts corporatistes, que « leurs » emplois, ne sont pas porteurs d’un projet politique global. Tous prétendent qu’il existe des solutions sans sortir du capitalisme. Tous cautionnent la prétention des centrales syndicales de négocier des compromis avec les patrons. Etc, etc…

Des solutions, ils en ont tous plein la bouche, toujours dans le cadre du système, alors qu’en réalité le système est au bout du rouleau et qu’aucun de leurs remèdes ne peut rien soigner et que, d’ailleurs, ils se gardent de dire quelle est sa maladie. Tous sont d’accord aussi sur un autre point : tout remède part de l’injection de milliards de fonds d’Etat dans l’économie soi-disant pour régler les problèmes d’un système qui s’est toujours fondé sur l’injection de fonds privés au travers des investissements. Aucun d’entre eux ne veut souligner le fait que les capitalistes privés ne veulent plus investir dans l’exploitation des travailleurs, point qui est pourtant la caractéristique particulière, historique, de la crise actuelle.

Des Montebourg aux Le Pen, un autre point commun : pas question de montrer que la lutte des travailleurs du monde est un seul et même combat qui va des travailleurs du textile du Bangladesh aux mineurs d’Afrique du sud et aux salariés des usines chinoises. Il n’est pas même question pour eux d’unir dans un même combat les travailleurs européens. Et, là encore, les dirigeants syndicaux, les média, tous les commentateurs suivent le même chemin. L’opinion publique n’est rien d’autre que le reflet de leurs mensonges.

Aucun des courants politiciens, qui sont tous fondamentalement des courants bourgeois, ne se permet de dire qu’il n’y aura, pour le capitalisme mondial, aucune sortie du tunnel, ni à l’échelle nationale, ni à l’échelle mondiale.

Aucun d’entre eux ne se permet de dire qu’avec la nouvelle année, comme avec l’ancienne, il n’y aura aucun capitalisme nouveau ni rénové, ni réformé ni pas réformé, ni régulé ni pas régulé, ni relancé ni pas relancé, ni écolo ni pas écolo, ni prospère ni austère, ni durable ni pas durable.

Avec l’année nouvelle, la seule chose qui peut être relancée, c’est la lutte des classes dans le camp des travailleurs et sa perspective sociale et politique, celle d’une société débarrassée de l’exploitation. Une lutte de classes menée consciemment par des travailleurs organisés de manière indépendante de tous les appareils liés à la bourgeoisie et à l’Etat bourgeois. Une lutte de classe menée par des travailleurs conscients qu’ils ne sont pas des privilégiés occidentaux accrochés à des privilèges mais des prolétaires qui n’ont que leurs chaînes à perdre et un nouveau monde à gagner.

Il reste aux travailleurs à passer du dégoût général des politiciens à l’intervention politique directe sur des bases de classe. Il reste à passer du rejet des politiques gouvernementales au refus de faire confiance dans l’Etat bourgeois. Il reste à passer de la dénonciation des patrons licencieurs à la conscience qu’il va falloir se passer du système capitaliste incapable de se redresse. Il reste à passer des inquiétudes devant l’ampleur de la crise et l’absence de son issue à la préparation d’un autre avenir pour la société humaine. Décidément pour 2014 et la suite, il y a du pain sur la planche pour les travailleurs et tous ceux qui choisissent ce camp, à condition de se libérer des illusions et tromperies développées par la société bourgeoise et ses défenseurs de toutes couleurs politiques. A cette conditions, on pourra dire : bonne année 2014 !

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